Bilan globalement positif pour la Colombie après sa tournée asiatique qui l'a vue s'imposer contre le Japon avant de céder contre la Corée du Sud. Ces deux premiers matches pour Carlos Queiroz, les deux seuls avant la Copa America ont apporté quelques certitudes.

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Arrivé au début de l'année après la Coupe d'Asie, les premiers pas du sélectionneur Carlos Queiroz allaient être scrutés, plus qu'à l'habitude pour des matches amicaux de mars. Si la liste a été sans surprise, elle a surtout été amputée de trois joueurs majeurs puisque David Ospina, Santiago Arias et Juan Fernando Quintero ont déclaré forfait. Pour les remplacer Álvaro Montero, Yimmi Chará, des habitués, et une nouveauté, Luis Manuel Orejuela.

La principale interrogation était donc de savoir dans quel schéma allait évoluer le technicien portugais. Avec une ou deux pointes ? En grande forme Duván Zapata allait-il être titulaire ? Quid de Morelos, également en grande forme avec les Rangers ? Pour ce qui est du schéma tactique, les deux ont été essayés. Un 4/2/3/1 pour commencer contre le Japon, avec Muriel à gauche avant un passage en 4/4/2 pour débuter en Corée du Sud avec huit changements entre les deux matches (Davinson Sánchez, Sebastián Villa et Yerry Mina ont débuté les deux rencontres). Lequel a le mieux marché ? Incontestablement la première option. Pour deux raisons. La première, et ça n'est pas une surprise, la Colombie a besoin d'un James en meneur de jeu et avec une certaine liberté. C'est là qu'elle a produit le plus de jeu, qu'elle s'est procurée le plus d'occasions. Contre la Corée du Sud le 4/4/2 n'a duré que le temps d'une période. La deuxième, c'est que les joueurs de couloir ont fait le job. Mieux, ils se sont montrés et ont marqué des points pour arracher un ticket dans le groupe des 23 qui disputeront la Copa América. Les deux buts de cette tournée sont arrivés des ailes. Voir ce système performer n'est pas une surprise puisqu'il était le système préféré de Pékerman. Une petite nuance, en deuxième période contre le Japon, l'association Duván Zapata/Radamel Falcao a bien marché. L'attaquant de l'Atalanta a été remuant et a combiné avec le buteur monegasque. Ce n'était pas la première fois que les deux étaient associés, Pékerman l'avait fait au Pérou lors du dernier match des qualifications pour le Mondial.

Ils ont saisi leur chance

Lancé titulaire pour le premier match en l'absence de David Ospina, Camilo Vargas a fait le job comme on dit, contre le Japon. Rassurant en première période il a montré qu'il avait les épaules et le niveau pour être numéro deux de cette sélection. Derrière Cristian Borja, appelé en sélection dans la période de transition post-Mondial a confirmé son statut de joueur international. Mais surtout la très bonne surprise est venue de l'autre côté. Pas prévu initialement, Orejuela a séduit. Malgré la défaite lors du deuxième match, il a montré bien plus de certitudes qu'Helibelton Palacios. À un poste où Santi Arias est intouchable, il pourrait avoir gagné sa place comme doublure. Surtout s'il arrive à s'imposer à Cruzeiro et brille en Libertadores, une compétition que ne jouera pas son principal concurrent. Devant Sebastián Villa et Luis Díaz ont montré qu'ils avaient leur place. Pour le premier il pourrait même être titulaire si Cuadrado ne se remet pas à temps de sa blessure. D'abord mis de côté, Alfaro l'a rapidement sorti du placard et est un joueur majeur de Boca. Luis Díaz lui sera en concurrence avec Luis Muriel. Le joueur de Junior a fait une bonne entrée en jeu contre le Japon avant d'être le meilleur colombien lors du deuxième match. Pas seulement grâce à son but mais il a été dans les bons coups, s'est montré disponible et a fait le travail défensif. Enfin, Duván Zapata, surtout pour ce qu'il a montré lors du premier match, aura donné satisfaction au technicien portugais. Mobile, il pèse sur une défense.

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Ils se sont ratés

Première sélection terrible pour Iván Arboleda. Le portier de 22 ans a passé une sale soirée à Seoul. S'il est en partie responsable sur le premier but, il l'est totalement sur le deuxième avec une grosse faute de main. À la lutte avec Montero pour le poste de troisième gardien il pourrait voir le train de la Copa lui filer sous le nez. À court terme il sera difficile de le voir à nouveau garder les cages colombiennes. Mais du haut de ses 22 ans il reste une solution d'avenir et le jeter définitivement en pâture serait prématuré. Sa réaction après le match, où il s'est arrêté en zone mixte et a répondu calmement sans chercher d'excuse montre sa maturité et qu'il faudra compter avec lui. Jeison Murillo avait l'occasion de se monter. Entré à la place de Mina lors du deuxième il a disputé un peu plus d'une période. Sans réussite. Il aurait dû être exclu pour un coup de coude complètement débile et il a été complètement à la rue sur un des seuls ballons qu'il a eu à négocier qui aurait pu se transformer en but. Au milieu Lerma a semblé bien en difficulté contre le Japon et ça s'est vu. Absent à la récupération il a été en partie responsable des vagues subies et n'est d'ailleurs pas entré en jeu lors du deuxième match. Devant Morelos avait l'occasion de briller avec sa première titularisation. Il n'a presque rien montré contre la Corée du Sud. Il n'a eu qu'une seule occasion, où il n'a pas réussi à couper le centre de Villa. Plus problématique, il ne s'est pas montré disponible pour ses partenaires. À la lutte avec Miguel Borja, il devra batailler pour garder sa place dans cette sélection.

Une seule incertitude

On l'a dit avec le schéma et certains joueurs qui ont saisi leur chance, Queiroz va rentrer avec des certitudes en vue de la Copa América. Mais il va aussi repartir avec une interrogation. Qui va accompagner Davinson Sánchez en charnière centrale ? Yerry Mina a vécu une saison irrégulière et s'est encore blessé. Jeison Murillo ne joue pas au Barça et il n'a pas convaincu. William Tesillo fait partie des deux joueurs qui n'ont pas joué une seule minute sur ces deux matches (l'autre est le gardien Álvaro Montero), il pourrait pourquoi pas avoir sa carte à jouer. Derrière le réservoir n'est pas immense. Bernardo Espinosa pourrait entrer dans la danse, Oscar Murillo pourrait faire son retour. Voilà pour ce qu'il y a en magasin. Bien maigre donc et pas de quoi dormir sur ses deux oreilles.

Si la Colombie pouvait jouer des matches amicaux avant de partir pour le Brésil, contre le Pérou et Panamá, son avenir immédiat sera surtout un micro-cycle de deux joueurs où le sélectionneur travaillera avec des joueurs de la Liga Águila pour le futur. Dans cette liste on pourrait retrouver Leo Castro, Ricardo Márquez, Jhon Duque ou même Nicolas Hernández. 

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée