« Il n'est pas de vent défavorable pour celui qui ne sait pas où il va » pensait encore récemment Sénèque en regardant un choc entre Albion et Rentistas. Le football uruguayen du haut de ses trois siècles (en comptant large) reprend cette semaine et le pays du football va encore nous offrir ce qu'il a de meilleur, beaucoup et si peu à la fois. En voici une tentative de guide.

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Après deux années fortement impactées par la crise du virus apparu dans la province du Hubei, à quelques kilomètres de là, le format redevient celui d'un championnat « normal ». Le championnat se joue donc sur deux tournois dans lequel tout le monde joue tout le monde, Apertura et Clausura, ponctués d'un tournoi dit Intermedio composé de deux poules avec la moitié des équipes dans chaque poule. Le tout forme un classement annuel. En fin d'année, le vainqueur de l'Apertura affronte le vainqueur du Clausura (sur un match) puis le vainqueur de ce match joue le vainqueur du classement annuel (sur deux matchs), tout en gardant à l'esprit que le vainqueur du classement annuel a aussi souvent déjà gagné un des deux tournois. Pour les titres locaux (tournois courts et classement annuel), il y a un match de départage quand deux équipes sont à égalité. Ce n'est pas le cas pour départager pour les coupes continentales où la différence de but fait office de juge. Les deux premiers se qualifient pour les groupes de la Libertadores (le jackpot). Enfin les deux premiers, sauf si le vainqueur d'un tournoi court n'est pas l’un de ceux-ci au classement annuel mais qu'il gagne sa demi-finale (jurisprudence Rentistas, notamment). Les troisième et quatrième jouent ensuite les premiers tours de Libertadores (et perdent assez rapidement, en général) alors que de la cinquième et à la huitième place se jouent la Sudamericana. Ensuite, les trois derniers descendent, mais sur un autre classement, celui de la moyenne sur deux saisons. C'est parfois assez injuste, mais cela fait qu'il n'y a souvent pas de ventre mou, une équipe pouvant parfois descendre et prétendre à la Sudamericana la même année.

Les équipes

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Nom complet : Club Atlético Peñarol
Surnom : Manyas, Carboneros, Aurinegros…
Stade : Campéon Del Siglo, très joli stade pouvant accueillir 40 000 personnes en tassant bien, situé dans les limbes de Montevideo. Plutôt que la voiture, privilégiez le bus depuis Tres Cruces, s'y garer est toujours très compliqué. Le vent rentre part les tribunes et il peut y faire très froid...
Entraîneur : Mauricio Larriera

Pour plus de détails sur l'histoire du club, c'est par ici.

En Uruguay, les commentateurs parlent d'un effectif stable pour le champion en titre. Et c'est assez comique, car à y regarder de plus près, cinq titulaires ont quitté le club cet été, dont la « pépite » Facundo Torres parti vivre sa plus belle vie dans un club de l’État ensoleillé. Au rayon départ, il y a aussi la défense avec Gary Kagelmacher et Carlos Rodríguez, mais aussi Giovanni González. Si on ajoute Piquerez parti il y a moins de six mois, vous avez un changement complet de la défense. Au milieu, Trindade est parti au Mexique. Heureusement, personne aux États Unis ou au Mexique ne s'est rendu compte que le meilleur joueur de l'équipe la saison dernière était Walter Gargano. Avec Canobbio qui est aussi resté, cela suffit à faire dire aux commentateurs que l'effectif est stable. Byzance. La grande nouvelle côté Peñarol est le retour de la Libertadores, même si l'année sans cette coupe a été bien vécu grâce à la demi-finale de Sudamericana. Mais Peñarol reste un club qui se doit d'être en Libertadores, pour l'histoire (un peu) et le budget (surtout). Le départ de Torres pour une coquette somme a permis de retenir Agustín Álvarez Martínez quelques mois de plus et lui offrir l'opportunité de s'imposer définitivement comme le buteur qu'il peut être. C'est lui, logiquement, le prochain transfert pour plusieurs millions dans quelques mois. Il faudra qu'il brille pour cela en Libertadores.  

Objectif de la saison : cinq buts pour Álvarez Martínez en Libertadores. Le club termine troisième de son groupe mais le joueur est vendu quinze millions aux Américains.

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Nom complet : Club Nacional de Football
Surnom : Bolso, Tricolores, Albos…
Stade : Gran Parque Central avec une capacité d'environ 30 000 places. Premier stade d'un match en Coupe du Monde de la FIFA, sachant que le stade de Pocitos a été détruit.
Entraîneur : Pablo Repetto

Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Gros ménage côté Nacional durant l'été après une saison ou le club n'a rien gagné, ce qui est très rare depuis l'an 2000. Exit les Bergessio, parti avec les remerciements du club pour ses nombreux buts ou les D'Alessandro, parti du club en ayant couru huit cents mètres sur deux cent trente-huit minutes jouées selon mon décompte (décompte approximatif, je le concède). Beaucoup d'autres joueurs qui passaient pas mal de temps sur le banc sont également parti comme Méndez ou Vecino. Pour remplacer ce petit monde, le club s'est très bien renforcé en attaque avec « le vert » Juan Ignacio Ramírez qui ne reviendra sans doute pas en vacances dans le Forez mais qui devra désormais prouver que la responsabilité de sa mésaventure des cinq derniers mois repose sur un Saint-Étienne en crise plutôt que sur sa mauvaise volonté. Sont également arrivés en attaque Leandro Otormín, de retour dans le club qui l'a formé après notamment une bonne saison à Cerro Largo, ou encore le Pumita Rodríguez en défense côté droit. Le club va participer à sa vingt-sixième Libertadores de rang (record en cours) et va surtout devoir se construire une défense sous les ordres de Repetto. Le club n'a pas recruté dans ce secteur hormis Rodríguez qui a un profil bien offensif pour ce type d'équipe... sauf à le faire jouer au milieu comme il a pu le faire avec Fénix. C'est pourtant en défense que Nacional a perdu la possibilité d'un triplé l'année dernière.

Objectif de la saison : se qualifier en Libertadores la saison prochaine. Ce sera bien un record que les Brésiliens n'auront jamais.

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Nom complet : Albion Football Club
Surnom : los leones, el decano
Stade : pas de stade propre, il semblerait que le club va jouer au Centenario
Entraîneur : Ignacio Risso

Le vice-champion 1900 déboule pour la première fois en première division durant la période professionnelle. C'est une renaissance pour ce club qui a fait partie des fondateurs de l'AUF et qui a joué un rôle clef dans le développement du football uruguayen des origines en ne prenant au départ que des joueurs uruguayens, même si ces derniers étaient souvent fils d'Anglais. Mais le club avait disparu rapidement en étant soit désaffilié, soit dans les bas-fonds de la troisième/quatrième division amateur uruguayenne. Repris depuis quelques temps dans le cadre d'une SAD, le club s'est battu pour se maintenir avant d'être champion l'année dernière dans une deuxième division qui devait pourtant être la plus dure de l'histoire (Defensor, Danubio, Cerro, Rampla, Racing...). Cent quatorze ans après, le club retrouve donc l'élite uruguayenne, ce qui doit pas être loin d'être un record mondial. Durant l'été, l'équipe a perdu quelques têtes connus comme Leandro Zazpe (ex-Juventud, parti en Bolivie) ou Pablo González (parti à Liverpool) mais s'est renforcée avec quelques têtes connus comme le gardien Yonatan « le singe » Irrazábal, vainqueur de l'Apertura avec Rentistas il y a de cela un an et demi, ou encore Federico Platero ou José Neris.

Objectif de la saison : se maintenir. Le club a toujours fait top six dans ses précédentes participations à la première division (certes, à l'époque, il n'y avait jamais plus de six équipes, mais quand même). 

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Nom complet : Club Atlético Boston River
Surnom: Verdirrojo, el Boston
Stade : pas vraiment de stade fixe, peuvent jouer à Las Piedras ou dans le département de Flores... C'est l'avantage de ne pas avoir de supporter non plus (sauf le Président de la République).
Entraîneur : Ignacio Ithurralde

L'équipe s’en sort toujours par miracle depuis quelques saisons et va donc devoir à nouveau ramer dans les tréfonds du classement cette année. Au moins, cette « habitude » permet-elle à l'équipe de toujours savoir clairement ce qu'il faut faire et c'est une équipe redoutable dans les matchs entre « petits ». L'équipe a enregistré quelques départs comme le latéral Leandro Lozano parti au Nacional ou le gardien Gonzalo Falcón qui était là depuis quelques temps. Mais le club s'est bien renforcé avec tout un tas de joueurs habitués à la première division uruguayenne, de Felipe Carvalho (ex-Nacional) à Rodrigo Viega. De quoi être une équipe dure à battre dans l'objectif du maintien. C’est étrangement l’équipe favorite du président Luis Lacalle Pou, dont il devenu fan par le garde du corps de son père lorsque ce dernier était lui-même président de la république dans les années 1990-2000. C'est aussi l'équipe idéale pour se déclarer fan en tant que Président de la République, puisque cela ne froisse personne, le Boston n'ayant pas vraiment de rival historique (grâce au fait que le Boston n'a pas vraiment d'histoire).

Objectif de la saison : la treizième place.

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Nom complet : Club Sportivo Cerrito
Surnom : Auriverdes
Stade: Parque Maracaná (entre cela et les couleurs, vous comprenez la référence au voisin nordiste)
Entraîneur : Adrián Fernández

C'était la grosse surprise de l'année dernière avec une bonne dixième place au classement et surtout le meilleur buteur du championnat en la personne de Maximiliano Silvera. Certains Mexicains étant toujours autant intéressés à faire transiter des fonds de leur pays vers ce petit paradis (fiscal) qu'est l'Uruguay, Silvera a été transféré à Juárez. Il faudrait un jour se pencher sur le nombre d'uruguayens jouant au Mexique... Avec un effectif malgré tout assez stable et quelques renforts de choix (dont Bruno Giménez ou Ignacio Panzariello de Sud América), ce petit club de banlieue va vouloir confirmer et s'installer en première division.

Objectif de la saison : le maintien et le titre de meilleur buteur pour la deuxième année de rang

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Nom complet : Cerro Largo Fútbol Club
Surnom : Arachanes
Stade : l'Ubilla, quelques milliers de personne peuvent y rentrer, et ses tribunes sont toujours bien garnis, quel que soit l'adversaire.
Entraîneur : Danielo Núñez

Petit club du nord du pays, et ça fait du bien comme on ne voit plus Tacuarembó ou Rivera en première division depuis quelques temps. Cerro Largo est le département, la ville du club étant sa capitale, Melo, charmante bourgade de 50 000 habitants, centre agricole au milieu de terres et de vaches. Beaucoup de vaches. Contrairement à Las Piedras, situé à quelques encablures de Montevideo, ou Colonia, ville connectée à Montevideo et Buenos Aires, Melo est une vraie ville de l'intérieur, plus proche du Brésil que de la capitale, suivant plus le championnat brésilien que l'argentin. Tout y est différent, un peu plus sauvage. Le club est récent, issu d'une vague à la fin des années 1990 durant laquelle l'AUF a voulu créer des clubs par département de l'intérieur. Le club est un peu rentré dans le rang après deux ou trois saisons ou Cerro Largo a été jusqu'à jouer les premiers rôles et participer à un premier tour de Libertadores, exploit pour un club de l'intérieur. L'effectif a été modifié dans les grandes largeurs avec le départ de Di Yorio au Chili, d’Otormín à Nacional ou du gardien Domínguez en Colombie, mais a été renforcé de quelques bons joueurs comme l'éternel Rafa García, Bryan Bentaberry (ex-Progreso) ou Cristhian Tizón, seul bonne surprise de Villa Española l'année dernière. Dans tous les cas, le club a conservé son entraîneur, présent depuis déjà plusieurs années, et ce sera leur meilleur atout en 2022. Beaucoup d'entraîneurs sont présents sur des cycles longs (Espinel, Nuñez, Larriera...) et cela se ressent dans les succès de ces clubs. On ne peut qu'applaudir.

Objectif de la saison : Il ne leur faudra pas oublier que malheureusement, tout club de l’intérieur doit savoir souffrir et jouer tout d’abord le maintien.

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Nom complet : Danubio Futbol Club
Surnom : La Franja
Stade: Jardines del Hipodromo, 15 000 places, et un palmier en haut de la tribune latérale. Un palmier! Cependant, le club n’a toujours pas d’illuminations pour son stade.
Entraîneur: Jorge Fossati

Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Déjà quatre fois champion d'Uruguay, le club est un historique, de ceux qui peuvent espérer logiquement faire quelque chose en championnat de temps en temps comme ce fut le cas lors du titre historique de 2014. Mais le club est descendu en 2020 à la suite de plusieurs années difficiles émaillées de violence... mais est remonté illico presto en 2021. C'est un vrai plaisir de retrouver Jardines, comme c'est un plaisir de retrouver le Franzini d'ailleurs. C'est sans doute les deux stades qui représentent la quintessence du football uruguayen, dans ce qu'il a de plus beau, de plus brut. Le club semble avoir privilégié la continuité avec peu de changement dans l'effectif. Le grand Juan Manuel Olivera a pris sa retraite et est remplacé dans l'effectif dans la catégorie « attaquant d'expérience » par Sebastian Papelito Fernández. Le club a aussi recruté le meilleur latéral du championnat, Nicolas Rodríguez ou encore Denis Olivera.

Objectif de la saison : Le maintien. Uniquement. Le club ne peut pas rentrer dans un nouveau cycle ascenseur.

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Nom complet : Defensor Sporting Club
Surnom : Viola ou Violeta
Stade : Franzini, 18 000 places, avec une magnifique vue sur la Rambla, idéal en été mais avec un vent meurtrier en hiver (notez que souvent, dans les stades uruguayens, on a froid. Le vent et les tribunes basses n'aident pas, et peut-être que je suis sensible). Stade le plus « accessible » après le Centenario si vous n'avez qu'une ou deux journées à Montevideo, situé dans le quartier huppé et très central du Parque Rodó.
Entraîneur: Héctor Rodríguez

Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Également un historique du championnat avec quatre titres, dont le premier du football professionnel d’une équipe hors Peñarol et Nacional en 1976, dont on vous raconte l'histoire ici. Il a formé de grands joueurs comme Sebastián Abreu, Diego Godín ou Maxi Olivera, et a suivi le même parcours que Danubio : quelques mauvaises saisons et une chute brutale en 2020 en deuxième division. Comme Danubio, le club remonte illico, mais avec cette spécificité que le club a vécu un psychodrame en fin de saison avec l'entraîneur et une dizaine de joueurs virés pour un conflit ouvert entre les deux parties. Le club n'a pas pris parti, a viré tout le monde, et a terminé par un exploit avec une équipe jeune, battant Racing en finale pour la montée. Depuis, les joueurs partis ne sont pas revenus (des joueurs de premier rang comme Cardaccio ou Lamas sont en procès avec le club), Diego Vera est également parti, et l'équipe s'apprête à repartir avec un effectif très jeune, très prometteur certes, mais très jeune. Sur ce point, l'équipe semble moins bien armée que Danubio. Parmi les renforts, il y a en attaque Adrian Balboa, Facundo Labandeira sur une aile de retour de prêt, ou encore le très bon défenseur Gonzalo Camargo en provenance de Plaza.

Objectif de la saison : Comme Danubio encore une fois, se maintenir à tout prix. Il y a peu, le club gagnait un Apertura...

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Nom complet : Centro Atlético Fénix
Surnom : Albivioletas
Stade du Parque Capurro, 6 500 spectateurs, vu sur la baie et le port.
Entraîneur : Ignacio Pallas

Pour l'histoire du club, c'est ici.

JR Carrasco est malheureusement parti et Pallas a bien pris la suite la saison dernière avec une équipe beaucoup plus défensive mais qui a pris beaucoup de points, jusqu'à terminer au bord de la Sudamericana. Mais l'équipe a perdu de nombreux joueurs de 2021, d'Amaral à Angel Rodríguez en passant par Pumita Rodríguez. Il reste malgré tout le Lolo Estoyanoff et quelques renforts de choix comme Gonzalo Vega qui ne s'est pas imposé au Nacional mais qui reste un très bon joueur pour ce type d'équipe. 

Objectif pour cette année : comme le dit l'antienne, el Fénix no baja.

liverpoolLiverpool

Nom complet : Liverpool Futbol Club
Surnom : Negriazules
Stade : Belvedere, environ 8000 personnes, un des stades les plus agréables de Montevideo, qui respire vraiment le football.
Entraîneur : Marcelo Méndez

Pour l'histoire du club, c'est ici!

Club formateur de Jorge Fucile ou Luis Aguiar. Il a également connu la fin de carrière un peu pathétique de Javier Chevantón l'année de la descente du club. Le club est sur une très bonne série depuis trois à quatre ans, grâce notamment au travail de l'ancien entraîneur parti au Mexique, Pezzolano, ou de son toujours président José Luis Palma. Le club reste sur plusieurs titres, les premières lignes de son palmarès, comme l’Intermedio 2019, la Supercopa 2020 et évidemment le Clausura 2020. Mais après cette série de titres, Liverpool a souffert en 2021, notamment du départ de son buteur Ramírez. Liverpool a perdu son deuxième buteur, l'excellent Federico Martínez parti également au Mexique (qui soit est un championnat immensément riche, soit un pays qui aime commercer avec l'Uruguay). Mais le club a aussi recruté très intelligemment avec Thiago Vecino, Pablo González ou encore le neveu de Marcelo Zalayeta, Gonzalo Carneiro. Ce dernier, surgit au Defensor, avait été vendu au Brésil où il a souffert d'un contrôle anti-dopage à la cocaïne. Il n'a plus joué depuis de nombreux mois mais mérite comme tout être humain une deuxième chance. C'est (ou c'était) un excellent attaquant.

Objectif de la saison : Continuer le football champagne des années précédentes tout en renforçant un peu la défense. L'effectif a prouvé qu'il pouvait viser très haut.                

maldonadoDeportivo Maldonado 

Nom complet : Club Deportivo Maldonado
Surnom : El Depor
Stade Domingo Burgueño, Maldonado.
Entraîneur : Francisco Palladino

Équipe de l'intérieur comme Plaza ou Cerro Largo, mais proche de Montevideo et surtout de la station balnéaire de la jet-set sud-américaine, Punta del Este. Drôle d'équipe que le Deportivo. Malgré ses sept premières années en première division entre 1999 et 2005, le club est surtout connu du fait de son appartenance à des Anglais qui s'en servent comme plateforme pour transferts entre des joueurs argentins et brésiliens et l'Europe. Ainsi, sont techniquement passés par le club des joueurs tels qu'Allan, Alex Sandro ou encore Jonathan Calleri, qui est d'ailleurs toujours propriété du Deportivo Maldonado. Pendant que de tels joueurs « passaient » par le club, l’équipe évoluait en deuxième ou troisième, dans des conditions miséreuses, sans un kopek. L’équipe est montée par surprise il y a deux ans et s’est maintenue dans la difficulté mais avec un bel état d’esprit grâce et un nouvel entraîneur, Palladino, qui montre de très belles promesses. Il a fait bien jouer (et gagner) son équipe contre les deux grands d'Uruguay lors du Clausura. L'effectif a perdu Viatri retourné à Peñarol mais s'est bien renforcé avec notamment le retour de Maxi Cantera ou l'arrivée d'Enzo Borges (passé par Cerro Largo) ou de Facundo Píriz (passé par Montpellier).

Objectif : le maintien et que Calleri joue pour son club en deuxième partie de saison.

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Nom complet : Montevideo City (silence désabusé) Torque
Surnom : Madchester
Stade : aucun. Joue au Centenario.
Entraîneur : Román Cuello

Son histoire est ici.

Prenez un vieux château, avec une description digne de Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre-tombe. Vous y verrez du bois partout, les moulures, les cadres, les meubles. Vous y trouverez une bibliothèque riche de mille livres, dont Borges aurait été amoureux et dans laquelle il continue de vivre. Vous y verrez une table magistrale, lourde et à la fois pleine de vie. Vous y verrez un vieux canapé, rustre, qui impose de s’asseoir correctement. Vous y verrez des tableaux qui racontent tout un tas de vies et d'histoires, de joueurs de De La Tour, de la gloire et de la mort. Au milieu de ce spectacle certes poussiéreux mais rempli de grâce, ajoutez une table Ikea LÄCK à 9,99€. Vous aurez une métaphore de ce qu'est le Montevideo City Torque au sein de la première division uruguayenne.

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Nom complet : Montevideo Wanderers Futbol Club
Surnom : Bohemios
Stade : Parque Alfredo Víctor Viera. L’une des plus belles « canchas chicas » (comment on appelle les stades des équipes qui ne sont ni Nacional ni Peñarol).
Entraîneur : Daniel Carreño

Pour l’histoire du club, c’est ici !

L'équipe a aussi formé son lot de stars mais a mieux résisté aux dernières années que Danubio ou Defensor auquel on peut le comparer. L'équipe a réussi une année 2021 tout à fait correcte avec une sixième place et quelques bons matchs au cours de l'année. Daniel Carreño, qui était menacé pendant un temps, a su se réinventer en équipe plus travailleuse, moins esthétique. De nombreux joueurs sont partis dont surtout le jeune César Araújo parti partager le maté avec Facundo Tores. Mais sont aussi parti Guzman Pereira ou encore Hernan Petryk (respectivement en Argentine et en Équateur). L'équipe s'est renforcé avec quelques vieux de la vieille comme Mauro Estol ou Juan Acosta ou encore Christian Bravo, de retour au club.

Objectif de la saison : Réussir une bonne participation en Sudamericana, alors que les compétitions continentales sont maintenant complètement abandonnées par les « petits » clubs qui n'y voient qu'un piège à perte de point en championnat et donc à descente.

plazaPlaza Colonia

Nom complet : Club Plaza Colonia de Deportes
Surnom : Patablancas
Stade : Prandi pour les petits matchs ou Suspici pour les matchs contre les grands, Colonia del Sacramento. Un des clubs de l'extérieur, en face de Buenos Aires, dans la magnifique ville de Colonia, appartenant au patrimoine mondial de l'UNESCO. Si vous pensez un jour faire Buenos Aires – Montevideo ou vice versa, prenez une journée pour faire Colonia.
Entraîneur : Eduardo Espinel

Pour l’histoire complète du club du premier entraîneur champion du monde, c’est ici.

L'équipe de Colonia a vécu une très bonne saison 2021 avec notamment un nouveau trophée, l'Apertura et une troisième place au classement annuel. Il ne manque que la qualification en phase de groupes de Libertadores (Plaza est qualifié au deuxième tour de qualification mais va perdre en toute logique en cour de route). L'équipe d'Espinel a été logiquement pillé avec les départs de Leonai Souza en Équateur, de Ruiz Diaz et de Mele en Argentine. Il reste les traditionnels Dibble ou encore Juan Cruz Mascia auteur d'un bon Apertura avant de se blesser gravement. Le club a aussi recruté exotique avec le brésilien Vitão par exemple. Malgré donc de nombreux changements, l'équipe va chercher à maintenir son niveau et profiter de l'expérience de son entraîneur qui connaît bien le club.

Objectif de la saison : Vivre un truc entre la Libertadores ou la Sudamericana serait excellent, mais sinon se remettre d'une année 2021 exceptionnelle.

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Nom complet : Club Atlético Rentistas
Surnom : El bicho colorado
Stade : « Complejo Rentistas », seule pelouse artificielle avec le Charúa, financée gracieusement par la FIFA.
Entraîneur : Diego Jaume

En parlant de se remettre d'une année exceptionnelle, Rentistas a eu toutes les peines du monde à se remettre de son Apertura 2020, premier titre de l'histoire de ce petit club de banlieue. L'équipe avait recruté à tour de bras pour la Libertadores (Urretaviscaya en tête d'affiche) et cela a échoué, le club a lutté pour le maintien jusqu'au bout. Il faudrait garder cet état d'esprit cette année, avec quelques bons renforts pour ce faire comme Hugo Silveira ou Sebastian Fuentes. Le football est sinon capable de vous faire passer du paradis à l'enfer en si peu de temps...

Objectif de la saison : reconstruire l'équipe pour ne pas lutter jusqu'à la dernière journée pour le maintien.

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Nom complet : Club Atlético River Plate
Surnom : Darseneros
Stade : Parque Saroldi, 5700 places, qui tire son nom du premier gardien de River, mort en 1932 des suites d'un coup reçu sur ce terrain. A part cette triste histoire, joli petit stade au milieu du parc du Prado, ou, durant l’automne, on peut voir les feuilles mortes sur le terrain.
Entraîneur : Gustavo el Chavo Díaz

River a réussi une saison mi-figue mi-raisin qui s'est d'ailleurs terminée à la huitième place. Après avoir viré Fossati, les choses ne se sont pas forcément améliorées pour le club. River va devoir se remettre du départ de sa petite pépite Arezo qui était devenu trop rapidement un pilier de l'équipe, que les collègues regardaient jouer. Rayon départ, il y a aussi les deux latéraux Bonifazi à Peñarol et Rodríguez à Danubio. Díaz va avoir du boulot pour remettre l'équipe sur pied, sachant que l'un des latéraux recruté pour pallier les départs n'est autre que Maximiliano Pereira, trente-sept ans et toutes ses dents, trois participations en Coupes du Monde à son actif, cinquième joueur le plus capé de l'histoire de la Celeste. Heureusement, le club a d'autres petits jeunes comme Thiago Borbas en attaque.

Objectif de la saison : Digérer la vente d'Arezo, même si je pense que ce soit une bonne chose qu'il soit parti au final à la vue de toute l'attention médiatique qu'il recevait.

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba