Onze équipes pour six places, trois points entre le troisième et le douzième. La dernière journée de la phase régulière va nous offrir un scénario incroyable et palpitant. En chute libre, Millonarios n’est sûr de rien, l’Atlético Nacional et Junior sont éliminés au coup d’envoi.
On a l’impression que ces derniers jours les équipes ont joué à « celui qui se qualifie à un gage ». Ni Millonarios, ni Pasto, ni Once Caldas n’ont saisi l’opportunité de passer du bon côté et ont laissé filer des points précieux et seulement deux équipes sont assurées de jouer les quadrangulaires.
Ces deux équipes sont Rionegro et le DIM. Le club de la banlieue de Medellín a lutté et a validé sa qualification à la maison contre Envigado grâce à un pénalty un peu tombé du ciel sur une action anodine à dix minutes de la fin. Solide, très forte sur coup de pied arrêté, cette équipe de Rionegro est leader sans faire de bruit. Les joueurs de Leonel Álvarez ont fait une deuxième partie de phase régulière efficace avec quatre victoires et cinq nuls (pour une seule défaite) et est tranquillement monté au classement. Auteur de trois buts et une passe décisive sur les quatre derniers matchs Jhon Fredy Salazar est l’homme en forme du moment. Non conservé par Santa Fe, le jeune milieu de terrain Auli Oliveros est la révélation de ce semestre : Meilleur passeur du championnat, joueur qui marque la différence, il a déjà été proposé à Fluminense et devrait donc très rapidement aller voir ailleurs. Sur la pelouse de Cortuluá, déjà relégué, une victoire lui assurerait l’une des deux premières places, synonyme d’un statut de tête de série en quadrangulaire.
Pour se qualifier le DIM a lui encore un peu plus affaibli une bête blessée, Millonarios. Le club de Medellín se rendait au Campín après un coup d’arrêt à la maison. Alors qu’il venait d’enchainer cinq victoires en six journées ni contre Bucaramanga ni contre Jaguares le club n’avait pu s’imposer. Malmené après la pause après avoir le score, Jean Pineda a libéré les siens sur un contre parfaitement mené au bout du temps additionnel. Assez séduisante, co-meilleure attaque du championnat, cette équipe a su se remettre de l’exode de ses jeunes comme Juan David Mosquera, parti en MLS, pour ne citer que lui. Elle a surtout trouvé son facteur X. À la cave, Diber Cambindo est en train de faire un semestre tonitruant. Avec neuf buts et quatre passes décisives, il est la principale arme offensive de son équipe et son entente avec Luciano Pons fait des dégâts. Le but de Cambindo contre Millonarios rappellerait presque celui de Messi contre le Bayern avec un Andrés Llinas qui a terminé le nez dans le gazon. Revenu d’Europe, Daniel Torres apporte un équilibre parfait à cette équipe et nul doute qu'elle sera une des équipes à éviter en quadrangulaires sans aucun doute. Son dernier match sera un des chocs de la journée puisque le deuxième ira sur la pelouse du troisième, le Deportivo Pasto, avec en jeu une place de tête de série.
Derrière Pasto, Santa Fe cherchera à profiter d’un faux pas entre les deux équipes devant. Le deuxième club de la capitale a fait des montagnes russes ce semestre. Après sa victoire dans le classique on pensait que le club allait tranquillement dérouler en fin de saison. Que nenni. Deux prestations catastrophiques contre l’Alianza Petrolera et contre Jaguares ont tout jeté par terre. Avec à chaque fois des erreurs défensives incroyables. Castellanos blessé, l'intérim de José Silva dans les buts ne se passe pas bien. Sortie casquette contre Petrolera, il a coûté un point précieux aussi à son équipe à la dernière seconde contre Jaguares après une mésentente avec Herrera. Contre le Deportivo Cali à la maison on pensait que la malédiction allait continuer après le pénalty manqué par Neyder Moreno mais Andrey Estupiñan a marqué le seul but du match juste avant la pause. À noter qu’avant ce match la foudre a frappé une des cages du Campín, détail pas si anodin parce que la pelouse de l’enceinte de la capitale est en immense détresse. En pleine saison des pluies les orages sont assez violents et surtout fréquents et ça va être un vrai problème d’ici la fin de saison, surtout si Millonarios est lui aussi qualifié.
L’América avançait quant à lui à un rythme d’escargot mais a mis les doigts dans la prise et de quelle manière. Le club escarlata fleurtait avec le groupe des qualifiés sans y entrer. On pensait que le point perdu dans les dix dernières minutes sur la pelouse du Deportivo Cali, qui était à l’agonie, pourrait coûter cher en fin de saison. Deux expulsions, un penalty concédé et qui était évitable, le clásico vallecaucano avait tourné au fiasco pour le quadruple finaliste de la Libertadores. Si sa défense est la meilleure du championnat, le principal problème de Guimarães ce semestre était la finition. Personne dans le secteur offensif ne dépassait les deux buts. Puis le match contre le Deportivo Pasto est arrivé. Trois offensifs ont marqué, Adrián Ramos, Juan David Pérez mais aussi Daniel Mosquera. Iago Falque est en train revivre, arrivé d’Italie, le joueur espagnol a très peu joué depuis son arrivée, mais a marqué sur les deux dernières rencontres depuis son retour, avec notamment un incroyable coup-franc contre Pasto. Suffisant pour passer dans le bon groupe avant la dernière journée.
Il y a un peu plus d’un mois Millonarios sortait du Metropolitano sous les applaudissements du public après une victoire 1-0 contre Junior et personne ne doutait une seule seconde que la qualification ne serait un problème. Depuis Millonarios n’a plus gagné en championnat et a perdu la finale aller de Coupe contre Junior. S’il y a des défaites anecdotiques, comme celle contre La Equidad, d’autres laissent plus de traces. Dans le clásico capitalino le club embajador menait tranquillement de deux buts à moins d’une demi-heure de la fin. En dix minutes, Santa Fe a retourné son adversaire pour s’imposer au final 3-2. Depuis, les joueurs de Gamero n’ont marqué qu’un seul but en championnat alors qu’ils ont reçu Patriotas et Pereira à la maison. S’ils n’ont pas été aidés par l’arbitrage avec cinq pénalties sifflés avant d’être annulés par le VAR, le contenu proposé contre le club de Tunja a été bien trop faible. La nouvelle défaite au Campín a mis le club en grand danger. Certes, il est dernier qualifié au classement mais le mal semble profond et n’a rien à voir avec le football. Son capitaine, David Macallister Silva, a eu des propos malheureux en conférence de presse après le match contre le DIM et a rajouté encore un peu plus de pression. En plein milieu d’après-midi dans le four de Barrancabermeja, l’atmosphère sera bouillante.
En dehors des qualifiés on retrouve gros poissons du championnat. L’Atlético Nacional n’est pas franchement flamboyant. L’intérim de Pedro Sarmiento a déjà pris fin et la direction a décidé de rappeler une ancienne connaissance du club, et double vainqueur de la Libertadores, Paulo Autuori. Si en 2019, il n’avait pas réussi à qualifier l’Atlético Nacional pour la phase de groupes de la Libertadores, on se souvient notamment du raté incroyable d’Omar Duarte contre Libertad, là il peut se préparer sereinement puisque grâce au titre du premier semestre le billet est dans la poche. Avec deux points pris seulement sur les neuf derniers et une seule victoire sur les cinq derniers matches le club verdolaga tremble et ne pas voir le club le plus titré en quadrangulaire serait un tremblement de terre. Les superstitieux y verront peut-être un signe, la dernière fois que le club n’a pas réussi à se qualifier c’était aussi une année de Coupe du monde, en 2018. Après 2012 et donc 2018, ce serait le troisième échec de la décennie. Face au Verde paisa, il y aura La Equidad, qui peut aussi se qualifier, et Alexis García qui aura l’occasion de jouer un bien vilain tour à son club de cœur.
Enfin, Junior coule. La dixième greffe de Comesaña ne prend pas et difficile de voir où va le club de Barranquilla. Il s’est certes imposé deux fois à l’extérieur depuis l’arrivée de l’entraineur uruguayen, assez rare pour être souligné, mais on ne voit de progrès dans le jeu. La défaite, sèche, sur le terrain d’Envigado montré des failles inquiétantes qui avaient déjà été entrevues lors des pénibles victoires arrachées à la dernière seconde contre le Deportivo Cali et contre Cortuluá ainsi que lors du non moins pénible nul contre le voisin, l’Unión Magdalena, à chaque fois au Metropolitano. Une chose est sûre, onzième à un point du huitième, Junior n’apas son destin entre les mains et devra s’imposer à Monteria contre Jaguares, sans Cetré ni Viafara, tous deux expulsés lors du dernier match. Symbole de la tension qui règne depuis plusieurs jours, Comesaña s’est montré passablement énervé lorsqu’il a été interrogé sur la situation d’un joueur, Nelson Deossa. Appelé dans le microcycle organisé par Nestor Lorenzo, le sélectionneur national, il ne joue presque plus depuis le changement d’entraineur (une seule minute lors du match contre Petrolera et une entrée aussi dans le temps additionnel contre Cortuluá). Si sa saison n'est pas exceptionnelle, difficile de comprendre pourquoi il est placardisé. Ne pas être dans le bon groupe serait une catastrophe industrielle et seule une victoire en Coupe permettrait de sauver un peu la saison et d’assurer une place en Libertadores.