En Bolivie cette année 2018 s’est soldée par le titre de San José lors de la dernière journée face à son inattendu dauphin, Royal Pari. Entre surprises et déceptions, retour sur une année footballistique qui aura laissé planer un grand suspense à tous les étages.

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Des championnats disputés jusqu’à la dernière seconde

En juin dernier Jorge Wilstermann avait remporté le tournoi Apertura au bout du suspense après une finale très disputée face au Strongest. Défait 2-1 à La Paz, Wilstermann avait réussi à inverser la tendance en remportant le match retour sur le même score. Lors du match d’appui disputé à Sucre les deux équipes n’avaient pas pu se départager et il aura fallu une séance de tirs au but épique pour définir le premier champion de l’année. Cinq des sept tireurs du Strongest allaient rater leur tentative, permettant à Jorge Wilstermann d’enlever le titre et de s’assurer une place pour la phase de groupes de la Copa Libertadores 2019.

Le Clausura bolivien s’est lui déroulé sous un format classique « tous contre tous ». À ce petit jeu, The Strongest a rapidement pris la tête avant que la double casquette de son entraineur César Farias, également sélectionneur national, ne joue des tours au club de La Paz. Sans réels concurrents dans un premier temps, The Strongest a petit à petit vu revenir à sa hauteur le promu Royal Pari, Jorge Wilstermann, San José et Bolívar. Jusqu’au bout, ils étaient cinq à pouvoir rêver du titre. Finalement, c’est San José d’Oruro qui a su profiter le mieux de l’irrégularité de ses adversaires. The Strongest peut lui se mordre les doigts, notamment après ses défaites à domicile face à Aurora et face à la lanterne rouge Universitario de Sucre lors de la dernière ligne droite du championnat. San José termine leader avec sept défaites et trois points d’avance sur The Strongest et Royal Pari. Le nouveau champion bolivien est devenu une machine à gagner au fil des journées et a été l’une des seules équipes à proposer une ligne de jeu concrète. Oscar Villegas a réussi là où on ne l’attendait pas. Certains de ses joueurs ont élevé leur niveau de jeu et ont peut-être joué la meilleure saison de leur carrière comme Jair Reinoso, Javier Sanguinetti, les frères Torrico, Mario Cuellar ou Rodrigo Ramallo. Malgré les mois de salaires que leur devait le club, les joueurs d’Oruro sont restés concernés et ont continué à jouer avec la même détermination. Plusieurs fois en grève pendant 24 ou 48 heures, l’équipe s’est montrée solidaire face à cet objectif commun : ramener le titre à Oruro onze ans plus tard. San José a su accueillir des jeunes tout en travaillant avec beaucoup de joueurs d’expérience, champions par le passé et que beaucoup voyaient proche de la retraite comme Jair Torrico (septième titre de champion de Bolivie), Barrera, Juarez et Ramallo (quatrième titre), Gomes, Reinoso et Suarez (troisième titre) ou encore Cuellar, Melgar, Salvatierra, Checa, Segovia et Ovando (deuxième titre). Second à égalité avec The Strongest, Royal Pari a été la sensation de ce tournoi. Bien emmené par le technicien péruvien Roberto Mosquera le club de Santa Cruz se qualifie pour la première fois de son histoire en Copa Sudamericana. Retenez bien le nom de ce club car le groupe immobilier SION, investisseur principal du club, ne compte pas s’arrêter là. Derrière, Bolívar a énormément déçu. Régulier à La Paz, la bande d’Alfredo Arias s’est montrée pathétique loin de ses bases, comme lors des défaites face à Sport Boys (4-1) ou face au Nacional Potosí (6-1). Jorge Wilstermann termine lui cinquième mais avait déjà assuré l’essentiel après sa victoire lors de l’Apertura.

Le maintien

Il ne fait aucun doute que la pire équipe de l’année a été le Real Potosí. Le Real avait même commencé le tournoi de Clausura avec deux équipes, deux entraineurs et deux présidents. Une abjection totale. Finalement, il a réussi à se maintenir grâce à sa victoire 1-0 lors de la dernière journée face à Aurora, qui n’avait plus rien à jouer. Au final, c’est l’Universitario de Sucre qui a terminé dernier du classement annuel. En difficulté toute l’année, le U de Sucre s’est vu retirer trois points la veille de la dernière journée de championnat. À la tête de cette décision Robert Blanco, président de la ligue professionnelle mais aussi du club Destroyers, en lutte avec Sucre pour le maintien. Certes, Sucre n’avait pas réglé le salaire de son ancien entraineur, Óscar Sanz, mais il est très curieux de voir une telle décision prise aussi rapidement et surtout la veille de la dernière journée. D’ailleurs, Robert Blanco vient juste de démissionner. Avant dernier, les Destroyers ont donc joué un match de barrage face au second de la deuxième division, le petit club d’Aviles Industrial, une confrontation remportée sans trop de difficultés (2-1 puis 2-0). L’an prochain, les Destroyers et le Real Potosí devraient de nouveau lutter pour leur survie surtout que le nouveau promu Always Ready ira chercher dès sa première année une place qualificative en coupe continentale. Always Ready faisait partie des clubs fondateurs du championnat bolivien et effectue son retour après vingt-huit ans dans les divisions inférieures. Il jouera ses matchs dans la ville voisine de La Paz, El Alto, perché à 4 200m d’altitude. Le nouveau promu ne cache pas ses ambitions et à déjà lancé son mercato de bien belle manière en recrutant Raul Olivares, excellent gardien qui avait joué les quarts de finale de la Copa Libertadores avec Jorge Wilstermann face à River Plate en 2017. D’autres grands noms sont attendus.

L’an prochain, le championnat comptera donc trois clubs de La Paz (The Strongest, Bolívar, Always Ready), deux de Cochabamba (Jorge Wilstermann, Aurora), deux de Potosí (Real et Nacional Potosí), six de Santa Cruz (Oriente Petrolero, Blooming, Royal Pari, Guabíra, Sport Boys et Destroyers) et enfin le champion en titre, San José d’Oruro, seul club à défendre les couleurs de sa ville. Malheureusement, la capitale Sucre ne sera pas représentée après la descente de l’Universitario en seconde division, un énorme coup dur sportif et économique pour la région.

Les qualifiés en coupes continentales

  • Copa Libertadores

1er tour qualificatif : Bolívar – Defensor Sporting (URU)

2nd tour qualificatif : The Strongest – Libertad (PAR)

Phase de groupe :

Groupe D : Peñarol / Flamengo / LDU Quito / San José

Groupe G : Boca Junior / Athletico Paranaense / Jorge Wilstermann / Tolima

  • Copa Sudamericana

1er tour :

Royal Parí - Monagas (VEN)

Oriente Petrolero – Rio Negro (COL)

Guabirá – Macara (COL)

Nacional Potosí – Zulia (VEN)

Équipe type

Dans les buts on retrouve le gardien de San José, l’argentin Carlos Franco. Aucun des gardiens du tournoi ne s’est distingué des autres, mais ses arrêts décisifs dans la dernière ligne droite fait de lui notre gardien titulaire. Devant lui à droite se place le jeune Marcos Barrios de Royal Pari qui a été le plus régulier, même s’il a souffert lors des deux dernières journées de championnat. En défense centrale Alex Da Silva a tenu à lui tout seul la défense de Wilstermann, il est associé au joueur de San Jose Mario Cuellar, à qui le club orureño doit beaucoup. À gauche, on retrouve le jeune José Orellana de Bolívar, l’une des révélations de ce tournoi qui évoluait plutôt sur l’aile gauche dans le 3-5-2 que proposait son entraineur Alfredo Arias. Au milieu de terrain on retrouve l’un des meilleurs joueurs boliviens de son époque, l’indispensable Raul Castro du Strongest. À ses côtés la présence de Victor Hugo Melgar de San José permet d’équilibrer cette équipe offensive. Pochi Chávez, homme clé du côté de Wilstermann, occupe l’aile droite et Javier Sanguinetti, le meilleur joueur du championnat, se place sur l’aile gauche. Enfin, aux avant-postes, les deux meilleurs buteurs du tournoi, le panaméen du Strongest Rolando Blackburn, meilleure recrue du championnat, et l’attaquant de San José Jair Reinoso qui a retrouvé son efficacité d’antan forme l’attaque de ce 11 type. Pour diriger le tout, qui d’autre qu’Eduardo Villegas. Déjà capitaine lors du premier titre de San José en 1995, Villegas a effectué un énorme travail tactique et a su conserver l’équilibre de son équipe en gardant tout son groupe concerné jusqu’où bout malgré les salaires impayés.

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Le marché des transferts a démarré

La reprise du championnat est prévue pour le 20 janvier. D’ici là les équipes sont lancées dans la course aux bonnes affaires. Pour le moment c’est Wilstermann qui est le plus actif. En vue de préparer la Copa Libertadores, le nouvel entraineur Miguel Angel Portugal a déjà recruté Villaroel et Ballivian (Bolívar), Melgar (San José) et enfin Gilbert Álvarez, de retour après une expérience ratée en Arabie Saoudite. Le nouvel entraineur du Strongest, Pablo Escobar, a déjà enrôlé l’international panaméen Adolfo Machado qui jouera en défense centrale, le meilleur buteur du championnat Jair Reinoso et le défenseur José Sagredo. Le champion en titre San José semble pour l’instant recruter des seconds couteaux tandis que Bolívar n’a rien annoncé depuis l’arrivée de son nouvel entraineur César Vigevani, ex technicien de Sport Boys.

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée