C’en est fini des spéculations sur le prochain sélectionneur du Pérou, exit les Beccacece, les Bielsa et autres Crespo. Bienvenue à Juan Reynoso, un miraculé, qui enfile le costume du sélectionneur de la Blanquirroja.

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C’est enfin officiel. A travers un communiqué, la Fédération Péruvienne de Football a officialisé le 2 août dernier l’arrivée de l'entraîneur péruvien, Juan Máximo Reynoso Guzmán  comme sélectionneur de la sélection nationale avant d’organiser une conférence de presse au lendemain avec l’arrivée à Lima de ce dernier. Juan Reynoso s’engage pour quatre ans avec comme principal objectif la qualification du Pérou pour la coupe du monde 2026.

Le miraculé de Ventanilla

Juan Reynoso est né le 28 décembre 1969. Le footballeur est formé à l’Alianza Lima au poste de défenseur central avant de débuter avec l’équipe première en 1986 où il fait partie de la fameuse génération dorée des Potrillos aux côtés de Luis Escobar et Carlos Bustamante. Le 7 décembre 1987, l’équipe dispute un match de championnat à Pucallpa mais l’avion s’écrase en mer à leur retour à Lima le 8 décembre, quarante-trois personnes perdent la vie dont la majeure partie de l’équipe première de l’Alianza Lima (une histoire à lire dans le LOmag n°11). Le miracle pour Reynoso tent dans le fait qu’il était suspendu pour ce match à Pucallpa pour un carton rouge reçu lors du match précédent et n’a donc pas voyagé avec l’équipe. Il reste cependant profondément marqué par cet événement. Il quitte une première fois l’Alianza Lima en 1990 pour tenter de percer en Europe et atterrit au Sabadell FC en deuxième division espagnole mais retourne dans son club formateur l’année d’après. En 1993, il est le protagoniste de l’un des transferts les plus controversés de cette époque en signant chez le grand rival Universitario après ne pas avoir trouvé d’accord avec l’Alianza pour une prolongation. Parallèlement, il est convoqué régulièrement à la sélection nationale et dispute quatre Copas America entre 1987 et 1999 ainsi que les qualifications pour les Mondiaux 1990, 1994 et 1998 en étant la plupart du temps un titulaire indiscutable en défense.

Ses bonnes performances traversent les frontières et il signe pour Cruz Azul au Mexique pour ce qui sera sans doute la meilleure période de sa carrière de joueur entre 1994 et 2002. Il remporte notamment le championnat en 1997 ainsi que deux Ligues des Champions de la CONCACAF en 1996 et 1997. C’est à Necaxa, toujours au Mexique, qu’il raccroche les crampons en 2004 pour devenir adjoint de l'entraîneur principal.

Entraîneur à succès

En comptant cette première expérience à Necaxa, Juan Reynoso a entraîné neuf équipes au Pérou et au Mexique. C’est l’année d’après que débute vraiment sa carrière d'entraîneur lorsqu’il rentre au Pérou pour reprendre les rênes de Coronel Bolognesi, bon dernier du classement de l’Apertura. Sa première expérience sur le banc est un véritable succès, le club de la ville de Tacna remporte le Clausura et se qualifie pour la première fois de son histoire à la Libertadores. Une telle performance ne passe pas inaperçue et c’est son ancien club Universitario qui le récupère sur son banc pour remplacer un certain Ricardo Gareca. Avec les Cremas, Juan Reynoso instaure une équipe solide et convaincante qui remporte sous ses ordres les quatre clásicos contre l’Alianza Lima et se couronne champion du Pérou en 2009. En 2010, il démissionne à la suite de désaccords avec la direction du club et s’engage avec Juan Aurich sans laisser une grande trace de son passage avant de reprendre une grosse écurie, le Sporting Cristal. Son passage à Cristal est sans doute le moins bon de sa carrière, il ne gagne rien et reste loin des premières places du classement. Une défaite 4-0 contre San Martín sonne la fin de l’ère Reynoso chez les Celestes. Il s’exile à nouveau au Mexique et se retrouve sur le banc de Cruz Azul Hidalgo, une équipe de seconde division filiale de Cruz Azul. Au Pérou, le FC Melgar coche son nom pour sa saison 2014 et le technicien accepte pour ce qui va être une des meilleures périodes de sa carrière d'entraîneur. En 2015 pour le centenaire du club d’Arequipa, il décroche dans un premier temps le Clausura avant d’entrer dans l’histoire du club pour remporter le championnat 2015, trente-quatre ans après le premier titre de 1981. Il retourne au Mexique en 2019, à Puebla, pour tenter de s’imposer pour de bon. Il réussit à qualifier le club à la Liguilla mais se fait sortir en quarts de finale par León. Insuffisant pour la direction qui rompt son contrat. Néanmoins, Juan Reynoso débarque en 2021 sur le banc de Cruz Azul, celui de Mexico, l’un des grands du Mexique avec une tâche immense, celui de rompre la fameuse cruzauleada ou l’art d’être maudit, qui dure depuis vingt-trois ans (une histoire à retrouver dans le LOmag n°9). Avec une impressionnante série historique de quatorze matchs sans défaite, le Cruz Azul du Péruvien Juan Máximo Reynoso Guzmán remporte enfin le temps attendu neuvième titre. Un entraîneur qui a échappé une première fois à la mort ne pouvait qu’être l'élu qui rompt une malédiction.

Juan Reynoso arrive maintenant à la tête d’une sélection nationale pour une expérience nouvelle et différente de celle d’un club mais avec un sacré bagage et de belles émotions que ce soit à Bolognesi, à Melgar ou plus récemment à Cruz Azul. « C’est le rêve d’une vie, je suis très ému de prendre aujourd’hui ce poste. Je ne crois pas en une table rase, je crois que dans ce que le staff technique de Ricardo Gareca a construit, il y a beaucoup de choses qui doivent être conservées et renforcées. Amener la sélection à un Mondial serait le plus grand accomplissement de ma vie, pour tout ce que cela représente pour nous et pour notre pays », a déclaré le nouveau sélectionneur en conférence de presse. Un accomplissement que peuple péruvien espère pouvoir vivre de nouveau avec un objectif fixé d’aller à la Coupe du Monde 2026 atteint.

 

 

Photo : CRIS BOURONCLE/AFP via Getty Images

 

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.