Il ne reste désormais plus que quatre-vingt-dix minutes à disputer dans le dernier tour des éliminatoires de la zone CONCACAF. Et pendant que quelques gros bras sont en grand danger, d’autres touchent du doigt un immense exploit.

Le troisième tour des éliminatoires de la zone CONCACAF s’annonçait intense et tendu, il a basculé dans l’incroyable au soir de l’avant-dernière journée. Car à l’approche de la dernière journée, la cinquième a rebattu quelques cartes et surtout mis à mal les grands favoris annoncés qu’étaient Panamá, la Jamaïque et le Costa Rica.

Dans le Groupe A, Panamá sait qu’il est engagé dans une course à l’erreur adverse. Après le nul décroché au Rommel Fernández, le Suriname de Stanley Menzo avait conservé son destin en main : deux victoires et l’affaire sera conclue, l’histoire écrite avec un grand H. Il ne faut donc pas trébucher. Première étape, El Salvador à Paramaribo. Une étape parfaitement validée face à une formation salvadorienne qui ne propose plus rien depuis des mois et, comme d’habitude, s’est contentée de retarder l’échéance. Tout a donc tenu pratiquement une mi-temps, le temps pour Tjaronn Chery d’obtenir et transformer le penalty qui permettait aux siens de virer en tête à la pause. La suite n'a donc été qu’un récital : l’excellent Richonell Margaret s’est offert un doublé, Dhoraso Klas a scellé le score final. Le Suriname s’impose 4-0, élimine définitivement un Salvador qui devrait penser à construire plutôt qu’à bricoler, et n’est donc plus qu’à trois points du Mondial.

Ces trois points, il faudra aller les chercher au Guatemala, lui aussi éliminé. La faute à une défaite à la maison face à Panamá dans un match totalement fou. D’abord car les hommes de Thomas Christiansen ont pensé se mettre à l’abri dans un début de match très tendu : la légende Cecilio Waterman s’est offert un doublé après la demi-heure de jeu, semblant alors tuer le suspense. Mais le second acte a vu El Trébol basculer dans la folie quand Arquímides Ordóñez et Rudy Muñoz ramenaient les Chapines au score, ravivant l’espoir. Il fallait un succès au Guatemala pour s’offrir une finale pour la qualification. Las. Un nouveau ballon laissé libre dans la surface profitait à José Fajardo qui permettait ainsi aux Canaleros de ramener trois points précieux, ceux qui maintiennent la pression sur le Suriname. Il faudra désormais compter sur une victoire face au Salvador au Rommel Fernández mais surtout espérer que le Suriname ne s’impose pas au Guatemala face à des Chapines qui viennent d’enterrer leurs espoirs de Mondial.

Dans le Groupe B, on savait que le duel n’allait concerner que la grande favorite Jamaïque à l’empêcheur de rêver, Curaçao. Après la victoire à la maison en J3, les Bleus du Curaçao avait perdu le contrôle de leur destin face à Trinidad y Tobago. De son côté, la Jamaïque s’offrait donc une perspective d’accueillir leur seul rival en J6 sans une pression de la victoire. C’était sans compter sur les Socca Warriors. Une victoire aurait pu permettre aux Trinidadiens de rêver à un improbable retour. Face aux Reggae Boys, les locaux ont enterré cet espoir malgré un but tardif de Kevin Molino qui a redynamisé un court instant leurs supporters. Mais le mal était fait. Dwight Yorke avait opté pour un choix de stabilité défensive, laissant la Jamaïque contrôler le rythme du match, étant menacée par quelques contres adverses, avec notamment par Tyrese Spencer et Dante Sealy. Le plan de Yorke tombait d’entrée de second acte sur une percée solitaire de Ronaldo Cephas. L’heure était venue de se montrer ambitieux, l’entrée de Kevin Molino y participant, son but le récompensant. Mais tout cela était donc bien trop tard. Comme prévu, Trinidad y Tobago ne sera pas du Mondial, mais place la Jamaïque en grand danger avant la dernière journée avec ce nul. Car dans le même temps, Curaçao a atomisé des Bermudes totalement dépassées dans ce groupe (7-0), et reprend son destin en main. Les hommes de Dick Advocaat n’ont besoin que d’un nul à Kingston pour décrocher le Graal.

Cette peur du vide pour la Jamaïque, le Costa Rica est en train de la vivre en basculant dans la crise de nerf. Car dans le Groupe C, la J5 a tout bouleversé. Après la large défaite concédée au Honduras, Haïti était au pied du mur à l’heure d’accueillir des Ticos qui n’avancent pas dans ce groupe. Les hommes du Piojo Herrera ne perdaient certes pas, mais, incapable de s’imposer, faisaient du surplace. Cette position devient désormais plus qu’instable. Car au Curaçao, les Grenadiers ont montré à Miguel Herrera que la condescendance se payait souvent cher. Portés par un Johnny Placide infranchissable, les hommes de Sébastien Migné ont posé bien des soucis aux Ticos, grâce à un quatuor offensif Casimir – Bellegarde – Providence – Pierrot, de tous les dangers. En face, le Costa Rica semblait incapable de générer de véritables séquences, de vrais temps forts, et perdait rapidement le contrôle du match. Certes, quelques belles situations étaient sorties par Placide, mais rien n’était véritablement construit, à l’image des dernières sorties, le tout étant plombé par le choix notable de laisser Manfred Ugalde sur le banc. La sentence tombait en fin de premier acte sur un beau mouvement côté gauche qui terminait dans les pieds de Frantzdy Pierrot pour le 1-0. Ce résultat contraignait le Piojo à faire des choix offensifs. Ugalde entrait et bizarrement, cela provoquait du danger. C’est ici que Placide revêtait le costume de héros en repoussant tout ce qui se présentait. C’est ici que le piège s’était refermé. Avec cette défaite, le Costa Rica se retrouve troisième du groupe, à deux points d’Haïti, son bourreau, à deux points également du Honduras, tombé au Nicaragua et qui a perdu une belle occasion de quasiment se qualifier. Une H que les Ticos accueilleront à San José mardi soir alors que le contexte est désormais totalement explosif. Un duel qui pourrait profiter aux Grenadiers en cas de victoire de ceux-ci. Histoire encore, de voir des favoris se faire totalement retourner.

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.