La Copa América tout juste achevée à une surprenante troisième place, l’Argentine peut désormais se focaliser sur son football local. La Superliga 2019/20 ouvre ses portes ce week-end avec une question : qui pour succéder au Racing de Chacho Coudet et Lisandro López ?

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Cent-douze jours sans Superliga, c’est long. L’AFA et la CONMEBOL ont bien tenté de nous occuper avec une Copa Superliga et une Copa América, mais rien y fait, le championnat argentin nous a terriblement manqué. Nous l’avions quitté sur un Racing triomphant, nous le retrouvons avec deux promus qui accèdent à la Superliga, Arsenal de Sarandí et Central Córdoba de Santiago del Estero. Ces derniers viennent remplacer les relégués en Primera B Nacional : Tigre, San Martín de San Juan, Belgrano et San Martín de Tucumán. Le championnat passe donc de vingt-six à vingt-quatre équipes pour nous offrir un tournoi de vingt-trois journées (toutes les équipes se rencontrant qu’une seule fois). La Superliga débutera ce vendredi 26 juillet avec un Racing - Unión pour se terminer le 31 mai prochain.

Alors que le championnat débute ce week-end le système de relégation reste toujours aussi flou (lre Argentine : la Superliga valide son règlement dans le chaos). À l’heure où nous écrivons ce papier les quatre derniers du « promedios » seront relégués (un système mixte « classement général - promedios » est aussi envisagé, ainsi qu’une relégation se limitant à trois équipes) réponse en cours de saison (vive l’Argentine). Une fois le championnat terminé, les vingt-quatre équipes se lanceront dans la Copa Superliga. Celle-ci change de format, fini le tableau unique, place désormais à deux poules de douze suivi de demi-finales pour les deux premiers de chaque groupe avant de clore la saison sur une finale en match sec. Cette Coupe de la Ligue sauce chimichurri n’est pas sans intérêt car elle sera sans doute primordiale aux équipes qui luttent pour le maintien. En effet, les résultats de chaque équipe entreront dans le calcul du promedio. En plus du maintien, la Copa Superliga revêt un intérêt continental. En effet, le vainqueur de cette Copa décrochera son ticket pour la Copa Libertadores 2021 et rejoindra le vainqueur de la Copa Argentina, ainsi que les quatre premiers de Superliga. Les places pour la Sudamericana se limiteront au classement général.

Un mercato agité

Comme à chaque intersaison et alors qu’il n’est pas encore fini, le mercato d’été (d’hiver en Argentine) a été agité. Si la volonté de se renforcer n’est pas toujours la priorité des dirigeants (la plupart des équipes cherchant d’abord à survivre financièrement) certains clubs se sont montrés particulièrement actifs. Petit tour d’horizon des principaux mouvements.

Au rayon des départs on retrouve les récents champions Renzo Saravia (Porto) et Pol Fernández (Cruz Azul) qui pourraient être imités par Matías Zaracho dans les prochains jours. Du côté des xeneizes le président Angelici a décidé de faire marcher la machine à cash en vendant Pipa Benedetto à l’Olympique de Marseille et Nahitan Nández à Cagliari. Agustín Almendra et surtout Cristian Pavón devraient leur emboîter le pas. Chez les Millonarios aucun départ majeur n’est à déplorer (seuls le défenseur Alexander Barboza et le soldat Camilo Mayada quittent Marcelo Gallardo). L’une des sensations du dernier tournoi, le Vélez de Gabriel Heinze a pour l’instant limité la casse. Matías Vargas a certes rejoint l’Espagne (Espanyol de Barcelona) mais pour l’heure, le Fortín parvient à conserver Nicolas Dominguez et Thiago Almada malgré des offres venues d’Europe (Sporting Lisbonne et Manchester City). Sans contestation possible l’équipe qui a perdu le plus de cadres est Defensa y Justicia. Merveilleux vice-champion lors d’une dernier exercice, el Halcón s’est fait déplumer pendant la trêve. En plus de son entraîneur, le bondissant Sebastián Beccacece (Independiente), le club de Florencio Varela s’est allégé de douze joueurs dont sept titulaires. Lisandro Martínez (Ajax Amsterdam), Matías Rojas (Racing) ou Domingo Blanco (Independiente) se sont en aller voler sous d’autres cieux et affaiblissent considérablement une équipe qui risque de faire de la figuration lors de la prochaine Copa Libertadores.

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La bataille d’Avellaneda

Si les deux meilleurs ennemis de Buenos Aires, River Plate et Boca Juniors, sont des candidats sérieux au titre suprême, ils risquent de perdre des points sur la route de la Copa Libertadores. Faute de moyen, Marcelo Gallardo va débuter le championnat (qui pourrait être son dernier à la tête du Millo) sans recrue si ce n’est le retour de blessure de JuanFer Quintero. Pour jouer sur tous les tableaux et enfin briller en Superliga, el Muñeco va devoir faire confiance à ses talentueux pibes : Julián Álvarez, Cristian Ferreira, Nicolás De la Cruz ou Benjamín Rollheiser. Une stabilité qui fuit le groupe de Gustavo Alfaro. Si les départs ont rapporté gros, les arrivées devraient permettre aux Bosteros de se mêler à la lutte pour la première place. Daniele De Rossi (ex AS Roma), Toto Salvio (Benfica), Jan Hurtado (Gimnasia), Alexis Mac Allister (Brighton & Hove Albion). Espérons que le mercato réalisé par Nicolás Burdisso ne se limite pas à un coup de com’ car la rivalité parmi les géants sent le soufre.

Au cœur de cette course au titre, deux équipes devraient nous offrir un spectacle permanent. En première ligne, le Racing. Champion en titre, la Aca a un statut à défendre. Si Lisandro López et Darío Cvitanich assureront le travail en attaque, le milieu de terrain est le plus gros chantier. Matías Rojas, éblouissant l’an passé avec le Defe, doit compenser le départ de Pol Fernández. David Barbona, tout juste arrivé de l’Atlético Tucumán doit faire oublier l’incontrôlable Ricky Centurión parti se changer les idées chez le promu mexicain de l’Atlético San Luis. Si les hommes de Chacho Coudet parviennent à garder l’intensité de l’an dernier avec ce 4-1-3-2 très offensif, le doublé sera proche. Attention à ne pas tomber dans l’excès de confiance au risque de déchanter rapidement car le voisin d’Avellaneda s’est construit une équipe XXL. Fini Ariel Holán, le Rojo a choisi de confier les rênes de son équipe à Sebastián Beccacece et à enrôler Alexander Barboza (River - Defensa y Justicia), Andres Roa (Deportivo Cali), Cristian Chávez (Aldosivi), Sebastián Palacios (Pachuca - Talleres) et probablement Lucas Romero (Cruzeiro), rien que ça. Dans une équipe déjà solide et qui voit les retours de prêt de Domingo Blanco et Gastón Togni (Defensa y Justicia). Avec un tel mercato et avec BKCC aux commandes, Independiente est, pour nous, la plus belle promesse du championnat. Pour tous les amoureux du beau jeu, on vous conseille de suivre tous les matchs de ces deux géants d’Avellaneda.

Des outsiders à l’appétit grandissant

Sixième l’an passé avec un effectif très jeune, Vélez a su garder ses joyaux (mis à part Monito Vargas) et s’est renforcé avec le retour au club du buteur Maxi Romero (PSV Eindhoven), l’arrivée du latéral droit Tomás Guidara (Belgrano), du défenseur central Emiliano Amor (Aldosivi) et surtout le recrutement de Fernando Gago qui doit apporter toute son expérience à un groupe qui cherche à franchir un cap. Nul doute que le Fortín de Gabi Heinze aura à cœur de faire mieux que l’an passé. Dans les profondeurs du classement la saison dernière, San Lorenzo a dû en profiter pour y trouver les numéros gagnants du loto. Le Ciclón s’offre un recrutement digne d’un géant (on vous rappelle que San Lorenzo avait été sanctionné d’une grosse amende et d’un retrait de points pour salaires impayés, avant d’être sauvé en appel). Pour se relancer les Cuervos n’ont pas fait les choses à moitié. D’abord avec le retour sur le banc de Juan Antonio Pizzi puis avec le milieu Lucas Menossi (Tigre), les jumeaux paraguayens Oscar et Ángel Romero, les frères Bruno et Mauro Pittón (Unión), Ezequiel Cerutti (Al-Hilal - Independiente) et le défenseur Santiago Vergini (Bursaspor). Toujours engagé en Libertadores, San Lorenzo offre l’espoir d’un titre à son hinchada.

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Si chaque pays à son faiseur de miracle, l’Argentine a son magicien. À la tête de l’Atlético Tucumán depuis 2017, Ricardo Zielinski repousse sans cesse les limites de son équipe. Dans l’obligation de laissé partir ses meilleurs éléments (Barbona au Racing et Aliendro à Colón) el Ruso va encore une fois devoir faire preuve d’ingéniosité pour être compétitif. Cinquième l’an passé il sera difficile aux Tucumanos de faire aussi bien cette année malgré les signatures de l’ancien Niçois et Lyonnais Luciano Monzón (U de Chile) ainsi que Cristian Erbes (Nacional Asunción), Ariel Rojas (San Lorenzo), Augusto Lotti (Racing - Unión), Gustavo Toledo et Leonardo Heredia (Colón). Habitué à jouer le haut du tableau, Lanús devrait assumer son rang. Toujours emmené par les légendes du club, Pepe Sand et Lautaro Acosta, el Granate doit profiter de cette saison pour faire éclore les pépites Pedro de la Vega, Gastón Lodico et Tomas Belmonte. Sans faire de bruit, l’équipe entraînée par Luis Zubeldia, a réalisé un mercato cohérent. Ainsi, le défenseur Ezequiel Muñoz (Léganes), le gardien de Boca Agustín Rossi et le buteur de Nicolás Orsolini (Sarmiento) viennent renforcer une équipe toujours compliquée à jouer. Le Globo, lui aura plus de difficulté à atteindre les sommets. Le Huracán version Juan Pablo Vojvoda s’est montré discret avec pour seules recrues phare le milieu Lorenzo Faravelli (Gimnasia).

Du côté de Santa Fe, l’espoir est de mise pour décrocher un ticket continental. Unión, neuvième lors du précédent exercice tachera de faire mieux. Le Tatengue pourra compter sur le recrutement de Walter Bou (Boca), Sebastián Moyano (Gimnasia), Gabriel Carabajal (Patronato) et Jalil Elías (Godoy). Si Colón a les mêmes ambitions que son voisin, son mercato semble plus ambitieux. Les Sabaleros se sont montrés, encore une fois, très présents sur le marché des transferts. Rodrigo Aliendro (Atlético Tucumán) au milieu, Lucas Acevedo (San Martín de Tucumán) en défense, Lucas Acosta (Belgrano) comme dernier rempart et Federico Lértora. Le clásico santafesino devrait valoir le détour cette année.

Ils veulent créer la surprise

Epoustouflant deuxième de la Superliga la saison dernière, Defensa y Justicia va chercher à reproduire une performance similaire cette saison. Mais si le très bon attaquant de poche, Nicolás Fernández, est resté au club, il risque de manquer de repère avec Ezequiel Unsain comme dernier cadre toujours présent. Mariano Soso, jeune entraîneur argentin qui arrive à Florencio Varela en provenance d’Emelec en Équateur, aura la lourde tâche de succéder au séduisant Beccacece et a six mois pour se montrer compétitif et débuter la Libertadores 2020 sans l’étiquette de victime. Dans le ventre mou l’an passé, Estudiantes va profiter d’entrée dans son tout nouveau stade (dans un peu plus de cent jours) pour offrir une belle Superliga aux hinchas de l’autre club de La Plata. Pour y parvenir le Pincha pourra compter sur ces deux González arrivés au mercato. Ángel, ailier de Godoy Cruz et Federico, l’ex buteur de Tigre. Gabriel Milito, toujours aux manettes, devra permettre à ses jeunes Matías Pellegrini, Ivan Gómez, Facundo Mura et Iván Erquiaga de franchir un palier. Orphelin de son Pirata, Talleres va se sentir bien seul à Córdoba sans clásico à jouer cette année. Vojvoda a laissé sa place de technicien à l’uruguayen Alexander Medina. Si le départ de Sebastián Palacios va laisser un vide, les arrivées de Franco Fragapane (Unión), Jonhatan Menéndez (Independiente) et surtout le retour de prêt du buteur Nahuel Bustos doit permettre à la T de bonifier son groupe où figure toujours les valeurs sûres de Superliga : Herrera, Komar, Cubas, Pochettino, Ramírez, ou Dayro Moreno. Le Matador aura pour objectif d’intégrer la première moitié du classement dans un premier temps avant de viser plus haut. Auteur d’un bon tournoi pour un promu, Aldosivi aura la lourde tâche de confirmer cette année. Gustavo Álvarez a choisi de faire appel à Leandro Maciel (Lanús), Marcos Miers (Deportivo Lara), Gastón Gil Romero (Rosario Central) et Román Martínez (San Lorenzo) pour compenser les départs de Mar del Plata des Chávez, Pisano et autre Amor. Encore un recrutement malin qui fera des Marplatenses une équipe difficile à manœuvrer. .

Six mois pour prendre la température avant de briller ? C’est l’idée avancée par les dirigeants de Banfield et par son entraîneur Hernán Crespo. Pour parvenir à créer la surprise cette saison le Taladro a conservé ses pépites Julián Carranza, Agustin Urzi et Martin Pareyro en tête. À l’image du Gringo Heinze à Vélez, Crespo a tenté d’apporter une touche d’expérience en recrutant Luciano Lollo (River Plate), Israel Damonte (Huracán), Jonás Gutiérrez (Defensa) et Esteban Conde (Nacional - Uruguay). Une place en haut de tableau serait une surprise mais ne nous étonnerait pas. Dernière équipe à espérer faire mieux que ce qu’on lui prédit, Godoy Cruz. Si le manque de régularité fait souvent défaut au Tomba, les joueurs de Lucas Bernardi sont toujours capables de résister à toutes les équipes (leur parcours en Libertadores en est la preuve). Emmené par le buteur uruguayen Santiago García, l’équipe de Mendoza peut aussi s’appuyer par des pibes qui n’attendent qu’à exploser. Tomás Cardona en défense, Juan Andrada en milieu travailleur, Valentin Burgoa à la création et Juan Brunetta en attaquant de soutien. El Expreso ne manque pas de solution et pourra compter sur sa recrue, Sebastián Lomónaco, jeune buteur qui arrive du promu Arsenal.

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Ils sont en danger

Le championnat argentin a cette particularité que toutes les équipes ne partent pas sur un pied d’égalité en début de compétition. Ainsi, à cause de résultats insuffisants lors des deux précédents tournois, certaines équipes se trouvent en mauvaise posture avant même le premier match. Pour rappel, les quatre derniers (pour l’instant) seront relégués. Ainsi, aux deux dernières places se trouvent logiquement les deux promus Arsenal Sarandí et le club de Santiago del Estero, Central Córdoba. Obligés de réaliser une grosse Superliga pour y rester, ces deux équipes ont logiquement choisi de s’appuyer sur le groupe de l’an dernier. El Arse à principalement recruté en Primera B Nacional, hormis Juan Cruz Kaprof (Atlético Tucumán). Les Ferroviarios ont davantage cherché des joueurs qui connaissent bien la Superliga pour étouffer leur effectif. Ainsi Diego Rodríguez (Rosario Central), Juan Galeano (Aldosivi), Marcelo Meli (Racing) viendront apporter leur vécu et Andrés Lioi (Rosario Central) et l’attaquant colombien José Valencia (CD Feirense) tenteront d’amener un danger offensif. Juste devant au promedio et donc en grand danger se trouve des clubs historiques. D’abord Gimnasia. Mal embarqué la tâche s’annonce complexe pour les joueurs de La Plata qui vont devoir composer sans   Jan Hurtado (Boca), de Lorenzo Faravelli (Huracán) et Santiago Tanque Silva (Argentinos Juniors). Heureusement pour eux, leur magnifique hinchada à l’habitude de souffrir et n'arrêtera jamais de les encourager. Ensuite, et à égalité de points on retrouve les ennemis Newell’s et Central. La tension sera forte à Rosario, car les Canallas comme la Lepra se trouvent dans une zone dangereuse. Diego Cocca va devoir faire avec le groupe de l’an passé pour sortir les Canallas d’une bien mauvaise situation. Seuls Ciro Rius (Defensa y Justicia), Emanuel Brítez et Diego Zabala (Unión) viennent apporter du sang neuf. Du côté de la Lepra, l’exercice sera tout aussi périlleux. Pour mettre plus de chances de leur côté, les coéquipiers de la légende Maxi Rodríguez ont solidifié leur défense en recrutant Cristian Lema (Benfica) et Santiago Gentiletti (Albacete). Les joueurs de Frank Kudelka et de Diego Cocca devront répondre présents dès le coup d’envoi de la Superliga sous peine de voir leurs hinchas se retourner contre eux.

Avec un matelas bien trop mince et un effectif très juste, Argentinos et Patronato ne devront pas traîner en route. Avec les recrutements du Tanque Silva (Gimnasia), de Victor Ramis (Godoy Cruz) et de Marcos Angeleri (Nacional - Uruguay), Diego Dabove va devoir faire preuve de talent pour ne voir le Bicho en fin de classement. Pour le Patrón, le maintien se jouera, comme souvent, sur les dernières journées (de la Copa Superliga cette année). Dans cette course contre la montre, Mario Sciacqua mise sur une solidité défensive. C’est en ce sens, que Patronato a engagé le portier Matías Ibáñez (Lanús), le défenseur central Federico Mancinelli (Huracán) et le latéral droit Cristian Chimino (Huracán).

Le programme de la première journée

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Nicolas De la Rua
Nicolas De la Rua
Un lobo amoureux du ballon rond qui se partage entre Choripán et Socca