Le sprint final de la première division bolivienne prend fin ce samedi. Au terme d’un mois à haute intensité, l’heure des derniers efforts a sonné. Devant, Wilstermann n’est plus qu’à quatre-vingt-dix minutes de décrocher un titre longtemps promis, mais Bolívar et The Strongest rêvent encore de rafler la mise.

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Le jour J est arrivé pour les Aviadores de Wilstermann. Après trois victoires consécutives, le Rojo a conservé l’essentiel, son destin. Ayant tranquillement géré Royal Pari lors de la 25e journée, Jorge Wilstermann a conservé sa première place et ainsi quasiment assuré d’être Bolivia 2 lors de la prochaine Copa Libertadores, ce qui signifie une présence en phase de groupes (et affronter Peñarol, Colo-Colo et l’Athletico Paranaense). Comptant toujours trois points d’avance sur le troisième, The Strongest, Wilstermann n’a donc besoin que d’un match nul pour conserver son avance (intercalé entre les deux, Bolívar est assuré d’être Bolivia 1 pour avoir gagné l’Apertura). Mais aura besoin d’un succès (ou d’un meilleur résultat que La Academia) pour décrocher le titre. Nul doute que le Félix Capriles sera bouillant pour la réception d’un Oriente Petrolero qui ne joue plus grand-chose et devrait présenter une équipe mixte incluant plusieurs jeunes pour la dernière de l’année. Attention tout de même aux Refineros qui n’ont plus perdu face à Wilster depuis six matchs (quatre victoires, deux nuls). C’est à cet espoir que Bolívar s’accroche. Pour ce qui sera la dernière en Bolivie de la légende Juanmi Callejón, qui a annoncé son départ pour « raisons personnelles », l’Hernando Siles verra la Academia accueillir Royal Pari et donc espérer un faux-pas de Wilstermann couplé à une victoire des siens. Si l’Espagnol va également se battre pour décrocher le titre de meilleur buteur du Clausura (il n’est qu’à une longueur de Carlos Saucedo), il faudra une victoire aux siens pour soit être sacré champion (si Wilstermann s’incline dans le même temps), soit pour arracher une finale (en cas de nul du Rojo). Reste qu’un dernier larron espère un scénario de fou : The Strongest. À trois points du leader, les Atrigrados peuvent arracher cette fameuse finale, ce fameux match d’appui. Il faudra pour cela que Wilstermann s’incline et que Bolívar ne s’impose pas. Peu probable mais pas impossible pour les hommes de Soria qui devront quant à eux s’imposer face à Destroyers.

Bataille sur et en dehors des terrains

Reste que cette ultime journée de Clausura sera animée aux quatre coins du pays. Sur le terrain tout d’abord avec de multiples enjeux pour plusieurs clubs. Tout en haut, derrière le trio de tête qui va se répartir le titre mais aussi donc la place Bolivia 2 et Bolivia 3 pour la prochaine Libertadores, il reste une place à offrir dans la plus prestigieuse des compétitions continentales. Propriétaire de cette place, Nacional n’avance plus depuis quatre matchs (trois défaites, un nul) et la dernière chute, lors du Clásico Potosino, conjuguée à la large victoire de San José face à Blooming (4-0) change tout. Car les hommes de Miguel Ponce sont désormais à un point de Nacional et peuvent espérer, au prix d’un meilleur résultat que les Potosinos, rafler la place sur le fil. Il faudra pour cela faire tomber Guabirá et espérer que Nacional ne s’impose pas face à Always Ready. Les Orureños vont tout de même regarder également derrière car Blooming n’est qu’à un point et pourrait prendre la place Bolivia 1 en Sudamericana en cas de contre-performance de San José (et donc changer l’adversaire du premier tour, Bolivia 1 prenant Melgar, Bolivia 2 prenant Emelec).

Mais l’autre ultime point chaud se situe à l’arrière avec la lutte pour la survie. Une lutte qui pourrait se jouer sur deux terrains. Dans le rectangle vert ce samedi d’abord avec un duel à distance entre Sport Boys et Destroyers. La défaite de Destroyers face à Aurora met les Canarios devant une situation bien inconfortable : car il faudra faire un meilleur résultat que Sport Boys ce week-end pour doubler le Toro sur le fil et ainsi éviter la relégation directe. Principal problème, alors que Sport Boys n’aura pas la vie facile au Víctor Agustín Ugarte de Potosí face au Real, Destroyers accueillera rien d’autre que The Strongest au Tahuichi Aguilera. La règle est simple : si les deux équipes font le même résultat, on aura droit à un match d’appui pour décider de laquelle descendra directement, laquelle jouera le barrage face au Real Santa Cruz, finaliste de la Copa Simón Bolívar). En cas de résultat différent, celle qui fera le meilleur résultat ira en barrages, l’autre sera reléguée. Mais l’affaire pourrait encore se régler en dehors des terrains.

Il y a une dizaine de jour, Aurora avait fait parler toute la Bolivie en envoyant des gamins affronter Bolívar mais aussi en ne les faisant pas revenir sur le terrain après la mi-temps. Depuis, les clubs cruceños se sont organisés, se rangeant derrière Carlos Blanco, président de Destroyers, pour demander au tribunal de la justice sportive de se saisir de l’affaire. Les six clubs de Santa Cruz (Blooming, Oriente Petrolero, Royal Pari, Guabirá, Sport Boys et Destroyers) font front et invoquent l’article 57 du règlement du championnat selon lequel « lorsque les membres d’une équipe, sans raison justifiée, abandonnent le terrain de jeu, refusent de continuer ou facilitent par leur attitude la libre action de l’adversaire, l’arbitre doit arrêter la rencontre et l’équipe coupable sera sanctionnée de la perte des points en jeu mais aussi d’un retrait de neuf points au classement général. Celui qui ordonne cette action aux joueurs sera sanctionné d’un à deux ans de suspension ». L’élément clé sont les neuf points retirés. Car Aurora, désormais sauvé, compte cinq points d’avance sur le duo Sport Boys – Destroyers. Un retrait de neuf points relèguerait le club à l’échelon inférieur quand le duo jouerait pour sa sauver directement plutôt que pour accrocher une place en barrages. Au coup d’envoi de la dernière journée, rien n’est réglé. Si les clubs cruceños ont déjà menacé de saisir la FIFA si le tribunal ne leur donne pas raison, si le président d’Aurora, Jaime Cornejo, ne s’est pas présenté aux auditions, et évoque une guerre régionaliste, la relégation et le maintien pourraient donc se jouer en dehors des rectangles verts. Et l’interminable Clausura ne pas totalement prendre fin ce samedi…

Classement

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.