La troisième et dernière journée de la phase de groupes a ouvert sur deux sessions qui ont fait basculer la CAN 2023 dans la légende.

Il est des matchs qui font basculer des compétitions dans l’histoire tant ils marquent celle-ci et seront longtemps rappelés tant ils ont imprimé les mémoires collectives. Le Côte d’Ivoire – Guinée Équatoriale fait partie de cette catégorie. En danger après sa défaite face au Nigeria, le pays hôte ne devait pas se rater face à une formation déjà qualifiée mais connue pour être redoutable. Et le piège s’est ainsi refermé. Dominateurs, les Éléphants ont vécu une après-midi cauchemardesque et ont sombré après avoir été piégés par l’intelligence tactique et la discipline collective d’un Nzalang Nacional qui a su exploiter à merveille les défaillances ivoiriennes déjà entrevues dans les matchs précédents. Et a surtout profité d’un deuxième acte et de quelques minutes qui ont fait basculer le match dans l’improbable. Ces quelques minutes sont une séquence assez folle : un but de Krasso qui libère le stade avant d’être logiquement refusé pour hors-jeu, un coup franc concédé et une merveille signée Pablo Gamet pour le 2-0 en faveur de la Guinée Équatoriale. Le ciel vient de tomber sur la tête de tout un pays, de toute une sélection, à l’image d’un Christian Kouamé, sorti juste après un face à face raté et totalement inconsolable sur le banc. La pause fraîcheur qui suit le but est terrible, la défense ivoirienne, déjà largement critiquée sur cette compétition, n’est pas bien placée, le 3-0 s’ensuit, Emilio Nsue s’offrant un doublé. Le match est plié, la Côte d’Ivoire cherche à sauver l’honneur, mais tout le monde semble alors persuadé que la CAN 2023 va s’arrêter ici pour le pays hôte. Le quatrième but équato-guinéen donne une ampleur sous forme d’onde de choc à ce résultat, avec la victoire du Nigeria, la Côte d’Ivoire se retrouve troisième, avec trois points et une différence de but défavorable (-3). Tout le monde le dit alors, elle est éliminée.

Et pourtant. Avant même les matchs de 21 heures, un coup d’œil sur le tableau des meilleurs troisièmes suffisait à comprendre que rien n’était fait, il fallait pour cela que deux équipes se classent derrière les Éléphants. Et le duel à distance entre Ghana et Égypte était un premier élément décisif. Là aussi, l’impensable. Face à un Cap-Vert qui faisait tourner mais montrait qu’avec une réelle identité de jeu basée sur la verticalité et l’intensité, le choix des hommes n’influe pas sur la performance collective, les Pharaons ont d’abord souffert, puis cru se relancer en deuxième période, bien aidés par l’entrée en jeu de Trezeguet et une réorganisation tactique efficace et assuraient un temps le nul. Avant d’être récompensés de leurs ambitions par un but dans le temps additionnel qui leur garantissait la qualification et mettait alors à mal les rêves ivoiriens. Il était cependant dit que cette journée serait folle. Alors que le Ghana, sans trop briller et jusqu’ici sans trop souffrir non plus, menait 2-0 à vingt minutes de la fin, s’assurant de la qualification et lorgnant sur la deuxième place, la fin de partie était plus délicate, le temps additionnel fou. Lorsque Mohammed Kudus sortait à la 89e minute, tout semblait plié. Quelques instants plus tard, Geny Catamo réduisait l’écart sur penalty. Anecdotique pensait-on. Puis une incroyable erreur d’Ofori, sans doute surpris par le rebond, qui touchait un ballon qui filait en sortie de but et concédait le corner. Un ballon qui s’élève et Reinildo plaçait sa tête dans la lucarne. Le monde s’écroulait pour le Ghana. Si l’Égypte pensait arracher la victoire avant d’être punie sur une erreur d’El Shenawy (blessé sur l’action), les Black Stars glissaient alors à la troisième place. Avec deux points, leur sort en était alors jeté, ils sont éliminés de la CAN. Et la Côte d’Ivoire peut reprendre espoir : il ne reste désormais plus qu’une équipe à garder derrière elle pour accéder aux huitièmes. Et retrouver ses esprits.

Photo : Icon Sport

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.