Futur adversaire de Palmeiras en Libertadores, l'Atlético Tucumán, tout du moins son ancêtre, possède déjà un passif lourd de sens avec l'historique club brésilien. Et pour cause, il a réussi à unir le Verdão avec son pire ennemi du Corinthians au sein d'une même équipe. Retour sur cet évènement en sépia avant cette nouvelle rencontre en HD.
En Janvier 1930, une sélection de joueurs de la province argentine de Tucumán, alors vice-champion national des ligues 1929, réalisait une tournée de matchs amicaux au Brésil, histoire de montrer de quel bois ils se chauffaient. Forts d'un premier round convaincant au pied du Corcovado (une victoire face à l'America-RJ, deux nuls, Vasco et la sélection B de Rio, et une défaite face à la A), les argentins s'envolent pour São Paulo, précédés d'une jolie réputation. Cela ne les empêchera pas de se faire corriger à leur arrivée 4 buts à 1 par la Palesta Italia, future Palmeiras. Ce jour-là c'est Arthur Friedenreich, la légende brésilienne d'alors pourtant encore joueur à 37 ans et toute fraiche recrue d'un São Paulo FC à peine fondé, qui officie en tant qu'arbitre. Pour la Palestra, le match est un succès qui profite aux caisses du club mais qui, surtout, donne à ses dirigeants des idées un peu plus ambitieuses.
Si à cette époque la rivalité entre Palmeirense et Corinthianos est déjà de mise, les rapports sont encore empreints de courtoisie. Une union des deux avait d'ailleurs déjà eu lieu en 1917 ainsi que l'année précédente en 1929. La donne est simple pour le club des immigrés italiens de São Paulo : convaincre le Timão de s'unir à eux de nouveau le temps d'un amical, pour ramener toute la cité au Parque Antartica. Aussitôt dit, aussitôt fait, et cerise sur le gâteau : l'illustre Friedenreich sera également de la partie, cette fois pour faire profiter à tous de ses talents balle au pied. Le sifflet reviendra à Luiz Mattoso, historique attaquant de Santos dont il est encore aujourd'hui toujours le cinquième meilleur buteur (214 pions en 151 matchs, autre époque…). Palmeiras, Corinthians, SPFC et Santos : tout le monde est là !
Comme prévu, et ce malgré l'horaire en plein après-midi un jeudi ouvré, une foule de paulistanos se masse dans les travées de l'Antartica, alors déjà situé à l'emplacement de l'actuel Allianz Parque. La recette récoltée ce jour-là par le Verdão leur permettra d'ailleurs de réaliser une refonte de l'enceinte, et de mettre un pied de plus dans le professionnalisme. Il y a donc du monde et c'est tant mieux, car le spectacle également est au rendez-vous : l'escouade paulistana s'impose 5 buts à 2 ! Auteur d'un triplé, Heitor n'est pourtant pas totalement la vedette du match. Celui qui encore de nos jours est le meilleur buteur du club (327 cachous pour 358 match, Léo et Cristiano qui ?) va logiquement s'effacer devant le talent d'un homme. On vous le donne en mille : Arthur Friedenreich illumine ce jeudi là l'assistance de sa grâce, délivrant 4 passes décisives. Non content de mettre tout le monde d'accord sur le pré, Arthur joue les médiateurs entre Heitor et Del Debbio, alors défenseur du Corinthians et ennemi intime du palmeirense, et parvient à réconcilier les deux. Beaucoup de paix et de joie de la part d'un homme qui sera tragiquement fauché par un conflit entre Rio et São Paulo quelques années plus tard...
En 2017 l'Atlético Tucumán va donc, grâce à un parcours en qualification jalonné d'exploits et d'émotions, participer pour la première fois à la fameuse Copa Libertadores. Une compétition qui va donc lui permettre de voyager à nouveau à São Paulo, sur les traces de l'exploit de ses aïeuls : avoir apporter un jour de paix entre Palmeiras et Corinthians.
