Si une victoire est toujours une bonne nouvelle, celle gagnée chez son meilleur ennemi a une saveur particulière. Retour sur la fecha de los clásicos du week-end dernier qui a vu les locaux manquer leur rendez-vous.
Une hospitalité contrastée
Un clásico est un match particulier. Préparé des semaines à l’avance par toute une organisation : direction, joueurs, staff mais aussi et surtout les hinchas. Une journée particulière pour un spectacle particulier. Toutes les tribunes ont assuré le spectacle avec un recibimiento XXL. Si l’idée est de se faire plaisir pendant plus d’une heure trente, l’objectif est également de mettre la pression sur un adversaire tout en galvanisant ses propres joueurs. Malheureusement, l’animosité des tribunes a gâché une partie de la fête au Monumental. Ça a commencé par des hinchas qui forcent l’entrée du stade et sautent les tourniquets afin d’assister coûte que coûte au Superclásico (ils sont parfois socios du club mais sans billet - ce millier d’hinchas ont depuis tous interdits de stade par River pour les six prochains mois), le tout réprimé sans demie mesure par une sécurité et une police à la matraque facile. Si le gros craquage de fumigènes dans le stade n’a choqué personne, les deux fusées de détresse lancées depuis la tribune Sivori en direction de la tribune Centenario sont bien plus problématiques tant elle renvoie au conflit opposant les deux factions de la Barra de River (Los Borrachos del Tablón et la Barra del Oeste). Ajoutez à ça la pluie de projectiles en fin de match sur les joueurs de Boca et vous obtenez l’ouverture d’une enquête judiciaire avec une suspension du stade possible.
Pour ce qui est du terrain, le mérite de la victoire de Boca revient à deux hommes : le Colombien Sebastián Villa, unique buteur et qui profite de la grossière erreur de Leandro González Pirez, et surtout Agustín Rossi impérial dans son rôle de dernier rempart. Le milieu de terrain xeneize a parfaitement fonctionné avec l’association Pol Fernández - Crisitán Medina - Juan Ramírez - Aaron Molinas. Pipa Benedetto a laissé sa place dès le retour des vestiaires, la faute à une lésion musculaire tout comme le péruvien Advíncula , sorti à la mi-temps après un premier acte où l'excès d’engagement et les approximations auraient dû lui couter un carton rouge. Une première victoire des Bosteros au Monumental depuis 2017 qui leur permet de grimper à la tête du groupe B. Sebastián Battaglia, souvent malmené par son directeur sportif Riquelme, va pouvoir s’appuyer sur ce succès de prestige pour glaner crédibilité et confiance à l’aube d’une nouvelle campagne en Libertadores, seul juge de paix.
Dernière équipe invaincue en Copa de la Liga, le Racing de Fernando Gago avait rendez-vous dans l’enfer d’Independiente. Dans un Libertadores de América Ricardo Bochini bouillant, la Academia décroche une quatrième victoire dans cette coupe, synonyme de première place du groupe A. Une ouverture du score signée du Demonio Hauche dès la troisième minute après un festival de Tomás Chancalay. La suite de la rencontre est une domination du Rojo qui égalise d’une frappe de loin et parfaitement placée de Saltita González, pibe formé au club. Mais à cinq minutes du coup de sifflet final, sur une remise de la tête de Facu Mura, Enzo Copetti vient climatiser la hinchada del Rey de Copas qui va devoir patienter quelques années avant de mériter ce surnom à nouveau.
Défait à domicile la semaine passée face au modeste Barracas, Rosario Central devait s’imposer contre Newell’s sous peine de voir la tête de Kily González tomber. Rien de tel pour ajouter une pression supplémentaire dans un clásico qui n’en manque pas. Un recibimiento des plus dingues, des bombes agricoles qui explosent sur la pelouse et retardent le coup d’envoi, l’atmosphère est électrique entre Canallas et Leprosos. Sans être d’un grand niveau cette rencontre met en évidence la domination des locaux sans parvenir à concrétiser leur domination. Loin de se démobiliser, Newell’s peut compter sur son capitaine Pablo Pérez pour densifier le milieu de terrain et mettre le pied sur le ballon (ou le mollet, ou la carotide). Devenu pirate suite à une vitre brisée un jour de finale de Libertadores, Pérez a récolté son habituel carton jaune. Il est sur une moyenne d’un carton jaune tous les deux-trois match et détient le record de carton jaune pour un joueur de Newell’s (soixante-seize). Pour le reste de la rencontre, la domination stérile a fini par se retourner (comme souvent). Et Juan Manuel García, avec son but en début de deuxième période, permet à la Lepra de s’imposer au Gigante de Arroyito. Une première depuis six ans et un but victorieux d’un certain Maxi Rodríguez. Si Pablo Pérez peut se satisfaire de cette victoire qu’il juge équivalente à un titre de champion (bravo pour le titre), Kily González peut se chercher un nouveau club.
Si vous aimez les clásicos muy barrios, vous aimerez forcément celui du sud de Buenos Aires opposant Lanús à Banfield. Dans une Fortaleza bien colorée, le Taladro s’est imposé 1-0 avec un but qui fait débat. Si le coup de tête de Luciano Lollo ne souffre d’aucune contestation, le corner d’Agustín Urzi a fait parler. En effet, el Caniche (surnom donné par Crespo durant son passage à Banfield) a fait parler sa malice en plaçant la pelota hors de l’arc de cercle. La hinchada de la Grana peut maudire l’absence du VAR. Celui-ci n’aurait cependant pas invalidé le but d’après le règlement de son utilisation. Lanús peut s’estimer heureux de ne pas avoir pris plus de but tant son rival la dominé avec le toujours très bon Guiliano Galoppo à la manœuvre. À noter la trentaine de minutes de jeu offerte à Darío Cvitanich qui a montré toute son expérience pour gagner du temps en fin de match, mettre des semelles lorsque nécessaire et nous a gratifié d’une magnifique simulation en salto arrière.
Des chemins différents pour un même résultat
En concédant l’ouverture du score sur sa pelouse juste avant la mi-temps, Gimnasia s’est compliqué une tâche qui dure depuis bientôt vingt ans. Pourtant, dans le jeu, le Lobo a assuré l’essentiel en maîtrisant Estudiantes, un adversaire trop faible techniquement et sans aucune prise de risque durant quatre-vingt-dix minutes (c’est l’ADN de ce club en même temps), merci Ricardo Zielinski. Heureusement pour les Triperos, l’honneur sera sauf. Entré peu après l’heure de jeu, le pibe à peine majeur Benjamín Domínguez a dynamité la défense adverse et sur une frappe lointaine et puissante le capitaine des Pinchas Mariano Andujar se troue en laissant filer la redonda. Une occasion qu’Erik Ramírez ne laisse pas passer et fait chavirer tout un club en arrachant le nul face à l’éternel rival au bout des arrêts de jeu. Un nul au goût de victoire pour un Lobo toujours à la traîne dans ce duel. Pour trouver trace de la dernière victoire il faut remonter à 2010 et le 3-1 d’un Lobo alors entrainé par Diego Cocca. Une fin de match houleuse avec Brahian Alemán, capitaine du Lobo, incapable de se calmer et qui déclarait vouloir régler ses comptes après le match avec Fernando Zuqui. Dans la foulée du match, des menaces de mort à l’encontre du fils et de la femme d’Alemán ont été publiées sur Instagram. Un dépôt de plainte plus tard et ce supporter d’Estudiantes termine au poste et ses armes saisies.
À l’heure des clásicos il en est un que l’on ne veut jamais manquer et encore moins cette année du fait de leur bon classement. Bien que méconnu, le clásico de Santa Fe entre Colón et Unión est l’une des plus grandes rivalités de l’Interior (derrière Newell’s - Central et devant Talleres - Belgrano). Si la folie était bien présente dans les tribunes du Cementerio de los Elefantes, sur le terrain les acteurs en ont décidé autrement. Un premier acte plutôt à l’avantage du Tatengue d’un Munúa venu prendre un point. Tandis que la deuxième période a été, un temps, maîtrisée par un Colón dangereux avant de voir Falcioni additionner les joueurs offensifs en dépeuplant son milieu de terrain. Résultat, un gros trou d’air de vingt minutes avant de voir les Sabaleros user d’un jeu direct en priant pour que Pulga Rodríguez, Wanchope Abíla ou Facundo Farías réalisent un exploit. Si les opportunités de marquer ont été réelles, les filets de Santiago Mele n’ont jamais tremblé. Deux points de perdus pour un Colón dont on attendait plus.
Dernier clásico, San Lorenzo et Huracán. Un match sans but ni relief. Bien loin du niveau des hinchas del Ciclón même si les locaux ont montré davantage que le Globo. Ezequiel Cerutti, Ricky Centurión et Uvita Fernández se sont montrés trop maladroits dans le dernier geste ou ont buté sur Marco Díaz inspiré.
Dans l’ombre des clásicos
Sans rival en première division, quatorze équipes s’affrontaient dans l’anonymat le plus total. À commencer par le Barracas Central, cher à Chiqui Tapia qui s’impose face à Sarmiento au Ducó. Un troisième succès de rang qui permet au Guapo de se donner un peu d’air au promedio, la course pour le maintien. Mieux encore, les joueurs d’un Alfredo Berti qui ne connaît que la victoire depuis son arrivée s’installent en milieu de tableau à seulement trois points du top 4 et alors que le VAR doit arriver pour la prochaine journée. Un argument de poids qui peut permettre à Barracas de commencer à rêver. Evénement à Córdoba : Talleres a enfin gagné un match. Face à un faux rival, Godoy Cruz. Une victoire 2-1 grâce aux Diego Valoyes et Nacho Méndez tandis que le Tomba avait égalisé par Salomón Rodríguez. La T de Gandolfi est-elle lancée ? À San Miguel de Tucumán, l’Atlético rame toujours autant. Cette fois c’est le Central Córdoba de Sergio Rondina qui s’impose pour la seconde fois dans cette Copa. Le buteur passé par San Martín de San Juan (le rival du Decano) Claudio Riaño a inscrit l’unique but de la rencontre.
Autre équipe en perdition cette année, Vélez Sarsfield. Orphelin du pibe Almada parti briller en MLS le Fortín n’est plus que l’ombre de lui-même. Cette fois, le bourreau s’appelle Fausto Vera. Le plus beau cinco du pays, auteur d’une rencontre majuscule, permet à un Argentinos Juniors qui se cherche encore de s’impose à La Paternal.
Si le spectacle est au rendez-vous du côté de l’Hipódromo de San Isidro avec le festival Lollapalooza, il l’était tout autant ce week-end un peu plus au nord, à Victoria. À domicile, Tigre a mangé des calamars bien trop friables. Une victoire 4-0 face à Platense qui place le Matador à la troisième place du groupe B, à deux points des leaders Estudiantes et Boca. Direction Mar del Plata pour l’énorme clásico entre Aldosivi et Patronato (non, ces deux équipes n’ont pas de rivaux en Primera et s’affrontent lorsqu’on ne sait pas contre qui les faire jouer). Un doublé de Cauteruccio et un coup franc du Tanque Silva, après deux ans de suspension pour dopage. Les buts des uruguayens permettent à l’équipe du Titán Palermo de triompher 3-1 après la réduction de l’écart par Lucas Barrios sur un pénalty inexistant (Jorge Balino ayant confondu une tête avec une main).
On termine ce tour d’Argentine avec le nul entre le Defensa y Justicia et Arsenal de Sarandí. Les hommes de Beccacece ont ouvert la marque en tout début de rencontre sur un pénalty du défenseur central Adonis Frías, qu’on annonce sur les tablettes de l’Ajax (pour refaire un coup à la Licha Martínez) tandis qu’el Arse a égalisé par l’intermédiaire de Gonzalo Goñi.
À suivre lors de la prochaine journée, l’arrivée du Var : spectacle garanti !
Les buts
Classements
Crédit photo une : Marcelo Endelli/Getty Images