L'évènement de ce week-end c'était évidemment le clásico tant attendu de tous. L'Alianza Lima accueillait, dans son stade de Matute, le 362e clásico péruvien et le premier de la saison.

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Le match du week-end : Alianza Lima – Universitario (2-3)

Comme tous les ans à chaque début de saison les hinchas des deux plus gros clubs péruviens cochent dans leurs calendriers les rencontres entre leur club de cœur et leur meilleur ennemi. Lucarne Opposée a fait de même pour vous faire vivre à vous aussi cet événement majeur du football péruvien. C'est au stade Alejandro Villanueva qu'avait lieu ce premier clásico de l'année pour le compte de la neuvième journée de l'Apertura et c'est donc dans le quartier de la Victoria que je me dirigeais après m’être engouffré dans un taxi. Lorsque le chauffeur a su où j'allais, il était tout de suite ravi d'entamer la conversation sur le match de la soirée et de m'expliquer clairement que son équipe, Universitario, allait l'emporter. En arrivant à la Victoria, il s’arrête faire le plein dans une station-service aux couleurs blanquiazules entourée d'hinchas de l'Alianza. Après avoir payé, il entonne le fameux chant « Y Dale U » (Allez la U) sous les rires d'un vieil homme qui le suit dans sa folie (!), alors je demande au vieil homme s’il est aussi de la U, il me répond avec un sourire « crema de toda la vida ». Après cette drôle de scène, nous arrivons enfin à quelques pâtés de maison du stade où me laisse mon taxi. Le grondement du stade se fait déjà sentir preuve de la présence massive de tous les membres du Comando Sur, les ultras aliancistas. En entrant dans le stade et en prenant place dans la tribune Occidente, je pouvais écouter les conversations et je notais la soif de victoire contre l'ennemi de toujours. S’il y a un seul match à gagner c'était celui-ci contre Universitario à domicile. C'est d’ailleurs devenu une habitude aliancista de gagner les clásicos : sur les dix derniers, l'Alianza en a remporté sept. Je remarque une forte présence policière pour ce clásico et l'on m'explique qu'elle est dû à la présence de George Forsyth, le maire du district de la Victoria et ancien joueur de l'Alianza Lima. Forsyth a commencé son mandat par faire un grand ménage dans les rues de ce district malfamé en délogeant tous les vendeurs ambulants et informels. Malheureusement, cet acte se retourne contre lui, car il a récemment reçu des menaces de mort. Le stade Alejandro Villanueva reste finalement l'endroit le plus sûr pour lui.

L'autre événement de la soirée c'était aussi le retour d'Alejandro Hohberg à Matute mais cette fois avec le maillot crema. Le milieu de terrain a été champion avec l'Alianza Lima en 2017 et évoluait dans le club jusqu'à la saison dernière où il était un référent avant de rejoindre Universitario. Nicolás Córdova, l'entraineur chilien de la U, décide d’ailleurs de l'aligner d'entrée sur le flanc gauche de l'attaque mené par Germán Denis seul en pointe et Gaby Correa sur le flanc droit. La U restait sur une défaite cuisante face au Binacional ainsi que sur trois matchs sans victoire et venait aussi pour gagner. Miguel Ángel Russo optait quant à lui pour un 4-3-3 offensif : Quevedo et Manzaneda sur les ailes pour épauler Affonso en pointe. Cachito Ramírez et Felipe Rodríguez en relanceurs avec Cartagena en sentinelle devant la charnière centrale composée de Godoy et Riojas et complétée par les latéraux Salazar et Rosell. Pedro Gallese prenait place dans les cages à la place de l'idole Leao Butrón. Le technicien argentin ne fera d’ailleurs aucun changement durant tout le match.

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La première mi-temps était rugueuse mais très intense. Chaque joueur se jetait sur le ballon en y mettant toute sa hargne pour le gagner. La consigne des deux entraineurs semblait être plus centrée sur la possession du ballon que sur l'ordre et la technique. Beaucoup de coups de part et d'autre et le jeu commença à être haché par les fautes sifflées par l'arbitre. En revanche l'arbitre oubliait deux mains successives dans la surface crema et un penalty flagrant en faveur de l'Alianza. Dans les tribunes, on assistait à un autre spectacle, celui du chant de la gallina (NDLR : la poule, surnom peu flatteur donné aux joueurs et supporters de Universitario par les supporters de l'Alianza Lima). Pour l'occasion les hinchas ont apporté des poulets en plastique qui hurlent quand on les presse pour accompagner le fameux « quien no salta es una gallina » (NDLR : qui ne saute pas est une poule). C'est Junior Morales qui se chargera de faire taire le stade en ouvrant le score pour Universitario juste avant la mi-temps. L'arbitre renvoyait les vingt-deux acteurs sur ce score à l'avantage des visiteurs. Pendant la mi-temps les spectateurs débriefaient cette première période sur un ton aussi virulent les uns que les autres, mais ce qui m'a attiré l'attention était ce policier chargé de la sécurité qui débarquait en tribune et demandait « qui est le fils de *** qui a marqué ? ». Ambiance.

Au retour des vestiaires, la U partait sur les chapeaux de roues et Lavandeira inscrivait le deuxième but sur une sublime passe de Hohberg. Piqués dans leur orgueil, les joueurs de la Victoria réagissaient et répondaient par plusieurs chevauchées dangereuses. Sur l'une d'elle, Quevedo tentait l'aile de pigeon dans la surface mais le ballon venait percuter la main de Quina qui est cette fois-ci sifflée par l'arbitre. Felipe Rodríguez se chargeait de la sentence et transformait le penalty. Ce but relançait complètement le match qui s'intensifiait et voyait l'Alianza reprendre le dessus sur son rival du soir. Les débats étaient encore plus animés qu'en première période et on tenait enfin un match fou. Le stade plein à craquer était debout et chantait à l'unisson pour pousser son équipe et leur faire comprendre qu'ils devaient gagner ce match. Arrivait alors la 81e minute, Universitario s’apprêtait à jouer un corner et se faisait copieusement siffler par les hinchas lorsque Quina s'élevait plus haut que tout le monde et propulsait le ballon d'un puissant coup de tête au fond des filets. Le défenseur qui avait coûté un penalty à son équipe se rattrapait en inscrivant le but du break. À l'autre bout du terrain, le gardien crema Jose Carvallo exultait et célébrait en face de la tribune Sud et des ultras aliancistas. Les joueurs de l'Alianza qui s’échauffaient à cet endroit se ruaient vers Carvallo pour en découdre mais étaient stoppés par d'autre coéquipiers. Nicolás Córdova pénétrait à son tour sur le terrain pour protester contre cette attitude, mais était expulsé pour avoir enfreint le règlement. Córdova rejoignait donc les vestiaires sous une pluie d'insulte et d'objets en tout genre dont les fameux poulets en plastique. Le jeu reprenait normalement et l'arbitre sifflait un nouveau penalty en faveur de l'Alianza pour une faute commise sur Mauricio Affonso dans la surface de réparation. Felipe Rodríguez se chargeait une nouvelle fois de transformer ce penalty et relancer une nouvelle fois ce clásico. Malheureusement pour eux, les blanquiazules n'arriveront pas à égaliser et le score en restera là sur une victoire d’Universitario au Matute. La colère du stade se faisait vite sentir et les sifflets étaient assourdissants. Perdre à domicile contre son meilleur ennemi reste une humiliation qui passera difficilement. En sortant du stade je croise un hincha qui pleure à chaudes larmes preuves de l'impact de cette défaite dans le cœur de ces supporters inconditionnels. Suite à cette défaite, l'Alianza Lima chute à la dixième place du classement et se déplacera pour la prochaine journée dans le Nord du Pérou pour affronter le promu Pirata FC et tenter de se racheter mais surtout de récupérer rapidement des points.

Binacional et Sporting Cristal s'offrent un duel à distance

C’est le carton du week-end. Binacional à complètement asphyxié une équipe de San Martín qui a explosé avec trois buts en première mi-temps puis trois buts en deuxième pour une victoire historique des locaux. Andy Polar et Donald Millán ont encore brillé en inscrivant un but pour le premier et un doublé pour le second. Avec cette cinquième victoire consécutive (la huitième en neuf matchs), Binacional assure sa place de leader qu’importe le résultat du Sporting Cristal, son dauphin. San Martín glisse dangereusement dans la zone rouge. Alors le Sporting Cristal se devait de gagner s’il voulait rester en vie dans la course au titre. C'était pourtant mal embarqué lorsque Sergio Almirón ouvrait la marque d'une panenka sur penalty, mais, une fois de plus, les celestes ont pu s'en remettre à leur serial buteur Emanuel Herrera qui égalisait dans les cinq dernières minutes d'une frappe sublime à l'entrée de la surface. Christian Ortiz marquait dans la minute suivante d'une déviation pleine de malice pour placer son équipe devant sur le tableau d'affichage. C'est sur un centre de Herrera que Christian Palacios inscrivait le but du break pour Cristal qui replace le Binacional à distance de tir.

Ailleurs

En tenant tête au Real Garcilaso de Reynoso, Sport Boys gagne son deuxième point de la saison et met fin à une série de trois défaites consécutives. Au Callao toujours, l'Academia Cantolao s'est facilement imposé face au Deportivo Municipal sur un score de trois buts à zéro. Sport Huancayo tient enfin sa première victoire de la saison en battant le FC Pirata sur le score d’un but à zéro. Après une belle série et bien installé à la troisième place, Ayacucho chute à Trujillo sur le terrain de César Vallejo. Melgar ne peut faire mieux que match nul à Moyobamba et partage les points avec Unión Comercio. À Huanuco, l'Alianza Universidad remporte contre Carlos Mannucci son troisième match de la saison et grimpe à une jolie cinquième place.

Classement

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Romain Lambert
Romain Lambert
Parisien expatrié sur les terres Inca, père d’une petite franco-péruvienne, je me passionne pour le football de Lima à Arequipa en passant par Cusco. Ma plus forte expérience footballistique a été de vivre le retour de la Blanquirroja à une coupe du monde après 36 ans d’absence.