Alors qu’il ne reste plus que quatre journées avant d’attaquer la seconde phase à élimination directe, l’heure est à la confirmation pour conforter ou s’emparer d’une place dans le Top 4.
Le point
Dixième journée de Copa de la Liga et Racing poursuit son parcours sans faute de leader de la zone A en s’imposant 1-0 face au Unión de Munúa. Une victoire logique et méritée tant le danger était présent sur la cage du Tatengue. Un but signé Enzo Copetti (après avoir vu sa première tentative refusée pour hors-jeu) qui permet au groupe de Fernando Gago d’aligner une neuvième victoire consécutive (six en Copa de la Liga, deux en Copa Sudamericana et une en Copa Argentina). Il faut remonter à 1967 pour voir une telle série du côté de la Academia. Premier incontestable de son groupe, avec sept points d’avance sur Argentinos Juniors premier non qualifié, Racing a fait un grand pas vers les quarts de finale de cette Copa. Si River Plate conserve sa seconde place après sa victoire face à Banfield grâce à un golazo de Matías Suarez et d’un VAR qui dysfonctionne en sa faveur, Defensa y Justicia a concédé un match nul sur sa cancha de Florencio Varela face à l’Atlético Tucumán. Les contre-performances de Defensa et Unión profitent donc à Newell’s, qui, après s’être imposé 1-0 sur une belle frappe de Sordo dans la folie du Coloso del Parque Marcelo Bielsa, s’empare de la troisième place de cette zone.
Si la Academia domine le groupe A, dans le B la hiérarchie est plus surprenante. Premier au classement, Estudiantes maintient la cadence et s’offre une goleada face au Barracas Central du pobre Chiqui Tapia. Derrière, les « petits » s’accrochent à la seconde place. Le promu Tigre, dans son Dellagiovanna en fusion, sort victorieux de son rendez-vous avec Huracán en panne d’efficacité, quand Aldosivi écarte Rosario Central de sa route sur un nouveau but (le huitième) sur pénalty de Cauteruccio. Dernier de la bande des quatre, Boca Juniors fait du surplace dans une Bombonera qui attend une victoire en Copa de la Liga depuis le 20 février dernier et qui perd peu à peu patience. L’opportuniste Pepe Sand (cinquantième but face aux cinq grands) ayant répondu au but de Sebastián Villa, Battaglia s’est focalisé sur les erreurs avérées du VAR (un pénalty oublié et un but adverse peut-être hors-jeu) plutôt que de s'interroger sur la prestation de son équipe. Si des tensions existent depuis longtemps entre Battaglia et Riquelme, elles commencent à déstabiliser un entraineur qui conteste le choix du recrutement et des joueurs à sa disposition (les cas Varela et Almendra n'aident pas à l’apaisement).
Troisième journée avec le VAR et le directeur des arbitres et déjà contraint de venir s’expliquer sur les plateaux. À l’antenne de TyC Sports, Federico Beligoy a tenu à clarifier la situation en admettant une erreur d’interprétation sur le penalty accordé à River tout en confirmant la décision de ne pas en offrir à Boca. Dans les deux cas, c’est l’intentionnalité de la main qui fait débat et qui confirme que la technologie ne peut être infaillible quand la subjectivité entre en jeu. Devant le tapage médiatique réclamant les audios des échanges entre arbitres, Beligoy s’y refuse pour l’instant, désirant protéger les arbitres. Ajouté à ça le scandale du dernier Huracán contre Barracas (cher à Chiqui Tapia) et le VAR n’en finit plus de décevoir le pays de Diego.
La perf’
Premier de son groupe, Estudiantes impressionne par son efficacité du moment. Quatorze buts en trois matchs, dont onze sur les deux derniers et surtout six dans cette confrontation face au Guapo de Barracas Central. Un feu d’artifice offensif bien loin de l’ADN du club et qui a de quoi faire tousser Bilardo et Zubeldia. Une minute de jeu et le Pincha Gustavo del Prete faisait déjà trembler des filets qui ne se calmeront jamais après un bel enchaînement dans la surface . Il faut attendre le milieu de ce premier acte pour voir Estudiantes faire parler la poudre. Un peu plus de cinq minutes auront suffi à Manuel Castro d’un habile ballon piqué, Del Petre encore et en deux temps puis Mauro Boselli sur un contre d’école et alors que Barracas venait de toucher le poteau, pour tuer le match. Iván Tapia, à la demi-heure de jeu, a tout de même réduit l’écart à la suite d’une main dans la surface d’Emmanuel Mas. En reprenant son propre penalty, bien repoussé par Mariano Andújar, Tapia a permis à Barracas de regagner le chemin des vestiaires sur ce 1-4 et avec une supériorité numérique après un deuxième carton jaune reçu par Mas. L’orgie offensive de l’autre club de La Plata s’est calmée, un temps, avant de retrouver le chemin du but. À vingt minutes du terme, Leandro Díaz s’est fait justice lui-même. Fauché dans la surface, il n’a pas tremblé pour tromper Gagliardo qui s’incline pour la cinquième fois de la rencontre avant de prendre un extérieur du pied de Brian Orosco en toute fin de match. Un 6-1 qui ne fait que confirmer les prestations des joueurs de Zielinski qui prend goût à ses cartons. Une machine bien huilée qui tâchera de poursuivre sur sa lancée lors de la réception de Tigre ce mardi, un autre adversaire en forme dans cette poule B.
La crise
Il y a des mots qui résonnent plus que d’autres dans le paysage argentin. Dès lors qu’un argentin vous parle de crise s’ensuivent des poèmes offerts au FMI, aux politiciens du pays ou à son club de football. De fait, et vu la situation du pays, chaque argentin vit avec la crise depuis qu’il est né. « Ya le manifesté a los dirigentes mi decisión de no seguir. Considero que es necesario descomprimir la situación y dar un paso al costado ». Par ses mots, Pedro Troglio a mis un terme à son cycle à la tête d’un San Lorenzo qui n’a plus rien d’un géant. Dix petits matchs pour la légende de Gimnasia pour une victoire, cinq nuls et quatre défaites dont la dernière, en Copa Argentina face au modeste Racing de Córdoba. Une élimination comme élément déclencheur d’une situation critique bien avant l’arrivée de Troglio qui assume pleinement sa responsabilité ce que les présidents Matías Lammens et Marcelo Tinelli ne font pas. Dans la foulée Mauro Cetto, directeur sportif du Ciclón, a lui aussi décidé de démissionner de son poste tandis que Fernando Berón, coordinateur des divisions inférieures, a été nommé intérimaire jusqu’à la fin du tournoi alors qu’il se murmure que le poste a été proposé à la légende du club Romagnoli qui a préféré décliner intelligemment l’offre préférant poursuivre son apprentissage à la tête de la réserve. Pour son premier match sur le banc de San Lorenzo, Berón ne pouvait rêver meilleure entame. Si Ricky Centurión faisait parler sa frustration quand le poteau retardait l’ouverture du score, le Colombien Yeison Gordillo allait lui rendre rapidement le sourire. Platense a bien tenté de réagir dans cette première mi-temps mais Torrico s’est montré solide. Et juste avant le coup de sifflet de Loustau signifiant la mi-temps aux vingt-deux acteurs, Adam Bareiro offre le break à un Ciclón qui n’attendait que ça. Une éclaircie dans la tempête pour une hinchada en souffrance. La quiétude n’aura qu’une dizaine de minutes avant que Kevin Andrade, opportuniste, parvienne à réduire l’écart pour Platense avant que Brian Mansilla ne s’offre le but égalisateur à l’entrée du dernier quart d’heure en trompant la vigilance d’un Torrico loin d’être irréprochable cette fois. Le score n’évoluera plus, incapable de se montrer réellement dangereux en fin de match. Les hinchas font monter la pression sur un effectif, un staff et surtout des dirigeants que tous veulent voir rapidement dehors. Sans solution économique et sportive, seul le Pape semble pouvoir éviter le naufrage d’un navire qui ne compte plus pour l’instant.