Le football aime aller vite, souvent plombé par l’analyse en temps réel. Mais lorsqu’on évoque des géants, leur capacité en s’enfonce dans des crises aussi profondes que leurs euphories sont immenses, le football va toujours encore plus vite. Au point de se demander si un choc comptant pour la quatrième journée ne sera pas déjà un tournant d’une saison.
Chili – Primera División 2020 : ¡Vuelve el fútbol!
Dès lors que l’on évoque un géant d’un pays, tout est immédiatement démesuré. Ses triomphes sont autant de démonstrations de force que leurs crises sont d’incroyables naufrages. Il y a quelques mois, le spectre de la B planait sur les épaules de l’Universidad de Chile. Une menace renforcée par une intersaison des plus animées, un contexte pesant autour du stade, un contexte économique annoncé désastreux et des premières sorties peu convaincantes. Jusqu’au 5-1 de la deuxième journée où les hommes d’Hernán Caputto faire enfin preuve d’efficacité. Aussi, le duel face à La Calera au Nacional s’avérait être un premier vrai test face à une équipe annoncée comme l’un des outsiders potentiels cette saison. Cette efficacité entraperçue la semaine passée a d’abord manqué aux universitaires, à l’image d’Ángelo Henríquez qui gâchait deux énormes situations en début de match. Mais cela ne durait qu’un temps. Car cette U peut compter sur un formidable duo de créateurs, Walter Montillo – Pablo Aránguiz. De leurs pieds naissaient la plupart des offensives azules, la U dominait largement une Unión La Calera alors asphyxiée. Carrasco ouvrait logiquement la marque en milieu de premier acte, la U manquait un grand nombre de situations de plier l’affaire mais regagnait les vestiaires avec un avantage et une prestation convaincante. Puis tout semblait basculer au retour des vestiaires. Deux avertissements en deux minutes pour Larrivey (le premier très sévère), le deuxième acte allait devoir se jouer en infériorité pour les locaux. L’équilibre était fragile, il était maintenu grâce à un De Paul parfait et surtout grâce à l’incroyable maladresse des visiteurs, à l’image de Sacha Sáez qui trouvait le poteau sur un face à face avec le portier azul. La U pliait, ne rompait pas. Mieux, elle allait profiter des minutes qui s’égrainaient et de l’exclusion de Thomas Rodríguez, coupable d’un coup de coude sur Aránguiz, pour frapper. Justement par Aránguiz qui partait seul en contre suite à un corner adverse pour tuer le suspense au terme d’une chevauchée Pity Martínezesque. Ne restait plus qu’à démontrer que l’efficacité était définitivement de retour, deux minutes après avoir marqué son premier but en bleu, le magnifique numéro 22 servait d’un exter Matías Rodríguez qui scellait définitivement la rencontre et offrait une deuxième victoire en trois sorties à une U qui semble désormais avoir laissé le spectre de la B bien loin derrière.
Là où le football va plus vite quand il s’agit d’un géant, c’est que ce manichéisme des sentiments est plus poussé qu’ailleurs. Dauphin l’an passé, vainqueur de la Copa Chile en début d’année, on se disait que Colo-Colo allait être un sérieux candidat au titre cette saison. Voilà que désormais, le Cacique commence à glisser dans crise. La faute à une défaite inquiétante face à Cobresal la semaine précédente couplée à une efficacité perdue et des choix discutables face à Audax Italiano. On s’attendait à ce que les Itálicos version Meneghini soient redoutable offensivement et offrent une lutte à haute intensité, on a été servi. Le premier acte a largement tourné en faveur des Tanos, bien aidés d’une part par la maladresse des offensifs du Cacique (deux barres trouvées par Branco Provoste et César Fuentes, un incroyable raté signé Javier Parraguez), d’autre part par des choix discutables de Mario Salas, comme celui de planter une équipe dédiée au contre et positionner Leo Valencia sur un côté plutôt qu’au cœur du jeu. Bilan, alors que le coach du Cacique demandait à ses joueurs de réduire les espaces, ceux-ci ne manquaient pas à s’offrir à Audax qui, après avoir lui aussi touché du bois, virait largement en tête à la pause grâce à deux buts inscrits coup sur coup par Jorge Henríquez et Iván Ledezma. Alors forcément, Mario Salas a revu ses plans, fait entrer Pablo Mouche et Nicolás Blandi sur le terrain, permettant à Leo Valencia de pouvoir enfin jouer à sa place. Et bizarrement, ça s’est mis à fonctionner. Colo-Colo a dominé le second acte, a entrevu l’espoir de retourner le match lorsque Nico Blandi a réduit l’écart mais les nombreuses situations générées ensuite ont soit buté sur Devecchi, soit manqué le cadre. Conséquence, Colo-Colo tombe pour la deuxième fois en trois journées et se retrouve déjà en alerte tempête avant le clásico face à l’Universidad Católica.
Une Católica qui a beau changer de staff mais n’en garde pas moins sa capacité à prendre des points, même quand l’adversité est importante. Tout au nord du pays, à Antofagasta, les Cruzados ont parfois souffert comme rarement face aux offensives et à la pression haute des Pumas mais s’en sont sorti, souvent de manière miraculeuse, surtout en première période, parfois grâce à une nouvelle prestation XXL de Matías Dituro. Qu’importe ainsi le technicien à sa tête, cette Católica reste clinique, capable de marquer en un minimum de tentatives nécessaires. Edson Puch, principal générateur de danger aura été de tous les bons coups, égalisant, offrant le but du 2-1 à Zampedri juste avant la pause. Un but qui a sonné les Pumas, incapables d’être véritablement dangereux en seconde période, subissant les assauts des visiteurs qui tuaient le match à dix minutes de la fin, grâce à un doublé de Zampedri. Des visiteurs qui sont désormais plus que jamais leader du tournoi.
Car personne d’autre n’a donc réussi la passe de trois après les défaites combinées d’Antofagasta et La Calera. Le dauphin se nomme Everton, autre rare invaincu, qui s’impose chez lui face à Coquimbo Unido. Des Piratas qui partagent désormais la queue du classement avec le promu La Serena, qui sort quant à lui d’une troisième défaite en autant de matchs, retourné chez lui par un Cobresal qui réussit son départ.
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