Ce mercredi à 21 heures, deux clubs de Córdoba vont se retrouver en 32ème de finale de la Coupe d'Argentine. Dans l’ombre du grand Clásico de la ville, le duel entre Belgrano et Talleres, Belgrano-Instituto a grandi au fil des années et trouve son originalité dans le fait qu’il a débuté par une histoire d’amour.

 

A plus de 700 kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires se dresse Córdoba. Seconde plus grande ville du pays, l’une des plus anciennes capitales de l’époque coloniale espagnole (elle doit son nom au Córdoba espagnol) est connue pour son importante population estudiantine et son université du XVIIème siècle qui lui vaut son surnom La Docta. La ville qui a vu naître Javier Pastore possède également son lot de clubs de football avec parmi eux, un quatuor : Belgrano, fondé en 1905, Talleres, le club formateur d’el Flaco fondé en 1913, Instituto, fondé en 1918 et le petit dernier de la bande, le Racing, fondé en 1924. Entre ces quatre équipes sont nés les grands Clásicos de la ville, le plus grand restant bien évidemment le plus ancien, celui qui oppose Belgrano et Talleres. Cependant, celui qui possède l’histoire la plus originale reste pourtant celui qui oppose Belgrano et Instituto.

Une longue histoire d’amour…

Essayez d'imaginer un fan de l'Instituto dans la popular du stade Mario Kempes encourageant Belgrano, ou un Pirata (surnom du club de Belgrano) chantant avec les fans de l'Instituto. Dans le contexte argentin où toute rivalité devient démesure, cela relève plus de la science-fiction qu'autre chose. Mais, croyez-le ou non, il y a seulement 20 ans, la scène était commune.

Nous sommes alors en 1929, le club de Belgrano de Córdoba inaugure alors son nouveau stade, le Gigante de Alberdi (Alberdi étant le quartier d'origine de Belgrano). Cette inauguration s'est effectuée en présence de fans de l'Instituto et les joueurs portaient le traditionnel maillot bleu ciel mais aussi  une cocarde rouge et blanche en l'honneur de cette amitié. Alors que le championnat national fait son apparition, l'image est encore plus conviviale. Il faut dire qu'à l'époque, la majeure partie des fans de Córdoba était connue pour encourager le représentant provincial au-delà des couleurs, à l’exception tout de même de celles de Talleres, ennemi intime de Belgrano. C'est ainsi qu'en 1967, lors de Belgrano – Racing, les hinchas des deux clubs se sont réunis en tribune pour soutenir Belgrano, en faisant de même en 1968 et en 1969 lors du Clásico de Córdoba entre Belgrano et Talleres. Dans les années 70, il était alors devenu monnaie courante de voir les fans passer de Alta Córdoba (Quartier originaire de l'Instituto) à Alberdi matchs après matchs. Un chant est même devenu célèbre, le fameux « Belgrano et Gloria (ndlr, surnom de l'Instituto) un seul cœur»  a résonné à maintes reprises dans les travées des deux stades. L'année suivante, en 1974, la Gloria ira même jusqu'à prêter deux de ses meilleurs joueurs aux Piratas : Osvaldo Ardiles et José Luis "Lefty" Ceballos. Les deux clubs vivent alors une véritable lune de miel.

…qui devient haine

La première ascension des Celestes en Première Division en 1991 n’y change rien, les fans de la Gloria continuent à aller en grand nombre voir les rencontres de de leurs «cousins» dans la division supérieure. Tout bascule lors d’une rencontre amicale disputée le 16 août 1997. Ce jour-là, alors qu’Instituto l'a emporté 2-1, la hinchada de Belgrano ne cessera de harceler les principales références rivales que sont des Luis Artime et autres Pablo Roberto Cabrera, entonnant aussi des chants comme « Vous êtes de la B ». La graine est plantée. La saison suivante 1997/1998, alors que l'Instituto menait 3-0, la hinchada de Belgrano décide d'aller en découdre avec leurs rivaux, le match sera interrompu à la 79ème minute et ne pourra reprendre. 70 ans d’amitiés sont désormais oubliés, la haine s’est installée entre les deux camps, plus aucun retour en arrière n’est possible.

Depuis, les deux Barras Bravas, Los Piratas côté Belgrano et Los Ranchos côté Instituto se détestent offrant ainsi très souvent des ambiances hallucinantes et électriques lors des confrontations entre les deux clubs que ce soit au Monumental Presidente Perón pour l'Instituto ou au Gigante de Alberdi puis au Kempes côté Belgrano.

Le dernier affrontement en compétition officielle entre les deux clubs a eu lieu au Monumental Presidente Perón lors de la saison de Primera B Nacional 2010/2011 alors que la dernière rencontre au plus haut niveau date du Clausura 2000, à cette époque l'Instituto l'avait emporté deux buts à zéro. Même si les deux équipes se sont déjà croisées lors des tournois amicaux pendant les trêves de saison, nul doute que ce 32ème de finale de Coupe d'Argentine aura une saveur encore plus particulière, celle des retrouvailles en compétition officielle. Et chanceux que vous êtes, LO sera présent au Kempes pour vous faire vivre ce Clásico si atypique comme si vous y étiez…

Belgrano – Instituto – repères historiques

Première rencontre : Le 2 Mai 1920. Match nul 1-1 avec des réalisations de José Lascano (Belgrano) et Márquez (Instituto).

Plus large victoire : Belgrano s'imposera trois fois en inscrivant sept buts. 7-2 en 1932, 7-2 en 1937 et 7-0 lors du record de 1949. La plus large victoire de l'Instituto fut un 5-1 pour le tournoi de Clôture 1962.

Rencontre avec le plus de buts : 10. Le 6 Juin 1948 (score final 5-5).

Historique en Liga Cordobesa : 179 rencontres. Belgrano en a remporté 78 (347 buts), Instituto 55 (282 buts) et 46 matchs nuls.

Historique en AFA : 18 rencontres. Belgrano en a remporté 7 (25 buts), Instituto 5 (24 buts) et 6 matchs nuls.

Meilleure série d'invincibilité : Instituto a réalisé une série de 10 rencontres sans perdre ce Clásico entre 1963 et 1966. Six victoires et quatre nuls.

Finales disputées : 5, toutes en Liga Cordobesa. En 1972 Instituto l'emporte 2-1, toujours en 72 2-0 et 5-2. Belgrano prendra sa revanche en 1973 (0-1, 2-0 et 1-0), ensuite en 75 (1-0) et pour finir en 1978 (0-0 et 1-0)

Titres : 56 pour Belgrano (55 en Liga Cordobesa et un en AFA). 23 pour Instituto (21 en Liga Cordobesa et 2 en AFA).

Bastien Poupat