Coup d’envoi de la trente-quatrième édition de la plus grande compétition continentale africaine. La Côte d’Ivoire accueille toute l’Afrique pour une édition 2023 qui s’annonce plus relevée que jamais.

Décalée d’un an afin que tout soit prêt, la CAN retrouve la Côte d’Ivoire quarante ans après la seule et unique édition accueillie. Pour l’épisode 34 de l’épreuve, les prétendants sont évidemment nombreux à vouloir succéder à l’ogre sénégalais, à commencer évidemment par un pays-hôte très ambitieux. L’occasion est donc venue de faire le tour des groupes d’une compétition qui tiendra en haleine tout un continent jusqu’à la finale du 11 février.

Groupe A : Côte d’Ivoire, Nigeria, Guinée Équatoriale, Guinée-Bissau

Hôte de la compétition pour la deuxième fois de son histoire, quarante ans après la première, la Côte d’Ivoire est forcément suivie avec grande attention, d’autant que sa dynamique a pris une mauvaise pente depuis quelques années. Depuis le titre de 2015, les Éléphants n’ont en effet cessé de glisser (premier tour en 2017, quarts de finale en 2019, huitièmes de finale en 2021) et surtout aucune présence mondiale depuis. L’heure est donc venue de réinitier un cycle positif et la mission confiée à Jean-Louis Gasset en mai 2022, dont le contrat sera renouvelé en cas de demi-finale. Sur le plan des résultats, les premiers mois sont plutôt bons, deux défaites seulement et neuf victoires en quatorze sorties. Gasset semble avoir donné une âme à son équipe et peut compter sur quelques cadres dont il peut s’appuyer sur leur envie d’aller loin à l’image de Seko Fofana, qui a fait son retour en octobre dernier après une bonne année d’absence. Aux côtés de l’ancien Lensois, un bel équilibre entre cadres et jeunesse, un gros potentiel offensif avec une multitude de profils qui offrent bien des solutions à Jean-Louis Gasset. En d’autres termes, cette Côte d’Ivoire a vraiment tous les ingrédients pour combler un peuple qui attendait cette compétition à la maison depuis quatre décennies.

Attention cependant à la concurrence qui présente bien des dangers. À commencer par le Nigeria et son incroyable potentiel offensif. Sur le papier, l’armada à disposition de José Peseiro, bien que privée de Victor Boniface, a tout pour renverser n’importe quelle défense adverse. La liste des offensifs donne en effet le tournis : Ahmed Musa, Moses Simon, Kelechi Ineacho, Samuel Chukwueze, Victor Osimhen, Terem Moffi, Ademola Lookman, Umar Sadiq pour ne citer que les attaquants. Reste que le groupe de José Peseiro se caractérise aussi par un profond déséquilibre, sa ligne défensive n’étant clairement au niveau de ses offensifs. En atteste des résultats plutôt moyens en 2023 avec quelques succès, notamment lors de la campagne de qualification pour la CAN, une absence à la dernière Coupe du Monde et deux premiers matchs compliqués pour 2026. Peseiro devra donc trouver un équilibre qui peine à s’établir, surtout quand l’adversité montera de quelques crans.

Les Super Eagles devront également éviter quelques mauvaises surprises, notamment à l’heure de retrouver la Guinée-Bissau, qui était venue s’imposer à Abuja en mars dernier. Les Djurtus ne seront certainement pas un outsider, mais en disputant leur quatrième phase finale consécutive, continuent de grandir. Baciro Candé et les siens visent déjà une première victoire à ce niveau et s’appuieront sur l’expérience grandissante de joueurs tels qu’Ouparine Djoco, Fali Candé ou encore le Lyonnais Mama Baldé et sur quelques jeunes espoirs à suivre, à l’image de Franculino Djú qui fait parler de lui à Midtjylland. Dernier membre du groupe, la Guinée équatoriale qui dispute également sa quatrième phase finale. Quart de finaliste en 2021 au terme d’un parcours qui a vu le Nzalang Nacional scalper l’Algérie puis le Mali, la bande à Juan Michá a tout de l’outsider et reste sur neuf matchs sans défaite, dont deux victoires lors de la session d’éliminatoires de novembre. Ajoutez à cela la victoire face à la Tunisie lors de la campagne de qualification et une première place partagée, vous comprendrez mieux à quel point les coéquipiers de l’inusable Emiliano Nsue seront à craindre.

Photo : DANIEL BELOUMOU OLOMO/AFP via Getty Images

Groupe B : Égypte, Ghana, Cap-Vert, Mozambique

L’année 2022 a été terrible pour l’Égypte, les deux désillusions subies (en finale de la CAN 2021 et en barrage pour le Mondial qatari) ayant pour adversaire commun le Sénégal. Depuis, les Pharaons ont digéré, signé une année 2023 sérieuse avec un sans-faute en qualifications à la CAN et le lancement des éliminatoires du Mondial 2026 (avec notamment des victoires en Guinée, au Malawi et en Sierra-Leone) et une seule défaite de toute l’année, en amical face à la Tunisie. Toujours aussi équilibrée et disciplinée mais avec un penchant légèrement plus offensif par rapport à la version 2021, l’Égypte pourra compter sur un Mohamed Salah motivé pour enfin connaitre la consécration sur le plan continental, et aussi buteur que distributeur (trois passes décisives en huit matchs en 2023) en sélection. Basée sur un socle constitué d’une défense centrale mixte Al Ahly-Pyramids et El Nenny en tour de contrôle, l’équipe de Rui Vitoria s’appuie sur un Mostafa Mohamed en retrait après un été étincelant et des ailes ou les solutions ne manquent pas pour avoir de l’animation avec Salah, entre les Ahlaouis Zizo et Kahraba et les efficaces expatriés Trézeguet (Trabzonspor) et Marmoush (Eintracht Francfort). Suffisant pour enfin décrocher le graal et mettre fin à quatorze ans de disette ?

Si la Côte d’Ivoire attendait d’accueillir une CAN depuis quarante ans, le Ghana attend le titre depuis encore plus longtemps. Le quadruple vainqueur n’a plus soulevé le trophée depuis 1982 et, après deux finales perdues en 2010 et 2015 et trois demi-finales, reste sur deux CAN plutôt ratée avec une élimination en huitièmes de finale en 2019 et au premier tour en 2021. Difficile dans ces conditions de faire des Black Stars des candidats au titre. D’autant que la prise de commande par Chris Hugthon en février dernier, ne s’accompagne pas de résultats des plus probants, le pire ayant été atteint lors de la lourde défaite face aux USA (0-4). Reste que le potentiel est intact : derrière les frères Ayew, citons Mohammed Kudus, Ernest Nuamah, Alidu Seidu, Salis Abdul Samed pour nommer quelques exemples de la nouvelle génération, ou encore quelques valeurs sûres à l’image d’Alexander Djiku, Iñaki Williams. Étant donné la dynamique de ces dernières années, le Ghana cherchera en premier lieu à sortir de son groupe avant de commencer à envisager venir renverser l’ordre établi.

Il faudra cependant se méfier du Cap-Vert. Les Requins Bleus disputeront leur quatrième phase finale et restent sur un huitième de finale disputé au Cameroun et perdu face au futur champion. Toujours dirigés par Bubista, en poste depuis désormais quatre ans, le Cap-Vert reste sur quelques sorties ratées – une large défaite face à l’Algérie, une défaite face aux Comores à Istres –, mais aussi quelques résultats intéressants comme le nul ramené de Rabat face au demi-finaliste mondial. Qu’attendre de cette sélection ? De la voir venir jouer son rôle de poil à gratter, s’appuyant sur quelques joueurs de grande qualité tels que Logan Costa, Steven Moreira, Jamiro Monteiro et les deux « anciens » Ryan Mendes et Bebé. Avec un Ghana qui se cherche et un Mozambique à sa portée, le Cap-Vert a clairement à un coup à jouer.

D’autant que du côté du Mozambique, cette phase finale 2023 met fin à quatorze années d’attente. La cinquième participation des Mambas est donc celle du retour, les hommes de Chiquinho Conde devraient poser quelques soucis avec leur volonté de presser haut et leur côté joueur. Il n’est clairement pas question ici de faire des coéquipiers d’Edson Mexer un outsider, mais les sorties récentes face au Nigeria et l’Algérie ont montré qu’ils pourraient bien s’amuser à bousculer quelques certitudes.

Photo :  ISSOUF SANOGO/AFP via Getty Images

Groupe C : Sénégal, Cameroun, Guinée, Gambie

Tenant du titre, s’appuyant sur un groupe d’une incroyable densité, il est difficile de ne pas faire du Sénégal le grand favori de l’édition 2023. Les Lions de la Teranga restent sur deux finales (dont une gagnée), ont vu leurs joueurs locaux décrocher le CHAN l’an passé et surtout, depuis le succès de 2021, n’ont perdu qu’un seul de leurs dix derniers matchs, face à l’Algérie. Pour sa défense de titre, Aliou Cissé, qui approche désormais de la décennie à la tête de la sélection, dispose d’un groupe qui transpire le talent à chaque ligne. Le Sénégal sera évidemment emmené par son guide Sadio Mané, ses cadres tels Édouard Mendy, Kalidou Koulibaly, Idrissa Gueye pour n’en citer que quelques-uns mais leur adjoint une jeunesse folle à l’image d’un Pape Matar Sarr, éblouissant avec Tottenham, Lamine Camara, vainqueur de la CAN U20 l’an passé. Difficile de trouver effectif aussi dense, homogène et équilibré que celui du Sénégal qui s’annonce comme l’ogre du Groupe C et le grand candidat à sa propre succession.

Reste tout de même à faire face à un groupe qui s’annonce relevé mais qui pourrait finalement ne pas l’être autant que prévu. L’autre gros bras traditionnel, le Cameroun suscite en effet quelques interrogations. Vainqueur en 2017, demi-finaliste de sa CAN en 2021, les Lions Indomptables restent bien évidemment une valeur sûre, mais si l’on mettra de côté le scandale de la gestion du cas André Onana, et si Rigobert Song peut compter sur un groupe toujours aussi intéressant – bien que semblant en deçà en particulier au milieu – la première étape sera d’espérer offrir bien mieux qu’une année 2023 des plus ternes (deux maigres victoires face au Burundi et à Maurice). Les certitudes dans le jeu sont minimes, les résultats moyens, et l’on a du mal à évaluer ces Lions, le choc prévu face au Sénégal devrait être un véritable indicateur des ambitions que le Cameroun pourra nourrir.

Car sur le papier, les deux autres rivaux du groupe sonnent comme de vrais poisons, mais les éléments récents événements pourraient bien changer la donne. Pour la Guinée, le coup dur pourrait être la blessure de celui qui s’annonçait comme un facteur X, Sehrou Guirassy, victime d’une « élongation mineure » et dont on ne sait pour le moment pas s’il pourra être aligné lors de la compétition. Reste que le Syli National, huitième de finaliste des deux dernières CAN, peut nourrir quelques ambitions avec dans ses rangs quelques cadres à chaque ligne, on pense notamment au capitaine Naby Keita, mais va devoir trouver une régularité qui semble lui faire défaut ces derniers mois pour espérer les assouvir. Du côté de la Gambie, le souvenir du quart de finale en 2021 est encore bien présent mais que ce soit sur le terrain – qualification pour la CAN acquise à l’ultime seconde du dernier match face au Congo, défaite face au Burundi en éliminatoires pour 2026 – qu’en dehors avec le boycott de l’entraînement pour des histoires de primes impayées (affaire finalement réglée) et surtout, bien plus traumatisant, l’affaire de l’avion qui a vu la sélection devoir faire demi-tour par manque d’oxygène en cabine et qui aurait pu virer au drame, rien ne laisse augurer de grandes choses. À moins que comme en 2021, l’envie de scalper des géants réveille les Scorpions.

Groupe D : Algérie, Burkina Faso, Mauritanie, Angola

L’élimination prématurée de l’Algérie au premier tour de la dernière CAN, prélude à la cruelle déconvenue en barrage face au Cameroun et ce but de Toko-Ekambi privant les Fennecs de Mondial, est désormais rangée aux archives : l’entame sans-faute des éliminatoires à la prochaine Coupe du Monde et des victoires faciles en matchs de préparation ont remis les hommes de Belmadi dans le bain à l’orée de ce qui doit être la CAN de la relance pour les Algériens. Le vainqueur de la CAN 2019 va devoir trouver l’équilibre et le savant mélange entre les héros de l’édition égyptienne, ayant dépassé la trentaine et voulant prouver qu’ils ne sont pas encore arrivés au crépuscule de la carrière internationale (Mahrez, Slimani, Bounedjah, Feghouli, Belaïli) et les membres de la jeune génération proches d’accéder au onze de départ ou qui l’ont déjà intégré pour certains : Ait Nouri, Chaibi, et surtout la pépite Mohamed Amine Amoura (treize buts en quinze matchs de Jupiler Pro League avec l’Union Saint-Gilloise cette saison) promis à être une des révélations de la compétition bien que malheureusement suspendu pour le match inaugural contre l’Angola. Avec les héros de 2019, les jeunes ambitieux, sans Gouiri mais avec Aouar pour apporter du liant au milieu de terrain, l’Algérie a des arguments à faire valoir.

Dans l’ombre des Fennecs, le Groupe D accueille un revenant, un « petit » qui monte et un spécialiste des montagnes russes. Le revenant se nomme Angola. On se souvient tous des deux quarts de finale consécutif des Palancas Negras en 2008 et 2010, mais depuis, l’Angola ne franchit plus le premier tour et pire, a manqué trois des quatre dernières CAN. Pour son retour en 2023, la sélection de Pedro Gonçalves ne brille pas par ses résultats récents, une seule victoire au cours des dix derniers matchs, face au Lesotho en COFASA Cup et cinq nuls de rang donc quatre 0-0. Difficile de la voir donc bousculer l’Algérie mais il y a sans doute un coup à jouer si les Palancas Negras retrouvent déjà le chemin du but – on comptera sur Zito Luvumbo, auteur d’un début de saison intéressant avec Cagliari, pour y parvenir. La nouvelle configuration de la CAN est avantageuse pour la Mauritanie, qui depuis l’intronisation du format à vingt-quatre équipes signe sa troisième participation consécutive. L’objectif pour les Morabitounes ? Remporter la première victoire de son histoire, battre l’Angola (avec qui les Mauritaniens avaient partagé les points en 2019) et maximiser les chances d’atteindre les huitièmes de finale. Les hommes d’Amir Abdou peuvent capitaliser sur le bon score de parité contre la Tunisie en amical la semaine dernière et espérer que l’ancien attaquant de Fulham, Aboubakar Camara, qui évolue désormais au Qatar, retrouve l’efficacité montrée lors des qualifications à la CAN. À noter les débuts avec la Mauritanie du jeune milieu de terrain de Pau Oumar Ngom. Reste enfin le Burkina Faso. Les Étalons aiment l’alternance : finalistes en 2013, 1er tour en 2015, demi-finaliste en 2017, absents en 2019, demi-finalistes lors de la dernière. De là à les voir sortir dès le premier tour, il est un chemin délicat à prendre. Car les hommes d’Hubert Velud ont plutôt géré leur campagne de qualification, en se faisant cependant quelques frayeurs sur la fin, et ont bien lancé leur campagne mondiale. Ils comptent aussi dans leurs rangs quelques certitudes : Hervé Koffi dans les buts, Edmond Tapsoba en défense, Bertrand Traoré devant et quelques jeunes à suivre avec attention, comme le Toulousain Mamady Bangré. Et disposent finalement largement de quoi sortir de ce groupe, semblant tout de même quelques crans au-dessus de l’Angola et de la Mauritanie.

Photo : SIA KAMBOU/AFP via Getty Images

Groupe E : Tunisie, Mali, Afrique du Sud, Namibie

Avec pour chef de file Youssef Msakni qui va disputer sa huitième CAN, la Tunisie cherchera à atteindre le top 8 continental pour la cinquième fois consécutive et rééditer son bon parcours de 2019. Les retrouvailles avec le Mali, contre qui les Aigles de Carthage s’étaient inclinés il y a deux ans (0-1) avant d’arracher leur ticket pour le Mondial dans un barrage à suspense quelques mois plus tard (1-0 à Bamako, 0-0 à Radès), vaudront le détour pour ce qui pourrait décider de la hiérarchie du groupe. Quelques incertitudes demeurent sur le onze de départ qui sera aligné par Jalel Kadri : si le gardien et la défense sont connus, le choix est en suspens au milieu entre une configuration Skhiri-Laïdouni et un profil plus relayeur devant eux ; ou deux relayeurs avec seulement Skhiri (ou Laïdouni) pour couvrir. Devant, la question est de savoir qui sera l’attaquant axial épaulé par ceux semblant tenir la corde pour débuter à savoir Msakni et Achouri.

Impossible d’aborder les retrouvailles entre Tunisie et Mali sans se souvenir des événements du match de 2022 et le final totalement improbable avec Jenny Sikazwe, l’arbitre zambien, comme héros principal. Ce serait surtout oublier que le Mali est une valeur sûre depuis 2008, toujours présent depuis avec une alternance double élimination en groupes, parcours en phase à élimination directe (deux demi-finales en 2012 et 2013 puis deux huitièmes en 2019 et 2021). Les amoureux de cycle nous dirons alors que les Aigles ne franchiront pas ce premier tour. Il serait cependant prudent de ne pas trop croire aux signes. Car Éric Chelle dispose d’un groupe redoutable, parfaitement armé à chaque ligne. Derrière le capitaine Hamari Traoré et l’espoir Sikou Niakaté en défense, le talent de manque pas, notamment au sein d’un milieu totalement fou dans lequel on trouve Amadou Haidara, Yves Bissouma ou encore quelques jeunes attendus comme Kamory Doumbia. Ajoutez d’autres jeunes talents comme le duo de Salzbourg Sékou Koïta – Nene Dorgeles devant, et vous comprendrez pourquoi il faudra se méfier d’une sélection qui ne perd plus depuis sept matchs et vient d’en passer six en amical à la Guinée-Bissau.

Faudra-t-il autant se méfier de l’Afrique du Sud ? On a l’habitude de faire des Bafana Bafana des empêcheurs de tourner en rond. On pourrait se baser sur les parcours continentaux de Mamelodi Sundowns par exemple pour appuyer une telle idée. Le souci est que sur le plan des résultats, la bande à Hugo Broos, en poste depuis mai 2021, ne brille guère. Absence de la Coupe du Monde, tombée face au Ghana, pas formidablement bien embarqué pour 2026 après la défaite au Rwanda alors que la sélection semblait enfin sur la bonne voie avec une série de douze matchs sans défaites, dont une victoire face au Maroc. Restera-t-il quelques doutes dans les esprits des coéquipiers de Percy Tau ? La question se pose et l’entrée en lice face à un outsider du niveau du Mali permettra d’avoir quelques éléments de réponse.

D’autant que ce duel sera décisif pour la qualification, le dernier membre du groupe, dernier qualifié pour la CAN, ne semblant pas suffisamment armé pour bousculer la hiérarchie. À moins que la Namibie de Colin Benjamin ne s’amuse à reproduire les quatre points sur six pris face au Cameroun, ou le nul décroché face… à l’Afrique du Sud. Plusieurs Brave Warriors évoluent justement en Afrique du Sud, à l’image du meilleur buteur de l’histoire de la sélection, Peter Shalulile, mais l’objectif principal sera d’enfin décrocher une victoire en phase finale de CAN, chose qui manque encore à une Namibie présente déjà à trois reprises auparavant.

Groupe F : Maroc, RD Congo, Zambie, Tanzanie

Le défi pour les Lions de l’Atlas, plus d’un an après l’inoubliable épopée de la Coupe du Monde 2022, c’est de réussir là où les générations 1970, 1998 et 2018 ont trébuché : briller sur le plan continental après avoir marqué les esprits et fait chavirer les cœurs sur le plan mondial. Sur le plan du jeu, le défi pour Walid Regragui sera similaire à celui auquel Hervé Renard s’est attelé quelques années plus tôt : finaliser la transformation et la montée en maturité d’un groupe ayant acquis une solidarité et une expérience collective bonifiée par un réalisme efficace en 2022, en apportant la capacité à prendre le jeu à son compte et à maîtriser des scénarios de match ou une domination doit être concrétisée. Nul doute que ce qui sera scruté en particulier sera la valeur ajoutée des jeunes et talentueux El Khanouss, Ezzalzouli et Saibari dans l’ossature du Mondial qatari. Ossature dont devait faire partie Amine Harit, privé d’apothéose par sa grave blessure, qui va certainement vouloir rattraper le temps perdu.

Attention tout de même aux envies de revanche de la RDC. Sèchement battus à Casablanca par le futur demi-finaliste mondial, les Léopards, qui avaient déjà manqué la dernière CAN après un triptyque troisième place – quart de finale – huitième de finale, veulent rebondir. Pour cela, Sébastien Desabre s’appuie sur des cadres reconnus, citons Chancel Mbemba, Gaël Kakuta, Cédric Bakambu et leur adjoint quelques éléments perturbateurs capables de créer bien des différences, citons Meschak Elia ou Simon Banza pour les offensifs évoluant en Europe, sans oublier Fiston Mayele, meilleur buteur de la C3 africaine avec sept buts l’an passé, portant Young Africans en finale. Il y aura certainement un coup à jouer pour la RDC.

D’autant que les deux autres membres du groupe sont bien moins effrayants que le Maroc. Les Chipolopolos zambiens ont rangé le titre de 2012 au rayon des merveilleux souvenirs après deux éliminations au premier tour en 2013 et 2015 et une absence des trois dernières CAN. Arrivé en décembre 2022, Avram Grant ne peut certainement pas miser sur un parcours à la Hervé Renard, mais avoir remis la Zambie dans la lumière d’une CAN est déjà une réussite. On retrouvera donc avec plaisir la bande à Patson Daka, qui s’est offert un nul en préparation face au Cameroun pour essayer d’oublier le départ plutôt moyen dans la campagne d’éliminatoires pour 2026. Mais il semble tout de même compliqué de voir la Zambie aller loin dans une CAN sacrément relevée. Le constat est similaire pour la Tanzanie de Mbwana Ally Samatta. Tombés chez elles face au Maroc en éliminatoires 2026, les Taifa Stars se sont aussi inclinées face à l’Égypte, autre adversaire hors de portée, mais avaient accroché l’Algérie en qualifs. De quoi espérer aller chercher la troisième place qui pourrait être synonyme de huitièmes de finale et donc d’une compétition réussie pour Adel Amrouche et les siens.

 

Avec Farouk Abdou (Algérie, Égypte, Maroc, Mauritanie, Tunisie)

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.