Disciplinée mais en manque de repères sur le plan offensif, la sélection tunisienne menée par Jalel Kadri a à sa portée de vaincre l’Australie mais devra au moins faire un exploit contre la France ou le Danemark pour espérer passer le premier tour pour la première fois de son histoire.

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Pour résumer d’une façon la plus simpliste possible les lectures de match impliquant la Tunisie, le rythme peut être le paramètre prépondérant : à basse intensité, la discipline collective des Aigles de Carthage, en particulier dans une posture d’outsider qui capitalise sur ses points forts défensifs (surtout dans l’axe dans sa propre surface et l’entrejeu), peut embarquer un adversaire dans un long bras de fer et le faire déjouer, avec pour modèles principaux la victoire significative contre le Nigeria à la CAN (1-0 en huitièmes de finale) ou la double confrontation face au Mali ayant décidé de la qualification de Msakni et consorts au Mondial 2022 (1-0, 0-0). Mais la limite principale est si la vitesse augmente : d’une part défensivement, une équipe faisant circuler rapidement le ballon ou avec des joueurs très vifs risque de pouvoir mettre le bloc tunisien hors de position ; mais aussi offensivement, car sur la globalité des matchs récents la Tunisie a beaucoup pêché dans la transition pour se porter à l’avant, et accélérer le jeu. Difficile de tirer des enseignements sur la période écoulée, la tournée asiatique encourageante ayant été suivie de deux matchs non diffusés (l’amical non-officiel contre l’Iran et contre les Comores) et d’une affiche de gala contre le Brésil au Parc des Princes finalement implicitement inexploitable niveau infos après l’expulsion précoce de Dylan Bronn.

Audace ou prudence ?

Sur le terrain, les options oscilleront entre 4-2-3-1/4-3-3 et la tentation d’une défense à trois centraux, matérialisée par la présence de cinq centraux dans la liste des vingt-six. Une telle configuration sonnerait possiblement l’avènement d’un trio articulé autour de Bronn-Talbi (les trois autres au coude-à-coude pour la place restante) et pour ce qui est des couloirs, la différence de style est assumée et un choix est à faire : la prudence (Drager à droite, Maaloul bien plus bas qu’il y a des années à gauche), l’audace (Abdi à droite, Kechrida à gauche) ou un compromis entre les deux. Le gardien de l’US Monastir Ben Saïd ayant eu une alerte musculaire, c’est le portier du CS Sfaxien Dahmen qui sera très probablement titularisé mardi.

Au milieu, il est impossible de se passer de l’abattage et du duo Skhiri-Laïdouni. L’une des clés est de savoir qui est le troisième susceptible d’apporter du liant avec le secteur offensif, avec là encore des choix de style : Chaalali pour son jeu long, Ben Romdhane pour sa capacité à se projeter, la fougue de Mejbri à condition qu’il la canalise, le jeu court et l’énergie de Ben Slimane, ou Ferjani Sassi qui a montré une multiplicité de ces qualités mais par intermittence. Éviter l’intermittence et maintenir une haute intensité seront les critères de ce qui serait un « trois pour deux places » entre Msakni, Khazri et Sliti. Enfin, c’est sur l’opportunisme et la capacité à frapper dès qu’une occasion se présentera et ne pas gaspiller le peu de munitions qu’il peut y avoir à disposition que le match pour le poste de 9 se gagnera entre Jaziri, Jebali et (avec une longueur de retard sur le duo) Khenissi.

Il faudra un exploit majeur contre le Danemark ou la France pour passer et, quelle que soit la stratégie entre l’audace et la prudence et quel que soit le rythme du match, une copie parfaite offensivement face à l’Australie. Malgré l’impression mitigée de ces derniers mois, nul doute que les hommes de Jalel Kadri défendront leurs chances au maximum, pour être à la hauteur d’une sixième participation au Mondial arrachée au forceps au printemps dernier.

 

Photo : FRANCK FIFE/AFP via Getty Images

Farouk Abdou
Farouk Abdou
Actuellement à E-management, passé par Echosciences Grenoble, Le Dauphiné Libéré, Sport Translations et Tunisie foot, Africain volant pour Lucarne Opposee