Cela faisait longtemps que Nacional n’avait pas montré une envie offensive et des prétentions pour porter l’équipe vers l’avant. Après un premier match où l’équipe de Repetto a montré trop de failles défensives, le onze s’est fait plaisir contre Rentistas au Centenario. Le début d’une série ? À voir, car Liverpool réussit aussi un très bon début de championnat et les deux se croisent ce week-end au Gran Parque Central. De son côté, Peñarol entre déjà en crise… Retour sur la deuxième journée de l’Apertura uruguayen.

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Guide de la saison 

Cela faisait longtemps. Même quand Nacional avait été champion en 2020, l’année avait été poussive et le club s’en été sorti grâce à une défense solide et un Bergessio affûté. Comme observateur extérieur, c’était parfois pour le moins frustrant. 2021 a également été une purge côté bolso, mais l’arrivée de Pablo Repetto en début d’année 2022 et quelques recrues comme Ramírez laissaient entrevoir la possibilité d’un jeu enfin un peu plus construit et flamboyant. Parmi les choix de Repetto, il y a aussi eu celui de faire confiance à Brian Ocampo durant l’intersaison. Brian Ocampo est un très bon joueur, mais qui avait eu tendance à s’éteindre ces derniers mois entre contre-performances en club et convocations en sélection pour rester sur le banc. Il aurait dû partir durant le mercato, il est resté et est reparti du bon pied. Repetto le fait jouer bien contre la ligne sur le côté gauche, en puntero à l’ancienne, qui part de la ligne de touche pour revenir en dribble vers le centre, pour frapper ou centrer. Contre Rentistas, il avait Ramírez dans l’axe, un peu derrière, Otormín en numéro dix, et Zunino sur le côté droit, dans une position plus offensive à ce que l’on voit d’habitude pour ce joueur couteau suisse. Bémol de cette composition, Carballo et Rodríguez sont en infériorité numérique au milieu. Mais peu importe, ça joue, ça crée des différences, ça envoie du football. Et dans cette composition, Ocampo est l’homme déséquilibrant, le facteur différenciant. Il le montre rapidement avec des frappes de l’extérieur de la surface, la première trouvant la transversale. La deuxième, à la fin de la première mi-temps trouve le poteau gauche de Corujo, le gardien du bicho, mais revient sur le dos du gardien puis sur Carballo qui n’a plus qu’à pousser le ballon dans le but vide.

Le début de la deuxième mi-temps est comme la première : Nacional joue mais parfois Rentistas part en contre et se montre dangereux. Souvent d’ailleurs, les joueurs de Nacional font faute pour éviter de se retrouver trop en infériorité numérique (ce qui provoque quelques cartons jaunes). Ocampo aurait d’ailleurs pu être exclu sur une faute sur Juninho Rocha, le poison brésilien de ce Rentistas qui a quand même perdu beaucoup de son allant depuis l’Apertura 2020. Au final, à la 70e, c’est un ancien de cette campagne de 2020, Diego Rolin, qui laisse le jeune Manuel Monzeglio (entré à la place d’Otormin) s’infiltrer dans l’axe pour le but du 2-0. Dans la foulée, Ocampo reçoit un ballon dans l’axe et trompe Corujo d’une belle frappe au ras du poteau, récompense d’un grand match de l’ailier. Dix minutes plus tard, le bolso clôt la marque avec un but gag de Fraquelli contre son camp, devant Ramírez qui a défaut de marquer et d’être juste techniquement, a toujours pesé sur la défense adversaire. Pour la première fois depuis longtemps, dans ce schéma-là, et haut-delà du score, on a pris du plaisir à voir Nacional. Une très bonne nouvelle à quelques jours de voir l’équipe à la poche jouer Liverpool puis Peñarol.

Car le match contre Liverpool sera le choc de cette troisième journée à venir après les deux premières journées ou Liverpool a marqué sept buts sans en encaisser. Après la victoire 3-0 au Franzini contre le Defensor, Liverpool a battu à domicile un Albion réduit à dix après moins de dix minutes pour un coup de poing peu compréhensible de l’expérimenté Federico Rodríguez. Liverpool met un peu de temps pour poser son jeu face à une équipe regroupée et attend la deuxième mi-temps pour lâcher les chevaux, tout d’abord grâce à une mine de Fabricio Díaz qui reprend un ballon en dehors de la surface à la suite d’un corner et qui l’envoie pleine lucarne. Ensuite Liverpool déroule avec un trio offensif (Vecino, Carneiro, González) qui risque de faire beaucoup trembler les filets. Thiago Vecino double la mise sur une frappe de González repoussée par Irrazabal. Carneiro marque un penalty obtenu par lui-même sur une faute peu évidente, puis Alan Medina clôture le score à la 84e sur un caviar de passe lobée d’Hernán Figueredo. Le choc de la semaine prochaine entre Nacional et ce Liverpool emmené par Thiago Vecino s’annonce pour le moins alléchant.

On va s’enflammer sur ce match car du côté de Peñarol, c’est déjà la crise, avec aucun but marqué en deux matchs, et deux défaites à la clé. Celle contre le Defensor a été du même type que celle contre Fénix une semaine plus tôt. Face à une équipe regroupée en défense et rapide en contre, Peñarol n’a pas les armes, n’a plus les armes. Le style de Larriera, qui était beaucoup basé sur les couloirs, a perdu énormément avec la perte des latéraux Piquérez et González. De retour au club, Aguirregaray n’est plus capable de courir autant dans ce schéma. Dans la série des joueurs pouvant faire la différence, Facundo Torres n’a pas été remplacé et la tentative de jouer avec deux attaquants (avec Bentancourt) pour compenser a été un échec. Car ce qu’il manque à ce Peñarol n’est pas tant un attaquant, Álvarez Martínez a encore montré de bonnes choses malgré son absence de but, mais de pouvoir générer des occasions même dans des matchs fermés, et il y en a beaucoup en Uruguay quand on est un grand. En face, Defensor a réussi un match bon dans l’engagement et a profité d’une erreur pour marquer un but par Adrian Balboa. Un seul but, mais cela suffit en ce moment pour battre Peñarol. L’équipe joue ce week-end Albion et va devoir enfin prendre des points pour ne pas être largué avant le clásico...

Pour le reste, Danubio continue son grand retour avec une deuxième victoire en deux matchs, contre le Deportivo Maldonado. Wanderers bat Cerro Largo et Torque perd 1-2 contre Fénix et réalise un très mauvais début de saison avec en sus l’élimination en Libertadores. River Plate bat Plaza Colonia 1-0, et Plaza se prépare aussi à des semaines difficiles avec la Libertadores. Maudite coupe continentale. Enfin, Cerrito bat Boston River dans un match de bas de tableau.

Résultats et classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba