Au terme d’une séance de tirs au but improbable, Millonarios a remporté son seizième titre de champion. Un titre historique qui vient récompenser la patience des dirigeants avec Alberto Gamero, arrivé il y a plus de trois ans sur le banc.
La fameuse loterie a encore parlé. Entré juste avant la fin du temps réglementaire Larry Vásquez a tranquillement envoyé son tir au but dans la lucarne d’un Kevin Mier en mode Dibu Martínez. « On est resté hier pour en frapper encore quelques-uns après l’entraînement parce qu’on savait que ça pouvait arriver », dira d’ailleurs le principal intéressé après le match. Au bout du pied il avait une balle de titre et l’un des lancers depuis les onze mètres les plus importants de l’histoire de ce club. Rien que ça. Certainement la loterie encore quand dans le temps additionnel on a vu une scène surréaliste avec un Paulo Autuori ordonnant des changements avant d’être repris manu-militari par ses propres joueurs qui ont pris la main et organisé eux-mêmes les changements. À l’arrivée Dorlan Pabón, un des principaux meneurs de la fronde et premier tireur a envoyé son ballon dans la tribune nord et Jarlan Barrera, entré comme Larry Vásquez uniquement pour cette épreuve et dernier tireur, a vu sa très molle tentative repoussée par Álvaro Montero. Au final, deux tentatives réussies sur les cinq, sachant que Duque avait raté son premier essai avant d’être sauvé par le VAR. Facile à dire après, mais une grande partie de cette séance s’est jouée à ce moment. Une séance avant laquelle Mier s’est fait voler son antisèche, qui était sur sa serviette, par un ramasseur de balle.
L’autre tournant de cette finale s’est déroulé à l’heure de jeu. Devant au score et très peu inquiété par Millonarios, Paulo Autuori a décidé très tôt de rendre les armes et de baisser le rideau. Titularisé devant, Tomás Ángel a cédé sa place à Cristián Castro Davenish, un défenseur central. Mal lui en a pris puisque le bus s’est cassé au bout de dix minutes. Et c’est lui qui est sorti juste avant la séance pour faire entrer Jarlan Barrera. Incompréhensible parce que jusque-là, l’Atlético Nacional avait plutôt bien maitrisé son adversaire. Avec trois joueurs offensifs, Duque, Pabón et Angel, le club verdolaga a beaucoup plus pesé sur son adversaire qu’à l’aller. Logiquement quand tu mets des joueurs de surface tu apportes du danger dans cette zone. À la demi-heure après une belle action collective, Jefferson Duque a ouvert le score venant glacer un Campín bouillant jusque-là. Chirurgical parce que le double vainqueur de la Libertadores n’a eu que cette occasion dans le match. Beaucoup trop peu pour s’imposer dans cette finale. Et certainement beaucoup trop peu pour les dirigeants qui pourraient rapidement sceller le sort de l’entraineur brésilien. D’autant plus avec la scène en fin de match qui a sérieusement entamé son autorité.
En face Alberto Gamero avait fait un seul changement dans son onze de départ. Pourtant excellent à l’aller, Jader Valencia n’a pas été reconduit et Óscar Cortés a démarré. Choix plutôt payant parce que le tout nouvel international a été à l’origine du premier coup de chaud dans la défense adverse, mais il s’est rapidement essoufflé et a été très bien contenu par Yerson Candelo. Même si Millonarios a largement contrôlé le ballon, le club de la capitale a eu toutes les peines du monde à véritablement inquiéter Kevin Mier. Deux véritables alertes avec deux frappes de Daniel Cataño trop centrées pour vraiment le mettre en difficulté. Peut-être trop tendus comme lors de la première période contre le Deportivo Independiente Medellín lors de la dernière journée du quadrangulaires. Souvent décrié depuis son arrivée notamment en raison de ses loupés après la phase régulière, Alberto Gamero a parfaitement lu la trouille dans les changements adverses. Après l’entrée de Cristian Castro Davenish, il a fait entrer deux attaquants et la dernière demi-heure s’est transformée en attaque-défense. Logiquement son équipe est revenue grâce à Andrés Llinas. Pour la parenthèse, difficile de faire moins bogotano comme histoire puisque Llinas est un supporter historique du club et son père a été une homme politique important de la ville. Largement dominateur le club embajador aurait pu faire la différence en fin de match, mais Jorge Arias a envoyé son ballon au-dessus alors qu’il était à deux mètres des cages. Peu importe puisque Larry Vásquez a donné la victoire à son équipe. Une victoire logique au final puisque l’équipe la plus entreprenante sur cet aller-retour s’est imposée et même l’équipe la plus entreprenante du semestre. Une victoire qui vient aussi récompenser la patience des dirigeants avec le natif de Santa Marta arrivé il y a un peu plus de trois ans sur le banc et qui vient de remporter coup sur coup une coupe nationale et donc une nouvelle étoile de champion (sa troisième avec trois clubs différents) mais certainement sa plus belle vu l’amour qu’il porte à ce club. Par la même occasion, Millonarios est la première équipe colombienne à valider son billet pour la Libertadores 2024, un billet direct pour la phase de groupes.
Photo : RAUL ARBOLEDA/AFP via Getty Images