Le premier match du Groupe H voit s’opposer au stade de la Cité de l’éducation l’Uruguay et la Corée du Sud. Deux pays piliers de leur confédération, deux vieilles connaissances. Comme pour chaque sélection, ce premier match devrait servir de révélateur.
Pour la neuvième fois de leur histoire, la troisième en compétition officielle au plus haut niveau mondial. En 1990, un but de Daniel Fonseca au bout de quatre-vingt-dix minutes permet à la Celeste du jeune Maestro Tabárez de se qualifier pour les huitièmes de finale parmi les meilleurs troisièmes. Dans un groupe également composé de l’Espagne et de la Belgique, l’Uruguay termine donc troisième avant de perdre et tour suivant et la Corée quatrième. Vingt ans plus tard, les deux se retrouvent en huitièmes de finales, avec toujours Tabárez à la tête de l’Uruguay, lui qui est revenu après le fiasco de 2006. L’Uruguay de Lugano a terminé premier de son groupe devant le Mexique alors que la Corée de Park Ji-sung sort deuxième du groupe derrière l’Argentine. Le huitième de finale est marqué par la pluie et par deux buts de Luis Suárez, dont un amour de frappe enveloppée en fin de match qui permet à l’Uruguay d’aller défier et battre le Ghana au tour suivant. En dehors de la Coupe du Monde, les deux équipes se sont régulièrement rencontrées depuis, notamment en 2018 lors de la seule victoire en huit matchs des Coréens. Victoire 2-1, Hwang Ui-jo et Jeong Woo-young faisant gagner leur équipe malgré l’égalisation entre les deux buts de Matías Vecino.
L’Uruguay entretient le flou
Les équipes du Maestro pouvaient s’anticiper, il semble que cette période soit révolue. On ne sait toujours pas à quelques heures du match quel sera le onze de l’Uruguay. Le flou est entretenu puisque le sélectionneur exige auprès de la délégation le mutisme absolu et les entraînements se font le plus possible à huis-clos, dans un lieu choisi par l’entraîneur avant la compétition pour son inaccessibilité aux reporters et supporters. On a bien quelques certitudes, mais il y a des écarts entre ce qu’annonce Ovacíon et les habitudes d’Alonso. De là à penser qu’Ovacíon participe gentiment au flou artistique, il n’y a qu’un pas que nous n’oserions pas franchir… Diego Alonso a déclaré en conférence de presse « l’équipe, je la donnerai le jour du match dans la causerie d’avant-match. J’ai évidemment une idée que j’affinerai entre ce soir et demain matin ».
Ovacíon, supplément sportif de référence, et d’habitude bien informé, annonce : Rochet ; Cáceres, Godín ou Coates, Giménez, Olivera ; Valverde, Vecino, Bentancur, De la Cruz ou De Arrascaeta ; Nuñez et Suárez. Godín a participé à la conférence de presse et devrait donc être titulaire et capitaine. Il se prépare depuis plusieurs semaines à cette échéance. « Vous allez voir le Godín d’aujourd’hui, évidemment vous n’allez pas voir le Godín d’il y a vingt ans. C’est le Godín d’autres circonstances, avec d’autres caractéristiques, qui essaient toujours de donner le maximum pour l’équipe comme je le fais depuis le début de ma carrière à tout moment et pas que durant les matchs » a-t-il annoncé. Coates devrait donc être remplaçant de luxe comme à son habitude. Deux surprises dans cette composition : Cáceres et Vecino. Le poste de latéral droit a été pris par Araújo à la fin des éliminatoires lors de l’arrivée d’Alonso. Ce dernier est blessé, on pensait que les sélections de Guillermo Varela et de José Luis Rodríguez serviraient pour ce poste. Le premier, joueur de Flamengo, revient du diable vauvert, n’ayant pas joué en compétition officielle depuis la Coupe du Monde en Russie. La titularisation du magnifique Martín Cáceres serait une surprise qui ne convainc pas particulièrement l’auteur de ces lignes, même si, comme Araújo, ce dernier est un défenseur central exilé permettant d’apporter stabilité.
Devant ce poste, Alonso avait préféré un joueur percutant pour rompre le paradigme du Maestro qui avait souvent préféré des passeurs techniquement fins mais ayant parfois du mal à rompre les lignes. Pellistri s’était donc imposé comme la surprise du chef contre le Paraguay, avait convaincu, et il semblait le pendant idéal en provocateur mangeur de ligne par opposition à De Arrascaeta de l’autre côté. Le milieu avec les trois Vecino/Bentancur/Valverde n’a jamais réussi à convaincre en Copa América et, sauf à ce que Pellistri ait un problème physique, l’auteur de ces lignes est convaincu qu’il rejouera. Dans cette phase de groupes, il va falloir mordre. Et, à sa façon, un peu prépubère, Pellistri mord fort. L’équipe qui pourrait donc débuter si mon raisonnement est suivi par Alonso serait : Rochet ; Varela, Godín, Giménez, Olivera ; Pellistri, Valverde, Bentancur, De Arrascaeta ; Nuñez et Suárez. Reste à savoir ce que sera le choix d’Alonso, un sélectionneur qui a parfaitement résumé sa sélection : « Je ne pense pas à ce qui viendra après, nous avons beaucoup d’espoirs, nous savons ce que nous voulons atteindre mais le plus important est le match de demain. C’est le message que j’ai transmis. Tout en sachant ce que nous voulons atteindre, nous ne pouvons perdre de vu ce qui vient en premier. Nous observons ce qui se passe autour de nous mais notre préparation ne tient qu’à nous. La concentration, l’état physique, la tactique, tout influe et tout est important. Quand je dis que les joueurs uruguayens sont les meilleurs du monde, je le dis parce que ce sont les miens. Mes enfants ne sont peut-être pas ceux qui rapportent les meilleures notes, ceux qui se tiennent le mieux, mais ce sont les meilleurs parce que ce sont les miens. C’est pour cela que nous les respectons, les admirons et qu’ils sont les meilleurs du monde, pas par arrogance mais toujours avec humilité ».
Photo : PABLO PORCIUNCULA/AFP via Getty Images