Le 24 octobre 2014, c’est dans la peau d’un surprenant co-leader que Khouribga affronte le champion en titre, le Moghreb de Tétouan. L’OCK, plombé par l’arbitrage et le manque de réussite, s’incline (0-1). Tout le monde pense que l’équipe d’Ajlani va tranquillement rentrer dans le rang et s’évertuer à assurer le maintien le plus vite possible, histoire d’avoir une fin de saison paisible. Quelques mois plus tard, les mots « course au titre » et «  Ligue de Champions » seront sur toutes les lèvres.

Maroc, la rétro

 

1ère partie

 

2ème partie

Première belle rencontre au square qui mène au stade, le vendeur de pop-corn. Hassan, écharpe de Khouribga autour du cou, commence à discuter avec moi alors que j’engloutis mon 2ème paquet : « C’est rare de voir des étrangers par ici. Les seuls rapports qu’on ait eu avec la Tunisie, c’est les sudistes qui sont venus une fois (L’ES Zarzis, battue 6-0 en Coupe de la CAF en 2006) et notre coach actuel (Ajlani) qui a réussi à nous maintenir. Ca fait plaisir aux gens, au moins on parle de nous pour autre chose que le phosphate, qui fait vivre la ville. L’OCP (Office Chérifien des Phosphates)a construit beaucoup de trucs, notamment le stade. Là ce qu’on espère c’est que le maintien soit vite obtenu. »

Les supporters traversent le square et arrivent devant les portes du stade, sans un regard pour les 50 fans de Tétouan qui attendent, encadrés seulement par deux policiers.

La tribune couverte du stade de l’OCP est certainement la seule tribune au monde ou 95% des places ne permettent pas de voir la pelouse dans son intégralité. Un supporter, assis au centre, rigole en me voyant m’asseoir en bas, pour constater que la grille derrière les bancs de touche me bouche la vue. Deuxième fou rire quand je m’assois en haut, avec cette fois les pylônes et le bas du toit pour pourrir la visibilité. En face, à ciel ouvert, là ou sont les groupes d’ultras, on voit tout et on paye moins cher. Ca m’apprendra.

L’ambiance est bon enfant, l’environnement est champêtre. Pas de virage, belle vue sur la végétation, fanfare et bouquets de fleurs pour accueillir les deux équipes. Le supporter qui me regardait galérer à trouver une place me dit : «  On a une bonne équipe, portée sur l’offensive, mais contre Tétouan ca va pas être simple. Ils cassent le rythme du match, et attendent une erreur pour frapper. Bonne chance à eux pour la Coupe du Monde, mais j’espère qu’ils ne joueront pas comme ça ». Prémonitoire.

Les défenses prennent l’avantage en première période. Le mur de Tétouan Fall contient l’attaquant de pointe Sidibé, tandis que l’international marocain Mohsen Iajour est totalement muselé par Bakayoko. Khouribga va de l’avant, exclusivement dans l’axe, avec une grosse activité de Lahrairi et Mezkouri. Le MAT joue sa partition habituelle, le redoublement de passes sur un tempo de sieste initié par Khadhrouf.

Il faudra attendre la seconde mi-temps pour que ça bouge. La foule salue l’entrée en jeu de Bezghoudi, qui se voit injustement refuser un pénalty sur une charge du gardien des visiteurs Yousfi. Une autre action litigieuse aurait pu permettre à l’OCK d’avoir un coup de pied de réparation, mais l’arbitre voit une simulation et donne un deuxième carton jaune à Lahrairi. Les locaux sont réduits à 10.

40 secondes après l’action Yousfi-Bezghoudi, le MAT plante le coup de poignard recherché depuis le début du match. Les Khouribguis ont encore la tête au péno qu’ils n’ont pas obtenu, Khadhrouf remonte la balle haut et combine avec Iajour. Hardoumi est trouvé dans la surface, et ouvre le score pour Tétouan à ras de terre.

Khouribga se rue à l’attaque, et Bezghoudi finit par obtenir son pénalty suite à un accrochage dans la surface. Mais Yousfi repousse la tentative du capitaine Askari. Le public pousse ses joueurs, le champion en titre se recroqueville dans son camp, Fall se mue une nouvelle fois en contrôleur aérien et dégage au loin tous les ballons qui passent dans son périmètre.

Une faute d’Abarhoun en position de dernier défenseur (carton rouge à la clé) donne à l’OCK le coup-franc de l’espoir. Ajlani s’agite devant son banc et incite Mezkouri à tirer vite. Celui-ci s’exécute et surprend Yousfi qui plaçait son mur. Le public exulte….Mais Mezkoui avait oublié de demander à l’arbitre l’autorisation de le jouer vite. But refusé.

La deuxième tentative voit Mezkouri illuminer le ciel d’une fusée éclairante qui passe 15 mètres au-dessus des cages. Fin du match. Personne ne siffle, pas de huées, aucune insulte ne fuse. Le supporter à côté de moi sourit. « Voilà. On n’a pas eu de chance. Maintenant, on va reculer au classement, mais c’est normal. L’OCK ne joue pas le même championnat que Tétouan ou les deux de Casa ». S’il savait… 

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee