Si vous êtes un fervent lecteur de Lucarne Opposée vous devriez connaitre le Stade Monumental « U » de Lima. On vous y emmène une fois de plus pour y vivre l’affiche opposant le club Univeristario de Deportes au club de l’Universidad San Martín pour le Torneo de Verano 2018.

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 On ne présente plus le club mythique de la U mais faisons un point sur sa situation délicate. Comme évoqué lors du Guide du Descentralizado 2018, la U vit une saison plus que difficile. Interdit de recrutement jusqu’à juin 2018, le club crema a fait face à un départ massif de ses cadres et doit puiser dans sa réserve de jeunes. Les résultats ne sont malheureusement pas au rendez-vous et la U est bonne dernière de son groupe A au moment d’accueillir le club de San Martín qui lui pointe à la deuxième place après une première partie de saison remarquée.

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Profitons du passage de la San Martín au Monumental pour vous présenter ce club de son vrai nom Club Deportivo Universidad San Martín de Porres que l’on nommera San Martín, USMP ou encore los Santos. C’est en 2004 que l’Université San Martín décide de fonder son club de football professionnel à Lima puis de racheter la licence du champion de Segunda, le club Sport Coopsol, afin de s’inscrire directement en première division du championnat péruvien. Les Santos, appelés ainsi en référence au saint San Martín de Porres, participent à leur premier tournoi continental en 2006 en jouant la Copa Sudamericana mais sont éliminés dès le premier tour. En revanche, le premier titre national ne tardera pas à venir car en 2007 le club est champion d’Apertura, seulement trois ans après sa fondation. San Martín devient alors une véritable machine à gagner et remporte les titres 2008 et 2010. Sur le plan continental, la San Martín a notamment brillé lors de sa première participation à la Libertadores en 2008 avec une victoire 2-0 contre le grand River Plate (qui se vengera au retour à Buenos Aires avec une goleada 5-0) mais ne parviendra pas à se qualifier pour le tour suivant. Aujourd’hui rentré dans le rang, le club de l’université San Martín ne jouit pas d’une grande popularité à Lima et se bat pour exister parmi les géants Alianza Lima, Sporting Cristal ou encore Universitario.

Ce match au Monumental contre la U sera une nouvelle occasion de se montrer contre un géant à la peine. La première chose qui nous frappe quand on arrive devant le Monumental c’est cette énorme construction de béton qui se dresse dans un désert entouré de montagne. Pour nous accueillir, rien de mieux qu’une statue de deux mètres de l’idole absolue des cremas, le grand Lolo Fernández qui a disputé plus de vingt saisons entre 1930 et 1953 et détient toujours le titre de meilleur buteur du club. Pour l’anecdote, son numéro neuf a été retiré en hommage. Mais venons-en aux joueurs actuels et à la composition du profe Troglio en 4-3-3 avec le jeune international Siucho en pointe épaulé par Manicero à gauche et le panaméen Quintero sur la droite. Barco, Páucar et Romero dans un milieu offensif. Une défense composée de Vásquez sur la droite, Benincasa et Velarde en stoppeurs et enfin l’international et capitaine Aldo Corzo sur la droite. Dans les buts, le jeune Patrick Zubczuk, fils de l’ancien gardien crema Juan Carlos Zubczuk. La star de l’équipe, Juan « el loco » Vargas est laissé au repos en vue du prochain Clásico. Côté San Martín, j’aurais la chance de pouvoir voir évoluer Alejandro Duarte, jeune gardien récemment convoqué en sélection mais aussi le prometteur attaquant Ivoirien, Ake Loba.

Pour une fois je me rends au stade en avance pour récupérer mon accréditation et quand je me présente comme rédacteur pour un media français le staff de la U me taquine sur la Coupe du Monde mais aussi sur l’intérêt que porte maintenant les médias étrangers sur le football au Pérou. Je croise justement un journaliste danois dans le couloir du stade qui est venu faire un reportage dans la capitale péruvienne, le Danemark étant lui aussi dans le même groupe au mondial russe. Je prends place dans la tribune au-dessus du banc de touche avec une magnifique vue sur l’ensemble du stade et le portait de Lolo Fernández dessiné sur la tribune en face.

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Autour de moi des hinchas venus en famille, du bébé au grand père, tous avec le fameux maillot crème et ce U rouge brodé sur le cœur reconnaissable entre tous. Le seul bémol, ce sont ces tribunes qui peinent à se remplir. La tribune sud par exemple est fermée par manque de public. Il faut dire que ce stade de quatre-vingt mille places est un poil trop grand pour accueillir de simples matches de saison régulière. Cela n’empêchera pas pour autant les ultras de la « Trinchera Norte », la tribune nord, de pousser son équipe au son du fameux « Y dale U ! ».

Les joueurs sortent enfin et c’est le capitaine Aldo Corzo qui est le plus applaudit, lui qui a préféré rester dans son club de cœur plutôt que de filer comme d’autres à l’étranger. Comme tous les internationaux ayant participé au retour du pays à un mondial, Corzo est énormément respecté et apprécié pas seulement des hinchas cremas mais aussi du pays entier. L’arbitre donne le coup d’envoi, la U met vite le pied sur le ballon mais sans mettre beaucoup de rythme en ce début de match. Cela suffit pourtant à Aldo Corzo d’ouvrir le score d’un coup de tête sur un centre venu de Jersson Vásquez. La U garde le ballon, combine bien mais butte sur une bonne défense mais surtout un excellent gardien de San Martín. Les Santos prônent alors un jeu en contre et surtout aérien en profitant de son géant ivoirien, Ake Loba. Juste avant de retourner aux vestiaires, apparaît alors Gary Correa qui égalise pour San Martín en plaçant un bon tir croisé qui ne laissait aucunes chances au gardien Zubczuk. L’arbitre siffle la mi-temps devant un public frustré d’avoir encaissé ce but.

Mes voisins de tribunes s’en prennent surtout aux choix de Troglio, très critiqué depuis le début d’année. Son schéma tactique est brouillon et pas assez ambitieux. Pour d’autre, les joueurs s’économisent en vue du prochain Clásico contre l’Alianza Lima. Je profite de la mi-temps pour aller saluer l’ancien international Johan Fano assis à quelques rangés de moi et venu soutenir son club de cœur (pour lequel il a joué en 2007 et 2011). D’autres supporters me suivent et me disent être fasciné par ce joueur mais aussi par l’homme qui a toujours été très accessible pour ses supporters. Au Pérou, il est aussi connu pour avoir conclu une magnifique phase de jeu de Juan Vargas en marquant contre l’Argentine pour un match éliminatoire.

Retour sur le match et retour des joueurs sur le terrain. Tout reste à faire encore pour décrocher les trois points essentiels à la survie du club. Mais ce sont les Santos qui inscrivent le deuxième but dans les premières minutes de la seconde période. El Chucho Chávez devance la défense crema et marque de la tête. Il semblerait que San Martín soit revenu avec plus d’envie et surtout la lutte pour la première place en tête. Les tribunes grondent et poussent leurs joueurs pour égaliser. La U joue un peu mieux même si l’intensité baisse clairement en cette deuxième mi-temps. La lumière viendra encore d’un latéral avec ce coup franc lointain tiré par Jersson Vásquez qui finira dans les buts après un rebond traite devant un Duarte impuissant. Le score en restera là malgré les derniers assauts cremas qui se réveillent un peu tard. Match nul qui ne fait les affaires d‘aucun des deux clubs. San Martín voit le Sporting Cristal et la première place s’éloigner et la U s’enlise et consolide sa dernière place du groupe A.

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Les supporters sont en colère, un club comme la U ne peut pas descendre, c’est tout simplement inimaginable. Heureusement qu’il reste beaucoup de match pour se reprendre à commencer par le Clásico Peruano contre l’Alianza Lima qui arrive quelques jours après. Une victoire à Matute serait un véritable exploit et (presque) tout sera pardonné mais le cas contraire plongera un peu plus la U dans sa période de troubles. Le peuple crema est très exigeant mais laissons le temps à Pedro Troglio qui doit composer avec une équipe limitée et très jeune. L’expérience et les automatismes viendront au fil des matches. Des jeunes comme Osorio, Siucho, Páucar ou encore Zubzcuk engendrent du temps de jeu et montrent de belles choses. Il est l’heure de quitter le Monumental en attrapant un combi chargé à bloc sur le bord de la route et retourner en ville.

Le point sur le tournoi

Malheureusement pour la U, le Clásico a tourné au vinaigre. Deux buts de Hohberg et l’Alianza Lima décroche de nouveau le match le plus chaud du pays. Une victoire vaine en termes d’espoir de titre pour le peuple Aliancista tant la domination du Sporting Cristal est immense dans le groupe A. Les Celestes sont d’ores et déjà assurés de disputer la finale du tournoi. Dans l’autre groupe en revanche, difficile de miser sur le futur finaliste. Huancayo s’est installé en tête mais n’a désormais plus d’avance sur le Real Garcilaso revenu à la deuxième place avec l’arrivée de Tabaré Silva sur le banc, deux points seulement sur Melgar bien placé en embuscade avant de jouer un Deportivo Municipal qui peut revenir à trois points en cas de victoire. Le final promet d’être fou.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.