C’est une Primera División de champion d’Amérique qui débute ce week-end alors que son organisation reste toujours aussi chaotique. Le paradoxe argentin est de retour, on vous invite à en faire le tour du propriétaire.

bandeaubielsa

Ils étaient vingt-quatre, ils sont désormais vingt-six ! Oubliez les anciennes promesses de retour à une première division normale, l’Argentine ne sait rien faire comme les autres. Comme lors de la Copa de la Liga, un temps Maradona puis uniquement Liga pour des raisons juridiques, un temps considérée comme un championnat avant qu’on ne sache plus trop, ils seront encore vingt-six. Mais cette fois, oubliez aussi ces deux groupes de treize, non, tout le monde va jouer tout le monde, le marathon à vingt-cinq journées et lancée jusqu’en décembre prochain et on aura un champion, sans une formule coupe, sans rien. Mais avec une petite particularité : il ne délivrera qu’une place en Libertadores, les trois restantes étant pour les trois meilleures équipes de la table annuelle, aucune en Sudamericana. Autant dire qu’une fois hors course pour le titre, bon nombre d’équipes vont terminer en roue libre. Une formule longue durée donc qui devrait permettre aux géants de laisser filer les premiers matchs où tout du moins ceux qui seront calés entre grands rendez-vous internationaux alors que le tournoi débute à peine la Copa América terminée et à peine le mercato tout juste entamé, les principales équipes n’ayant pas encore été dépouillée ni commencé à combler les départs. Malgré tout, on devrait avoir les traditionnelles bagarres pour le titre, entre géants et peu de surprises annoncées.

Boca – River, la tradition

Une bagarre qui devrait une fois encore concerner les deux géants. D’un côté Boca toujours dirigé par Miguel Ángel Russo avec toujours son encombrant conseil des sages, le Consejo de Fútbol, qui décide de tout au-dessus et son grand ménage effectué à l’intersaison. Exit les Andrada, Mas, Buffarini, Jara, Olaza, Capadlo, Tevez, Soldano et autre Zárate, les Xeneizes débutent sans que personne ne porte ni le 9, ni le 10. Impensable mais finalement assez symbolique de l’étrange gestion du club et de ses idées de jeu. Car tout devrait encore dépendre des fulgurances de ses ailiers, s’ils restent, Sebastián Villa et Cristian Pavón et ou des envies de jouer d’Edwin Cardona. Alors Boca attend, débute sa saison avec plus de questions sur son effectif que de certitudes, se prépare au départ de plus en plus proche de Lisandro López, a espéré Roger Martínez, Miguel Borja et se retrouve à devoir essayer entre Orsini et Briasco pour occuper le rôle de l’avant-centre qui touchera peu de ballons. Mais Boca reste Boca, Russo reste Russo, et le vainque de trois des quatre dernier championnats – ou tournois qui ressemblaient à des championnats – est un candidat naturel au titre.

D’autant que de l’autre côté, l’annonce habituelle de la fin du cycle Gallardo a été rapidement balayée, el Muñeco scellant son avenir à la fin du mandat de l’équipe dirigeante, ce qui signifie que s’il veut être champion avec River, Marcelo Gallardo joue sa dernière carte. Le tout avec une équipe pour l’instant assez stable, chose assez rare, à la condition de retenir des joueurs tels que Julián Alvarez, Fabrizio Angileri, Nicolás de la Cruz, ou encore Gonzalo Montiel. Car pour le reste, Rafael Santos Borré est parti libre, mais River a réussi un joli coup en le remplaçant par l’excellent Braian Romero, qui marchait sur l’eau à Florencio Varela. Reste l’inconnue habituelle, combien de points River laissera sur le bas de la route pour privilégier une campagne continentale ? Car pour le reste, ce River, s’il ne se fait pas trop piller dans les semaines à venir, a évidemment un profil de champion en puissance.

romero

À la recherche du prétendant

On ne cessera de le répéter, il est encore difficile de se projeter sur le tournoi argentin tant les équipes sont amenées à être encore énormément chamboulées une fois que le marché européen sera venu les piller. Sur la ligne de départ, on compte ainsi beaucoup sur la meilleure équipe de la dernière Copa de la Liga, Vélez, pour venir bousculer la hiérarchie. Un Fortín qui a libéré trois joueurs importants, Luis Abram, Pablo Galdames et Alexander Domínguez pour n’attirer jusqu’ici que Carlos Lampe dans les cages et qui va prier pour conserver encore un peu son diamant Thiago Almada (ce qui semble peu probable). Derrière Vélez, on suivra avec attention la saison 2 de Falcioni à Independiente avec un Rojo qui n’a quasiment pas bougé sur le marché et voudra s’appuyer sur ses certitudes défensives pour permettre à sa pépite Alan Velasco de continuer à briller devant. Toujours en rouge, on suivra avec attention l’Argentinos de Gabriel Milito, loin d’être spectaculaire mais toujours efficace, de même que l’Estudiantes du Russo Zielinski même s’il y a eu de nombreux départs chez ce dernier.

Dans leur pas, il faudra suivre le Talleres d’Alexander Medina, toujours intéressant à voir et qui pourrait être plus dangereux alors que libéré des compétitions continentales, le Granate de Zubeldia qui prolonge sa légende José Sand et qui va cependant devoir démarrer sans ses diamants Lautaro Morales, Tomás Belmonte et Pedro De La Vega, tous envoyés aux JO (sans cependant aucune garantie qu’ils en reviennent) ou encore le Banfield de Javier Sanguinetti pourtant amputé d’Iván Arboleda et Martin Payero. S’ils ne seront probablement pas impliqués dans la course au titre, on gardera un œil sur l’Aldosivi de Fernando Gago, qui s’offre un peu plus d’expérience avec les arrivées de joueurs tels que Fabricio Coloccini et Martín Cauteruccio, et qui, on l’espère, poursuivra sur le chemin du jeu que le Tiburón a choisi de prendre avec Pintita. On suivra aussi comment Eduardo Domínguez et Colón vont digérer leur titre en Copa de la Liga avec un groupe dans lequel arrivent Mauro Formica et deux prêts venus de River, Lucas Beltrán et Nahuel Gallardo (fils de) mais un groupe qui a perdu son soleil, Luis Miguel Rodríguez. El Pulga avait été un temps attendu de retour à son Atlético Tucumán, il a finalement choisi… le Gimnasia. Un Lobo sauce Sébastián Méndez qui a laissé partir quelques cadres de la saison passée Víctor Ayala, Marcelo Weigandt, Lucas Barrios et Horacio Tijanovich et qui va devoir reconstruire malgré ce transfert phare de l’intersaison.

pulga

L’autre particularité du championnat argentin reste sans aucun doute cet immense respect accordé à ses légendes, certaines déjà citées ici. Et 2021 ne déroge pas à la règle puisque nombreux sont les « glorieux anciens » à revenir dans leur club de toujours. Citons ainsi Néstor Ortigoza qui rentre à San Lorenzo, sans doute pour aider Paolo Montero a remettre un peu d’ordre dans ce joyeux foutoir qu’est devenu le club, ou le retour du héros Marcos Díaz dans les buts du rival de toujours, Huracán. Citons enfin le retour de Licha López à Racing, un retour pour raisons familiales qui devrait offrir à Juan Antonio Pizzi un peu plus de solutions offensives, d’autant qu’il s’accompagne de l'arrivée de Javier Correa en prêt de Santos Laguna alors que dans le même temps, des joueurs tels qu’Alexis Soto, la légende du clásico, el Chelo Díaz et les attaquants Nico Reniero, Héctor Fértoli et Brian Mansilla n’ont pas été conservés. Attention à ce Racing toujours aussi difficile à bouger.

Reste enfin quelques possibilités de surprises, dont l’une qui n’en serait finalement pas une, le Defensa y Justicia de Sebastián Becaccece et sa reconstruction permanente dont l’une des pierres se nomme Lucas Barrios que l’on est bien curieux de voir évoluer sous les ordres de BKCC. Reste enfin le cas des rivaux de Rosario. Newell’s part dans un nouveau nouveau cycle de reconstruction totale (onze départ en plus de celui de Germán Burgos dont le bilan sur quinze matchs dirigés n’est pas fou et trois petites arrivées en plus de Fernando Gamboa de retour sur le banc de la Lepra. De son côté, Central n’a pas été forcément des plus convaincants avec Kily González mais joue la stabilité pour continuer ce projet et se renforce d’expérience avec Milton Caraglio et Leandro Desábato. Reste à savoir si ce sera suffisant pour espérer jouer un rôle dans ce fou marathon argentin.

Le programme du week-end

fecha1

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.