On ne vous a certes pas suffisamment proposé son suivi régulier, mais le championnat 2017 au Pérou aura été celui d’une renaissance. À l’image de la sélection, l’Alianza Lima a renoué avec son glorieux passé.

banlomag

Une année Blanquiazul

Depuis plus de 10 ans, c’est un serpent de mer. Quand l’Alianza Lima parviendra-t-elle a retrouver les sommets ? Depuis le titre de 2006, nombreux sont les entraîneurs à s’y être cassé les dents, nombreuses ont été les ambitions qu’il a finalement fallu ranger dans l’armoire des espoirs envolés. C’est avec ce douloureux héritage des rêves enterrés que Pablo Bengoechea est arrivé prendre les commandes de la maison aliancista en novembre 2016 avec l’objectif de faire vivre une grande année 2017. Et si les choses ont plutôt moyennement démarré à l’échelle continentale (nous allons y revenir), si les amicaux de présaison n’ont pas été des plus encourageants en termes de résultat, la suite s’est avérée une belle réussite. En organisant son Alianza Lima autour de deux schémas préférentiels, un 4-2-3-1 et un 4-3-2-1 qui a fini par s’installer, notamment après l’arrivée de Carlos Ascues en août. Au final, même s’il y aura eu quelques accidents (on pense notamment à la déroute au Monumental face à l’ennemi de toujours, Universitario, l’Alianza Lima s’est transformé en un bel équilibre entre solidité défensive (la meilleure de l’année) et une efficacité offensive rare (plus de 18% des frappes transformées en but, meilleur ratio du pays). Alors les Aliancistas n’ont rien laissé aux autres, à l’exception du Verano, sorte de tournoi de chauffe qui permet de démarrer une saison. Apertura et Clausura décrochés, pas de passage par la case finale pour le titre et donc plus d’une décennie de frustration effacée d’un coup. Le tout l’année de la commémoration du trentième anniversaire du drame de Ventanilla.

Il ne faut cependant pas penser que tout a été acquis avec facilité. Car l’Apertura a été celui de la polémique avec l’affaire Carlos Neumann venue tuer les espoirs de Garcilaso (enfin, au moins couper quelques jambes). Car le grand rival 2017 de l’Alianza Lima restera les Celestes de Marcelo Grioni qui ont lutté lors des deux tournois avec des fortunes diverses. L’affaire Neumann, qui a d’abord coûté six points retirés (les victoires face à l’Alianza Atlético et Juan Aurich) avant de revenir après appel face au TAS, a très probablement changé le court de l’Apertura, Garcilaso se retrouvant alors hors course pour, quelques semaines plus tard, se retrouver à la deuxième place, seulement battu à la différence de buts. Si Grioni a souvent crié au vol, jusqu’à la fin de l’année, expliquant son départ de Garcilaso notamment en évoquant ces raisons en plus de raisons personnelles, avant de revenir dessus en début d’année. Reste que la perte du Clausura, Garcilaso ne la doit qu’à lui-même, perdant des points contre le Deportivo Municipal et Sport Huancayo lors du sprint final qui a alors permis à l’Alianza de passer devant. Sur le terrain, les Celestes se sont mués en remarquable machine à but, la meilleure du pays, entraîné par Danilo Carando son meilleur buteur. Au final, il n’aura pas manqué grand-chose pour que Garcilaso ne viennent décrocher une finale, juste savoir garder ses nerfs dans les moments clés.

Finalement, celui qui a joué le rôle de l’Alianza Lima, c’est Universitario. En février dernier, 44% des Péruviens sondés estimaient que les Cremas termineraient l’année avec un nouveau titre de champion, 58% estimant que la U avait réussi le meilleur mercato. Il faut dire qu’en plus, les bases étaient solides : victoire tranquille lors de l’Apertura 2016, Clausura perdu sur le fil devant le Sporting Cristal et course au titre perdue en play-offs pour un but. Sauf que. Jamais les hommes de Troglio n’ont semblé capables de suivre véritablement le rythme de l’Alianza Lima et de Garcilaso. La U a fait une belle saison mais sans plus, à peine teinté de la joie d’une (seule) victoire dans le Superclásico et des espoirs (de courte durée) qu’avaient amené le retour au pays de Juan Manuel Vargas. Même constat du côté du Sporting Cristal où l’héritage laissé par Mariano Soso (Clausura + titre 2016) aura été bien trop lourd à porter pour José del Solar et le recrutement a été raté, Mauricio Viana, Joel Sánchez, Cristian Ortiz ou Rolando Blackburn se soldant en autant d’échecs (aucun ne sera là en 2018). Alors Cristal a erré comme un anonyme lors du Descentralizado, à peine sauvé par les prestations convaincantes des Irven Ávila (nous allons y revenir) ou Ray Sandoval, qui tous deux, ne seront plus là non plus pour sauver les meubles en 2018. Reste donc Melgar qui a certes totalement raté son Apertura mais a réalisé un bon Clausura et surtout s’est adjugé le Verano, bouclant ainsi l’année à la troisième place. Le Dominó a ainsi vu son mentor Juan Reynoso quitter le navire en fin d’année, sans que finalement ça n’impacte véritablement la dynamique du club en championnat. Reste qu’il y a un parfum de fin de cycle au pied du Misti.

Débâcle continentale

Tout n’est cependant pas rose au Pérou lorsqu’il s’agit de revenir sur l’année 2017 de ses clubs. Les parcours continentaux ont en effet rapidement tourné à la catastrophe. En Libertadores, le Deportivo Municipal a sauté d’entrée comme Universitario, auteur du raté de l’année après s’être imposé 3-1 au Paraguay face à Capiatá à l’aller, les Cremas ont explosé chez eux au retour (0-3). La suite n’a été guère brillante : Cristal et Melgar, derniers rescapés, ont terminé bons derniers de leurs groupes respectifs, tous deux héritant il est vrai de groupes particulièrement difficiles.

Le souci, c’est que la Sudamericana n’est même pas venu ramener une once d’espoir. Les quatre engagés ont sauté dès le premier tour : Juan Aurich a explosé face à l’une des pires équipes d’Argentine, Arsenal, Huancayo, pourtant auteur d’une bonne saison au pays, n’a pas réussi à inverser la tendance face à un Nacional Potosí pourtant loin d’être une fusée (et qui sortira dès le tour suivant face à Estudiantes), Comerciantes Unidos n’est pas parvenu à écarter Boston River qui découvrait les joutes continentales (et s’est ensuite fait découper par le Cerro Porteño). Une année d’une tristesse absolue que seule l’Alianza Lima aurait pu sauver. Car les Aliancistas sont tombés sur du très lourd dès le premier tour en tirant Independiente et pourront dire qu’ils ont lutté à armes égales pendant 45 minutes, les 45 premières à Avellaneda. Ensuite, ils n’ont plus existé, totalement dominés par le futur vainqueur de l’épreuve qui finalement aura acquis sa qualification à Matute sur la plus petite des marges. Le bilan du Pérou sur le continent en 2017 est donc terrible : une débâcle totale.

onze2017peru

Le onze du Descentralizado

Par Romain Lambert

Gardien: Leao Butrón (Alianza Lima)

Meilleur joueur du Descentralizado 2017, le gardien de 40 ans a été le protagoniste de nombreuses victoires de son équipe. Appelé aussi en sélection comme 3e gardien, Leao a démontré un grand niveau tout au long de l’année et a apporté toute son expérience au sein de l’équipe. Il est clairement l’homme de cette année 2017. En espérant qu’il puisse garder les cages au plus haut niveau encore quelques années.

Lateral droit: Aldo Corzo (Universitario)

Nommé parmi les meilleurs joueurs d’Amérique du sud à son poste il est de loin le meilleur au Pérou. Sa petite taille est compensée par sa vitesse et son physique. Aldo reste un grand professionnel sur et en dehors du terrain. Même si Universitario n’a pas réalisé une saison à la hauteur de son statut de grand club, Le petit Aldo lui a toujours réussi à se mettre en valeur jusqu’à inscrire quelques buts importants. En sélection il est incontournable sur le côté droit, pour l’anecdote c’est lui qui va chercher la faute qui amène le coup franc parfaitement tiré par Paolo Guerrero lors du dernier match des éliminatoires contre la Colombie.

Defenseur: Miguel Araujo (Alianza Lima)

Malgré une fin de saison gâchée par une blessure qui l’a éloigné des terrains, le défenseur blanquiazul est une référence à son poste et a contribué grandement à l’obtention du titre de champion de Primera. En sélection, Ricardo Gareca lui a fait confiance au poste de défenseur central lors des matches contre l’Uruguay et l’Argentine et ce n’est ni Luis Suarez, Cavani ou autre Messi qui ont réussi à se défaire de son marquage.

Defenseur : Alberto Rodríguez (Universitario)

Aussi nommé parmi les meilleurs joueurs d’Amérique du sud à son poste, il a maintenu à flot son équipe grâce à son expérience et son professionnalisme. Il s’est surtout illustré en sélection en étant solide lors des duels en Amérique du Sud. En l’absence de Paolo Guerrero c’est lui le capitaine et il a parfaitement rempli son rôle notamment lors des matches barrages contre la Nouvelle-Zélande. Pour 2018, il s’est engagé du coté de Junior en attendant de défendre le Pérou lors du mondial en Russie.

Lateral gauche : Nilson Loyola (Melgar)

Le jeune latéral représente le futur du football péruvien. Il s’est installé comme titulaire indiscutable depuis la saison dernière. Cette saison encore il a prouvé qu’il était indéboulonnable. En sélection il a même été titulaire contre le Brésil lors des éliminatoires pour le mondial 2018. Il devrait rester à Arequipa une saison de plus avec Melgar.

Milieu : Luis Ramirez (Alianza Lima)

Le milieu de l’Alianza Lima de 33 ans n’est plus appelé en sélection péruvienne depuis 2014. Pour autant il a lui aussi été un des artisans du titre de champion. Cadre expérimenté au sein du vestiaire il rempile pour 1 année supplémentaire avec le club de la Victoria. Il a inscrit cette saison le plus beau but de l’année en lobant le gardien du Sporting Cristal.

Milieu : Wilder Cartagena (Universidad San Martin)

Auteur d’une saison prometteuse, Wilder a finalement décidé de quitter son club Unverdidad San Martin pour suivre plusieurs compatriotes péruviens au Mexique. Il arrive sous forme de prêt à Veracruz avec les Tiburones. Le joueur de 23 ans à évidement le mondial en Russie en ligne de mire.

Milieu : Alexi Gómez (Univeristario)

Meilleur joueur de son club, il est lui aussi parti disputer la ligue mexicaine 2018 avec Atlas. Universitario perd un grand joueur en devenir en la personne d’Alexi Gómez. La « hiena » est un joueur très technique et bourré de talent mais qui a besoin d’être souvent recadré. On espère le voir plus régulier pour qu’il puisse embarquer l’avion qui emmènera les 23 péruviens en Russie.

Attaquant : Danilo Carando (Real Garcilaso)

Le jeune club du Real Garcilaso méritait bien un joueur dans le onze type. Le dauphin du Descentralizado place donc Danilo Carando comme l’un des meilleurs attaquant du tournoi. L’Argentin a été le buteur du club de Cusco avec 19 buts au compteur. Malheureusement pour le club cusqueño, il quitte la capitale Inca pour les Emirats pour être dirigé par un certain Maradona au Al Fujairah FC.

Attaquant : Luis Tejada (Universitario)

Le Panaméen fut le buteur de la U avec son compatriote Alberto Quintero. Luis Tejada est un buteur confirmé qui a fait trembler les filets à 18 reprises cette saison au quatre coins du pays. Il rejoint le promu Sport Boys du Callao pour la saison 2018 et participera à son premier mondial avec le Panama.

Attaquant : Irven Ávila (Sporting Cristal)

Meilleur buteur du tournoi 2017 avec 22 buts malgré l’irrégularité de son équipe. Le joueur de la Celeste a réalisé une saison pleine et mériterait même une place au mondial. Il a donc décidé de quitter son Pérou pour jouer dans une ligue d’un niveau supérieur en signant chez les Lobos de Puebla à quelques kilomètres de la ville de Mexico avec pour objectif une place dans le groupe de Ricardo Gareca.

Entraineur : Pablo Bengoechea (Alianza Lima)

L’entraineur uruguayen arrive en provenance du club de Peñarol pour disputer le Descentralizado 2017 avec une Alianza Lima qui court derrière un titre depuis 2006. Mission accomplie pour l’ex sélectionneur du Pérou qui décroche le 23e titre de l’histoire du club et a donc été nommé meilleur entraineur de l’année. Il a fait de l’Alianza Lima une équipe très compétitive et surtout régulière.

Sur le banc : Carlos Caceda (Gardien, Universitario), Anderson Santamaria (Defenseur, Melgar), Gonzalo Godoy (Defenseur, Alianza Lima), Adrian Zela (Defenseur, Deportivo Municipal), Omar Fernandez (Milieu, Melgar), Luis Aguiar (Milieu, Alianza Lima), Carlos Ascues (Milieu, Alianza Lima), Alfredo Ramúa (Milieu, Real Garcilaso), Alberto Quintero (Attaquant, Universitario), Cristian Bogado (Attaquant, Union Comercio)

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.