La phase de groupe est désormais terminée en Libertadores. Avant le tirage au sort qui aura lieu le 14 juin prochain à Luque, bilan de la semaine et inside Santa Fe – The Strongest.

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Par Nicolas Cougot

Le rideau s’est refermé sur la phase de groupe de la Libertadores. Au programme de la dernière semaine, les derniers tickets en jeu et quelques places de premier, importantes pour le sprint final (on y reviendra). C’est ainsi que le coup réalisé par Botafogo est parfait. Tout en perdant en Argentine, les Brésiliens, grands artisans de l’élimination de l’Atlético Nacional, ont réussi à gratter la première place du groupe pour un but, le troisième des Verdolagas face à Barcelona et remportent ainsi le groupe. Cette perf du Fogão pourtant placé dans le groupe de la mort symbolise de grand retour des Brésiliens. Malgré le cataclysme qu’aura été l’élimination de Flamengo, les autres représentants s’en sortent plutôt bien. Santos remporte le groupe 2, Palmeiras le groupe 5, l’Atlético Mineiro le 6 et Grêmio le 8. Reste l’affaire de la Chapecoense, privée de qualification sur tapis vert pour apporter une petite ombre au tableau brésilien. A l’image des Brésiliens, la phase de groupe aura été convaincante également côté Argentin. Les Albicelestes ne perdent que deux de leurs membres, Estudiantes et Tucumán pendant que River, Lanús et San Lorenzo remportent leur groupe, Godoy Cruz perdant la tête du groupe 6 lors de la dernière journée. Autres satisfactions, les belles surprises que sont les qualifications de deux représentants boliviens, Jorge Wilstermann auteur du carton de la phase de groupe lors de la première journée face au géant Peñarol et surtout The Strongest, du meilleur buteur au général Alejandro Chumacero, qui a tout du poil à gratter. Reste enfin la confirmation, celle de la belle forme des clubs équatoriens qui placent leurs deux représentants, les géants de Guayaquil Barcelona et Emelec en huitièmes. Côté déception, si l’Uruguay s’en sort sur le fil en plaçant le Nacional en huitièmes (un Bolso qui passe sans briller), le Chili n’aura aucun représentant, la Colombie non plus. Les Cafeteros perdent sur la route l’Atlético Nacional, tenant du titre, pour ce qui constitue le coup de tonnerre de la phase de groupe (les Verdolagas ne disputeront plus aucune compétition continentale en 2017, finissant derniers de leur groupe), quand le DIM et Santa Fe partent en Sudamericana. Santa Fe, c’est par ailleurs le sujet de notre inside de la semaine.

inside

Par Aymeric Bernilar à Bogotá pour Lucarne Opposée

Alternant le médiocre et l'indigeste depuis sa conquête du titre le 19 décembre 2016, Santa Fe avait su jusqu'ici limiter les dégâts en l'emportant par deux fois contre le Sporting Cristal en Copa Libertadores et en ajoutant à ses bons résultats lors des premières journées de championnat, deux succès de prestige contre Millonarios le 25 mars et sur le terrain de l'América le 27 avril. Ce maigre bilan a suffi à Santa Fe pour s'offrir deux finales au Campín au cours d'une semaine de vérité.

Avant de recevoir l'Alianza Petrolera pour le match de la peur en vue de l'obtention de la dernière place qualificative pour la phase finale de la Liga Águila, Santa Fe défiait mardi soir les Boliviens de The Strongest afin de s'adjuger la deuxième place du groupe 2, significative de qualification pour les 8ème de finale de la Copa Libertadores derrière les Brésiliens de Santos. Obligé de l'emporter pour passer devant son adversaire du jour, Santa Fe a failli à sa mission. Alors qu'ils pensaient avoir fait le plus dur en ouvrant le score à la 27ème minute, les hommes de Gustavo Costas ont bêtement concédé le nul sur un CSC inscrit de la tête par Javier López. Entre temps, Damir Ceter avait gâché une balle de 2-0 lors d'un face à face mal négocié avec le gardien bolivien. Malgré une nette domination lors de la deuxième mi-temps Santa Fe s'est procuré peu d'occasions et devra se contenter de la Copa Sudamericana qu'il cherchera à remporter une deuxième fois après sa victoire en 2015.

Privé de son meilleur défenseur William Tesillo depuis le mois de mars, Gustavo Costas devait également faire face à l'absence de Yeison Gordillo, patron du milieu de terrain et joueur le plus régulier depuis le début de la saison. Johan Arango, auteur d'un magnifique coup franc au Pérou lors de la victoire 2-0 de Santa Fe contre le Sporting Cristal manquait également à l'appel. Meilleur buteur de l'équipe cardinale depuis le début de saison avec 5 réalisations, "Pogbarango" était officiellement absent pour cause de contracture musculaire. Cependant, selon plusieurs journalistes proches du club, son absence serait avant tout liée à des problèmes d'indiscipline. Parfois affublé du surnom de "guarango" en raison de son penchant supposé pour le guaro (abréviation de l'Aguardiente, un alcool colombien), Arango pourrait voir son avenir s'inscrire en pointillés dans le club de la capitale.

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Malgré l'absence de trois joueurs majeurs, El León se présentait comme le favori face au Tigre. Après une première sueur froide suite à une passe peu appuyée du latéral gauche Javier Lopez pour Leandro Castellanos, les locaux prenaient donc rapidement le jeu à leur compte. Préféré à l'argentin Denis Stracqualursi, l'espoir colombien Damir Ceter était proche d'ouvrir le score à la dixième minute suite à un bon débordement d'Anderson Plata côté droit. Six minutes plus tard, le même Anderson Plata contraignait le gardien bolivien à effectuer un arrêt du bout du pied.

Bien que dominatrice, l'équipe cardinale montrait des signes de fébrilité en défense. En face, si le vétéran Pablo Escobar se faisait relativement discret, Alejandro Chumacero, actuel meilleur buteur de la Copa Libertadores avec 8 réalisations, se montrait particulièrement remuant. Surnommé Chumasteiger en raison de sa ressemblance physique avec Bastian Schweinsteiger, le Bolivien ne ménageait pas ses efforts pour mettre en difficulté l'arrière garde de Santa Fe. Peu avant la demi-heure de jeu, c'est cependant l'équipe locale qui prenait l'avantage par l'intermédiaire de Damir Ceter. Grace à un contrôle chanceux, l'attaquant colombien parvenait à conclure à bout portant un beau mouvement collectif initié par Anderson Plata et Jonathan Gómez.

Auteur du premier but de sa carrière en Copa Libertadores, Ceter se souviendra peut-être encore davantage de son face à face manqué avec le portier bolivien Daniel Vaca. On jouait alors la 31ème minute, lorsque, à la récupération d'un coup franc mal négocié par les joueurs de La Paz, Ceter lançait un contre supersonique. Après un relais parfait avec Jonathan Gómez, l'attaquant colombien venait cependant buter sur Daniel Vaca. Proche du KO, Santa Fe voyait ses efforts dilapidés 5 minutes plus tard, lorsque sur un corner des visiteurs, Javier López venait tromper son propre gardien.

Si le retournement de situation à la demi-heure de jeu se sera révélé fatal pour les Colombiens, il serait bien sur injuste de vouloir faire porter le chapeau de l'élimination à Javier López ou à Damir Ceter. Dans un rôle de pivot, ce dernier a fait souffrir la défense bolivienne et il revenait aussi à ses coéquipiers de mieux exploiter ses remises. Cependant le manque d'efficacité du Colombien aux allures de John Carew symbolise bien les limites actuelles de Santa Fe qui faute de disposer d'un buteur aguerri, est obligé de placer tous ses espoirs sur les épaules de son jeune attaquant.

En tribune, plus encore que Ceter, c'est la légende Omar Pérez qui continue d'être perçue omme le joueur providentiel, celui capable par sa vision du jeu et son touché de balle, de faire basculer n'importe quel match malgré ses 36 ans. Auteur d'une entrée de jeu quelconque, celui-ci a toutefois montré qu'il n'avait plus grand-chose à apporter à son équipe. Ni lui, ni l'argentin Denis Stracqualursi, entré à la 70ème minute à la place d'un Leivin Balanta très discret, n'auront permis de changer la face d'une deuxième mi-temps soporifique, au cours de laquelle l'équipe bolivienne aura pu faire le dos rond sans trembler.

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Alors qu'Anderson Plata s'est peu à peu éteint, les principales opportunités de l'équipe cardinale sont venues de Jonathan Gómez sur un tir contré de justesse à l'entrée de la surface (55ème) et une frappe facilement captée après une remise de Ceter (77ème). A 10 minutes de la fin, suite à une belle action collective, l'Argentin aurait même pu bénéficier d'un penalty. Pour le reste, l'équipe cardinale a usé et abusé de longs ballons vers ses attaquants, trop souvent pris au piège du hors-jeu. Si les carences techniques de Denis Stracqualursi, illustrées par un mauvais contrôle face au gardien (83me) ne constituent pas une nouveauté, les problèmes offensifs de Santa Fe doivent aussi beaucoup à l'apport inexistant de ses latéraux, trop occupés à découper les Boliviens quand ceux-ci s'aventuraient à franchir la ligne médiane.

Alors que les sorties coup sur coup de Pablo Escobar et de Raul Castro pour The Strongest permettaient aux spectateurs d'enfiler des perles à propos des plaies entrouvertes de l'Amérique latine, l'apparition de la pluie constituait le seul évènement notable des dix dernières minutes. Averti pour gain de temps, le gardien bolivien, pouvait continuer tranquillement à faire preuve d'humour vache envers l'arbitre au cours des 5 minutes de temps additionnel. Au coup de sifflet final, les visiteurs laissaient exploser leur joie au pied du parcage visiteur ou une cinquantaine de Boliviens avaient pris place. Qualifié en 8ème de finale de Copa Libertadores pour la quatrième fois de son histoire, The Strongest tentera de faire mieux qu'en 1990, 1994 et 2014 en parvenant à atteindre les quarts de final.

Bien que déçus, les supporters de Santa Fe ont préféré se tourner vers le match de samedi plutôt que de s'en prendre à leur équipe. Malgré l'accumulation des titres depuis 2012, ceux-ci savent que la souffrance fait partie de l'ADN du club, surtout depuis l'attente interminable entre sa sixième étoile obtenue le 21 décembre 1975 et la septième conquise le 15 juillet 2012.  Au bord du vertige, Santa Fe n'a donc pas encore abdiqué. Samedi, El León pourrait même se satisfaire d'un nul contre l'Alianza Petrolera à condition que l'Atlético Bucaramanga ne vienne pas à bout de l'América de Cali.

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Matchs du mardi

Matchs du jeudi et du vendredi

Les seize qualifiés se retrouveront donc le 14 juin prochain à Luque, date du tirage de la fin de la compétition. C’est en effet l’une des nouveautés de l’édition 2017, à l’image de sa consœur européenne, la Libertadores a choisi la voie du tirage au sort pour sa phase finale quand autrefois, tout était fonction du classement. Ce classement aura tout de même son importance, les équipes les mieux classées lors des affrontements auront « la chance » d’accueillir le match retour. On comprend ainsi la déception des supporters de River, leur club aurait pu terminer premier de la phase de groupe avec un nul et ainsi s’assurer de recevoir au retour, finale comprise.

Classement des premiers

Classement des deuxièmes

1- Atlético Mineiro 13 (+11)

9 -Godoy Cruz 11 (+2)

2-Lanús 13 (+10)

10- Guaraní 11 (+2)

3- Gremio 13 (+9)

11- Emelec 10 (+3)

4- River 13 (+5)

12- Barcelona 10 (0)

5- Palmeiras 13 (+4)

13- Atlético Paranaense 10 (-1)

6- Santos 12 (+7)

14- The Strongest 9 (+4)

7- Botafogo 10 (+1)

15- Jorge Wilstermann 9 (+2)

8- San Lorenzo 10 (0)

16- Nacional 8 (+2)

 

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Aymeric Bernilar
Aymeric Bernilar