Dernier round de la finale du championnat péruvien. Après un match nul animé à l’aller, Melgar et Sporting Cristal se retrouvaient à Arequipa pour le dernier frisson de l’année péruvienne.

Arequipa, un soir de décembre, alors que la veille César Vallejo avait pris le dernier ticket pour la Libertadores en écrasant le Real Garcilaso, tout un peuple rouge et noir n’avait d’yeux que pour l’Estadio de la UNSA, forteresse imprenable depuis 20 matchs dans laquelle la bande à Juan Reynoso se devait de faire régner sa loi une dernière fois, la plus importante, celle qui mettrait fin à 34 ans de disette. Il y avait eu la suspension de la mise en vente des places lorsque, totalement débordés, les autorités locales avaient dû se réorganiser pour faire face à cette marée humaine symbole de cette incroyable attente. Il y aura eu le scénario d’un match incroyable. Car rien ne peut être comme ailleurs en Amérique du Sud, rien ne peut se passer de manière simple.

Ils étaient plus de 32 000 à se masser dans l’Estadio de la UNSA pour le final de l’année péruvienne, le choc entre Melgar et Sporting Cristal. Après le match nul 2-2 de l’aller, la dernière marche semblait la plus facile à franchir pour un Dominó qui pénétrait sur la pelouse avec l’ensemble des joueurs du groupe professionnel, symbole d’une union totale. Les hommes de Reynoso cherchaient à prendre le contrôle de la partie dès les premiers instants, pressant haut, faisant circuler le ballon, campant dans la moitié de terrain céleste. Ysrael Zúñiga, Bernado Cuesta en fer de lance, Diego Penny se retrouvait sous la menace constante des offensives locales, Cristal pliait. Cazulo coupable d’une main dans la surface, Melgar obtenait un penalty logique qui devait lui permettre de conclure un premier quart d’heure au cours duquel sa domination était telle que les hommes de Daniel Ahmed n’avaient pas existé. Mais Zúñiga butait sur Penny. Pire, sur le contre, Sheput servait Ávila dont le centre était repris par la pépite da Silva. Le hold-up parfait, le coup sur la tête. Le Sporting Cristal venait d’ouvrir le score. Mais, la force de Melgar reste son collectif. Le Dominó s’appuyait dessus pour reprendre ses esprits. Cinq minutes plus tard, une formidable action collective permettait à Cachete Zúñiga de se rattraper du penalty manqué, Melgar égalisait. Le match devenait fou, les deux équipes se rendant coup pour coup. Da Silva et Ávila répondaient à Cuesta, Cristal faisait frissonner tout Arequipa. Avant un cri collectif. Nouvelle offensive collective, Arias s’échappait côté droit et offrait à Fernández le but du 2-1 juste avant la pause.

L’intensité reprenait en début de seconde période. Melgar décidé à tuer le match, Cristal forcé de revenir, les situations pleuvaient. Fernández se voyait refuser le but du 3-1 suite à un hors-jeu de Zúñiga, Cristal vivait en apnée pendant un bon quart d’heure. Avant, une fois encore de se réveiller. Entré en début de seconde période, Blanco se montrait dangereux et égalisait sur un penalty obtenu par Calcaterra. A vingt minutes de la fin, la menace d’une séance de tirs au but commençait alors à planer. La tension montait. Chávez manquait le plus dur, se retrouvant seul face à Álvarez après avoir éliminé Villamarín, tout Arequipa retenait son souffle puis réclamait un penalty pour une main de Rodríguez devant Zúñiga. En vain. Les tirs au but semblaient inévitables. Jusqu’à la 90e minute. Patricio Álvarez relançait vers Minzún Quina dont le long ballon vers l’avant était mal relancé par Revoredo. Rainer Torres interceptait le ballon et lançait Bernardo Cuesta qui s’en allait tromper Penny en deux temps. 90e minute, les larmes de l’avant-centre de Melgar étaient des larmes d’une joie immense partagée par tout un stade. Les célébrations pouvaient alors commencer, la Plaza de Armas de la "Ciudad Blanca" pouvait s’embraser jusqu’à tard dans la nuit. Après 34 ans d’une attente devenue interminable, Melgar est de nouveau champion du Pérou et clos ainsi de la plus belle des manières l’année de son Centenaire. Au bout d’un match de légende.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.