Finaliste en 2024 et 2025, Melbourne Victory a signé Juan Mata cet été. Après une saison manquée à Sydney, le champion du monde espagnol retrouve la lumière dans l’état de Victoria.

Le football australien a parfois ce côté ingrat : il demande de courir, de tamponner, et de recommencer. Trop souvent. À Sydney, la saison dernière, Juan Mata y a goûté. Sous les ordres d'Alen Stajcic, le champion du monde a été utilisé comme un joueur entrant dans la rotation. Le mariage avec les Wanderers était un malentendu. Stajcic voulait de l’intensité, des soldats capables de presser pendant quatre-vingt-dix minutes dans un 4-4-2 ultra-physique. Mata, lui, cherchait des espaces, des appels, une respiration. Son agent, Fahid Ben Khalfallah, n'avait pas mâché ses mots à l'époque, parlant de « manque de respect » car on ne demande pas à un joueur qui a gagné la Ligue des Champions de faire le piston sur un côté à trente-six ans. Résultat ? Seulement sept titularisations en vingt-trois matchs. Un gâchis.

Quand il signe au Victory, en septembre dernier, Arthur Diles a un plan. Il ne voit pas en Mata un produit marketing, mais une solution tactique. Il lui a construit un écrin : avec Jordi Valadon et Denis Genreau (ou Louis D’Arrigo sur les trois derniers matchs) derrière lui pour faire le « sale boulot » et courir à sa place, Mata peut enfin s'installer avec son numéro 64 comme milieu offensif. Thomas Sorensen, ancien pro, et journaliste pour la ligue sur Youtube, évoque même un « chef d’orchestre » lorsqu’il évoque Mata à Melbourne. Et si le début de saison du Victory a été compliqué, l’avenir d’Arthur Diles ne semblant un temps pas aussi serein qu’au mois d’octobre. Tout a changé depuis.

À Sydney, on lui demandait d'être un athlète. À Melbourne, on lui demande d'être Juan Mata. Et ça change absolument tout. En neuf matchs cette saison, le milieu espagnol a déjà créé vingt-neuf occasions de but. Personne ne fait mieux dans la ligue. Passeur décisif face à Adelaide puis lors de la démonstration contre Wellington, Mata a fini par trouver son rythme, le Victory aussi (trois victoires de rang). Mais au-delà du terrain, l'homme semble aussi avoir également trouvé un équilibre de vie. Il le disait lui-même avant de signer : il voulait tester la culture café, les restos et l’ambiance sportive de la ville. À trente-sept ans, de retour en numéro dix, Mata fait toujours aussi bien courir le ballon et retrouve désormais la lumière.

Photo : Kelly Defina/Getty Images

Antoine Blanchet-Quérin
Antoine Blanchet-Quérin
Spécialiste du football australien, néozélandais et océanien pour Lucarne Opposée.