Dans un stade vide, Peñarol a fait un match vide et a laissé s’échapper ses dernières chances. Devant, Nacional réussit un match nul étrange, un échec quand on considère l’adversaire, Cerro Largo, mais un point de pris sur River Plate, qui s’est fait remettre en place par le Danubio de Fossati. Il reste cinq journées en Uruguay.

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Chaque match de Peñarol depuis quelques mois est celui de la dernière chance. Mais en vérité, il est sans doute déjà trop tard depuis assez longtemps. Après une saison 2021 réussie, Peñarol a beaucoup vendu, peu recruté et surtout n’a jamais su accepter cet état de fait pour repartir de zéro. À force de vouloir faire croire que le club pouvait être le même qu’en 2021, que ce soit avec Larriera ou avec Ramos, Peñarol n’a jamais su repartir sur de nouvelles bases. Après avoir arraché un match nul contre Rentistas lors du dernier match à domicile, les Carboneros ont à nouveau eu toutes les peines du monde pour générer, pour s’organiser, pour jouer contre Torque à huis-clos. En attaque, le brave Bentancourt est sevré de ballon. Au milieu, Brian Lozano touche aussi peu le cuir, est bien pressé. Le sauveur a beau s’être fait tatouer une image de lui avec le maillot de Peñarol, sa saison rappelle celle qu’il avait effectuée avec Nacional il y a de cela quelques années. Il n’est pas fait pour jouer pour un grand, affrontant en face à deux lignes reculées et ne peut donc pas jouer ni pour Peñarol, ni pour Nacional. En récupérateur, Gargano fait de la peine (il est revenu après deux matchs d’absence), Saravia semble tendre, Cristoforo surjoue… Derrière, la défense tient plutôt bien le coup, sauf quand elle lâche, comme contre Torque, à la 88e, quand le jeune « espoir » argentin Nicolas Palavecino dribble Rak puis Menosse pour finir en face à face avec Dawson et marquer un but sur la seule opportunité de Torque de tout le match. Un match pauvre, qui se termine par une défaite amère, 0-1. Peñarol ne peut plus jouer ni le classement annuel, ni le tournoi de clôture. La fin de saison va être longue et la prochaine sera celle des élections. Le futur s’annonce sombre.

Nacional est loin, très loin de tout cela. Le club a désormais dix-huit points d’avance sur son adversaire de toujours au classement annuel, un abîme. Le club en a aussi onze sur le deuxième, Liverpool et a presque déjà remporté ce classement. Au Clausura, il n’en a qu’un sur River, un point acquis de haute lutte contre Cerro Largo au Gran Parque Central, match également à huis-clos. Nacional sortait d’un petit traumatisme avec l’élimination en Coupe d’Uruguay par le glorieux Rampla Juniors, avec une équipe bolso B, composée de remplaçants assez ridicules face à une équipe de milieu de tableau de deuxième division (défaite 3-0). Contre Cerro Largo, certains remplaçants habituels étaient de nouveau titulaires (Gigliotti, Rodríguez), d’autres titulaires reprenant leur place sur le terrain. Luis Suárez et Sergio Rochet sont en Autriche et en Slovaquie et cela se ressent. Gigliotti, qui avait mis du temps en première partie de saison à se mettre dans le rythme, a perdu ce rythme et l’équipe est bien morne. Lente. Il manque une étincelle. À l’heure de jeu, un penalty est sifflé pour le Bolso après appel au VAR, un penalty de Gilgiotti qui semble sauver le match. Mais Cerro Largo égalise dans la foulée, pour la pleine satisfaction d’un Mario Saralegui pouvant alors sortir sa cigarette électronique de sa poche. Pris par la caméra, il demande alors poliment au caméraman de ne pas le filmer. Mario Saralegui, comme à son habitude.

Derrière, Danubio a donc battu River sur le score de 3-0 et River rentre donc dans le rang, même si on leur souhaite de se battre jusqu’au bout contre Nacional. Sinon, les cinq dernières journées seraient tristounes. Le Defensor, vainqueur de Cerrito et Maldonado, vainqueur de Boston River, complète la liste des équipes en forme du moment. En bas de tableau, Torque prend une immense bouffée d’air frais après une série de défaite. Le dernier strapontin de descente se jouera entre Albion, Cerro Largo et Torque.

Résultats et classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba