Victorieux dans un magnifique clásico Racing profite de la défaite de Defensa pour reprendre les commandes d’une Superliga qui lui tend les bras.

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Débuter un match en sachant qu’une erreur peut être fatale et le lot de toutes les équipes qui luttent en fin de saison. C’est avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête que le Racing commence son clásico de Avellaneda. Dans un Libertadores de América hostile et surchauffé les joueurs de Chacho Coudet débutent, comme toujours avec ce 4-1-3-2 très offensif, pied au plancher. Incapable de ressortir un ballon proprement, Independiente est acculé dans ses trente derniers mètres et s’expose à un adverse à la recherche d’un précieux succès. Le premier à se montrer dangereux est Lisandro Lopez qui voit Martín Campaña détourner sa frappe puissante en corner à la quatrième minute. Sur le coup de pied arrêté qui suit, Guillermo Burdisso, sous la pression de Alejandro Donatti, propulse le ballon dans ses propres filets. Cinq minutes de jeu et la Academia mène déjà. Dans l’obligation de réagir le Rojo va commencer à sortir peu à peu de son camp. L’intensité monte d’un cran, les joueurs s’engagent complétement dans chaque duel préférant faire faute que de se faire éliminer par son adversaire. Cecilio Domínguez et Fernando Gaibor font admirer leur technique et si Independiente fait désormais le jeu, il est toujours impuissant faute d’avoir un véritable buteur sur le terrain, Martin Benítez faisant office de faux numéro neuf. Racing se contente de contenir son maximo rival mais profite de chaque perte de balle pour faire mal. La Aca joue tous les coups à fond, n’hésitant pas à finir les contre-attaques avec cinq joueurs dans la surface. Un homme va sortir du lot dans cette rencontre : Gabriel Arias. L’ultime rempart du Racing va briller tout au long de la rencontre, à commencer par cet arrêt sur Benítez à la vingt-huitième où deux minutes plus tard sur cette tête d’el Tucu Hernández qui oblige le gardien à un arrêt réflexe. Independiente pousse et veut égaliser quitte à prendre beaucoup de risques contre une équipe qui excelle dans les phases de transitions offensives. Alors que le Racing est proche d’un second but c’est finalement Independiente qui égalise à la quarante-cinquième sur un but bien construit et conclu par l’équatorien Fernando Gaibor. La hinchada peut exulter et plonger le Racing dans un Infierno Rojo au moment de rentrer au vestiaire. Une pause bien mérité pour les acteurs mais frustrant pour les spectateurs tant le spectacle fut splendide. Car tous les ingrédients d’un partidazo sont présents : du jeu, de l’intensité, des duels, de la verticalité, des occasions, des arrêts, des joueurs qui vont au bout d’eux même, bref, un match de football comme on les aime.

Une seconde période où tout est à refaire et qui reprend sur le même rythme. Independiente confisque le ballon pendant que Racing profite de chaque occasion pour faire mal. Ce match abouti ne pouvait basculer que sur une action anodine. Et comme en première mi-temps, comme souvent, comme toujours, c’est à la faveur des coéquipiers de Dario Cvitanich. Ce dernier va à la lutte sur une passe en profondeur mal ajustée qui file en sortie de but, sauf que Cvita à cette garra qui fait de lui un joueur précieux dans une équipe. D’un ballon perdu, il le transforme en penalty après avoir joué un bien vilain tour à un Alan Franco encore très naïf qui en plus de perdre le ballon commet l’irréparable dans la surface. Licha López ne se fait pas prier pour redonner l’avantage aux siens. Independiente, qui souhaitait priver son meilleur ennemi du titre en s’imposant, repart à l’assaut sans parvenir à faire craquer le chilien Arias, encore impeccable sur cette sortie dans les pieds de Cecilio Domínguez à la soixante-cinquième. Le temps filant à toute vitesse, le Rojo se précipite et perd en précision. Dans les arrêts de jeu Independiente fait le siège de son adversaire, Martín Campaña n’hésitant pas à monter sur corners. Et ce qui devait arriver arriva, un dégagement en touche qui préfère longer la craie sans sortir et un Licha qui, après avoir éliminé le gardien au milieu du terrain, file vers le but comme le Racing file vers le titre. À Matías Zaracho de s’offrir le troisième but, le dernier, celui du K.O. Racing s’offre une bouffé d’oxygène dans cette fin de saison en apnée. À cinq journée de la fin, les hommes de Chacho Coudet reprennent trois points d’avance sur leur poursuivant, Defensa y Justicia.

Vingt-quatre heure après cette rencontre, Defensa entrait en scène à l’occasion de la réception de Boca Juniors à Florencio Varela. Même obligation de s’imposer que Racing pour garder l’espoir d’un titre historique. Sauf qu’en face, son adversaire (loin de tourner à plein régime) a la volonté de consolider une troisième place synonyme de Libertadores. Sur le papier il n’y a pas photo entre le petit Defensa et le grand Boca, dans les actes c’est tout l’inverse qu’il se passe. Un premier acte totalement à l’avantage de l’équipe de Sebastián Beccacece qui marche sur des Xeneizes totalement perdus. Avec un nouveau schéma de jeu concocté par Gustavo Alfaro qui aligne le duo Zarate - Tévez derrière Pipa Benedetto. Comme les joueurs, on cherche encore à comprendre la stratégie de l’ex DT du Globo. Sauf qu’el Halcòn n’arrive pas à déjouer la vigilance d’un Estaban Andrada des grands soirs. Pourtant Defensa régale. Son trio du milieu, Lolo Miranda, Matias Rojas et Domingo Blanco montre un niveau incroyable, multipliant les courses, les duels gagnés et les passes clés. Defensa joue juste et bien. Seul la finition fait défaut. Cuqui Marquez manque cruellement d’efficacité quand les frappes de loin, bien que lourdes, sont parfaitement détournées. Sans réussite, l’équipe de BKCC aurait dû bénéficier d’un penalty injustement oublié en route. Ivan Marcone laissant traîner sa jambe sur un Domingo Blanco virevoltant dans la surface. Et quand ce n’est pas Andrada qui fait obstacle c’est Lisandro López qui sauve miraculeusement Boca. À l’entame de la seconde mi-temps les Bosteros sortent, pour une fois, de leur moitié de terrain et, sur leur seul tir cadré de la rencontre, réalise le hold-up de la journée. Avec un Carlitos Tévez dans le rôle du braqueur qui à l’entrée de la surface et plein axe, frappe, pas assez fort et pas assez bien placé mais qu’importe, Ezequiel Unsain se couche tranquillement dessus mais laisse échapper le ballon. Stupeur à Varela, Boca mène 1-0 contre le cours du jeu. El Defe se remet à attaquer, comme il sait si bien le faire. Et comme souvent dans ce genre de situation, il s’expose aux contres boquenses. Carlitos est tout proche de s’offrir un doublé mais sa frappe fuit le cadre. Les dernières tentatives ne donneront rien. Defensa chute à domicile par le plus petit des scores et se retrouve à trois points d’un leader qu’il défiera à l’occasion de l’ultime journée. Loin de s'effondrer ou de s’apitoyer, Defensa se montre fier de ce qu’il a proposé et reste fidèle à la philosophie de son Kurt Cobain d'entraîneur. Conscients des difficultés qui s’annoncent, les joueurs comme le staff chercheront, comme toujours, à produire un jeu de qualité et à gagner pour s’offrir le droit de rêver.

À la recherche d’une coupe continentale

L’Atlético Tucumán fait du surplace. El Déca ne parvient pas à enchaîner après sa victoire à la Bombonera. Un match nul à domicile contre Argentinos Juniors qui risque de coûter chère tant la concurrence se montre dangereuse. Le premier poursuivant n’est autre que River Plate. Avec un manque de régularité et des attaquants en panne d’efficacité Marcelo Gallardo peut compter sur son homme en grande forme : Juanfer Quintero. Le petit gaucher colombien a un niveau de jeu énorme. Auteur d’un nouveau golazo contre San Martín de Tucumán, Juanfer dicte le jeu de River. Matias Suarez, son remplaçant du soir, est l’auteur du second but des millonarios qui double la marque après un cafouillage dans la surface. Les Santos réduisent l’écart en fin de match par Ramiro Costa, trop tard pour empêcher River de remonter à la cinquième. Place qu’il partage avec le Vélez de Gaby Heinze. En déplacement à Mendoza pour affronter Godoy Cruz, el Fortín n’a pas tremblé. Leandro Fernández sur penalty puis Lucas Roberto sur une merveille de coup franc déposé délicatement dans la lucarne de Roberto Ramirez permettent à Vélez de s’imposer 2-0 et promet une course à la quatrième passionnante.

Le Globo, auteur d’une remarquable première moitié de Superliga stagne en 2019, pire il recule. El Turco Mohamed ne parvient pas à s’imposer à domicile contre un surprenant Unión qui s’invite à la fête. Sur les quatre derniers matchs, Huracán n’a pris que deux points tandis que son concurrent direct enchaine une deuxième victoire consécutive. À l’extérieur, le Tatengue s’impose 3-1. Un but de Mauro Pitton qui fait écho au golazo de Franco Fragapane. Le Globo a bien réduit la marque par Lucas Barrios mais en cherchant l’égalisation à tout prix, Huracán s’est fait piéger en contre par Franco Troyansky qui en profite pour corser l’addition.

Ailleurs

Newell’s - San Martin de San Juan : 3 - 0

Un énorme Alan Aguerre dans les bois de la Lepra et trois pénaltys transformés par Mauro Formica, Maxi Rodriguez et Victor Figueroa donne une large victoire aux joueurs de Newell’s.

Estudiantes - Talleres : 0 - 1

Sauvé par un golazo de sa pépite vénézuélienne. Engagé dans le dernier tour préliminaire face au chiliens de Palestino, Talleres a fait le choix de délaisser la Superliga envoyant son équipe B. Bien que n’étant pas leur priorité (ça va vite changer) la T peut se satisfaire de limiter la casse enchainant les matchs nuls en plus de permettre à ses pibes d’engranger de l’expérience. Mieux encore, les Matadores s’impose 1 - 0 sur une frappe magnifique du jeune (dix-neuf ans) attaquant du Vinotinto Samuel Sosa. Avec une nouvelle défaite à domicile Estudiantes montre un triste visage. Une triste dix-septième place qui conduit Juan Sebastián Verón à limoger son entraineur, Leandro Benitez.

Lanús - Central : 2 - 0

El Granate est toujours aussi redoutable en cette année 2019. Quatre victoires en cinq match, ne s’inclinant qu’à la Bombonera. Les buts de Tomas Belmonte et José Sand (encore) ont fait sauter le verrou des Canallas. Cette défaite coute la tête d’Edgardo Bauza, incapable de gagner le moindre match cette année.

Colón - Banfield : 0 - 1

Buteur pour le Taladro, Juan Álvarez offre la première victoire de sa jeune carrière d’entraineur à Hernan Crespo. Le jeu n’est toujours pas au rendez-vous du côté de Colón où Julio Comesana enchaine un troisième match sans victoire.

Belgrano - San Lorenzo : 0 - 0

Des Piratas sans idée face à des Cuervos en plein doute. Le dernier succès de San Lorenzo remonte à la mi-octobre, douze rencontres sans gagner, c’est long. Avec une possession largement en sa faveur mais en ne cadrant que trois frappes, El Ciclón enchaine un nouveau match nul sans saveur.

Aldosivi - Gimnasia : 0 - 0

Le Lobo, orphelin de son entraineur Pedro Troglio, a bien résisté au promu Aldosivi à Mar del Plata. L’absence du buteur Cristian Chavez coute cher au Tiburón qui méritait plus que le point du match nul.

Tigre - Patronato : 2 - 1

Dans le sillage d’un excellent Montillo, encore buteur (bénéficiant d’une énorme boulette de Sebastian Bertoli, le gardien de Patronato), Tigre décroche une deuxième victoire consécutive. Pourtant, Tigre avait bien mal débuté la rencontre concédant l’ouverture du score par Germán Berterame avant que Federico González n’égalise. La hinchada de Tigre se met à rêver d’un maintien en Superliga et quitte, enfin, la dernière place du promedio (système de relégation en vigueur en Argentine).

Les buts

Classement

argj20

Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca