Il n’y a finalement pas eu de surprise lors du final de la phase régulière même si certaines positions ont changé dans le groupe des qualifiés. Pas de surprise en bas puisque Patriotas et Jaguares joueront en D2 la saison prochaine.
Le suspense a duré trente minutes à Pasto, le temps pour le Deportivo Pasto de marquer deux buts. Patriotas ne s’en est jamais remis et évoluera donc en deuxième division en 2025. Logique pour le promu qui n’est jamais sorti de la zone rouge de l’année. De son côté le club local a assuré sa place dans le bon wagon. Belle récompense pour Gustavo Florentin qui a réussi à faire de son équipe la belle surprise de ce deuxième semestre, notamment grâce à un Daniel Moreno déterminant. À vingt-neuf ans, l’ancien de Junior et de Santa Fe réalise certainement le meilleur semestre de sa carrière avec ses quatorze buts.
Pas de suspense non plus à Barranquilla où Junior n’a eu besoin que de cinq minutes pour marquer face au Deportivo Cali avant de gérer sans problème et de corser l’addition dans le dernier quart d’heure. Une victoire qui lui a permis de grimper d’une place et donc de terminer sixième. La mauvaise opération dans l’histoire est pour l’Once Caldas, largement battu sur la pelouse de l’América, qui a glissé à la septième place. La grosse information de cette dernière est le deuxième but de Radamel Falcao avec Millonarios, son 347e en carrière, ce qui en fait le meilleur buteur colombien de l’histoire selon certain (Victor Hugo Aristizábal en revendique 348). Enfin comme prévu Jaguares accompagnera Patriotas en D2 après sa grosse défaite contre Santa Fe. Le club de la capitale termine d’ailleurs de cette phase régulière avec trente-sept points.
On pensait ce classement figé mais après la dernière journée le Deportivo Independiente Medellín a annoncé avoir fait appel devant le Tribunal Arbitral du Sport et a demandé le gel des quadrangulaires (voir notre émission Lucarne Américaine de lundi). En cause les trois points donnés à Junior après le match face à l’Atlético Nacional. Match gagné sur tapis vert après une bagarre déclenchée par ses propres supporters. Trois points qui changeraient tout puisque Junior perdait 2/0 au moment de l’arrêt du match (il restait une demi-heure à disputer) et que Junior a terminé deux points devant le DIM (neuvième au final).
Pour le moment pas de changement de calendrier et on aura même droit à un groupe A aux odeurs de classique avec Millonarios, Santa Fe, l’Atlético Nacional et le Deportivo Pasto. S’il est difficile de dégager un favori dans ce groupe les deux clubs de la capitale semblent dans une dynamique un peu meilleure que ses rivaux. Santa Fe a terminé co-leader la phase régulière et est loin d’avoir volé sa place. L’équipe de Pablo Peirano a certainement été l’équipe la plus difficile à bouger. Co-meilleure défense, avec seulement douze buts concédés, c’est surtout une redoutable attaque où le danger peut venir de partout. Quatre buts pour Rodallega, autant pour Albornoz, six buts pour Mosquera, tous les joueurs offensifs ont marqué. De quoi donner mal à la tête aux défenses adverses. Fait rarissime également c’est la seule équipe invaincue hors de ses bases. De quoi inciter à l’optimisme puisque Santa Fe ira défier l’Atlético Nacional sur sa pelouse ce soir en ouverture de ce quadrangulaire A. Une équipe de l’Atlético Nacional qui, si elle a réussi à se qualifier pour la finale de la Copa en s’imposant face à son voisin, elle a d’une part laissé une horrible impression en jouant le match retour comme une petite équipe à jouer la montrer et surtout jouer petits bras et d’autre part elle devra faire son capitaine Edwin Cardona. L’international colombien est suspendu deux matchs pour avoir provoqué les supporters du DIM en Copa (il a embrassé l’écusson devant la tribune). L’Atlético Nacional a soufflé le chaud et le froid tout ce semestre. Arrivé en août, on a encore du mal à voir où l’entraineur mexicain Efraín Juárez veut en venir avec son équipe et il s’en remet surtout à des exploits individuels (notamment de Cardona).
Et si on peut parler de classiques dans ce groupe c’est parce qu’on retrouvera Millonarios. Le club de la capitale arrive en bonne forme et est invaincu en championnat depuis plus d’un mois. Une fin solide qui lui a permis de remonter la pente après un début de semestre compliqué avec trois défaites en six matchs. Meilleure attaque, merci à Leo Castro et à Jhon Córdoba (cinq buts et quatre passes décisives pour la recrue arrivée cet été), le club embajdor peut compter sur un effectif largement fourni avec notamment Mantilla, Ruiz, Ramirez, Palacios, Giordana, Falcao et Castro devant, sans compter les jeunes. Pas du luxe dans ce calendrier ultra serré (huit matchs seront disputés en un mois) et il ne faudra pas se louper au Campín lors de la première journée. Enfin le dernier larron de ce groupe sera le Deportivo Pasto. On l’a dit cette équipe va arriver comme véritable poil à gratter et ils peuvent compliquer la vie des trois gros du groupe. On pourrait notamment parler du récent Millonarios/Pasto en championnat où les locaux avaient arraché la victoire dans les derniers instants dans un match qu’ils auraient pu perdre.
Dans le groupe B, s’il n’y aura pas de classique il ne devrait pas être moins intéressant.
Et pour cause on retrouve l’América, l’autre co-leader de la phase régulière. Grosse dynamique d’ailleurs pour le club de Cali qui vient de se qualifier pour la première fois de son histoire en finale de la Copa. Comme pour Santa Fe, le danger peut venir de tout le secteur offensif puisque si Duván Vergara est le leader d’attaque avec huit réalisations, l’éternel Adrián Ramos est toujours là avec ses quatre buts. Même total pour Cristian Barrios et Rodrigo Holgado. Pour son deuxième passage au club Jorge da Silva rêve de gagner un titre comme entraîneur après avoir été sacré deux fois champion comme joueur au début des années quatre-vingt-dix. L’América a d’ailleurs l’occasion de frapper fort d’entrée en cas de victoire à Barranquilla.
Et l’América a largement les moyens de faire tomber Junior parce que ce club est très décevant ce semestre. César Farías n’apporte pas grand-chose à cette équipe… comme souvent avec les entraîneurs qui passent par Junior. Cette équipe a des individualités qui peuvent changer le cours d’un match évidemment mais elles tirent la langue. Carlos Bacca n’a mis que deux buts depuis le 1er septembre (doublé contre Pereira). Victor Cantillo est très loin de son niveau de 2018, José Enamorado n’a pas marqué ce semestre. Sa grosse force est d’arracher des points cruciaux dans le temps additionnel grâce à Titi Rodríguez et Marco Pérez notamment.
Enfin dans ce groupe on retrouvera l’Once Caldas et le Deportes Tolima. Le club de Manizales, vainqueur de la Copa Libertaires en 2004, est sur une pente descendante. Il doit sa qualification à un excellent début de saison et s’il a longtemps occupé les premières places il a fini par une série difficile avec une seule victoire depuis début octobre. Dynamique inverse pour Tolima qui a terminé avec quatre victoires et un match nul sur les six derniers matchs. Collectivement cette équipe a beaucoup de matériel et surtout des idées avec un coach à qui on laisse du temps. Arrivé il y a un an et demi David Gonzéalez, l’ancien gardien international, met son équipe dans les standards des locomotives du championnat en termes de buts marqués et de points et c’est surtout une des meilleures équipes à domicile. Cette équipe a une belle tête d’outsider et devrait même batailler jusqu’au bout avec l’América pour accrocher une place en finale.