“La U es la U” comprenez la U c’est la U, non pas la 21ème lettre de l’alphabet mais bien le club de Lima aux 26 titres de Champion du Pérou. La U pour Universitario de Deportes, le plus grand club du pays andin par son palmarès mais également par sa popularité. Dans la capitale ils rivalisent avec l’Alianza de Lima, ce qui donne lieu au Clásico local. Ce dimanche j'ai l'opportunité de voir la U jouer pour la 9ème journée du Tournoi d'Ouverture face au Real Garcilaso de Cuzco, je la saisis.

Sous le ciel gris caractéristique de Lima, los cremas de la U affrontent le Real Garcilaso de Cuzco lors de la 9ème journée du Tournoi d’Ouverture dans leur emblématique Estadio Monumental. Pour arriver jusqu’au stade depuis le district de Miraflores (quartier central et touristique de Lima) il faut prendre deux bus et compter 1h30 de trajet avec une circulation relativement fluide, un peu plus de 2 heures au retour.

Une fois descendu du bus, je remonte une large avenue quasiment désertique où se réunissent tout le long de nombreux vendeurs de rues qui proposent des copies de maillots pour la faible somme de 20 soles (5-6 euros) et autres écharpes et bonnets. Paré des couleurs crème et rouge du club, je me dirige vers l’immense stade jaunâtre aux allures d’arène futuriste mélangées à la monumentalité d’un bâtiment soviétique : Un édifice qui se dresse au milieu de nulle part avec le parfait décor des montagnes andines en toile de fond.

La statue de la figure historique du club, Teodoro “Lolo” Fernández, se tient à l’entrée du stade. Un homme d’une soixantaine d’années me demande de le prendre en photo devant, le moment est solennel. Rapidement d’autres fans se prennent fièrement en photo avec la statue du joueur qui a passé 23 ans dans l’effectif de la U entre 1930 et 1953 pour 156 buts en 180 matches. C’est l’idole du peuple crema, son effigie orne aussi les gradins de la tribune Est.

Une brève palpation plus tard par la police, qui me demande de laisser mon journal avant d’accéder aux gradins, je pénètre dans l’antre qualifiée de “ plus beau stade d’Amérique du Sud” par un agent de sécurité avec qui j’échange brièvement. A 30 minutes du coup d’envoi les gradins sont aux trois quarts vides, ce n’est qu’une petite surprise car un employé de mon auberge m’avait prévenu que l'affiche ne déplacerait pas les foules. La particulière répartition des tribunes dans le stade joue également. Pres de la moitié du haut des tribunes sont occupées par des loges (21 000 places en loges sur une capacité totale de 80 000 personnes). Je peux donc prendre une place bien située dans des tribunes clairsemées de la tribune Ouest (environ 18 euros la place). Les spectateurs achètent des glaces ou un "refresco", un soda aux vendeurs ambulants, et il est déjà temps de voir les deux formations entrer sur une pelouse très détériorée.

La compo alignée par le coach argentin de la U, Pedro Troglio est presque un onze type, mis à part l’absence du buteur vedette Luis Tejada, blessé. En face c’est une equipe cusqueña deuxième du classement avec 16 pts qui se présente avec l’intention d’enchainer une quatrième victoire de rang. L’arbitre peut alors donner le coup d’envoi devant un virage nord qui se met à chanter comme un seul homme.

Apres un début de match équilibré et sans réelles occasions, los merengues ouvrent le score à la 11ème minute sur leur première occasion franche du match. Le virevoltant ailier panaméen Alberto Quintero est á la conclusion d’un très joli mouvement collectif dans l’axe. Servi dans la surface par le vétéran Rengifo, il fusille gardien d’une frappe du gauche sous la barre, 1-0 pour la U, une libération pour ses supporters tant le début de match était pauvre. Les joueurs de la capitale doublent le score douze minutes plus tard sur un coup de pied arrêté. L’expérimenté défenseur John “Tyson” Galliquio envoie sa tête dans le petit filet opposé. C’est l’international péruvien Alexi Gomez auteur d’un match moyen par la suite qui offre le centre décisif. A la pause Universitario mené logiquement 2-0 face un Real Garcilaso bien organisé mais très brouillon en phase offensive.  Le latéral gauche Jersson Vasquez est l’un des meilleurs joueurs locaux avec le jeune milieu de terrain Javier Nunez.

En seconde période los Cremas tentent de contrôler le match contre un Real Garcilaso réduit à dix dès la 58ème minute, après l’exclusion du défenseur droit Jhoel Herrera. Mais ils se font peur à plusieurs reprises, “Garci” est plus incisif et profite de la fatigue de la U pour réduire la marque a la 72ème par leur meilleur joueur, Jhonny Vidales d’une frappe décroisée dans la surface. Par sa rapidité, sa technique et sa verticalité l’ailier droit de 22 ans fait très mal à la défense adverse durant toute la deuxième mi-temps. Les hommes de Troglio, pourtant en supériorité numérique, se font des frayeurs jusqu’au bout en tentant de préserver le score et en ne saisissant pas les opportunités de tuer le match sur les contres provoqués.

Il est 17h50 et le soleil commence á se coucher au-dessus du Monumental, la U vient de l’emporter et revient á un point du rival l’Alianza, leader du championnat. La hinchada merengue quitte le stade du Districto de Ate dans le calme mais d'un pas décidé afin d’éviter les longues queues qui se forment à l’arrêt de bus de la ligne 201 en direction du centre-ville. Le Torneo Apertura est totalement relancé à six journées de la fin et mon histoire avec le football péruvien peut débuter.

Par Mateo Haddad à Lima

Mateo Haddad
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