Dario n’aurait jamais dû être footballeur. De son propre aveu, il n’a jamais appris à jouer au football. Mais Dario avait faim, faim de buts, faim de revanche sur la vie, faim tout court. Alors il est devenu l’un des meilleurs buteurs de l’histoire du football brésilien.

« Mon fils, le football n’est pas fait pour toi. Cherche un travail ». Le conseil provient du mythique entraîneur Gentil Cardoso, qui lance notamment la carrière de Leônidas et Garrincha, et alors entraîneur de Campo Grande, petit club de Rio de Janeiro. Pour le livre Os dez mais do Atlético Mineiro, Dario confessait à Eduardo Murta : « J’avoue que j’étais très brusque, je bousculais les autres, je tirais de la pointe du pied, je marquais rarement. Mais j’étais certain que j’étais fait pour le football. Quand j’étais placé à l’internat de Quintino, dans la banlieue de Rio, de cinq à dix-huit ans, j’ai été meilleur buteur du dortoir 22. Pourquoi ça n’aurait pas marché à Campo Grande ? ». Cela résume parfaitement Dario, un footballeur tout juste moyen mais qui ne lâche jamais rien, un égo monstre qui vire à la mégalomanie, et des petites phrases bien senties qui ont contribué à sa légende.

Dario sans enfance

La vie n’a pas épargné Dario, et ce, dès le plus jeune âge. Il mène une « vie inhumaine » avec ses parents et ses deux frères dans un petit appartement qui n’a pas de toilettes, à Marechal Hermes, à quarante kilomètres de Copacabana. La vie de Dario bascule lorsqu’il a seulement cinq ans. Pour l’émission Bola da Vez de ESPN Brasil, Dario revenait courageusement sur cet épisode dramatique : « Ma mère s’est suicidée. Elle avait une maladie mentale. J’avais cinq ans et j’étais toujours accroché à elle. Elle s’est aspergée d’essence et avec une gazinière… Le feu a jailli et j’ai couru vers elle. En voyant que j’allais mourir, elle m’a jeté dans le fossé ». Son père, analphabète, n’a pas les moyens de s’occuper des enfants, qui sont placés dans un internat. Dario enchaîne les petits boulots, comme cireur de chaussures ou imprimeur, puis participe avec ses amis à des vols, de quoi lui permettre de s’acheter un ballon de football. « J’étais si mauvais que je jouais seulement si j’avais le ballon » confie Dario, qui joue d’abord défenseur central avant de passer en attaque.

Dario est surtout un délinquant dangereux, qui enchaîne les passages au Febem, centre de détention de jeunes, comme il le confie à R7 en 2018 : « J’aimais la sensation de blesser les autres, de voir le sang couler ». La vie est de plus en plus difficile pour Dario, menacé de mort par un policier et qui continue les crimes dans les rues de Rio. « J’avais un ami, un ami non, un partenaire qui s’appelait Índio. On faisait des braquages ensemble, on était très violents. Un jour, on a braqué un Portugais. Quand il nous a vus avec nos couteaux, il a sorti un revolver. On a couru, moi en zig zag, Índio en ligne droite. Il a pris une balle dans la nuque et est mort à mes côtés. J’ai réussi à m’échapper, j’ai beaucoup pleuré, en me rendant compte qu’il s’agissait de mon futur. Je pensais que la seule solution était de me tuer. Je ne supportais plus cette vie. Une nuit, je suis allé dormir et j’ai vu ma mère en rêve. Elle était belle, toute en blanc. Et elle m’a dit d’y croire, de lutter pour avoir une vie décente et que tout se passerait bien. Que je ne cesse jamais d’y croire. Mais même comme ça, il n’y avait rien à faire, le lendemain, je mourais de faim. J’ai vu deux femmes et je les ai braquées. Elles criaient, il y avait des policiers à côté que je n’avais pas vu. J’ai été envoyé de nouveau au Febem ».

De retour au centre de détention, le football est alors pour Dario le seul moyen de s’en sortir. « J’avais 95 % de chance de devenir un marginal, car je n’avais aucune affection de qui que ce soit. Je passais ma vie à voler et fuir la police. […] J’ai dépassé les limites. J’ai mis des chaussures de football à dix-neuf ans, sans jamais avoir joué, pour avoir autre chose que le salaire minimum. C’est pour cela que je suis un phénomène. Le football était ma rédemption, le problème étant que j’étais un horrible joueur de foot ». Dario va cependant pouvoir compter sur l’un des chefs du Febem qui l’a remarqué : « J’allais avoir dix-huit ans. Il y avait un employé qui dirigeait tout là-bas, il aimait beaucoup le football. Je ne m’étais jamais arrêté pour jouer, mais je courais bien, j’avais appris en fuyant la police. Et je sautais haut, je savais le faire depuis que je volais des choses sur les fenêtres des autres. J’ai décidé de faire un test pour jouer dans l’équipe du Febem. Le chef se moquait de mon niveau, mais il a vu que je battais tous les défenseurs en vitesse ou dans les airs. Je savais juste que je devais marquer, de n’importe quelle façon. Il a vu que mon habileté était inexistante, mais que ma force et volonté de marquer étaient hors du commun. Il m’a mis dans l’équipe titulaire. Le football a changé ma vie, il m’a sauvé de la marginalité, il m’a enlevé du monde du crime ».

Des débuts difficiles

Libéré, Dario fait un essai à l'America après l’échec de Campo Grande, mais il n’est pas retenu. À vingt-et-un ans, il retente sa chance à Campo Grande, Gradim ayant succédé à Gentil Cardoso. Dario n’impressionne pas vraiment Gradim, qui remarque cependant sa vitesse et sa détente et lui propose un essai de trois mois. Il débute en 1967 au Maracanã lors d’un 0-0 entre Campo Grande et Bonsucesso. « J’ai trébuché, je suis tombé, je me suis troué. J’ai fait rire le public » se souvient Dario. Le nouvel attaquant un peu gauche enfile ensuite ses premiers buts, notamment lors d’une victoire contre le Vasco d’un certain Gentil Cardoso. « J’ai fait une erreur en te renvoyant de l’équipe, mais je n’ai pas pour habitude de me tromper deux fois : tu seras l’un des meilleurs buteurs du Brésil » confie Gentil Cardoso à Dario après le match. Quelques mois plus tard, Dario continue de marquer et attire l’œil des grands clubs cariocas. En avril 1968, son père meurt et Dario est libéré pour le match contre Madureira. Dario insiste pour jouer et est finalement aligné. « Ils menaient 1-0 et maîtrisaient le match. À la mi-temps, je n’avais rien fait et Moacir Bueno souhaitait me remplacer. En pleurant, j’ai demandé quinze minutes de plus. Je suis sorti à 3-1, trois buts de Dadá. » Présent en tribune, le vice-président de l’Atlético Mineiro, venu observer Carlinhos, fait une offre pour Dario.

Dario quitte donc Rio de Janeiro pour Belo Horizonte et l’Atlético Mineiro, mais peine à s’imposer, malgré le soutien de son entraîneur Yustrich : « C’est le meilleur buteur du Brésil. Il n’a pas la classe de Tostão ni la conduite de balle de Dirceu Lopes, mais il est plus efficace. » En mars 1969, l’Atlético Mineiro reçoit l’Union soviétique au Mineirão devant 53 540 spectateurs. Dario contrôle son premier ballon du menton au lieu de la poitrine. Sur le deuxième, le ballon rebondit sur son tibia et sort en touche. Dario essuie une bronca de la part du stade entier, mais ouvre le score de la tête dès la 3e minute. Après l’égalisation soviétique, Dario marque un deuxième but, permettant à l’Atlético Mineiro de battre l’URSS 2-1, elle qui venait de faire un match nul 2-2 contre la Seleção. Un jour resté dans la mémoire de Dario pour le livre Os dez mais do Atlético Mineiro d’Eduardo Murta : « J’ai mis les deux buts du Galo et les supporters ont vibré avec moi. Ce jour-là, je me sentais comme une idole. Je me rappelle qu’à la fin du match, j’ai dit : “Je mets les buts avec amour”. En réalité, j’ai été titularisé parce que Vaguinho et Ronaldo étaient blessés ». Ce match lance la carrière de Dario, qui termine meilleur buteur du championnat mineiro 1969 (29 buts) et termine la saison avec 61 buts. Dario rentre dans le cœur des supporters du Galo : « À l’Atlético, je me suis senti aimé pour la première fois de ma vie ».

Dario est aimé et il le rend bien. Jamais le Mineirão n’a vu un tel joueur, mauvais techniquement mais incroyablement rapide et aérien. Dans des propos rapportés par le site Memoriafutebol, Dario expliquait le secret de sa détente : « Je quittais toujours la mise au vert pour aller faire rapidement l’amour chez moi. Je disais à Yustrich que je ne pouvais pas jouer sans sexe. Une chose que je faisais toujours avant chaque match était de me masturber, cela m’aidait à me maintenir dans les airs. Je me préparais en deux minutes et avant d’entrer sur le terrain, j’allais aux toilettes et je me masturbais. J’étais tout léger sur le terrain, ils mettaient le ballon au cinquième étage et j’allais le chercher ». Autre habitude prise par Dario, celle de donner des noms à ses buts, comme le but holocauste qu’il promet à Cruzeiro ou encore un but hypoténuse. « Je suis l’homme des buts inexplicables » avance Dario. Contre l’Internacional, il marque le but Apollo 11, qui coïncide au moment exact du premier alunissage de l’histoire, le 20 juillet 1969, à 17h17 au Brésil. Quelques semaines plus tard, l’Atlético Mineiro affronte la Seleção de Pelé et João Saldanha, qui célèbre sa qualification pour la Coupe du Monde, acquise trois jours plus tôt. Devant 71 533 spectateurs au Mineirão, Amauri ouvre le score pour le Galo avant l’égalisation de la tête de Pelé. D’une frappe sèche, Dario marque le but d’une victoire historique pour l’Atlético Mineiro. « J’avais l’impression de rêver quand j’ai vu les filets trembler » dira ensuite Dario.

dariobresilDario champion du monde

Malgré ce but et son année 1969 exceptionnelle, Dario n’est pas appelé en sélection nationale par João Saldanha. Dario reçoit pourtant le soutien public du général Emílio Garrastazu Médici, le dictateur à la tête du Brésil. « Vous choisissez votre gouvernement et je choisis mes joueurs » aurait balancé Saldanha à la tête de Médici. En cause, le niveau technique de Dario, loin des stars brésiliennes. « Je n’arrêtais pas de marquer et personne ne me donnait le ballon. Il y avait un manque de reconnaissance. On parlait plus de ma chance que de mon mérite » se plaignait Dario, surnommé Dadá Beija-flor (le colibri). « Je suis déjà resté onze secondes dans les airs. C’est un record. C’est bon de quitter un peu le sol » explique sans exagérer Dario. Buteur à la détente exceptionnelle et à l’accélération dévastatrice, Dario compense son manque de technique par une volonté inépuisable. « Je n’ai pas peur de tirer sur le panneau d’affichage, le juge de touche ou peu importe. Je ne reste pas là la tête baissée. Si tu tires à vingt mètres d’écart, il faut juste attendre un autre ballon. Avec moi, il suffit de lancer le ballon vers moi et de venir m’embrasser » détaille Dario à Eduardo Murta pour son livre Os dez mais do Atlético Mineiro. Lorsque Saldanha est remplacé par Mário Zagallo à la tête de la sélection brésilienne, ce dernier sélectionne Dario pour la Coupe du Monde au Mexique.

Au milieu des Gérson, Pelé, Rivelino, Tostão ou Jairzinho, Dario n’a pas le niveau technique pour être dans le groupe, l’une des plus belles sélections brésiliennes de l’histoire. Pour Jairzinho, interrogé par Milton Leite dans le livre As melhores seleções brasileiras de todos os tempos, Dario a obtenu sa place uniquement grâce au soutien de Médici : « Tout le monde le savait. Dario était une bonne personne, un buteur, mais très mauvais pour être dans la Seleção de 1970. Même Dario était mal à l’aise. Tout le monde connaissait la situation, on n’a seulement pas fait empirer ce qui était déjà gênant ». Dario sera champion du monde, sans jamais entrer en jeu et en ne posant ses fesses sur le banc que lors d’un seul match, contre la Roumanie. Alors, inutile le Dario ? Pas tout à fait, si l’on en croit Tostão dans son livre Tempos vividos, sonhados e perdidos : um olhar sobre o futebol. Le matin de la finale, contre l’Italie, Tostão est stressé, comme tous ses coéquipiers. « Ce jour-là, nous nous sommes levés tôt pour prendre le petit déjeuner ensemble. Le match était à midi, sous une chaleur immense. Il y avait un grand silence dans la pièce, on était tous anxieux. Soudain, Dario s’est levé, a regardé Zagallo et a dit qu’il avait rêvé qu’il allait marquer trois buts et il assurait qu’il allait le faire dans le match. Tout le monde a rigolé, il y a eu une grande décontraction. Comme cela a été le cas lors des cinq premiers matchs, Dario n’était même pas sur le banc. Roberto était l’avant-centre remplaçant ». Pour le Jornal da Floresta, Dario revenait en 2010 sur la Coupe du Monde 1970. « J’avoue que je n’étais pas à la hauteur de cette équipe, je n’avais pas leurs facilités. Mais je n’ai pas de modestie, dans la surface, j’entends dire qu’il n’y a jamais eu un joueur comme Dadá Maravilha. Je faisais l’unanimité. De la tête, je suis le meilleur de tous les temps. J’avais une détente de quatre-vingt-dix centimètres et cela n’existe pas dans le football. J’avais également une vitesse incroyable. Mais de la même manière que j’ai été le meilleur dans la surface, j’ai été le pire en dehors de la surface ».

L’idole du Galo

Un mois après le sacre au Mexique, Dario retrouve Tostão dans le cadre du championnat mineiro. Les deux hommes se vouent un respect mutuel : « Tostão, s’ils lui tiraient dans la poitrine, serait capable, avec une telle maîtrise, de contrôler la balle et de jouer avec » déclare Dario quand Tostão prend la défense du meilleur buteur du championnat mineiro 1969 : « Il y a beaucoup de personnes qui se trompent au sujet de Dario. Ce sont ceux qui le considèrent seulement comme un bourrin. Ce n’est pas vrai, il est bien au-dessus de la moyenne des autres attaquants brésiliens. Il est intelligent et sait profiter de ses avantages physiques ». Au Mineirão, devant 106 155 spectateurs, Cruzeiro est le favori, ayant remporté les cinq derniers championnats du Minas Gerais. La Raposa ouvre le score par l’intermédiaire de Rodrigues, mais Dario égalise de la tête peu avant la mi-temps. À cinq minutes de la fin du match, Dario marque le but de la victoire, la première de l’Atlético Mineiro sur le rival Cruzeiro dans le championnat mineiro depuis l’inauguration du Mineirão, en 1965. Dario est une nouvelle fois historique.

Avec le nouvel entraîneur, un certain Telê Santana alors âgé de trente-neuf ans, Dario tombe pourtant en disgrâce. Dans sa biographie Dadá Maravilha, écrite par Lúcio Flávio Machado, Dario revient sur cette période : « À mon retour de la Coupe du Monde, j’ai eu un problème avec Telê. J’étais emballé par les fêtes, il y avait un repas, un dîner, un churrasco tous les jours. J’ai pris du poids, l’impulsion et la vitesse ont chuté et Telê m’a mis sur le banc. Mais une mouche m’avait piqué et je n’acceptais pas d’être sur le banc, car j’étais un champion du monde. Ma chance a été que mes vrais amis m’ont alerté. Ma femme m’a également mis la pression. J’ai tout arrêté et je me suis remis à m’entraîner comme un malade. Telê a commencé à me remettre sur le banc, car je n’étais même plus sélectionné. Puis est arrivé un match contre Fluminense de Araguari, au Mineirão. L’équipe perdait 1-0 et j’étais sur le banc. Vaguinho s’est blessé et les supporters ont commencé à crier mon nom. Telê s’est tourné vers moi et m’a dit : “Dario, donne satisfaction à cette torcida qui croit encore en toi”. Je suis entré et j’ai marqué cinq buts. 5-1 pour l’Atlético. Toute la presse est venue vers moi. Quand ils ont dit que j’avais prouvé que Telê avait eu tort, j’ai dit qu’il avait eu raison. J’avais réellement pris du poids, je ne m’entraînais pas et seules les fêtes m’intéressaient. J’ai complété en affirmant que si Telê voulait me remettre sur le banc, j’accepterais de nouveau ».

Dario reste dans l’équipe titulaire et permet à l’Atlético Mineiro d’écraser le championnat : vingt victoires, un match nul, une défaite. Dario marque seize buts et termine une nouvelle fois meilleur buteur du championnat. En 1971, la CBD organise le premier championnat national de son histoire. L’Atlético Mineiro termine en tête de son groupe aux côtés de Grêmio avant d’éliminer l’Internacional, Santos et Vasco pour se qualifier pour le tour final, en compagnie de São Paulo et Botafogo. Le Galo bat d’abord le favori São Paulo grâce à un coup franc de son capitaine Oldair avant d’affronter le Botafogo de Jairzinho. La rivalité entre les deux clubs date de la Taça Brasil 1967 et la presse carioca provoque Dario. « Ils doutaient de Dadá, en disant que je marquais seulement au Mineirão. J’ai répondu que je ne marquais pas seulement là où il n’y avait pas d’oxygène » assure Dario. Au Maracanã, devant 46 456 spectateurs, dont de nombreux supporters de l’Atlético Mineiro qui ont fait le déplacement, Dario fait une nouvelle fois parler sa détente et son sens du but. À l’heure de jeu, il reprend de la tête un centre d’Humberto Ramos et propulse le ballon au fond des filets. « À ce moment, je ne pensais qu’aux supporters de l’Atlético, car il y en a qui étaient venus même à cheval ». 1-0. Score final. L’Atlético Mineiro remporte le premier Brasileirão de l’histoire.

Ce but en finale du Brasileirão est l’un des moments les plus forts en carrière de Dario, comme il l’explique à Eduardo Murta. « C’était pour moi le match de la revanche. En 1971, je me sentais obligé plus que jamais d’être meilleur buteur. J’avais été champion du monde un an auparavant, lors de la Coupe du Monde 1970 au Mexique, sous l’injuste suspicion d’avoir été convoqué uniquement par injonction du président Médici. Avec mon but contre Botafogo, qui a offert le titre de champion brésilien à l’Atlético, j’ai montré que j’étais bien le meilleur avant-centre du pays ». Dario termine meilleur buteur du Brasileirão avec quinze buts. L’année suivante, l’Atlético Mineiro de Telê Santana échoue à conserver son titre, mais Dario termine une nouvelle fois meilleur buteur du Brasileirão, avec dix-sept buts après avoir été meilleur buteur du championnat mineiro. En 1973, l’Atlético Mineiro est en difficulté financière et se sépare de Renato, Humberto Monteiro et Vaguinho. Dario quitte le Galo au mois de janvier, direction Rio et Flamengo.

Des buts, des titres et encore des buts

De retour dans sa ville natale, Dario vit un semi-échec au Flamengo. Il termine meilleur buteur du championat carioca 1973 avec quinze buts, dont un doublé en finale contre Fluminense, mais c’est bien le club tricolor qui remporte le trophée. Un an et demi après son arrivée, Dario retourne à l’Atlético Mineiro faire ce qu’il sait faire de mieux : marquer. Dario termine une nouvelle fois meilleur buteur du championnat mineiro, avec vingt-quatre buts, et devient le meilleur buteur de l’histoire de l’Atlético Mineiro, dépassant les 195 buts de Mário de Castro grâce à un quadruplé contre le Nacional de Muriaé dans le championnat mineiro. Dario rentre dans l’histoire du club pour l’éternité. « Il n’y a pas de but moche. Ce qui est moche, c’est de ne pas marquer » avait un jour déclaré Dario.darioflamengo

En 1975, Dario poursuit son tour du Brésil en signant à Sport Recife, qui n’a plus gagné le championnat pernambucano depuis douze ans. Avec trente-deux buts, Dario termine meilleur buteur d’un championnat remporté par Sport. En 1976, Dadá Maravilha marque dix buts dans un seul match du championnat pernambucano, Santo Amaro étant battu 14-0, et s’offre un record toujours d’actualité dans le football brésilien, le précédent record étant les huit buts de Pelé. La même année, Dario prend la direction de l’Internacional, aux côtés de Manga, Figueroa et Falcão. L’Inter a remporté les sept dernières éditions du championnat gaúcho, mais les supporters sont inquiets de voir Grêmio menacer l’hégémonie du club colorado, l’occasion pour Dario d’expliquer sa philosophie : « Ils disent que j’ai un boulon en moins parce que j’aime le danger. Mais je demande : la vie aurait-elle un sens si on n’affrontait pas le danger ? » En finale du championnat, l’Internacional bat Grêmio 2-0 avec des buts de Lula et… Dario. En fin d’année, l’Inter réalise le doublé en remportant le championnat national. En finale contre le Corinthians, Dario marque son seizième but en championnat, de quoi lui permettre de terminer à nouveau meilleur buteur du tournoi.

Dario semble savoir faire seulement deux choses : marquer et gagner des titres. Il revient une nouvelle fois à l’Atlético Mineiro pour remplacer Reinaldo, opéré du genou après la Coupe du Monde 1978. « Même si notre football est différent, pour ce qui est de marquer des buts, je le fais également. Pas avec la même classe, je le fais du pointu, du tibia, mais je le fais » avance Dario, qui tient sa promesse : neuf buts en neuf matchs et un nouveau championnat mineiro remporté. Dario quitte définitivement le club en 1979 en étant le meilleur buteur de l’histoire du club : 211 buts en 290 matchs. S’il a depuis été battu par… Reinaldo, Dario détient toujours aujourd’hui la deuxième performance de l’histoire du Galo.

Globe-trotter infatigable, Dario va connaître dix clubs en huit ans, jouant notamment à la Ponte Preta, Paysandu, Náutico et Santa Cruz. Dadá Maravilha reprend ensuite ses bonnes habitudes de remporter le championnat estadual partout où il passe : le championnat baiano en 1981 avec Bahia, puis le championnat goiano 1983 avec Goiás. En 1984, Dario a désormais trente-huit ans et signe au Nacional, club de Manaus qui dispute le championnat amazonense. « Ici, le joueur atteint la trentaine et sa cote descend. Comme je suis un crack qui offre du bonheur, tous les clubs veulent Dadá, je suis un patrimoine national » déclare Dario, qui revient sur son passage au Nacional pour le livre Os dez mais do Atlético Mineiro : « Quand je suis arrivé à Manaus, j’ai réuni tous les joueurs et j’ai demandé : “Vous voulez être champions ? Alors, allez vers la ligne de but et centrez dans la surface que je marque des buts”. » En onze matchs, Dario marque quatorze buts, dont celui du titre. Pour la dernière fois de sa carrière, il termine meilleur buteur d’un championnat estadual. Dadá Maravilha raccroche finalement les crampons à l’âge de quarante ans. Lorsqu’on l’interroge s’il souhaite écrire son autobiographie, Dario répond : « Ceux qui ont de l’argent pour acheter un livre comprendront difficilement le sens de ma vie. Et ceux qui le comprendraient n’ont pas d’argent pour l’acheter ».

Selon ses comptes, Dario a marqué 926 buts en carrière, dont 499 de la tête. Un calcul plus vraisemblable sur sa page Wikipedia indique 579 buts, dont 113 buts en 240 matchs dans le Brasileirão, dixième marque de l’histoire. S’il est difficile de compter ses buts, on peut en revanche faire la liste de son palmarès : championnat mineiro (1970 et 1978), championnat carioca (1973), championnat pernambucano (1975), championnat gaúcho (1976), championnat baiano (1981), championnat goiano (1983), championnat amazonense (1984), deux championnats du Brésil (1971 avec l’Atlético Mineiro et 1976 avec l’Internacional), et bien sûr la Coupe du Monde 1970 avec la Seleção. La liste des compétitions où il termine meilleur buteur donne également le tournis : Brasileirão (1971, 1972, 1976), championnat mineiro (1969, 1970, 1972, 1974), championnat carioca (1973), championnat pernambucano (1975, 1976) et championnat amazonense (1984). Buteur infatigable, Dario est l’auteur de nombreuses phrases qui ont également contribué à sa légende. Lucide, Dario déclarait à Eduardo Murta pour son livre Os dez mais do Atlético Mineiro : « Dadá est un personnage que j’ai créé pour dire des choses sans être antipathique ». Comme ses buts, ses phrases mythiques sont innombrables, pas toujours très esthétiques, mais terriblement efficaces.

Les phrases de Dadá Maravilha

« Le ballon a sauvé la vie de Dadá. Sans lui, je serais mort »

« Tout le monde dit que Dadá est fruste, pas gracieux, qu’il n’a pas d’élégance pour jouer, comme si cela était le plus important »

« J’étais tellement préoccupé à marquer que je n’ai pas eu le temps d’apprendre à jouer au football »

« Il existe trois pouvoirs sur Terre. Dieu au ciel, le Pape au Vatican et Dadá dans la surface »

« Avant chaque match, je me masturbais. Cela m’aidait à me maintenir dans les airs »

« Il y a seulement trois choses qui s’arrêtent dans les airs : le colibri, un hélicoptère et Dadá »

« Il n’y a pas de buts moches. Ce qui est moche, c’est de ne pas marquer »

« Pelé, Garrincha et Dadá devraient être enseignés à l’école »

« Je fais tout avec amour, y compris l’amour »

« Dans le football, il existe neufs postes et deux métiers : gardien et avant-centre »

« Dans la surface, pour le buteur, tout s’éclaircit. Pour celui qui ne l’est pas, tout s’assombrit »

« La surface est l’habitat naturel du buteur. Là, il est protégé par la constitution. S’il est renversé, c’est un penalty »

« La limite de la passion est un chèque en blanc »

« La peur est un syndrome de fiction »

« Dieu pourquoi tu fais vieillir Dadá Maravilha ? C’est un péché »

« Dadá n’est pas éternel, c’est son histoire qui est éternelle »

« La loi du moindre effort est d’utiliser l’intelligence »

« Je crois en Dieu, mais j’ai énormément confiance en Dadá. Je m’entraîne jusqu’à épuisement, je fais beaucoup d’efforts, je n’espère pas la chance, je vais au-delà de la chance. J’aide Dieu à m’aider »

« Dans la surface, il n’y a pas eu, il n’y a pas, il n’y aura personne d'égal à Dadá Maravilha. J’ai l’œil balistique de l’aigle, la vitesse du faucon et la cruauté du vautour »

« Si mon étoile ne brille pas, je m’en vais la lustrer »

« Le football est un univers merveilleux, qui rassemble les personnes, multiplie les amis, apprends aux gens à s’aimer et à respecter son prochain »

« Le maître divin est le fan le plus puissant de Dadá, Il a toujours été à mes côtés »

« Il y a deux choses que Dadá ne sait pas faire : jouer au football et rater des buts »

 

Intialement publié le 4 mars 2020, dernière mise à jour le 4 mars 2024

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.