Junior n’a pas vraiment tremblé et s’est même imposé face au Deportes Tolima pour remporter son onzième titre de champion. Junior dépasse le Deportivo Cal et Santa Fe et devient le quatrième club le plus titré derrière les trois gros.

Le parcours de Junior lors de ce deuxième semestre de l’année a été celui de la réhabilitation. Lors du match décisif, l’avant-dernier du quadrangulaire face à l’América dans un Metropolitano qui a rendu un vibrant hommage au Pibe Valderrama ce sont deux joueurs très décriés, à raison ou à tort d’ailleurs parce qu’ils n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes, qui ont permis à Junior de se qualifier pour la finale dans un match où le club de Barranquilla était bien mal embarqué. Ces deux joueurs sont Jermein Peña et Didier Moreno.

Junior était mené après un magnifique but de Josen Escobar, le premier cité qui a remis les deux équipes à égalité grâce à un magnifique coup-franc en force. Le défenseur central, qui a enlevé quelques cheveux aux supporters avec ses erreurs défensives, blessures graves et surtout expulsions pour des coups de sang, a enfin montré un niveau acceptable. Et ce coup-franc est bien bel hommage à son patronyme puisque son nom complet est Jermein Zidane (le nom floqué sur son maillot) Peña Maiguel. Le deuxième héros du soir, Didier Moreno, a libéré le Metropolitano à deux minutes de la fin. Un vrai but de numéro 9 pour le milieu défensif qui s’est bien jeté au sol pour tacler le ballon après un cafouillage dans la surface. Arrivé au club en 2020, il a certainement été le joueur le plus sous-évalué aussi bien par les supporters que par les journalistes suiveurs du clubs. Cette victoire a permis à Junior de s’imposer dans son groupe de quadrangulaires de la mort avec l’América et les deux clubs de Medellín, l’Atlético Nacional et le DIM.

Dans l’autre des groupes de quadrangulaires, il n’y avait pas vraiment eu de suspense puisque Tolima l’a facilement remporté avant même la dernière journée et a d’ailleurs terminé invaincu devant Bucaramanga, Santa Fe et Fortaleza. Ce Tolima version Lucas González a été très solide, co-meilleure défense du championnat et surtout, a réussi à prendre la plupart de ses points hors de ses bases. Arrivés en forme et dans une dynamique de cinq victoires consécutives, les joueurs de Tolima ont réussi à s’imposer lors des deux matchs à Bogotá notamment grâce à un Adrian Parra décisif dans les derniers instants à chaque fois. Cette solidité côté Tolima est en partie dû au double pivot Brayan Rovira et Juan Pablo Nieto, certainement le meilleur du championnat. La seule ombre au tableau a été la blessure du gardien international uruguayen Cristopher Fiermarín lors de la quatrième journée face à Santa Fe et qui a manqué les trois dernières journées et la finale aller où il était sur le banc mais certainement trop juste pour reprendre sa place.

On s’attendait donc à un match serré dans un Metropolitano bouillant comme jamais. Le suspense n’a pas duré bien longtemps. La faute d’abord à un Jose Enamorado qui a décidé que ce match était le sien. Après moins de cinq minutes, l’attaquant a offert un véritable festival pour éliminer deux joueurs et envoyer un frappe imparable dans la lucarne d’un Neto Volpi impuissant. La faute ensuite à une équipe de Junior en mode rouleau compresseur et complètement chirurgical. Alors que Tolima revenait dans le match après le coup de massue, avec notamment une tête puissante d’Adrian Parra magnifiquement sortie par Mauro Silveira, Junior a plié le match en trois minutes. À la conclusion d’une belle action collective Brayan Castrillon a mis le but du break avant que Jose Enamorado ne s’offre un doublé dans la foulée du deuxième but. Complètement sonnés les joueurs de Tolima ont essayé de réagir tant bien que mal mais ils se sont tirés une balle dans le pied. Entré juste avant l’heure de jeu Teo Gutiérrez a mis à peine plus de cinq minutes pour faire disjoncter Sebastián Guzmán qui a laissé son équipe à dix. Et si le sort de ce match aller a rapidement été scellé la dernière action a certainement fait basculer définitivement le sort de cette finale. En position idéale face au portier de Junior Tatay Torres a trop croisé sa frappe, au grand désespoir de tout le banc de touche.

Jamais dans l’histoire du football colombien une équipe n’avait réussi à renverser un score aussi lourd à l’aller. La dernière fois que ce scénario s’est produit c’était en 2020 entre l’América et Santa Fe. Les caleños s’étaient imposés à l’aller mais avaient tremblé au retour puisqu’ils s’étaient inclinés 2/0 à Bogotá et étaient menés sur ce score à la pause d’ailleurs. Alfredo Arias avait décidé de ne rien changer et avait donc gardé le même onze que celui qui avait obtenu cette large avance. Deux changements côté Tolima et Lucas González avec le retour de Cristopher Fiermarin dans les buts et Samuel Velásquez a été préféré à un Junior Hernández en souffrance à Barranquilla. Avec trois buts à remonter logiquement le club pijao a essayé de mettre beaucoup de rythme d’entrée mais sans inquiéter le portier de Junior. C’est même le club tiburón qui aurait pu ouvrir le score sur un premier contre mais un retour de l’espace de Yhorman Hurtado a empêché Brayan Castrillón de frapper. Et si le premier contre n’est pas allé au bout le deuxième est venu doucher les espoirs de Tolima. Tout seul au milieu de terrain Yimmi Chará a parfaitement servi José Enamorado dans la profondeur, le héros du match aller a parfaitement piqué son ballon au-dessus du portier international uruguayen pour ouvrir le score. Ce but a mis un coup définitif derrière la tête des joueurs de la vinotinto y oro qui ne s’en sont jamais remis. Ils ont essayé juste avant la pause, boosté par l’expulsion de Guillermo Paiva mais n’ont jamais réussi à accrocher le cadre. À l’image de Samuel Velasquez qui a trouvé le poteau à l’heure de jeu. Peu à peu le Deportes Tolima est tombé dans le désespoir et a fini par rendre les armes et la fin de match a été plus un calvaire qu’autre chose. L’entrée d’un deuxième numéro neuf, Gonzalo Lencina, n’a rien changé. Dès la 85e minute les joueurs de Junior ont commencé à se congratuler sur la pelouse. Mérité tant Junior a su contrôler et piquer aux moments où son adversaire commençait à sortir dans le camp adverse. Grâce à cette victoire Junior rejoint Santa Fe et va directement en phase de groupes de la Libertadores. Tolima jouera le deuxième tour préliminaire de la Libertadores, comme le DIM. Pour la Sudamericana on retrouvera une belle affiche entre l’Atlético Nacional, vainqueur de la Copa dans le chaos, et Millonarios. Dans l’autre rencontre l’América recevra l’Atlético Bucaramanga.

Pierre Gerbeaud
Pierre Gerbeaud
Rédacteur Colombie pour Lucarne Opposée