Coup d’envoi de la trentième saison de MLS ! Alors que le championnat n’a jamais autant attiré les regards, la lutte pour le titre s’annonce encore plus dense.

L’heure du grand retour est arrivée ! Dire que la MLS brille d’un nouvel éclat depuis quelques saisons, boostée par l’arrivée de Lionel Messi et par la facilité d’accès à ses matchs, est un euphémisme. Devenue un phénomène attractif pour bien des suiveurs foot, elle fait désormais même saliver les voisins du sud qui cherchent à imiter les gringos du nord. Une occasion de plus de mesurer le chemin parcouru depuis les débuts de Lucarne Opposée par exemple, l’époque non regrettée des matchs disputés dans des stades trop grands et sur des terrains où le tracé du football US restait visible. La saison du trentième anniversaire en est bien loin, fort heureusement. Elle accueille un nouveau membre, San Diego FC, portant la ligue à trente, deux groupes de quinze, ne change évidemment pas son format mais continue de progresser sur le plan économique avec une augmentation du salary cap mais surtout, grande nouveauté de la saison, la possibilité pour les clubs d’aller acheter un autre joueur de la ligue. Avec deux énormes symboles : les transferts intra-ligue de Lucho Acosta et d’Evander, on en reparlera dans les lignes suivantes.

Le format ne change donc pas, une phase régulière de trente-quatre matchs, un Desicion Day prévu le 18 octobre et une phase de play-offs qui viendra ensuite boucler la saison, pour une finale MLS programmée. À noter que si le championnat prendra une courte pause durant la Coupe du Monde des clubs et la Gold Cup, deux semaines mi-juin, mais se poursuivra durant la Leagues Cup du mois d’août. À noter également, un événement programmé le 6 avril, la rencontre entre San Jose Earthquakes et DC United, hommage au match inaugural du 6 avril 1996, le remake de la première finale, opposant Galaxy et DC se jouera le 12 juillet. Place désormais au tour des clubs.

Le trentième membre

Comment ne pas débuter notre tour de la saison par le petit nouveau. Ayant décroché son ticket pour la MLS, San Diego va donc découvrir l’élite du football nord-américain à un an de la Coupe du Monde. Propriété de l’ancien ministre des transports égyptiens et milliardaire Sir Mohammed Mansour mais aussi de la Sycuan Band of the Kumeyaay Nationest, une tribu d'Indiens missionnaires du sud de la Californie, reconnue par le gouvernement fédéral et située dans une zone non incorporée du comté de San Diego, juste à l'est d'El Cajon, le club permet donc à la ville de mettre fin à trois décennies d’attente (San Diego était candidat à l’accueil d’une franchise lors de la première saison du championnat et a connu quelques tentatives infructueuses depuis). Il tentera de détourner les fans de football partis rejoindre les rangs des Xolos de Tijuana, situés juste de l’autre côté de la frontière. Pour cela, le club confie les clés de son équipe à Mickey Varas, ancien coach de la sélection U20 et construit son effectif avec bien évidemment une star mexicaine, Chucky Lozano, quelques habitués de la MLS, Andrés Reyes, Anibal Godoy ou encore Emmanuel Boateng et un duo de gardiens bien décidés à décrocher enfin une place de numéro 1, CJ dos Santos et Pablo Sisniega. Et mise sur quelques paris. Le club récupère un Franco Negri en manque de temps de jeu à l’Inter Miami, les deux Danois, Marcus Ingvartsen et Anders Dreyer, l’international finlandais Onni Valakari et l’enfant de la ville, Luca de la Torre. Sur le papier, l’effectif semble équilibré, les dirigeants du club ont déjà annoncé une véritable volonté de proposer du football – les Red Bulls l’ont aperçu lors du 0-6 reçu en présaison – mais difficile d’imaginer la nouvelle franchise venir briller rapidement, même si la conférence Ouest est plus propice aux surprises.

Sur les épaules des géants

La mission de San Diego s’annonce d’autant plus compliquée que le chemin à parcourir pour rattraper certaines formations est immense, notamment les grands candidats au titre. Dans cette rubrique, on retrouve forcément les deux voisins californiens. Du côté du Galaxy, tenant du titre, l’intersaison a semble-t-il été un délicat exercice d’équilibriste. Le club a laissé partir l’une de ses promesses en défense, Jalen Neal, vers Montréal, et son buteur Dejan Joveljić, prie pour ne pas voir Gabriel Pec céder aux sirènes du Brésil ou d’Espagne, devra attendre le retour de son cerveau Riqui Puig, qui s’était rompu les croisés en finale de conférence l’an passé, et celui de dernière minute de Joseph Paintsil, absent pour deux mois. C’est donc toute une animation offensive que Greg Vanney doit recomposer au coup d’envoi de la saison, avec Christian Ramirez et un jeune avant-centre brésilien, Matheus Nascimento comme seules arrivées devant, même s’il faudra surveiller Lucas Sanabria. Un coach qui devra également gérer le poste de gardien où la concurrence entre John McCarthy et Novak Mićović qui semble partie pour animer le début de saison, pouvant provoquer quelques instabilités si la hiérarchie venait à ne pas être rapidement établie. Attention donc au départ pour le champion sortant, même si le format play-offs laisse toujours du temps aux grands.

Du côté du voisin, le LAFC, l’intersaison a également été animé. Si l’ombre d’une potentielle arrivée d’Antoine Griezmann au sein de la communauté des champions du monde français plane, l’atterrissage n’est pas prévu avant l’été. Et d’ici là, il faudra reconstruire également une attaque. Cristian Olivera parti à Grêmio, Mateusz Bogusz à Cruz Azul, les « anciens » Carlos Vela et Kei Kamara libérés, Eduard Atuesta et Ilie Sánchez ayant dépeuplé le milieu, Steve Cherundolo doit reconstruire autour d’Olivier Giroud. Il pourra toujours s’appuyer sur l’immense talent de Denis Bouanga, les éclairs de génie de la pépite David Martínez appelé à prendre plus d’importance, les qualités de percussion de Yaw Yeboah ou encore celles de buteur d’un Jeremy Ebobisse qui voudra oublier la déprime que fut San Jose. Et pourrait également compter sur l’arrivée de Cengiz Ünder pour s’offrir une munition supplémentaire. Le milieu semble lui aussi bien reconstruit autour de Timothy Tillman, les arrivées d’Igor Jesus et de Mark Delgado apportant de la qualité. Reste à savoir ce que le coach des Black and Gold voudra faire de son équipe : une formation capable d’imposer son rythme et son jeu, domaine dans lequel elle a souvent souffert l’an passé, ou une équipe redoutable en transition, là où elle fut éclatante en 2024. Mais le LAFC est un réel candidat.

Tout comme Seattle. Habitué à conjuguer leurs saisons avec la notion de continuité, les Sounders de Brian Schmetzer n’ont ainsi pas dérogé à la règle. Le temps de saluer une idole, Raúl Ruidíaz, et de procéder à quelques ajouts à un groupe qui ne bouge presque pas, voilà la recette d’un éternel candidat au titre. Le buteur péruvien est remplacé par l’un des jolis coups de l’intersaison, Jesús Ferreira, alors que Paul Arriola et Kim Kee-hee viennent apporter un petit plus de profondeur à un effectif déjà riche. On retrouvera la même recette, les mêmes cadres, de Stefan Frei à Jordan Morris en passant par l’une des meilleures charnières de la ligue, si ce n’est la meilleure, Jackson Ragen - Yeimar Gómez et on attendra enfin de voir briller le diamant Pedro de la Vega. Mais une fois encore, Seattle est programmé pour aller loin en play-offs et pourrait, chose rare, démarrer assez fort.

Dans l’autre conférence, les prétendants sont plus nombreux. On retrouve les deux grands favoris, Inter Miami et Columbus Crew, mais aussi quelques formations à gros appétit. Du côté des Hérons, la bonne saison 2024, ternie par le coup de tonnerre que fut l’élimination au premier tour des play-offs, a signé la fin de Tata Martino. Dans un accès de folie, les dirigeants du club ont donc semblé penser qu’attirer Javier Mascherano sur le banc permettrait de franchir un cap supplémentaire. Sans doute n’ont-ils jamais entendu parler de son « travail » à la tête des jeunes générations argentines. Quoi qu’il en soit, el Jefecito retrouve quelques coéquipiers du Barça, dont le duo magique Lionel Messi - Luis Suárez (mais aussi Sergio Busquets et Jordi Alba), opère un grand ménage dans l’effectif, laissant partir Matías Rojas, Serhiy Kryvstov, Franco Negro, Diego Gómez, Leonardo Campana ou l’étoile éclipsée Facundo Farías, et procédant à quelques apports, quasiment tous sud-américains avec deux défenseurs centraux (alors que le secteur était déjà bien pourvu) que sont Gonzalo Luján et Maximiliano Falcón, Tadeo Allende et la merveille Telasco Segovia au milieu, et un nouveau gardien argentin, Rocco Ríos Novo. L’effectif est donc l’un des plus riches du pays, d’autant que, autre arrivée, l’excellent Fafà Picault vient apporter de la profondeur de banc devant, et la gestion de la saison sera la clé pour un groupe qui avait une identité claire de jeu en 2024.

Sorti prématurément également, à la surprise générale, le Crew n’a donc quant à lui pas décidé de tout reconstruire. D’autant que la saison 2024 de la bande à Wilfried Nancy a été des plus réussie malgré cet écueil, venu semble-t-il souligner une fatigue générale eu égard au calendrier offert au Crew l’an passé. Reste que pour 2025, le coach français doit recomposer son armada offensive, largement marquée par l’inéluctable départ de Cucho Hernández, suivi de son alternative, Christian Ramirez et d’un décevant Alexandru Mățan. De quoi sans doute redonner l’axe à Diego Rossi, à moins de faire confiance à Jacen Russel-Rowe, et les clés du jeu à Dylan Chambost ainsi que de nouvelles responsabilités à AZ Jackson dont on attend beaucoup cette saison. À moins que le Crew déniche sa pépite offensive, quelques rumeurs ayant mené à Brenner, ancien de Cincinnati, sans pour autant que les choses aient avancées depuis. Reste que la force du Crew sera son identité qui sera donc de nouveau déclinée grâce à un groupe quasi-identique. Et si le calendrier ne devrait pas être amoindri par rapport à l’an passé, l’expérience acquise par cet effectif devrait faire la différence.

La concurrence s’annonce cependant rude à l’Est, surtout que le quatuor New York Red BullsAtlantaOrlandoCincinnati arrive avec le couteau entre les dents. Finaliste surprise l’an passé, New York a certes perdu l’un de ses éléments clés, John Tolkin, ont laissé partir Dante Vanzeir dont le bilan est finalement peu convaincant et a procédé à quelques retouches et ajouts intéressants. Devant, Eric Maxim Choupo-Moting accompagnera Lewis Morgan pour former un duo qui s’annonce très complémentaire, derrière, le club s’arme avec les arrivées d’Alexander Hack, de Marcelo Morales et de Tim Parker. Reste à savoir si le miracle de 2024 appelle à une saison synonyme d’ambition, le fait est que sur le papier, avec toujours un Emil Forsberg à la baguette et des certitudes acquises en fin de saison dernière, les Red Bulls peuvent s’inviter à la table des prétendants.

Un prétendant qu’Atlanta entend être. Rob Valentino avait revigoré une franchise rendu amorphe par Gonzalo Pineda. L’intérimaire s’en est allé et a laissé les clés à Ronny Deila, l’homme qui avait mené City au titre en 2021. Sur le papier, les Five Stripes ont de quoi faire trembler, l’intersaison ayant été des plus animées. Mateusz Klich dans l’entrejeu vient s’adjoindre à deux nouveaux facteurs X. L’un connu, Miguel Almirón, coup médiatique d’avant-saison, l’autre moins mais venant combler un manque en pointe, Emmanuel Latte Lath (pour un transfert record) qui viendra compléter une ligne d’attaque ne comptant que trois axiaux avec Jamal Thiaré, auteur d’une belle fin de saison, et Cayman Togashi, qui arrive de Tosu. Ces retouches viennent donc renforcer une équipe aux bases solides, à l’image de ses lignes arrière et fond donc d’Atlanta, l’un des épouvantails de la ligue.

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Ambitions également à Orlando dont la saison 2024 a pu générer autant d’attentes que de frustrations, l’aventure se terminant en finale de conférence. Certes, le départ de Facu Torres est un coup dur pour Óscar Pareja, mais l’arrivée de Marco Pašalić peut être un joli coup dans un effectif finalement peu remanié. On notera l’arrivée d’Eduard Atuesta pour d’abord palier à l’absence de Wilder Cartagena, ensuite compléter ce double pivot avec César Araújo, et une défense inchangée. Là encore, les Lions disposent de solides idées de jeu qui ont fait leurs preuves l’an passé et devraient encore faire mal cette saison.

Mais attention au quatrième larron, un baron 2023 quelque peu déclassé la saison dernière : Cincinnati. De prime abord, on pourrait penser que le départ de Luciano Acosta creusera un vide irremplaçable tant l’Argentin a porté les Oranges sur ses épaules l’an passé. Mais du côté de Queen City, on a récupéré deux énormes facteurs X. Le premier est venu palier un manque, celui laissé par Brandon Vazquez l’an passé, l’absence de buteur. Cincy a donc attiré Kévin Denkey, l’homme aux trente-sept buts lors de ses cinquante-cinq derniers matchs de JPL au Cercle Brugge, qui s’annonce comme l’une des attractions de la saison. Le deuxième est un nouveau maître à jouer : Evander. Si jamais Pat Noonan pouvait conserver Luca Orellano, on tiendrait alors l’une des lignes offensives les plus redoutables de la ligue. Mais le recrutement ne s’est pas arrêté là. Gilberto Flores vient apporter de la jeunesse et de la profondeur en défense, déjà renforcée par l’arrivée de Lukas Engel alors qu’elle était déjà l’une de ses valeurs sûres. C’est donc un candidat avide de revanche qui se prépare et Cincy a de quoi mordre.

Trouver sa place

Comment se placer derrière ces prétendants ? À l’Est, les places s’annoncent chères, d’autant que quelques franchises ont de quoi faire oublier une saison 2024 plutôt décevante. À commencer par New England. Après une année cataclysmique, Caleb Porter a semble-t-il identifié les manques : une défense poreuse, Mamadou Fofana et Brayan Ceballos venant renforcer l’axe, et une ligne offensive manquant d’avant-centre de talent, Leo Campana venant pallier ce manque, alors qu’Ignatus Ganago et Maxi Urruti viennent apporter une profondeur devant, même si Luca Langoni avait déjà apporté un mieux en fin de saison dernière, et Jackson Yueill peut offrir l’équilibre qui manquait pour accompagner le seul facteur X des Revs, Carles Gil (qui devrait donc se sentir moins seul). L’autre membre du club de ceux qui veulent oublier est bien évidemment Nashville. Antépénultième de la conférence, les Coyotes avaient déjà tourné la page Gary Smith et cette fois, B. J. Callaghan a eu le temps de préparer son groupe. Il peut compter sur des cadres comme Joe Willis et Walker Zimmerman et le facteur X Hany Mukhtar. Mais il y a adjoint de nouveaux choix au milieu, avec les arrivées de Gastón Brugman, Edvard Tagseth et Ahmed Qasem, et quelques apports défensifs comme Andy Najar, qui connait bien la ligue. Avec une nouvelle idée de jeu et un effectif qui a eu le temps de travailler pour, Nashville a tout pour retrouver son rang de poil à gratter de la conférence.

À l’Ouest deux formations méritent un coup d’œil attentif : San Jose et St. Louis. Le premier cité peut paraître surprenant, d’autant que les Quakes ont pour tradition de terminer leur saison alors que l’on a pas encore quitté le printemps. Mais cette saison, malgré un propriétaire qui ne semble pas accorder grande importance au football, un choix intéressant a été fait : celui d’attirer Bruce Arena. Si l’on ne saura finalement jamais les véritables raisons de son départ de New England (et du désastre qui s’en est suivi), le coach le plus titré du pays venir au chevet d’un club à la dérive mérite l’attention (d’autant qu’il ne sera pas qu’entraîneur mais également directeur sportif). D’autant que les arrivées de joueurs tels que Mark-Anthony Kaye et le duo Cristian Arango – Josef Martínez a tout pour faire mal aux défenses adverses, surtout avec Hernan López et Cristian Espinoza à la baguette. Reste à Bruce Arena à trouver une stabilité défensive – le gros problème des Quakes – et à parvenir à maintenir le club concerné par la compétition dès lors qu’il devra jouer uniquement le top 9. Mais pour son potentiel offensif et la capacité d’Arena à créer des miracles, les Quakes ont de quoi offrir du spectacle.

Quant au second, il est surtout question de revanche. Si St.Louis avait séduit en saison 1 (vainqueur de conférence), l’acte 2 fut plus compliqué. Mais il ne fut pas sans intérêt. Car St.Louis en a profité pour commencer à construire. D’abord son animation offensive, quand les arrivées de Cedric Teuchert et de Marcel Hartel, avec un léger mieux sur la fin de saison. Ensuite sur l’animation défensive durant l’intersaison, avec notamment l’arrivée d’un nouveau joueur allemand, Timo Baumgartl. Sur le banc, les clés sont confiées à Olof Mellberg et la présaison semble indiquer une solidité retrouvée. Avec le retour d’un Celio Pompeu, facteur X écarté l’an passé sur blessure, le trio germanique au milieu et donc, cette solidité, St.Louis a tout du candidat aux places d’honneur derrière les trois favoris.

Play-offs ou déception ?

Il faut dire que du côté des autres équipes de l’Ouest, les questions se posent. Minnesota United est un traditionnel candidat aux play-offs mais semble bien trop limité pour espérer plus. Les Loons ont laissé partir quelques joueurs en fin de course, comme Franco Fragapane ou Teemu Pukki et se sont montrés plutôt discrets sur le marché, tentant quelques coups comme Nicolás Romero, jeune argentin venu de l’Atlético Tucumán ou Owen Gene, jeune milieu français, et Jeong Ho-yeon, qui pourrait s’installer devant la défense pour faire le lien avec le bloc offensif. L’ensemble reste cependant bien en deçà du trio de tête, voire de St.Louis, mais doit suffire à accrocher le top 9 synonyme de play-offs.

Une bataille qui devrait concerner également Portland Timbers et Real Salt Lake. Qualifié sur le fil pour les play-offs l’an passé, avec notamment une fin de saison catastrophique, une seule victoire lors des sept derniers matchs de saison régulière et une leçon prise face aux Whitecaps lors du tour préliminaire, Portland aurait pu/dû en profiter pour reconstruire, combler les manques, muscler davantage son effectif. Au lieu de cela, les Timbers ont gardé Phil Neville à leur tête et surtout laissé partir leur facteur X, Evander, lassé de surnager dans ce marasme. Pour combler ce départ, Portland donne les clés du camion à David Pereira da Costa, s’offre un ailier, Ariel Lassiter, débauche un nouvel avant-centre qui viendra concurrencer Felipe Mora, Kevin Kelsy, dont on attendait mieux à Cincy, et attire Joao Ortiz pour apporter de l’expérience au milieu. Sur le papier, les Timbers ont une équipe taillée pour les play-offs, même sans Evander, le principal souci est sur son banc, Phil Neville n’ayant jamais véritablement convaincu à animer un groupe en lui inculquant des idées claires de jeu. Ce qui a justement contribué à la chute de fin de saison dernière.

Côté Real Salt Lake, le principal souci est dans le manque de profondeur de l’effectif. Rafael Cabral est venu compenser le départ du jeune Gavin Beavers, que l’on pensait voir durablement s’installer dans les cages des Claret and Cobalt, l’arrivée supplémentaire de Mason Stajduhar posant d’autres questions sur la future gestion des gardiens (qui fut l’une des problématiques de l’an passé). Pour le reste, Salt Lake a surtout connu des départs, notamment devant où Chicho Arrango et Anderson Julio partis, Elias Manoel vient s’installer. Avec une attaque ou beaucoup de choses vont reposer sur Diego Luna, dont le départ l’été prochain est quasiment programmé à moins que Pablo Ruiz retrouve son niveau et son influence d’avant blessure. Conséquence, sur le papier, le RSL 2025 est moins impressionnant que son prédécesseur, troisième de conférence, mais Pablo Mastroeni sait construire des équipes difficiles à jouer et dans une conférence où les interrogations sont nombreuses au sein de bien des franchises, la lutte pour les play-offs semble un objectif atteignable pour un Real Salt Lake qui a l’habitude de ne jamais faire de vagues mais de bien travailler.

Les interrogations concernent les six dernières franchises de la ligue. Cinquième l’an passé, Houston repart de zéro. C’en est fini du double milieu créateur Héctor Herrera – Coco Carrasquilla, tout comme c’en est terminé de la présence charismatique de Steve Clark dans les buts. Il fallait donc reconstruire à ces postes. Dans les buts, l’arrivée de Jimmy Maurer, trente-six ans et onze matchs de MLS en trois ans, n’envoie pas un signe très fort. Au milieu, Houston mise sur le duo Jack McGlynn – Júnior Urso et confie l’animation offensive à Nicolás Lodeiro pour lancer sa nouvelle ère. Ben Olsen a donc du travail, avec un groupe qui semble encore solide défensivement – excepté dans les buts – mais qui apparait moins redoutable offensivement. Un ensemble donc moyen qui ne semble par armé pour jouer les premiers rôles.

Jouer les premiers rôles ne semble pas non plus une ambition du voisin texan. Austin a traversé 2024 dans un remarquable anonymat, sa dixième place reflétant parfaitement cela, et n’a pas cherché autre chose que d’aller viser le top 9 cette saison. Le départ de Sebastián Driussi est plutôt bien compensé par deux arrivées intelligentes, Ilie Sánchez pour apporter de l’équilibre au milieu, et Brandon Vazquez pour faire trembler les défenses adverses. On surveillera tout de même Nicolás Dubersarsky, deuxième plus gros transfert d’Instituto après Paulo Dybala, Besard Šabović ou encore Myrto Uzuni, qui peut causer quelques dégâts sur son côté gauche. Conséquence, Nico Estévez se retrouve à la tête d’un groupe qui peut viser une place en play-offs, sans pour autant sembler capable de viser autre chose qu’un premier tour (ou plus sur un malentendu). Mais cela semble suffisant pour Los Verdes.

Surtout quand la concurrence semble limitée. Un mot qui semble coller aux anciens champions Colorado RapidsSporting KC. Septièmes l’an passé, les Rapids ont réalisé quelques retouches, Chidozie Awaziem en défense centrale, Theodore Ku-DiPietro et Josh Atencio au milieu, mais rien de bien excitant. Certes, Chris Armas peut toujours compter sur son maillon fort Djordje Mihailovic, mais l’ensemble parait tout de même moyen pour viser très haut. Comme si une septième place convenait parfaitement. Du côté du Sporting KC, il y a le côté pile, l’arrivée de Dejan Joveljić qui compense le départ d’Alan Pulido et dont l’association avec Dániel Sallói s’annonce intéressante, celle du duo de l’Aris, Manu García - Magomed-Shapi Suleymanov. Puis il y a le côté face : un effectif bien trop limité dans son ensemble et une présaison absolument horrible avec seulement deux buts marqués en six matchs (tous deux face à Charlotte) et quelques catastrophes comme le 0-6 reçu face aux Loons. Rien de bien encourageant donc pour une équipe qui avait bouclé 2024 à l’avant-dernière place, saison « sauvée » par une qualification en CONCAChampions grâce à une présence en finale d’US Open Cup (perdue).

Reste enfin les cas du FC Dallas et des Vancouver Whitecaps. Connu pour son travail chez les jeunes, le club texan a confié la direction de son équipe à Eric Quill, ancien adjoint de Caleb Porter à Columbus et auteur d’une grosse saison en USL avec New Mexico United. Sur le terrain, le coach américain perd quelques éléments de taille : Jesús Ferreira et Paul Arriola sont partis à Seattle, Alan Velasco à Boca. Mais Dallas a quelques signatures d’importance avec les expérimentés Ramiro (ex-Cruzeiro), Anderson Julio, Shaq Moore, une machine à perforer les défenses Léo Chú, mais surtout l’un des plus grands facteurs X du championnat, Luciano Acosta, recruté 5M$ à Cincinnati grâce à la nouvelle règle des transferts entre franchises et dont l’association avec Petar Musa pourrait donner bien des tourments aux adversaires. Ce devrait donc être largement suffisant pour une place en play-offs, objectif minimal des Toros texans qui pourraient bien être l’une des surprises de la conférence après leur triste onzième place l’an passé. À Vancouver, l’ère Vanni Sartini a pris fin après trois qualifications en play-offs, trois Canadian Championships et surtout une idée claire de jeu. Les clés ont été confiées à Jesper Sørensen qui se retrouve avec quasiment le même effectif que celui de l’an passé, soit une formation où tout devrait dépendre de Ryan Gauld, et qui n’est pas taillée pour jouer les premiers rôles. Ce sera ainsi l’occasion de mesurer à postériori le travail de Sartini.

Terminons notre tour de la MLS par un retour à l’Est où la concurrence est bien plus rude et les appétits plus aiguisés. C’est ainsi que quelques formations vont devoir lutter pour se mêler à la lutte. Première d’entre-elles, Charlotte. Grâce à une défense de fer menée par le meilleur gardien de la Ligue, The Crown a bousculé la hiérarchie en 2024. La grande question sera donc de savoir si la recette de Dean Smith fonctionne en 2025. Car offensivement, si le club perd Karol Świderski, il s’offre une signature frisson avec l’arrivée de Wilfried Zaha dont l’association avec Pep Biel et Patrick Agyemang s’annonce excitante. Si cette recette fonctionne encore en 2025, alors Charlotte sera un redoutable candidat. Trouver la bonne recette, c’est aussi l’élément clé de Montréal. Sous la direction de Laurent Courtois, le CFM a connu deux saisons en une, le changement de système en cours de saison ayant porté ses fruits. Montréal est toujours une équipe qui joue bien au football même si elle perd Josef Martínez et ses onze buts, dont six dans le money time que furent les cinq dernières journées et le doublé en tour préliminaire face à Atlanta. Il faudra que Montréal lui trouve son successeur, ce devrait se jouer entre Giacomo Vrioni et Prince Owusu, mais les quelques retouches dans l’effectif, comme les arrivées de Fabian Herbers et Jalen Neal notamment, sont intéressantes. Reste à savoir si cela suffira dans une conférence aussi concurrentielle. Même question pour Philadelphia. L’Union a vu une décennie prendre fin avec le départ de Jim Curtin et entre dans une nouvelle ère, celle de Bradley Carnell, l’homme de la première époque de St.Louis. Il peut compter sur quelques cadres, à commencer par un André Blake qui a longtemps manqué la saison passée et un groupe peu modifié au sein duquel on suivra avec attention les arrivées des jeunes Ian Glavinovich, Jovan Lukić et Bruno Damiani. Difficile pour faire de Philly un candidat aux premières places, mais la course aux play-offs est tout de même un objectif à viser.

Reste enfin quatre cas particuliers. Auteur d’un incroyable crash en fin de saison, DC United n’a semble-t-il pas compris comment l’éviter de nouveau en 2025. DC change ses gardiens, Miller et Bono partis, Luis Barraza et Kim Jun-hong arrivent, laisse filer un Mateusz Klich important dans l’équilibre au milieu, et surtout, ne se renforce pas vraiment. Reste bien évidemment Christian Benteke, meilleur buteur de la ligue l’an passé, sur lequel l’ensemble des longs ballons devrait encore être adressé. Mais tout cela semble bien fragile dans une telle conférence et c’est bien triste l’année de la trentième saison d’une ligue qui a eu DC comme premier champion. Pire équipe de la conférence, l’autre premier géant, Chicago Fire continue de couler. L’heure semblait donc venue de redorer le blason de la franchise qui fut la première à faire tomber DC aux débuts de la MLS. Certes, les arrivées de Jonathan Bamba et Philip Zinckernagel sont intéressantes, certes Brian Gutiérrez est encore là pour porter le jeu de son équipe, mais l’ensemble est encore très fragile et surtout, les clés du camion ont été confiées à Gregg Berhalter dont le seul passage en MLS, à Columbus, n’a pas été synonyme de grands succès et dont le mandat à la tête de la sélection ne restera pas dans les annales, en particulier en termes de stratégie collective. Ce dont Chicago aurait bien besoin pour sortir de ses profondeurs.

Pour conclure cette revue des franchises, on aurait pu choisir le feu d’artifice, on fera le choix opposé, celui des franchises dont on se demande si elles ont un but en MLS. Champion sur un malentendu en 2021, New York City a traversé la saison dernière dans l’anonymat d’une sixième place, n’en sortant qu’en éliminant Cincy au premier tour des play-offs avant de voir le rival Red Bulls l’envoyer en vacances. City Group a-t-il envie de raviver l’excitation et l’espoir autour de son terrain de base-ball en 2025 ? Pas vraiment. City perd James Sands en défense, court le risque de voir Matt Freese s’envoler en Europe cet été et surtout va probablement perdre son maître à jouer Santiago Rodríguez qui devrait filer à Botafogo. Et ne recrute personne. C’est donc avec un groupe amoindri que Pascal Jansen devra composer pour espérer faire briller une équipe qui ne semble pas avoir le moindre objectif cette saison. Même constat à Toronto. Le seul changement majeur est l’arrivée de Robin Fraser sur le banc. Pour le reste, il n’y a aucun mouvement notable, à l’exception de l’arrivée d’Ola Brynhildsen, jeune attaquant norvégien pour tenter de bousculer une escouade offensive sans relief, le duo Federico Bernardeschi – Lorenzo Insigne choisissant ses moments pour « briller ». On retiendra aussi le remarquable cas Thiago Andrade, sélectionné par San Diego en Expansion Draft, échangé à Toronto contre un premier choix de Superdraft et de l’argent, mais qui a finalement signé au Cerezo Osaka. Preuve supplémentaire s’il en fallait que le TFC n’a pas de projet autre que de faire acte de présence.

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Photo une : Kevork Djansezian/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.