Après une année 2018 qui a vu le Decano écraser totalement le football paraguayen, le double champion national se retrouve désormais devant un défi d’une taille colossale : marcher sur les traces de l’histoire. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il utilise tous les moyens pour y parvenir.

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 2019 ne sera pas une année comme les autres pour Olimpia. En juillet prochain, le club commémorera les quarante ans de son tout premier titre continental, la Copa Libertadores 1979. Si deux autres sont ensuite venues s’ajouter à la galerie de trophée, cette toute première est évidemment la plus grande, d’autant qu’elle précède la seul Copa América remporté par le Paraguay (lire 1979, la folle année du Paraguay). Alors, le club prépare déjà sa saison et a signé plusieurs arrivées notables : Antolín Alcaraz vient muscler la défense, épaulé par un autre désormais ancien de la Fiorentina, Maxi Oliveira. Olimpia arrache deux joueurs à l’ennemi Cerro Porteño : Rodrigo Rojas, formé au Decano et Willian Candia. Puis, le club s’offre un meneur de talent, Tabaré Viudez. Un recrutement déjà solide auquel un autre homme devrait s’adjoindre après une campagne originale.

Si vous discutez avec un hincha d’Olimpia, la simple évocation d’Alejandro Silva fera naître quelques frissons, ceux notamment liés au souvenir d’un slalom en finale de Libertadores 2013 qui mettait le club sur la voie d’un titre qui tendait les bras (et qui finalement s’envolera au Brésil).

L’Uruguayen est le symbole de ces belles histoires. Croyant que le football se refuserait à lui, il a d’abord décidé de tout abandonner pour aller de petits boulots en petits boulots. Repéré dans un match de quartier par Boston River alors en deuxième division. Il réalise la présaison mais n’est pas conservé et décide alors d’aller passer un essai à Fénix. Il incorpore l’équipe réserve puis rapidement les pros, sa carrière s’envole, notamment grâce à ses prestations en Sudamericana 2011 qui attirent Olimpia. C’est sous les couleurs du Decano qu’il va franchir deux caps : ses premiers pas en sélection et la fameuse finale 2013 avant l’arrivée en Argentine, à Lanús. Avec le Granate, il perd une deuxième finale de Libertadores et découvre ensuite la MLS, du côté de l’Impact. Pour 2019, Olimpia voulait donc faire revenir l’idole au club. Restait un souci : trouver les finances.

Alors le club a joué la carte de l’originalité. Le 28 décembre, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, le président Marco Trovato annonce une campagne de financement par les supporters. Afin de réaliser le rêve de tous, faire revenir Ale Silva, il faut 15 000 socios et l’objectif est fixé d’ici le 31 décembre. La campagne est lancée, elle prend l’image du joueur, allant même jusqu’à semer quelques confusions tout au Nord (de nombreux médias et suiveurs pensant que le club lance une campagne d’abonnement en utilisant l’image d’un joueur qui n’a pas encore signé au club alors que, vous l’aurez compris, Olimpia a lancé une sorte de financement participatif par un programme de socios pour finaliser la venue du joueur) et se dote de son hashtag, #AleDeLosSocios.

Le plus fou ? En 48h, 11 013 hinchas sont devenus socios. Le 31 au soir, date limite, ils étaient 14 115. La barre des 15 000 devrait être rapidement franchie, selon les journalistes locaux, le joueur est désormais attendu à Asunción ce mercredi. Il sera donc le sixième renfort du club.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.