On connait désormais le dernier carré de la Gold Cup. Si la présence de gros bras habituels tels que Mexique, USA et Jamaïque n’est pas une surprise, celle d’Haïti est historique.

banlomag

La remontada haïtienne (Haïti – Canada : 3-2)

Les Haïtiens sont l’une des bonnes surprises de cette Gold Cup, après avoir battu le Costa Rica en poule, puis menés 2-0 face au Canada, ils ont renversé le match en vingt-cinq minutes. Car tout avait mal commencé pour les insulaires : Christian David ouvre d’abord le score pour le Canada sur un coup-franc rapidement joué par Alphonso Davies (0-1, 20e). Les sentiments ont dû se bousculer dans la tête de David : d’origine haïtienne, il ne célèbre pas l’ouverture du score. Son passeur est tout près de doubler la mise, mais la barre vient contrarier Davies. Dans la foulée, Lucas Cavallini ne rate pas son face à face (0-2, 30e). On se dit alors que l’issue de cette confrontation est connue ; les Canadiens semblent sûrs de de leur chance de disputer la demi-finale. Mais Duckens Nazon sonne la révolte en seconde période : une passe en retrait mal assurée de Marcus Godinho permet à l’ailier de réduire l’écart (1-2, 50e). Comme si cela ne suffisait pas, le latéral canadien concède un penalty dans la foulée, sur un tacle déjanté. Hervé Bazile transforme. Les Haïtiens peuvent y croire (2-2, 70’). Paniqués, les Canadiens craquent : grâce à un superbe enchaînement de Nazon sur la gauche, Wilde-Donald Guerrier contrôle, efface le portier avant de marquer. La qualification est inédite et inespérée pour les Grenadiers (3-2, 76e), qui ont remercié le public mexicain venu les supporter, en attendant leur quart de finale à eux. À Port-au-Prince, la fête dure toute la nuit. Ses habitants ne rêvent plus que d’une chose : taper le Mexique en demi-finale.

Le favori mexicain au mental (Mexique - Costa Rica : 1-1,5-4 t.a.b)

Après avoir vécu de fortes émotions lors du premier match, ce match allait procurer de nouvelles sensations aux 70 788 spectateurs du NRG Stadium de Houston (Texas), à majorité mexicaine, donc. Les Ticos sont en mission, les Mexicains sereins prennent le jeu à leur compte. En face, le Costa Rica se défend avec de belles sorties de balle. Après une mi-temps de domination, le Mexique marque par Raúl Jimenez, bien servi par Rodolfo Pizarro (1-0 , 44e).  Mais au retour des vestiaires, Joël Campbell se fait crocheter par Chaka Rodríguez. Dans la surface ? Non, mais l’arbitre siffle pénalty, et par là même, n’expulse pas le défenseur. L’éternel Bryan Ruiz, capitaine, prend ses responsabilités et trompe Guillermo Ochoa (1-1, 52e). Les Mexicains ne mènent plus, mais sont toujours onze. Frustrés, ils font face à Leonel Moreira, le remplaçant de Keylor Navas lors de cette Gold Cup, et qui sort plusieurs tentatives aztèques. Sa transversale le sauve aussi d’un but de Carlos Rodríguez. Les deux équipes ne parviennent pas à se départager lors de la prolongation. Ochoa est imposant, Moreira dans le match de sa vie ; la séance des tirs aux buts peut commencer. Le spécialiste Raúl Jimenez voit son tir stoppé par Moreira. Celui de Randall Leal passe à côté. Les autres réussissent le leur, avant que celui du jeune latéral Keysher Fuller ne soit stoppé par Ochoa (5-4). Qualification difficile mais méritée pour les Mexicains, qui sont prévenus : les Haïtiens sont dangereux.

La Jamaïque confirme malgré la purge (Jamaïque - Panamá : 1-0)

Cette rencontre était annoncée comme la plus serrée des quarts de finale. Le match l’a confirmé, même si les Reggae Boyz n’ont pris l’ascendant que lors de la seconde période de ce duel véritablement ennuyant. Et ont finalement trouvé difficilement la brèche dans les cages panaméennes, via Darren Mattocks (1-0, 75e). La Jamaïque confirme ainsi son statut après avoir remporté la très serrée poule C, devançant Curaçao, le Salvador et le Honduras. Surtout, la Jamaïque confirme sa progression dans la zone CONCACAF : en 2016 elle avait été éliminée lors de la phase de poule précédant l’Hexagonal final, qui permet de se qualifier à la Coupe du Monde. Mais depuis, la Jamaïque a atteint la finale de la Gold Cup 2017, en battant notamment le Mexique (certes, une équipe C, mais tout de même). En demi-finale, les Reggae Boyz auront l’occasion de prendre leur revanche sur les Américains qui les avaient battus lors de cette édition. Et surtout de confirmer, avant d’entamer les longues qualifications du Mondial qatari, pour lequel les coéquipiers de Mattocks ont bel et bien leurs chances de participer. Pour Panamá, en revanche, la fin de cycle, déjà entamée lors de la Coupe du Monde en Russie se fait ressentir. Et la relève ne semble pas pointer le bout de son nez…

Les États-Unis, sans forcer (USA - Curaçao : 1-0)

C’était un exploit qui n’en était en réalité pas un : au vu de la progression des Curaciens depuis quelques années, les voir éliminer les outsiders - Honduras, Salvador - n’est pas une si grosse surprise. Maintenant, le micro-état se met à titiller les grosses cylindrées. Passée l’idée qu’affronter les États-Unis était un exploit, il a tenu tête à l’Oncle Sam. Mais c’est justement sur un coup de casque de Weston McKennie en première période que les Américains ont pu se qualifier sur une belle action de le star Christian Pulisic (1-0, 25e). Le nouveau joueur de Chelsea avait, au préalable, tâté les gants solides d’Eloy Room à bout portant. Et ce sont les Curaciens qui ont le plus grand nombre d’actions, mais leurs tirs de loin ou leurs têtes sur coups de pieds arrêtés ont peu inquiété le portier américain. Malgré l’élimination, Curaçao peut être fier : l’île de 150 000 habitants a su tenir son rang. L’équipe, composée principalement de joueurs nés aux Pays-Bas et qui jouent en Eredivise néerlandaise, a su trouver une alchimie. Installé dans le Top 100 mondial, Curaçao pourrait, s’il continue sa progression, intégrer l’Hexagonal pour la qualification à la Coupe du Monde 2022. Pour les USA, l’aventure continue. Des têtes de séries, ils ont eu le tableau le plus facile, avec le Guayana et Trindad y Tobago dans sa poule, puis Curaçao en quarts. Face à la Jamaïque, ce sera une autre histoire ; il est encore difficile de jauger le niveau de cette jeune Team USA.

Diego-Tonatiuh Calmard
Diego-Tonatiuh Calmard
Etudiant journaliste franco-mexicain.Je ne suis qu’un mendiant de bon football (Eduardo Galeano).