Enfin ! Cela faisait plus de 6 ans que le Pérou était sevré du Clásico Lima-Callao, absence comblée cette semaine lorsque les Blanquiazules et les Rosados allaient en découdre pour être le décrocher le premier titre de champion de l’année péruvienne, la Supercopa.

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La Supercopa est donc la nouveauté de cette année 2018. Elle oppose le champion de Primera au champion de Segunda et cela tombe bien car les deux acteurs ne sont d’autre que l’Alianza Lima et Sport Boys, l’occasion donc de retrouver un Clásico Lima-Callao. billetEn effet, en 2017 nous avons vu le retour à la gloire de ces deux clubs historiques du football péruvien. La remontée pour les Boys du Callao et le titre de champion pour les Intimos de la Victoria après une éternité de disette.

L’histoire d’un nom (28) : Sport Boys

Cette affiche prestigieuse ne pouvait avoir d’autre scène que l’Estadio Nacional de Lima. Pris dans le traffic monstre de la mégalopole péruvienne, mon taxi me laisse à une centaine de mètre du stade et je descends pour continuer à pied. J’arrive devant la tribune aliancista et passe devant la barra Comando Sur qui, tout en bleu et blanc, couleurs du club, chante en cœur « Cuando me muera que mi cajon sea azul y blanco como mi corazon ».  Je continue mon chemin jusqu’à l’entrée de la tribune centrale et pénètre enfin dans l’enceinte du stade Nacional, qui est avant tout l’antre de la sélection. À ma droite se trouve la tribune Sur au trois-quarts remplie par les supporters du Callao. À ma gauche la tribune nord réservée aux supporters de l’Alianza Lima. Je suis idéalement placé pour profiter des deux ambiances.

Ce sont les Rosados, pourtant moins nombreux, qui chantent plus fort leur fameux « Vamos Boys, Vamos Boys ! » 20 heures, le stade de soixante mille places est loin d’être plein mais le spectacle peut commencer !

En première mi-temps les deux équipes, encore en rodage, se cherchent et proposent un jeu trop brouillon avec beaucoup de déchets techniques. C’est Sport Boys qui profite le mieux des pertes de balles de son adversaire pour être le plus dangereux et se créer les premières occasions. Pour le moment, le promu tient tête au champion en titre avec une récupération rapide et un jeu plutôt vertical qui n’aboutit malheureusement pas à l’ouverture du score par manque de précision dans le dernier geste. Il faut dire que Pietro, le gardien blanquiazul préféré à l’habituel Leao Butrón, anticipe toujours parfaitement les attaques des Boys. La fin de la première période est sifflée sur un score nul et vierge avec un beau match mais deux équipes qui pêchent dans le dernier geste.

Premier bilan des tribunes, une large victoire des Chalacos qui poussent leur équipe sans relâche même pendant la mi-temps. De l’autre côté du stade, l’ambiance est plus calme, les supporters ne reconnaissent pas pour l’instant leur équipe championne il y a à peine un mois. Ma tribune regroupe des supporters des deux équipes, je peux donc entendre la satisfaction des Chalacos et la frustration des Aliancistas. Preuve qu’un match nul n’a pas forcement la même saveur d’un côté ou de l’autre.

Début de la seconde période et ça redémarre très fort, le jeu va très vite d’un but à l’autre et on sent que l’ouverture du score est proche. Kevin Quevado, le meilleur joueur pour le moment, offre les premiers frissons après cinq minutes de jeu et cette superbe volée bien captée par le gardien. Trois minutes plus tard, une belle combinaison de Ascues et Sanchez aboutie sur une frappe qui fait trembler la transversale et toute la barra rosada. On y est, l’Alianza Lima pose son jeu et dicte sa loi. Les Intimos poussent et veulent aller chercher ce trophée, mais les Boys tiennent le coup et la partie reste ouverte. Les entrées de Lemos et Ferreyra pour l’Alianza apportent alors plus de volume offensif. Coaching gagnant puisque le milieu transmet une passe à l’attaquant qui s’écroule alors dans la surface après un accrochage avec un défenseur rosado. L’arbitre n’hésite pas et indique le point de penalty et c’est Carlos Ascues, l’international péruvien, qui s’en charge et le transforme.

J’en prends alors plein les oreilles avec le réveil de la barra aliancista qui hurle le gol d’une seule voix en faisant vibrer les murs du Nacional. C’est sévère pour Sport Boys qui jusque-là avait fait jeu égal avec l’Alianza Lima mais personne ne se relâche côté Boys que ce soit sur le terrain ou dans les tribunes. On pousse pour chercher l’égalisation même si on est plus proche du 2-0 que du nul. Cette fois la barra aliancista a plus de voix et transcende ses joueurs. Il y aura un dernier frisson tout de même avec Luis Tejada, nouvelle recrue panaméenne, et Tajima tous deux devant le gardien qui dégage juste à temps après confusion des deux joueurs. Le Panaméen, ancien de la U, accessoirement ennemi historique de l’Alianza Lima, se sera fait copieusement siffler à chaque ballon touché. Il faut dire que son entrée en fin de deuxième période n’a pas beaucoup apporté si ce n’est un ralentissement du jeu. Le score n’évoluera plus et l’arbitre siffle la fin du match.

C’est la délivrance pour le champion de Primera qui fait respecter la hiérarchie et soulève ce premier trophée de la saison. Quelques frayeurs tout de même pour l’Alianza qui n’a pas été sereine durant ce match et surtout à un mois du choc contre Boca Juniors pour la première journée de Libertadores. Côté Sport Boys, on aura vu de belles promesses qui, je pense, en feront un candidat crédible pour une place dans le top 4. La saison est lancée et d’autre Clásicos nous attendent.

Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.