Porté par Luciano Vietto et Salem Al-Dawsari, Al Hilal met fin aux rêves de Mondial d’un Flamengo bien trop insipide.

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L’année 2023 commence difficilement pour le vainqueur de la Copa Libertadores 2022. Avant de revenir sur la demi-finale entre le Mengão et Al Hilal, rappelons brièvement l’été tumultueux vécu au sein de l’institution carioca. Tout d’abord, le comité directif décide de changer d’entraineur, sans pour autant démettre de ses fonctions l’actuel vainqueur du tournoi le plus prestigieux du continent. Cela n’a évidemment pas plu au principal intéressé, Dorival Júnior, qui a claqué la porte. Certes, Dorival n’était pas le meilleur entraineur du monde. De là à le remplacer par Vítor Pereira qui n’a absolument pas convaincu au Corinthians... La « portugomania » aurait-elle été trop loin ? Probablement. Deuxième grosse erreur, les trop longues vacances accordées aux joueurs : l’équipe principale a repris le championnat carioca le 15 janvier dernier, il y a trois semaines. Quand l’objectif principal était le mondial. Troisième et dernier péché capital, l’excès de confiance. Certains médias en avaient parlé en avant-match. Le principal ennemi de Fla, serait Flamengo lui-même. Le club carioca possède sans aucun doute le meilleur effectif d’Amérique du Sud, mais les bons joueurs ne font pas tout. Surtout quand certains sont imbus d’eux-mêmes. La défaite face à Palmeiras en Supercoupe du Brésil aurait dû remettre les pendules à l’heure. Il n’en fut rien. Et le match l’a confirmé.

Dès la deuxième minute de jeu, Matheuzinho a commis un pénalty enfantin sur Vietto que Salem Al-Dawsari a transformé. Nerveux, Flamengo n’a pas montré grand-chose, si ce n’est quelques éclats individuels et parfois collectifs, avec parcimonie. Justement, l’égalisation arrivera à la 20e grâce à une excellente finition de Pedro. À la fin du temps additionnel de la première mi-temps, Gerson empale ses crampons sur le talon d’Achille de Luciano Vietto et est expulsé pour un second jaune (le premier étant pour une simulation aussi grossière qu’inutile). Al-Dawsari, terreur des Sud-Américains, marque son deuxième but du match et replace les Saoudiens en tête. À la sortie des vestiaires, Vítor Pereira ajuste son équipe réduite à dix de manière surprenante puisqu’il remplace Léo Pereira (en difficulté) par Bruno, mais il sort surtout le phénomène De Arrascaeta pour lui préférer un milieu plus défensif, Eric Pulgar. Drôle de choix lorsqu’on souhaite égaliser. Toujours aussi morne, Gabigol tente tout de même de porter son équipe : son tir est bloqué à la 52e minute et sa tête sur un centre de Matheuzinho passe juste à côté, dix minutes plus tard. En cherchant l’égalisation, le Mengão laisse forcément des espaces, et on aurait presque pu sentir venir le troisième but des Saoudiens. À la 58e minute, Marega pénètre dans la surface et joue en retrait. Khalifa tir en première intention et frappe la barre transversale de Santos. Cinq minutes plus tard, Vietto tente sa chance de l’extérieur de la surface et Santos sauve la mise. Vietto finit par enterrer tout espoir à vingt minutes de la fin après une nouvelle excellente passe de Salem Al Dawsari. Assommé, Flamengo reprend quelque peu vie en fin de partie lorsque Pedro réduit l’écart en déviant le tir de Gabigol. Avec 3-2 au tableau d’affichage et quatre minutes à jouer, Flamengo disposait de temps pour tenter d’égaliser. Mais abusant de longs ballons facilement renvoyés par Al Hilal, rien n’y a fait. Les Saoudiens de Ramón Díaz se dirigent tout droit en finale de la Coupe du Monde des clubs, devenant seulement le troisième asiatique à y parvenir et mettent fin au rêve des quarante-deux millions de torcedores du Rubro-Negro.

La défaite fait mal. Elle est également révélatrice d’un certain abus de confiance des clubs Sudam' en demi-finale du Mondial des clubs. Vu comme une formalité, si l’on se penche sur les statistiques, il n’en est rien. Sur les dix dernières éditions, les vainqueurs de la Libertadores se sont fait éliminer à cinq reprises (Internacional par le TP Mazembe en 2010, le Galo par le Raja en 2013, l’Atlético Nacional par Kashima en 2016, River par Al Ain en 2018, Palmeiras en 2021 face à Tigres et désormais Flamengo face à Al Hilal). Sans doute est-il temps pour la confédération de se regarder dans le miroir. D’autant que l’homme du match est connu de tous les suiveurs du football sud-américain. Il s’agit de l’ancien espoir de Racing, Luciano Vietto. À vingt-neuf ans, il fut tout simplement inarrêtable, responsable des deux penalties et du troisième but. Même si son passage européen n’a jamais vraiment convaincu, nous avons eu un aperçu de ses capacités, bien mal exploitées sur le Vieux Continent. Quant à Arturo Vidal, il nous aura offert un nouveau meme pour l’éternité. Après « Descansen hijos míos!!! Papa tiene q trabajar y llevar a chile al Mundial » (Reposez-vous mes enfants ! Papa doit travailler et emmener le Chili à la Coupe du Monde.), le cru 2022 reste « Madrid, te vamos a romper el culo » (« Madrid, on va te casser le cul »). Dans un contexte difficile pour le Chilien qui a déclaré il y a peu dans un live que « Si Colo-Colo veut gagner la Libertadores, il faut venir me chercher » ; il s’agirait pour le Rey de nous offrir moins de punchlines, et plus de football. Quant à lui, Ramón Díaz se prépare à disputer une nouvelle finale de Coupe du Monde des clubs en tant qu’entraineur vingt-six ans plus tard. En 1996, son River s’était incliné sur le plus petit des scores face à la Juventus de Del Piero. Cette fois-ci, ce sera contre le Real Madrid, ou Al Ahly. Rendez-vous samedi.

 

Photo une : FADEL SENNA/AFP via Getty Images

Vincent Dupont
Vincent Dupont
Éperdument amoureux d'une région où fútbol est synonyme de religion, sur les rives du Rio de la Plata j'assouvis ma passion.