On aura laissé passer quelques mois, une Copa América et quelques désillusions pour mieux le retrouver, le point sur le championnat chilien alors que certains de ses géants se sont réveillés.
Nous avions quitté le Chili sur une nouvelle victoire de Colo-Colo dans le Superclásico, dix matchs plus tard, le paysage local est clairement défini et les rôles redistribués.
Du côté des géants
Le football a de magique qu’il permet de passer du rire aux larmes en un rien de temps. L’inverse aussi. Sauvé sur le fil la saison passée au terme d’un match de barrage sous haute tension, Colo-Colo n’est plus le même. Au point désormais d’être un réel candidat au titre. Le grand architecte est Gustavo Quinteros qui a parfaitement recomposé un groupe, une équipe, un vestiaire qui était totalement éclaté. Pour cela, il a d’abord gagné le respect de son équipe en la soutenant dans sa cause face aux dirigeants, s’offrant même le soutien des cadres désormais partis comme Esteban Paredes, a redonné des responsabilités à de nouveaux cadres comme Gabriel Costa et Iván Morales, redevenus décisifs, et surtout injecté du sang neuf par des renforts essentiels comme Leonardo Gil ou Emiliano Amor et par de jeunes joueurs décisifs, comme l’artisan du sauvetage, Pablo Solari. Le 4-4-2 a trouvé son équilibre, Colo-Colo n’est désormais plus à regarder derrière lui, mais lève les yeux vers la place de leader qui n’est qu’à une toute petite longueur.
Une place de leader qui n’est pas la propriété de l’Universidad Católica. Une Católica qui n’est certes pas larguée (troisième à trois points du leader à l’aube de la quinzième journée), mais où la situation de Gustavo Poyet se complique de jour en jour tant le contenu laisse circonspect. L’ancien entraîneur des Girondins est de plus en plus contesté avec des rumeurs de conflits entre joueurs et son fils et d’autres annonçant son possible départ à l’issue de la phase aller pendant que l’Uruguayen demande des renforts. Reste que sur le terrain, les Cruzados sortent d’une série noire : élimination en huitièmes de finale de la Copa Chile et sept points pris sur quinze possible depuis la reprise post-Copa América. Loin des ambitions d’un futur champion qui a déjà perdu autant de matchs que sur l’ensemble de la saison passée.
Des ambitions que le troisième géant a également retrouvées. L’Universidad de Chile a mis fin à l’ère Dudamel au soir de la dixième journée, rappelant Esteban Valencia sur son banc. Un retour gagnant pour l’ancien de la maison qui avait déjà assuré l’intérim en 2018. Invaincu depuis son arrivée aux commandes du Chuncho, une série à peine noircie par l’élimination aux tirs au but en Copa Chile, il a redonné à sa U une dynamique positive et une confiance générale qui permet d’enchaîner. Quatre victoires sur les cinq derniers matchs, un Joaquin Larrivey en feu (onze buts en dix matchs) et quelques succès importants comme celui face à la Católica, voilà la U à la cinquième place, à trois points du leader.
La Calera s’est installée
Un leader qui se nomme Unión La Calera qui a lui aussi rappelé un ancien de la maison, Francisco Meneghini, pour retrouver une dynamique positive. L’ancien espion de Marcelo Bielsa passé depuis notamment par Audax, a permis aux Cementeros de prendre les commandes après une série de trois victoires (à domicile) et deux nuls (en déplacement), la dernière face à Everton, l’une des bonnes surprises du tournoi, le tout avec son 4-3-3 animé par un Jeisson Vargas positionné en meneur de jeu alors que le passage du Mago Valdivia, un temps espéré pour jouer ce rôle a finalement tourné à l’échec, Jorge Valdivia ayant quitté le club début juillet.
Reste que tout est encore bien dense, aucune formation ne régnant sans partage comme pouvaient le faire les Cruzados les saisons précédentes. Audax Italiano est toujours dans le bon wagon, ayant même ouvert la quinzième journée par une victoire qui lui permet de mettre la pression sur les quatre cités précédemment, Everton et Unión Española ne sont pas encore décroché, menant la course des prétendants aux accessits dans lesquels figurent La Serena, Ñublense, Antofagasta et O’Higgins qui semblent coincer mais restent à portée de tir.
Un mythe en danger
Un point pris sur quarante-cinq possibles. Le bilan du désastre Santiago Wanderers se résume à un chiffre terrible, brutal. Sur le terrain, la défaillance est totale, générale : trois entraîneurs en onze journées, le dernier Emiliano Astorga qui n’a évidemment pas remporté le moindre match (six défaites) et est déjà sur le fil du rasoir, des hinchas qui pénètrent au centre d’entraînement et s’en prennent aux dirigeants, notamment le directeur sportif Felipe Sepúlveda, et un immense remue-ménage en coulisses. Car le Decano, dont l’anniversaire approche est aussi en pleine crise institutionnelle. On a évoqué l’arrivée d’un groupe mexicain, avec comme figure Elías Figueroa et l’idée d’un système proche de ce que fait le Grupo Pachuca avec le grand rival Everton, mais on a surtout assisté au retour d’un ancien président, Reinaldo Sánchez, qui s’est offert 60% des parts du club et revient donc aux commandes alors qu’il fut l’un des responsables de sa crise et expulsé du club en 2007. Un nouveau propriétaire qui s’est ainsi déjà attiré les foudres de la Corporación Santiago Wanderers qui a déjà émis un communiqué pour accueillir cette nouvelle : « Nous n'oublions pas que c'est précisément le manque de probité, le manque d'ordre comptable, une série d'actes d'intimidation institutionnalisée et de mauvaises pratiques dans l'administration dirigée par Reinaldo Sánchez, qui nous a conduits à la crise économique et institutionnelle qui a abouti à la concession du club », ajoutant « ceux qui ont causé cette crise dans le passé, ne sont en aucun cas une solution pour l’avenir ». Pendant ce temps, le nouveau président s’est déjà fendu de quelques déclarations chaudes avant sa prise de commande : « le club n’est pas en faillite, il se porte bien financièrement parlant. Le problème est que les arrivées n’ont pas été bonnes, que le football est géré par des hommes d’affaires et qu’il ne manque que de bons joueurs, rien de plus. Le souci est qu’au Chili, il n’y en a pas [de bons joueurs] ». Une vraie bonne ambiance pour sauver un mythe local…
Le classement
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