Comment ne pas profiter de la folie d’un Superclásico pour retourner en Argentine ? On fait le point sur un championnat loin d’être dominé par les géants.

Le match : Boca Juniors - River Plate

Un week-end de Superclásico est forcément particulier. Presse, supporters, suiveurs : tout le monde n’attend que ce rendez-vous. Lorsqu’ajouté à cela s’effectue le retour de Marcelo Gallardo à La Bombonera et tout l’imaginaire qui l’accompagne dans les esprits des supporters des deux camps, que River se retrouve à jouer le grand match entre deux rendez-vous de Libertadores, et que Boca, qui a vu son rêve de Sudamericana s’envoler, n’a plus que le pain quotidien du championnat pour offrir quelques frissons, on mesure l’immensité du choc.

La Bombonera était donc belle, intense, remplie de papelitos que le vent cherchait à chasser sans jamais y parvenir. Le retour de Muñeco, plein écran, petit geste et regard défiant le peuple xeneize, a surtout été marqué par une nouvelle leçon tactique. Pour le déplacement à La Boca, River s’est posté avec trois centraux, l’avertissement reçu par Federico Gattoni dès la huitième seconde n’impactant en rien le premier acte même si provoquant son remplacement pour le second acte, a posé des latéraux visant à bloquer toute envie de montée d’Advíncula et Blanco, qui avaient fait mal lors des précédents Superclásicos. Mais surtout, et on commençait à le voir depuis quelques matchs, River a retrouvé son ADN. Intense, compact et intelligent, le Millo a pris le dessus, notamment au milieu, et a montré une capacité à produire du jeu combiné que Boca n’avait pas. River a donc logiquement ouvert la marque, par Manuel Lanzini, aurait pu/dû s’échapper avant même la fin des quarante-cinq premières minutes, Boca est souvent resté impuissant. Les hommes de Diego Martínez ont pourtant poussé en seconde période, avec plus d’envie que d’idées et aurait même pu revenir sur une belle frappe de Luis Advíncula et a cru y parvenir sur la toute dernière action du match, lorsque Milton Giménez trompait Franco Armani. Auteur d’un match plus que compliqué tant il fut souvent débordé, Nicolás Ramírez a été sauvé de la catastrophe par les arbitres VAR, le buteur xeneize ayant propulsé le ballon dans le but grâce à son bras droit. Le grand match a donc accouché d’un Superclásico qui a vu River développer du jeu, Boca juste une envie désordonnée. Et laisse le premier à sa joie en ayant fait tourner avant le quart retour de Libertadores, son grand objectif, le second devant un nouveau chantier. Diego Martínez est en sursis, sa chance étant que les dirigeants de Boca n’ont pas le moindre candidat en tête pour lui succéder, le statut des anciens, des cadres, tels que Marcos Rojo, Edinson Cavani, pas au niveau ce week-end ou Chiquito Romero sont remis en question. Ce dernier, auteur d’un mauvais match et d’une sortie plus que tendue avec des supporters, est déjà suspendu par son club pour deux matchs et devrait perdre sa place. Et Boca, onzième à onze points du leader, n’a plus qu’un quart de finale de Copa Argentina pour pimenter son dernier trimestre 2024 et surtout, espérer retrouver la Copa Libertadores l’an prochain.

Pendant ce temps…

Loin de la folie de La Bombonera, il y a aussi un championnat qui se joue, Boca et River étant bien décrochés, le Millo étant certes désormais sixième, mais à neuf points de la tête. Une tête qui a un nom : Vélez Sarsfield. En quelques mois seulement, Gustavo Quinteros est ainsi parvenu à transformer une équipe qui jouait sa survie dans l’élite, prenait un 5-0 au Monumental, en une machine à victoires. Pour cela, il a misé sur un vrai mélange d’expérience – Braian Romero, Michael Santos, par exemple en attaque – et de jeunesse, symbolisée notamment par excellent Thiago Fernández ou encore les importantissimes Valentín Gómez et Christian Ordóñez, a totalement sécurisé ses lignes arrière, en installant définitivement Tomás Marchiori dans les buts – et de se souvenir de la gestion des gardiens lors des mandats précédents et sa conséquence. Et a bâti une équipe efficace et suffisamment intelligente offensivement, notamment par Claudio Aquino et Francisco Pizzini. Conséquence, Vélez a gagné neuf de ses dix derniers matchs, pour un nul, et s’est échappé. Derrière, Huracán, Talleres et Unión sont à six points, l’Atlético Tucumán qui coince un peu, à huit. Sans doute aussi une occasion de rappeler que laisser du temps à un entraîneur peut s’avérer payant, dans un championnat qui a déjà connu vingt-et-un changements d’entraîneurs en quinze journées, la palme allant à Defensa y Justicia, qui a usé quatre coaches pour pointer à l’avant-dernière position.

Les buts de la J15

Classement

 

Photo une : Daniel Jayo/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.