Pendant que Boca n’en finit plus de se promener sur la Superliga, que les positions restent fragiles derrière et que quelques géants sont toujours à la peine, l’Argentine n’a qu’un mot à la bouche : polémique arbitrale. Une longue et vieille tradition…

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La locura argentina : théories du complot

Lorsqu’on a vécu sous le contrôle de Don Julio et ses sbires pendant plusieurs décennies, qu’on vit sous l’emprise d’une société où la corruption est omniprésente, tout élément étrange ne peut que raviver les théories du complot. Tel est le climat dans lequel le football argentin évolue ces dernières semaines, emmené par une bataille médiatique entre le groupe San LorenzoRiver et Boca. « Aujourd’hui, le pouvoir du football argentin est totalement entre les mains de Boca ou de gens proches de Boca. Il faut faire attention aux choses qui pourraient se passer », a ainsi déclaré Marcelo Tinelli qui a soufflé sur les braises et déclenché une nouvelle guerre médiatique déjà bien lancée en pretemporada par Marcelo Gallardo et son désormais célèbre « quand Macri a été président de Boca et quand Tapia est hincha de Boca, il faut rester sur ses gardes. ». Il faut dire que les éléments égrainés par l’ancien président de San Lorenzo ont largement de quoi alimenter les théories du complot : « Le président de la république est de Boca, le secrétaire général des sports est de Boca, le président de l’AFA et son vice-président aussi », ajoute Tinelli avant de rappeler l’époque Grondona « souvenez-vous sous Grondona et que vous deviez affronter Arsenal. Mais c’était une petite équipe, quand on parle de Boca, c’est autre chose, il faut faire attention ». Du côté de River, on a évidemment ajouté de l’eau au moulin, bien aidé en cela par les décisions arbitrales douteuses du week-end dernier lors du nul concédé face à Godoy Cruz (nous allons y revenir). Et chacun de rappeler la présence du président de la fédé aux fêtes d’anniversaire de joueurs de Boca, les visites régulières de Barros Schelotto au palais présidentiel. Un palais qui n’échappe pas à la polémique donc, le pouvoir et la forte présence de Mauricio Macri en dérangeant plus d’un, jusqu’à l’autre vice-président de l’AFA, Hugo Moyano qui ne s’est pas privé d’un commentaire tout aussi polémique : « Je ne sais pas si Macri dirige le football mais il peut avoir une influence. Je pense que si Macri pouvait avantager Boca, il le ferait mais il n’y a pas de preuves, même si certaines décisions arbitrales peuvent en être. » Pas de quoi donc calmer les théoriciens du complot. C’est aussi cela l’Argentine, une vielle guerre aussi vieille que son football, faite de polémiques et de conspirations parfois farfelues parfois, et c’est en cela qu’il ne faut rien prendre à la légère lorsqu’on parle de football en Argentine, vérifiée.

Les bons gros géants : River coule, le Racing se replace

Mais il ne faut pas non plus se tromper, la polémique est aussi là parce que Boca est l’ennemi public numéro 1, surtout pour San Lorenzo et River Plate. Car sur le terrain, ce Boca-là n’a pas eu besoin de la moindre aide extérieure pour venir à bout d’un Banfield mixte qui se réservait pour son retour de Libertadores. Les Xeneizes disposent de suffisamment de certitudes dans le jeu pour douter et imposent leur football aux quatre coins du pays. Emmené par un excellent Pavón, danger permanent sur son côté, Boca s’en est remis à une tête de Carlitos pour faire tomber le Taladro et signer sa treizième victoire en seize sorties et ainsi continuer d’écraser la Superliga (désormais neuf points d’avance sur son premier poursuivant). La pression est donc notamment du côté du Ciclón qui s’est imposé chez lui sans vraiment briller face à un Newell’s en profonde crise, qu’elle soit économique, institutionnelle et sportive. Juan Manuel Llop viré, la dette toujours plus profonde, la Lepra, qui n’a gagné qu’un seul de ses neuf derniers matchs, inquiète de plus en plus. La pression (et l’inquiétude) est aussi sur les épaules de River dont la version 2018 est encore loin d’avoir rassuré des hinchas qui attendaient déjà des jours meilleurs et une opération reconstruction qui tarde. Certes l’arbitrage de ce match face à Godoy Cruz a des raisons de faire parler, mais il ne doit pas masquer les nombreux chantiers et carences dont souffre le River de Gallardo. Si Juan Fernando Quintero est une belle promesse à la vue de ses dernières sorties, el Muñeco ne semble pas réussir à trouver l’équilibre et reste enfermé dans un 4-4-2 à l’européenne qui est censé apporter une stabilité mais qui n’y parvient pas. River laisse toujours autant d’espaces derrière, manque toujours autant d’idées devant, même si Lucas Pratto a fait un vrai bon match. Mais surtout, River ne gagne pas alors que la Libertadores et un explosif Superclásico en Supercoupe d’Argentine approchent. On comprend ainsi mieux pourquoi du côté de Nuñez, on préfère diriger les médias vers les théories du complot plutôt que sur le plan du manque de jeu de ce Millo-là. Le retour, il est pour le Racing. Pendant que le rival Independiente faisait tourner en vue de la finale retour de Recopa Sudamericana et décrochait un 0-0 à Temperley, La Academia a d’abord souffert face à Lanús, soufflé devant une erreur d’arbitrage qui n’offrait pas un penalty pourtant évident pour une faute sur Acosta, puis déroulé après l’ouverture du score de Donatti à la demi-heure. Le trio Licha López – Lautaro Martínez – Ricky Centurión fonctionne parfaitement, el Chacho a trouvé son équilibre et le Racing n’est désormais plus qu’à trois points d’une place en Libertadores, à six de la seconde.

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A puro fútbol

Estudiantes 2 – 0 Unión : Sans faire de bruit, Estudiantes revient sur les premières places. Les Pinchas de Bernardi ne sont pas les plus spectaculaires, mais leur efficacité leur offre un troisième succès en quatre sorties et une cinquième place au général.

Belgrano 2 – 2 Vélez Sársfield : Mené deux fois au score, Vélez sauve le nul face à d’excellents Piratas qui ont manqué quelques belles occasions de tuer le match et peuvent nourrir bien des regrets.

Argentinos Juniors 2 – 2 Atlético Tucumán : Des polémiques, du jeu, des occasions et des buts, l’un des matchs du week-end a accouché d’un beau match nul. Bicho et Decano sont toujours aussi intéressants à suivre.

Rosario Central 5 – 0 Olimpo : Troisième victoire en trois sorties pour les Canallas, un triplé pour la nouvelle pépite Andrés Lioi (premier milieu à claquer un triplé en championnat avec Central depuis... Kily González), un duo Zampedri – Lovera qui fonctionne, l’espoir est de retour au Gigante.

San Martín San Juan 1 – 1 Talleres : le climat argentin est plus propice au Tanque Silva qui aura été de tous les bons coups et ouvert le score pour la T. Malheureusement, cela n’a pas suffi à décrocher la victoire à San Juan, la faute à un caniggiesque Claudio Spinelli, 20 ans et beaucoup de talent. Deux points de perdu pour les hommes de Kudelka.

Arsenal 1 – 1 Huracán : Mené au score sur un penalty imaginaire, le Globo a égalisé en inscrivant le plus le plus drôle du week-end, aurait pu encaisser l’un des buts de l’année si la frappe de Cháves ne s’était pas écrasée sur la barre, les deux formations se quittent sur un nul assez logique.

Tigre 1 – 1 Defensa y Justicia : le Matador aura tout tenté, souvent profité des largesses défensives de DyJ mais sans succès. Malgré un excellent Cachete Morales, Tigre perd deux points.

Patronato 3 – 0 Chacarita Juniors : Mauro Matos vendange, la Chaca aussi, elle est punie par un Patronato aussi efficace que son maillot est immonde. Sebastián Ribas est co-meilleur buteur du championnat.

Colón 1 – 0 Gimnasia : Problèmes d’efficacité aussi du côté du Lobo à l’image de l’incroyable raté de Dibble à 0-0. Bilan, le Gimnasia doit en payer l’addition, Colón marque l’un des buts du week-end au terme d’une action collective de très haut niveau et reste dans la course à la Libertadores.

Les buts

Résultats

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Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.