Daniele De Rossi a surpris tout le monde ce lundi lorsqu’il a quitté prématurément l’entrainement ; il annoncera quelques heures plus tard son départ du club et sa retraite pour des raisons personnelles.
C’est avec un ton ferme, mais chargé d’émotions que Daniele a annoncé son départ devant les caméras. Celui qui se moque de lui-même à cause de ses difficultés linguistiques, trois heures auparavant, s'entraînait une dernière fois en tant que joueur professionnel. Il a rassemblé tout le personnel ainsi que les joueurs et a averti qu'il s’en allait. Que sa carrière était désormais terminée. Qu'il retourne en Italie parce que sa fille lui manque. Qu'il ne peut pas vivre sans elle. Qu'il n'y a pas de mots pour décrire tout ce qu'il a vécu pendant ces mois au club. Et qu'il il portera toujours Boca dans son cœur. Les gladiateurs ont aussi des sentiments. Et le Tano ne pouvait plus. « Je ne pensais pas que j'aimerais autant une autre équipe que la Roma, au-delà de tout ce que je ressens pour ce club. Une partie de mon cœur reste ici », a-t-il déclaré.
Jusqu'à la semaine dernière, seuls sa femme et ses trois enfants le savaient. Mercredi dernier, il a averti ses coéquipiers les plus intimes, et lundi, avant l'entraînement, les autres. Il assure que son départ n'a rien à voir avec des questions footballistiques ou d’éventuels différends avec la nouvelle direction, même si le départ de son ami Nicolás Burdisso – ex-manager Xeneize - l'a forcément quelque peu affecté. Il a quand même continué à s’entrainer durant ses vacances, a voyagé 14 heures pour se présenter au début de la présaison et a même passé les examens médicaux. Il ne voulait pas que ça se finisse mal. « Il m’a toujours paru plus respectueux de venir en Argentine, de parler face à face. Bien sûr, 14 heures d’avion, c’est inconfortable, mais c’est comme ça qu’on fait. J’ai donné aux dirigeants beaucoup plus de détails que je n’en donnerai à la presse ».
De Rossi retourne à Rome pour passer plus de temps avec sa fille Gaia, 14 ans, qui vit avec sa mère. « Les gens de Boca m’ont laissé beaucoup plus que je ne leur laisse », a-t-il dit. « L’image la plus significative que j’emporte avec moi, c’est lorsque les hinchas ont chanté “a Boca lo llevo en la sangre, lo llevo en el corazón”, avec les larmes aux yeux et fierté » suite à la courte victoire 1-0, synonyme d’élimination face au rival de toujours, en demi-finale de la Copa Libertadores.
L’Italien aurait pu botter en touche lorsqu’on l’a interrogé sur son ancien entraîneur, Gustavo Alfaro. Loin de là, il s’est montré intelligent et respectueux dans ses déclarations. Il a fait part de ses différends sans controverse et a en même temps valorisé sa relation avec l’ancien entraîneur. « La beauté du football, c’est que les gens peuvent avoir des idées différentes sur le développement d’une équipe, sur une façon de jouer. Et ça va arriver un million de fois dans ma vie quand je serai entraîneur, c’est certain », explique-t-il.
En réalité, le Tano n’a jamais vraiment été intégré au plan de jeu d’Alfaro. Avant même son arrivée, l’ex-entraîneur Azul y Oro avait prévenu qu’il ne l’avait pas demandé à sa direction. Et cela s’est ressenti. Il se sera écoulé presque mois entre son arrivée et ses débuts, contre Almagro, en seizièmes de finale de Copa Argentina. Titulaire, il a plutôt bien joué, et a même marqué son premier but, malgré l’élimination de Boca aux tirs au but.
À partir de là, on ne l’a plus vu que dans des matchs de moindres importances — Alfaro préservait ses titulaires pour la Copa Libertadores — et avec une équipe composée de remplaçants, comme contre Aldosivi et Banfield. Contre le Tiburón, qui aura par ailleurs été son premier match à la Bombonera, il s’est distingué par plusieurs passes lumineuses entre les lignes et a reçu une ovation. Face au Taladro, il ne s’est pas démarqué de la faible performance collective. Peu de temps après, il a obtenu une place de titulaire dans une équipe mixte face à River au Monumental, lors de la 5e journée de Superliga. La tactique ultra défensive de Lechuga ne l’a pas aidé, bien au contraire. Et puis il y a eu les blessures, qui l’ont mis hors-jeu pendant presque deux mois. Il n’est revenu que pour les deux derniers matchs de l’année, contre Unión et Central, incapable d’échapper au marasme collectif. Il rêvait de la Libertadores, mais il n’aura finalement disputé qu’onze petites minutes face à la LDU, dans un match presque anecdotique suite à la large victoire Xeneize 3-0 à Quito lors du match aller. Bien qu’il ait parfois montré de quoi il était capable, principalement grâce à la précision de ses passes, il n’aura pas réussi à se convertir en ce joueur décisif que bon nombre d’hinchas avaient imaginé. Serait-ce par manque de continuité ou parce qu’à 36 ans, il ne pouvait tout simplement plus ? Beaucoup s’attendaient à se débarrasser de ce doute au cours des six prochains mois…
Arrivederci.


