Retour de notre rubrique découverte avec aujourd’hui, le nom donné à un club mythique : River Plate. Et vous allez le voir, ce nom est synonyme de voyage dans toute l’Amérique Latine.

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Est-il encore nécessaire de présenter le Club Atlético River Plate argentin ? Le club le plus titré au pays dont les duels avec l’ennemi local Boca Juniors restent à tous jamais les plus passionnés du monde. Fondé en 1901, la légende veut que le Millo doive son nom au Rio de la Plata (River Plate en anglais), estuaire formé par le fleuve Paraná et le fleuve Uruguay bordant la ville de Buenos Aires, et plus précisément à des marins qui délaissaient leur travail pour aller jouer au football. Sur les caisses de ces marins était indiqué River Plate, nom qui fut alors choisi pour le club local. Mais ce que l’on sait moins, c’est que ce nom se retrouve partout en Amérique Latine et le club argentin ne fut pas le premier.

L’ancêtre uruguayen

De l’autre côté du Rio, à Montevideo, quatre an plus tôt, naissait le River Plate FC et, comme son homonyme argentin, aurait pris son nom sur les containers arrivant au port de l’époque. A l’origine, le club devait se nommer Cagancha FC mais en 1897, la Ligue uruguayenne refusait l’inscription aux clubs dont le nom n’était pas à consonance britannique (le premier club criollo, le Nacional arrivera quatre ans plus tard). Il change alors son nom pour River Plate mais se voit refuser l’accès à la Ligue parce qu’il n’est pas composé de joueurs britanniques. Ce n’est qu’en 1901 qu’il est affilié et fait ses débuts dans le championnat uruguayen de première division en 1906. L’histoire s’accélère alors. Car, comme son homologue argentin, le River uruguayen va rentrer dans l’histoire de son pays. D’une part car les Darseneros (surnom donné au club par sa localisation dans le port de Montevideo, Darsenero signifiant Dockers) furent l’un des quatre premiers géants du pays (avec les Montevideo Wanderers, le CURCC (ancêtre du grand Peñarol) et le Nacional). Champion en 1908, 1910, 1913 et 1914, River Plate reste surtout connu pour être le club à l’origine du maillot de la sélection nationale uruguayenne. La fameuse Celeste joue en effet en bleu ciel en hommage à ce géant suite à ses exploits répétés face aux géants argentins d’alors comme l’Alumni Athletic Club, premier grand champion argentin contre lequel les Darseneros n’ont jamais perdu. Mais au lendemain de ces exploits, le club va disparaître. Relégué en 1920, il rejoint la ligue dissidente qui se crée en 1923 (et que nous avons évoqué dans notre article Boca - Nacional, River - Peñarol : Les frères du Rio de la Plata) qu’il termine à la 26e place, étant alors de nouveau relégué. Le club met alors fin à son aventure, il est dissout en 1925.

Reste que River Plate n’est jamais véritablement mort. En 1932, Olimpia FC et Club Atlético Capurro décident de fusionner pour pouvoir accéder au professionnalisme. Ils reprennent les couleurs de Capurro, associent les ailes rouges d’Olimpia et décident alors de rendre hommage au plus grand club amateur de l’histoire, River Plate, en adoptant son nom et son surnom. Les Dockers de Parque Saroldi vont alors perpétuer un nom de légende au pays. Si le club, dans lequel évolue l’un des rares français à jouer sur le continent sud-américain Walter Vaz (lire son interview) n’a jamais remporté d’autres titres que la seconde division, il découvrira la Libertadores la saison prochaine, ramenant la première légende nationale sous les projecteurs du continent.

Le nom se répand

S’il parait normal que deux clubs du bord de l’estuaire portent le même nom, l’appellation River Plate va pourtant se disséminer partout sur le continent. 1911, Asunción, le Club River Plate était créé. 102 ans plus tard, le Kelito vient d’être sacré champion de División Intermedia 2015, il jouera en première division paraguayenne la saison prochaine.

Superclásico de Embarcación

En 1939, un autre River voit le jour en Argentine, le River de Embarcación, dans la province de Salta qui va alors avoir rapidement pour rival le Club Sportivo Embarcación pour des raisons assez amusante : alors que River choisit les couleurs du géant national à qui il prend le nom, le Sportivo, créé 10 ans plus tôt, évolue avec un maillot bleu à bande horizontale jaune, couleurs de Boca.

1953, plus au nord, le SV River Plate est créé à Aruba (sans pour autant que l’on puisse établir un lien direct entre les différents clubs même si le logo et les couleurs sont celles du club argentin). 1967, la Sociedade Esportiva River Plate est créée au Brésil, hommage au club argentin (même logo, mêmes couleurs). Notez de manière amusante que l’état de Segipe où « habite » le Millo brésilien a depuis peu son Superclasico après la fondation en 1993 de la Sociedade Boca Júnior Futebol Clube. 1994, la Colombie accueille son River Plate (de Buga), équipe venant « remplacer » la Fiorentina-Caquetá. Et plus récemment, le grand River Plate argentin va voir naître de réelles filiales.

Superclásico brésilien

Les filiales officielles

2004 à Porto Rico, trente-et-un fans du Millo argentin décident de créer le Club Atlético River Plate Puerto Rico et obtiennent l’affiliation officielle avec le club argentin. Le club prend alors les mêmes couleurs, quasiment le même logo avant de participer à la Puerto Rico Soccer League (qu’il remportera en 2010) aujourd’hui disparue.

2007, à Guayaquil, un accord officiel est signé pour la création du River Ecuador sous l’égide de son homonyme argentin. Le club évolue en seconde division équatorienne et gagne son accession à l’élite en 2009 mais n’évolue pas avec les couleurs de son parrain argentin, seul le Club Social, Cultural y Deportivo River Plate, club de Manta portant ces couleurs au pays.

Outre l’appellation, reste enfin les clubs qui ont repris le logo et les couleurs du géant argentin. C’est le cas par exemple du Nacional Potosi en Bolivie qui reprend couleurs, logo et maillots du club argentin. Ainsi, d’un estuaire séparant Argentine et Uruguay et ayant donné son nom à deux grands clubs de ces pays, le nom de River Plate s’est depuis disséminé partout sur le continent. A l’image des bateaux ayant emprunté le Rio de la Plata, il est parti à la découverte du monde.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.