89e minute du match entre Peñarol et Cerro samedi soir. Diego Forlán angoisse, le score est toujours d'un but partout. L'arbitre assistant lève son panneau et indique six minutes de temps additionnel. Diego, d'habitude bien élevé, regarde l'assistant et devant les caméras lui dit « T'as donné que six minutes ? Fils de P* ». Une minute plus tard, Pellistri dribble la terre entière et passe en retrait pour Jesús (Trindade, pas l'autre) qui donne la victoire à Peñarol. Le football est de retour en Uruguay. La passion aussi.
Guide de la saison
Peñarol 2 – 1 Cerro
Au début, tout le monde était sceptique. Il faut dire que Peñarol a fait venir de nombreux joueurs pendant le mercato, une douzaine, mais il n'y avait qu'un seul de ces joueurs qui était titulaire contre Cerro. Soit qu'ils soient blessés (Urretaviscaya, Britos), soit qu'ils soient sur le banc (Kagelmacher, Vadócz). Le onze de départ avait donc une allure très 2019, d'autant plus que l'effectif avait les blessés habituels (Gargano, Cebolla) et un Kevin Dawson suspendu. Et 2019 n'a pas vraiment très bonne saveur côté Peñarol. Alors, on comptait sur les côtés, sur Pellistri et le Chilien Bravo pour apporter le déséquilibre. Côté Cerro, malgré les difficultés financières, le club a réussi à créer un groupe intéressant avec notamment les retour de Paiva et Boghossian. La première mi-temps s'est terminé par un match nul un partout suite à l'ouverture du score de Xisco sur corner, auquel répond un très bon Paiva sur coup-franc quelques minutes plus tard, pleine lucarne. Dans le jeu, pas grand-chose des deux côtés, c'est même Cerro qui domine au milieu de terrain. Le Peñarol de Forlán montre les mêmes limitations au milieu que celui de l'année précédente. Petit à petit, l'inquiétude monte. L'inquiétude augmente fortement, très fortement même, quand à l'heure de jeu Thiago Cardozo, le jeune gardien de Peñarol qui remplace Dawson suspendu, sort de surface, cherche à dribbler Boghossian mais tombe sur le ballon. Il panique, sa main a touché le ballon. Il panique encore plus, prend le ballon dans les bras, et sans explication retourne dans sa surface, sans vouloir regarder l'arbitre. Comme si cela suffisait. Incompréhension, carton rouge logique. L'action est complètement stupide, et Peñarol termine à dix. Dans la foulée, sur un ballon aérien, le capitaine Formiliano retombe mal sur l'épaule et demande immédiatement son remplacement. Fracture, huit à seize semaines de récupération. Le stade est un peu sous le choc, devant ce manque de chance une semaine après la blessure d'Urreta. Étrangement, ce sentiment de malédiction va réveiller Peñarol.
Avec les entrées de Vadócz au milieu et de Kagelmacher en défense, l'équipe retrouve une assise. Le défenseur reprend les devant sur les ballons aériens, tandis que le Hongrois recule d'un cran pour apporter sécurité et direction de jeu, pour mettre en place ce que Cachavacha lui dit depuis le banc de touche. On commence à revoir Pellistri sur son côté droit, et Xisco en attaque. Cerro souffre physiquement, même en supériorité numérique. L'Espagnol a une occasion qui passe de peu à côté avant que Pellistri ait la sienne, seul face au gardien, mais sa frappe passe au dessus. L'assistant indique six minutes de temps additionnel, et Forlán qui sent la victoire possible lui reproche pas très poliment de ne pas donner plus de temps additionnel sachant qu'il y a eu un changement de gardien et une blessure grave. Mais sur la première action du temps additionnel, l'argentin Rojas effectue une transversale lumineuse pour Pellistri, qui amorti la balle, passe deux joueurs, et transmet en retrait pour Jesús Trindade qui frappe mollement mais entre le défenseur et le gardien Formento. Comme lors de ses cinq derniers matchs au Campéon Del Siglo Peñarol l'emporte après la 85e minute. A lo Peñarol ! Diego peut sauter de joie, les trois points vont faire du bien à l'équipe. Il faudra quand même penser dans les prochains jours à réorganiser le tout. Kagelmacher, impérial pendant sa demi-heure de jeu, devrait avoir gagné sa place de titulaire.
Difficile d'analyser le jeu dans ce match ouvert, mais Cerro a fait plaisir à voir durant une bonne heure de jeu et l'équipe a de bonnes bases pour commencer sa saison. Leandro Paiva va leur faire un bien fou, il est l'auteur d'un but magnifique. Côté Peñarol, il faut tout d'abord noter que Cebolla a écrit un message sur les réseaux sociaux avant le match s'excusant presque d'être à nouveau blessé. L'absence du capitaine, toujours blessé depuis une dizaine de mois, commence à faire jaser. L'équipe devrait être très différente lors du prochain match avec les nouvelles blessures, le retour de Dawson mais aussi de David Terans.
Rentistas 2 – 0 Nacional
Alors que Peñarol faisait presque de la peine avant le début de son match, Nacional semblait prêt à défendre son titre. L'équipe dispose de la même base que l'année dernière avec principalement l'arrivée de Yacob en remplacement de García parti en Argentine, et l'arrivée de deux latéraux de grande qualité comme Cougo et Suárez. Et pourtant. Et pourtant le Bolso a souffert dès le début du match. Corujo est coupable dès le quart d'heure de jeu d'une faute qui aurait pu lui valoir carton rouge. Nacional joue haut sur le terrain, mais ne se crée pas beaucoup d'occasions. Le Moustique Rouge joue plus bas, mais prend de vitesse systématiquement la défense de Nacional sur les contres. Rentistas ouvre logiquement la marque au retour des vestiaires, sur un corner de Nacional. L'équipe de Munúa ne laisse personne, vraiment personne, derrière pour défendre sur le contre. Robert Ergas en profite pour déborder côté droit, et faire un amour de passe vers Falcón, défenseur central qui avait bien poursuivi l'action, et qui se présente absolument seul face à Mejía. Sa frappe puissante trompe le gardien panaméen, et le seul joueur de Nacional qui avait suivi, Bergessio, est toujours deux mètres derrière Falcón. Dix minutes plus tard, Robert Ergas (formé au Defensor mais qui avait déjà traumatisé Nacional lors d'un match avec son ancienne équipe, Boston River) effectue un amour de grand pont sur un Corujo à la rue, et centre en retrait pour Renato César qui trompe à nouveau Mejía. La soirée est cauchemardesque pour Nacional puisque Cougo se fait exclure dans la foulée pour une faute inutile. Le latéral, ancien du Defensor, aura fait de la peine pendant tout le match. Rentistas se replie derrière et attend ensuite la fin du match, et une victoire deux à zéro contre le champion en titre.
Nacional a souffert en défense. La charnière Laborda – Corujo a été systématiquement en retard, alors que les latéraux ont été trop orienté vers l'attaque, laissant les centraux trop seuls. Le milieu n'a pas su créer d'actions pour un Bergessio qui a paru très frustré. Munúa va devoir apporter des changements. Côté Rentistas, beaucoup de bonnes surprises avec une défense Rolín – Falcón très solide, et une attaque rapide et plutôt élégante avec Renato César (ex-international U20), ou Cristian Olivera, attaquant de seulement 17 ans, impressionnant. A suivre.
Pour le reste
Torque 1 – 3 Progreso au Centenario, le promu du groupe City a pris le bouillon face au Gaùcho.
Wanderers 0 – 0 Defensor Tristesse.
Deportivo Maldonado 1 – 2 Boston River Avec les débuts d'Abreu en tant qu'entraîneur joueur (il est entré en fin de match), el Sastre s'impose et lance bien sa poursuite du maintien face à un promu.
Cerro Largo 1 – 0 Danubio L'équipe de Melo continue sur sa bonne lancée de l'année dernière en s'imposant contre Danubio. Avec les nuls de Defensor et Wanderers, cela ressemble furieusement à l'année 2019.
River Plate 2 – 2 Fénix Magnifique match entre les protégés de JR et ceux de Fossati. Duel d'entraîneur que personne n'a gagné, malgré une magnifique première mi-temps de Fénix. L'impact mis dans le jeu s'est payé par deux cartons rouges côté Fénix. Canobbio, un but et une passe décisive, a fait un très bon match. Mais score nul logique au final, et on vous laisse sur cette photo de JR Carrasco, 63 ans.



