Bucaramanga/Santa Fe, le léopard contre le lion. C’est l’affiche de la finale du premier tournoi de la Liga BetPlay 2024. Finale inédite puisque Bucaramanga atteint ce stade seulement pour la deuxième fois de son histoire et aura l’occasion d’accrocher sa première étoile.
La magie Rafael Dudamel a encore frappé. L’ancien sélectionneur du Venezuela se sent décidément comme un poisson dans l’eau chez le voisin. Champion avec le Deportivo Cali, l’ancien gardien aura l’occasion de remporter son deuxième titre en Colombie avec l’Atlético Bucaramanga. Un véritable exploit pour ce club qui n’a jusqu’à présent disputé qu’une seule finale du championnat, en 1997 dans un format totalement illisible à l’époque, où il s’était incliné face à l’América. Un exploit parce que si le club a été le meilleur sur la phase régulière, il a réussi à sortir premier d’un sacré groupe en quadrangulaire avec Pereira, Junior et Millonarios et car au coup d’envoi de la dernière journée le club n’avait que cinq points (en cinq matchs). Si le club leopardo a pu arracher sa qualification, il le doit en grande partie car ses concurrents ont flanché, notamment Junior qui avait l’occasion de valider son billet avec un match nul lors de la dernière journée, mais il a craqué contre une équipe de Millonarios qui n’avait plus rien à jouer. Cette équipe de Bucaramanga est un savant mélange entre tauliers du championnat comme Fabián Sambueza, Freddy Hinestroza, Carlos Henao ou encore Jefferson Mena, des joueurs expérimentés comme Aldair Quintana dans les buts ou Aldair Gutiérrez, et des jeunes comme Jhon Córdoba et Joider Micolta. Elle est aussi, grâce à la patte Dudamel, une équipe très hermétique : meilleure défense de la phase régulière et meilleure défense de son groupe, Bucaramanga est certainement l’équipe la plus difficile à bouger de ce championnat. Et si elle n’est pas vraiment flamboyante offensivement, elle sait être chirurgicale. Avant le dernier match à la maison contre Pereira, le club n’avait inscrit qu’un seul but lors des cinq premières journées. Sur ce match, elle a marqué trois fois pour trois tirs cadrés.
Malgré ces qualités, il était pour autant difficile d’en faire le favori de la finale. Car face aux leopardos, se dresse les lions de Santa Fe avec, dans leurs rangs, des joueurs qui ont une belle expérience internationale comme Hugo Rodallega, qui s’est trouvé une nouvelle jeunesse, Daniel Torres le taulier au milieu ou Andrés Mosquera Marmolejo dans les cages. Le système mis en place par l’entraineur Pablo Peirano a permis au premier champion de l’histoire du football colombien de rouler sur son groupe avec cinq victoires et un match nul : défense à trois, ce qui est très rare au pays, milieu complémentaire, très physique et hargneux et un banc qui peut apporter avec Juan Pablo Zuluaga ou José Correa. Sur le terrain, Santa Fe a montré qu’il savait s’adapter à toutes les situations, y compris être privé de ballon, le dernier match de groupe contre Tolima ayant été un modèle du genre. Santa Fe a traversé 2024 sans aucun problème. Dans le bon wagon toute la saison, le deuxième club de la capitale n’a pas eu besoin de forcer son talent pour se qualifier, un véritable soulagement après avoir raté le quadrangulaire à deux reprises lors de l’année dernière.
Avantage Bucaramanga
Pour le match aller, toute une ville attendait ça. La réception a été à la hauteur des attentes et l’ambiance incroyable n’a pas fait trembler les jambes de son équipe. Bien entrés dans leur match, les joueurs de Rafael Dudamel ont frappé les premiers dès la troisième minute avec une tentative de Leonardo Flores qui est passée à côté. Toujours dans le premier quart d’heure, ils se sont offert la première véritable occasion avec une frappe de vingt-cinq mètres signée Daniel Mosquera et bien repoussée par Andrés Mosquera Marmolejo. Dans la continuité, le club cardinale a eu sa seule réaction du match avec un lob du milieu de terrain tenté par Francisco Chaverra et qui a obligé Aldair Quintana a un arrêt exceptionnel. Si les débats se sont un peu équilibrés pendant quinze minutes, la fin de la première période a marqué la domination totale et définitive de Bucaramanga. Leonardo Flores, encore lui, a d’abord obligé le portier de Santa Fe a une belle parade au sol sur sa droite. Dans un très grand soir Mosquera Marmolejo a réalisé une parade exceptionnelle devant Jhon Córdoba en repoussant rapidement sa frappe que tout le stade voyait au fond. Même scénario quelques instants plus tard mais cette fois c’est le poteau qui a repoussé la frappe de Fabián Sambueza. Le score nul et vierge à la pause était totalement miraculeux.
Au retour des vestiaires, le scénario ne changeait pas avec deux situations chaudes dans la surface de Santa Fe, dont un sauvetage salvateur devant Kevin Cuesta sur corner. De plus en plus présent dans la surface, Bucaramanga a commencé à multiplier les occasions avec une frappe juste au-dessus de Daniel Mosquera. Avant de faire chavirer tout le stade. Servi à la limite du hors-jeu, Jhon Córdoba a trouvé Freddy Hinestroza complètement oublié au deuxième poteau. Le plat du pied de l’ancien joueur de Junior a enfin battu le portier de Santa Fe. Sans s’affoler, l’Atlético Bucaramanga a contrôlé facilement la fin de match et n’a jamais été en danger.
Pour espérer renverser cette finale l’entraineur uruguayen de Santa Fe devra certainement prendre un peu plus de risques. Ça passera soit par un joueur offensif en plus, par exemple Jersson González, et passer en 3/4/3, soit par un milieu un peu plus offensif avec Juan Pablo Zuluaga dans le onze de départ. Pour renverser cette finale, le deuxième club de la capitale pourra compter aussi sur un Campín rempli, puisque les places sont parties en quelques heures. Si le stade sera plein, il y aura aussi une petite partie jaune, véritable imbroglio de la semaine. Lors du match aller, l’Atlético Bucaramanga avait attribué mille places aux supporters de Santa Fe, en réciprocité Santa Fe devait faire de même. Mais Eduardo Méndez, le président du club cardinale, a décidé de faire payer le prix fort (un tiers d’un salaire minimum colombien) aux supporters visiteurs, justifiant sa décision pour deux raisons : d’une part sa barra lui a dit qu’elle avait subi le même sort à l’aller (le billet serait passé de 30 000 pesos à 265 000) ; d’autre part, il aurait été pris à partie par des membres de la logistique du stade lors du match aller. Mais si, dans un premier temps, il avait menacé d’interdire les supporters adverses tout est rentré dans l’ordre finalement.
Tous les ingrédients sont là pour offrir une belle soirée avec au bout soit un dixième titre pour Santa Fe, soit un premier titre pour Bucaramanga. La capitale de Santander n’attend que ça et le maire a déjà annoncé que si le club était sacré pour la première fois, le lundi serait férié pour que les supporters puissent célébrer toute la nuit.