Surprenant co-leader après 5 journées, l’Olympique de Khouribga avait l’occasion de se jauger en accueillant le champion en titre. Sidibé et ses coéquipiers n’ont pas démérité et produit un football plutôt séduisant, mais ont été plombés par des circonstances défavorables (2 pénaltys non sifflés, un raté). Le Moghreb de Tétouan a attendu son heure, frappé au bon moment, et repart avec les 3 points.

Supporter de l’OCK tout de vert vêtu, Hassan annonce la couleur d’emblée : « On souhaite au MAT un bon parcours en Coupe du Monde des Clubs mais sur le plan du jeu, cette équipe me déplaît. C’est une équipe de serpents, qui casse volontairement le rythme du match, ne se presse pas le moins du monde, et attend une faiblesse pour vous planter. Ce football n’est pas beau à voir ».

Le cadre et le contexte de cet inattendu sommet sentait le piège pour Tétouan : un vendredi soir dans un cadre champêtre, une ambiance bon enfant, ce petit stade repeint avec toutes les teintes de vert que l’OCP (groupe d’export de phosphate, principal partenaire du club de Khouribga) a pu trouver, et surtout le Mondial des Clubs qui approche à grands pas. La combinaison orchestre traditionnel-bouquet de fleurs à l’entrée des joueurs complète le tableau.

Le parcage du MAT, séparé du reste de la tribune couverte par une grille, se met à donner de la voix quand les joueurs apparaissent pour l’échauffement. Cette tribune couverte présente une particularité très gênante : 95% des places ne permettent pas de voir le terrain dans son intégralité. La visibilité en bas de tribune est contrariée par la grille derrière les bancs de touche, peinte en vert Bétis Séville, et en haut par les pylônes peints en vert Wolfsbourg. Alors qu’en face côté kop, c’est moins cher et on voit mieux. Bien vu !

Le Moghreb de Tétouan, la nonchalance vraie

Khouribga attaque les débats tambour battant, privilégiant un jeu direct pour lancer le rapide attaquant de pointe Sidibé dans les meilleures conditions possibles. Au milieu de terrain, le trio Askari-Lahrairi-Mezkouri a pour mission de récupérer le plus haut possible et vite se projeter vers la défense du MAT. Toujours dans l’axe. Les locaux n’utilisent quasiment jamais les ailes.

Mais que ce soit dans l’axe sur les balles en profondeur ou les longs ballons, le défenseur central Fall de Tétouan ramasse absolument tout. Anticipation, puissance, placement, le sénégalais est clairement au-dessus du lot depuis le début du championnat, quelque soit l’adversaire.

C’est le seul titulaire à vraiment se décarcasser car le reste du onze joue sensiblement la même partition qu’à Rabat face aux FAR : Des passes latérales au milieu de terrain, sans se presser, pas de verticalité tant qu’aucune faille dans le bloc adverse n’a été décelée. Zéro prise de risques, sous l’impulsion du milieu défensif Khadhrouf, anesthésiste en chef.

Des failles, il y’en aura deux en première période, avec deux situations à 4 contre 4 initiées par le feu follet Naïm. A chaque fois, l’attaquant international Iajour, ancien du Raja, est cherché mais bien pris par le défenseur de l’OCK Bakayoko.

Actions polémique et fin de match rocambolesque

Le tournant du match, ce sont les deux actions litigieuses aux 42ème et 63ème minutes qui auraient pu permettre à Khouribga de bénéficier d’un pénalty. Sur la première, l’arbitre voit une simulation et expulse Lahrairi déjà averti. Sur la deuxième, le gardien du MAT Yousfi semble charger le jeune Zghoudi mais pas de péno sifflé.

40 secondes plus tard, Tétouan ouvre le score. Les mêmes ingrédients mais face à une défense moins vigilante et des adversaires qui ont encore la tête à l’action précédente, c’est le moment idéal pour frapper. On se fait des passes, Khadhrouf dans l’axe à la baguette, et El Hardoumi finit le boulot dans la surface (0-1, 64’).

L’OCK se rue à l’attaque et finit par obtenir son pénalty 7 minutes plus tard, avec encore Zghoudi dans le coup. Micro-accrochage du maillot, beau plongeon, le péno de compensation typique. Mais le capitaine Askari rate l’exécution de la sentence et voit sa tentative repoussée par Yousfi.

Les tétouanais se recroquevillent sur leur camp et connaissent une dernière frayeur dans les ultimes secondes sur un coup-franc à l’entrée de la surface, concédé bêtement et une expulsion d’Aberhoun en position de dernier défenseur.

Sur une consigne de son coach Mezkouri tire sans crier gare à la Ryan Giggs contre Lille, marque, mais a oublié de demander à l’arbitre l’autorisation de la jouer vite… But refusé, et sur la vraie tentative, Mezkouri expédie une fusée éclairante dans le ciel sombre de Khouribga. Fin du match.

A l’économie, le MAT s’impose et prend la tête du championnat. Mais il serait de bon goût de montrer plus de tonus face à Auckland le 10 décembre pour le barrage de Coupe du Monde.

Résumé du match

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee