Relégué en Série B en 2004, Grêmio dispute en fin de saison 2005 le tournoi final de promotion, avec un dernier match qui dépasse l’imaginable.

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En 2003, année de son centenaire, Grêmio échappe de peu à la relégation, n’assurant son maintien qu’à la quarante-sixième et dernière journée grâce à un succès contre le Corinthians combiné à la défaite de Fortaleza. L’année suivante est finalement fatale au Grêmio, qui termine bon dernier du Brasileirão avec seulement neuf victoires en quarante-six matchs. Sans stars, criblé de dette, Grêmio connaît la deuxième relégation de son histoire après celle de 1991, lorsque le Tricolor était devenu le premier des « 12 gigantes » à être relégué, et est même proche de disparaître. Grêmio doit repartir de zéro.

Débuts difficiles en Série B

Pour la Série B 2005, Grêmio fait appel à Mano Menezes, entraîneur originaire de Passo do Sobrado, à une centaine de kilomètres de Porto Alegre. Mano Menezes n’a encore jamais entraîné un grand club, mais a créé la surprise lors de la Coupe du Brésil 2004, menant le 15 de Novembro en demi-finale. Sans argent pour recruter des joueurs, Grêmio débute la Série B par une défaite 2-1 contre Gama et Mano Menezes annonce la couleur : « Les moins expérimentés vont devoir être expérimentés par nécessité absolue ». Parmi eux, le jeune prodige Anderson, surnommé « Pelezinho » chez les jeunes, et qui marque à dix-sept ans et dix jours le premier but de Grêmio lors de cette Série B 2005. Grêmio est irrégulier en ce début de championnat : après neuf matchs, le Tricolor compte trois victoires, trois matchs nuls et trois défaites, la dernière un sévère 4-0 encaissé face à Anapolina. Grêmio se reprend avec deux victoires consécutives contre Santo André et Ceará, mais chute à nouveau, avec un revers à domicile à Vitória. Grêmio court le risque d’être éliminé dès la première phase de la Série B et de rester un an de plus au purgatoire.

Contre Sport, qui comme Grêmio compte dix-huit points au classement, le Tricolor obtient un succès primordial dans une ambiance déjà hostile à Recife, Raone marquant le seul but de la rencontre en début de seconde période. « Quelque chose a commencé à Recife. Après, on a montré à tous, même aux supporters les plus sceptiques, qu’on jouait vraiment cette compétition. Et mieux, unis, concentrés et déterminés », explique Mano Menezes dans le livre 71 segundos, o jogo de uma vida, de Luiz Zini Pires. Grêmio ne perd plus un match de la première phase, terminée à la quatrième place, avec seulement trois points de plus que le premier non-qualifié. Si en 2003 le Brasileirão est passé à un championnat au modèle européen avec seulement une phase aller-retour, la Série B vit en 2005 sa dernière édition avec une phase finale, et même deux, puisque les huit premiers sont d’abord divisés en deux groupes de quatre équipes. Grêmio valide son billet pour le « quadrangular final » grâce à un succès sur le terrain d’Avaí, le Tricolor terminant pourtant le match à huit contre dix…

Finale à Recife

Les deux tickets d’accès au Brasileirão 2006 se jouent au cours d’un « quadrangular final » qui regroupe Grêmio, la Portuguesa et deux clubs de Recife, Náutico et Santa Cruz. Grêmio débute par une victoire 1-0 sur Náutico grâce à un but de Domingos en fin de match avant de ramener un match nul de Recife, où le sommeil des joueurs a été perturbé la veille du match contre Santa Cruz par de nombreux pétards devant l’hôtel. Grêmio connaît deux nouveaux matchs nuls contre la Portuguesa puis bat Santa Cruz à l’Olímpico, de quoi être en tête de la poule avec neuf points. Avant la dernière journée, les quatre clubs peuvent encore rêver de promotion et se retrouvent à Recife, qui accueille par coïncidence à la même heure les deux derniers matchs du championnat, Santa Cruz – Portuguesa au stade d’Arruda et Náutico – Grêmio au stade d’Aflitos. La presse du Pernambuco pousse pour la promotion des deux équipes de l’État, qui envoient une réclamation à la fédération pernambucana pour se plaindre de l’accueil à Porto Alegre lors des matchs contre Grêmio, entre pétards devant l’hôtel et absence d’eau dans les vestiaires de l’Olímpico. « L’ambiance à Recife était très pesante. La pression se mobilisait pour aider les deux équipes », se souvient Rodrigo Galatto, gardien de Grêmio, dans le livre Grêmio hoje e sempre, de Fernando Leite et Vicente Fonseca.

Afin de ne pas revivre les mésaventures du match contre Santa Cruz et les pétards toute la nuit, la délégation de Grêmio réserve l’hôtel Terramar à Recife, mais se rend finalement dans la ville de Cabo de Santo Agostinho, à une trentaine de kilomètres de Recife. À l’aéroport, la délégation gremista parvient à éviter les supporters de Náutico grâce à la complicité d’un employé de l’aéroport, supporter de Sport, le troisième club de Recife. « La rivalité locale nous a aidés. Avec Sport qui ne pouvait plus monter, beaucoup de supporters de l’équipe ont soutenu Grêmio. Ils ne voulaient pas voir Náutico ou Santa Cruz en première division, en sachant que Sport restait en deuxième division », explique Paulo Pelaipe, dirigeant de Grêmio.

Le 26 novembre 2005, quatre heures avant le match, Mano Menezes montre à ses joueurs un clip qui revient sur les plus grands moments de l’histoire de Grêmio. Dans son livre 71 segundos, o jogo de uma vida, Luiz Zini Pires écrit : « Cela a été cinq minutes de son et d’images, cinq minutes de la plus pure émotion. […] Dans la salle de conférence l’hôtel Dorisol, beaucoup pleuraient discrètement. On entendait des pleurs, puis un silence. La commission technique avait touché le cœur des joueurs, quelques heures avant l’affrontement qui allait décider le futur de tous ceux qui étaient présents dans cette salle. Pereira et dix-neuf coéquipiers, même ceux qui n’allaient même pas être sur le banc des remplaçants, regardaient les meilleurs moments de l’histoire de Grêmio, concentrés sur les trois dernières et victorieuses décennies du club. Ils voyaient les actions les plus décisives de tous les titres que le club avait gagnés loin de son stade : la Coupe du Brésil et le Brasileirão à São Paulo, la Copa Libertadores en Colombie et le Mondial au Japon. Ils voyaient les buts, les actions célèbres, les cracks du passé soulever les trophées et les magnifiques réceptions aux champions dans les rues bleues de Porto Alegre ». À la fin de la vidéo, Mano Menezes ajoute un blanc où il est marqué : « Espace réservé pour ce titre ».

Les joueurs partent ensuite vers le stade, où l’accueil est particulièrement hostile. « On a mis beaucoup de temps pour arriver au stade d’Aflitos. La descente du bus au vestiaire ne pouvait se faire sans la police. En arrivant au vestiaire, il y avait une odeur très forte de peinture, ils avaient peint les murs une demi-heure avant notre arrivée. Ils avaient condamné les fenêtres pour qu’il n’y ait pas d’air et ont actionné une sirène. On n’a pas pu aller sur le terrain non plus », poursuit Rodrigo Galatto, la porte de l’accès au terrain ayant en effet été fermée avec un cadenas ! L’entrée des joueurs se fait dans un stade plus que comble, avec 29 891 spectateurs, troisième affluence de l’histoire du stade d’Aflitos alors que la capacité est théoriquement limitée à 22 856 places depuis 2000. Le stade tient son nom du quartier de Recife où il se trouve, lui-même fondé autour d’une église du même nom, la Capela de Nossa Senhora dos Aflitos, la Chapelle Notre Dame des Affligés.

Un premier penalty

Náutico a besoin d’une victoire pour monter en première division et pousse dans une ambiance surchauffée. Dès la quatrième minute de jeu, Náutico obtient un bon coup franc, mais l’arbitre ne donne pas de carton jaune au gremista Marcelo Costa. Le public chante alors « Edílson », du nom d’un arbitre impliqué dans un scandale de corruption qui a secoué le football brésilien deux mois plus tôt. Le coup franc ne donne finalement rien et la ville de Recife connaît un premier coup de froid, puisqu’à deux kilomètres de là, Santa Cruz concède l’ouverture du score contre la Portuguesa. À ce moment-là, les deux clubs de Recife sont éliminés. À la demi-heure de jeu, Náutico obtient un penalty, réchauffant encore un peu plus l’ambiance du stade d’Aflitos. Domingos, le fautif sur le penalty, reçoit un carton jaune, tout comme son partenaire de la défense centrale de Grêmio, Pereira, pour protestation. Alors qu’au stade d’Arruda, Santa Cruz égalise, le latéral droit Bruno Carvalho se charge du penalty de Náutico. Son tir croisé s’écrase sur le poteau de Galatto, qui réalise dans la foulée deux parades déterminantes. Formé à Grêmio, Galatto fait ses débuts professionnels en 2005 et remplace peu à peu dans le cœur des supporters la légende Danrlei, gardien titulaire du Tricolor de 1993 à 2003, remportant tous les titres possibles. Au moment de l’arrêt de Galatto sur la frappe de Paulo Matos, les petites radios des supporters en tribune s’enflamment, le meilleur buteur du championnat Reinaldo s’offre un doublé et permet à Santa Cruz de virer en tête. Après une ultime offensive de Náutico, la première période s’achève sur un score de 0-0. À la mi-temps, Santa Cruz est provisoirement champion alors que le match nul suffit à Grêmio pour retrouver le Brasileirão.

Dans les vestiaires, Mano Menezes est obligé d’effectuer un changement avec la blessure de l’attaquant Ricardinho, auteur de six buts au cours du championnat. Menezes le remplace par le milieu défensif Lucas Leiva, dix-huit ans et qui a fait ses débuts professionnels un mois plus tôt lors de la dernière journée de la deuxième phase du championnat. Mano Menezes veut fermer le jeu, d’autant plus que trois de ses quatre défenseurs ont déjà écopé d’un carton jaune. À l’heure de jeu, alors que Bruno Carvalho sort sous les sifflets de son public à cause de son penalty raté, Mano Menezes effectue un nouveau changement avec l’entrée du prodige Anderson. À dix-sept ans seulement, Anderson est déjà vendu au FC Porto et effectue son dernier match au club après avoir joué seulement deux minutes contre Santa Cruz. « J’ai présenté mes excuses à Anderson devant tous ses coéquipiers. Je voulais lui offrir une dernière à la hauteur de son football, mais cela n’a pas été possible », rappelle Mano Menezes dans le livre 71 segundos, o jogo de uma vida. Le match contre Náutico est la dernière chance de briller d’Anderson, qui accepte les excuses de son entraîneur et lui dit qu’il va marquer le but du titre.

Un premier carton rouge, puis…

Anderson se procure une occasion avec une frappe bien captée par Rodolpho, mais c’est Náutico qui continue de dominer, ayant besoin de la victoire pour être promu en première division. À un quart d’heure de la fin du temps réglementaire, le latéral chilien Alejandro Escalona, arrivé à Grêmio en début d’année, commet une main et écope d’un second carton jaune, laissant ses partenaires à dix. Deux minutes plus tard, après une sortie ratée, Galatto déséquilibre Miltinho, tout le stade réclame un penalty, qui n’est finalement pas accordé par l’arbitre Djalma Beltrami. L’arbitre, également policier militaire, avertit même Miltinho pour simulation. Dans la foulée, Beltrami accorde finalement un penalty pour Naútico pour une main dans la surface de Nunes, le ballon touchant en réalité le coude replié de Nunes. Dans le livre 71 segundos, o jogo de uma vida, Luiz Zini Pires écrit : « Nunes n’a pas tenté de dévier la frappe ni de changer la trajectoire du ballon. Il a seulement tourné son corps et protégé instinctivement son ventre. Beltrami, qui était très bien placé, à deux mètres de l’action, a sifflé, sans un millième de seconde d’hésitation. Il a tendu sa main droite, la même qui offrait les cartons, et a montré le point de penalty. Le carioca, qui n’avait pas sifflé un penalty évident trois minutes plus tôt, en sifflait un autre, cette fois douteux, dix minutes avant la fin des quatre-vingt-dix réglementaires ». Les joueurs de Grêmio protestent de façon virulente, Patrício et Nunes sont expulsés, le match bascule définitivement dans le n’importe quoi.

La police fait son entrée sur le terrain afin de séparer l’arbitre des joueurs de Grêmio, bientôt réduits à huit. Des journalistes entrent également sur le terrain, prenant même le temps d’interviewer Anderson : « L’arbitre a donné le match. Le championnat est une blague, tout le monde le sait. Ils volent toujours les équipes du Sud ». Roberto Cavalo, l’entraîneur de Naútico, cherche un tireur pour l’un des penalties les plus importants de l’histoire du club. Kuki ne souhaite pas le tirer, pas plus que Cleisson, et après l’échec en première mi-temps du latéral Bruno Carvalho, le ballon tombe finalement dans les mains de l’autre latéral, Ademar, qui n’a tiré aucun penalty de la saison. Ademar doit encore patienter, les joueurs de Grêmio se mettent devant le point de penalty et pensent même à quitter le terrain et abandonner le match, avant d’être retenus par le dirigeant Renato Moreira. « Quand on a commencé à quitter le terrain, Renato Moreira, qui était avocat, nous a dit qu’on perdrait le droit de jouer un nouveau match et qu’on ne gagnerait pas au tribunal. On a décidé de retourner sur le terrain », se souvient dans le livre Grêmio hoje e sempre le gardien Galatto, qui reste à l’écart des discussions : « J’essayais de rester calme et concentré. Il y avait beaucoup de tension. […] J’ai fait une prière. Le président se moquait de moi en disant que j’étais un homme de glace, mais à ce moment-là, j’ai senti mon cœur s’accélérer. J’étais très concentré. Je n’écoutais pas les supporters, je regardais juste le ballon et le tireur ». Alors que pendant ce temps Santa Cruz soulève un trophée de promu à deux kilomètres d’ici, Domingos empêche que le tir soit effectué et force une nouvelle intervention de la police. Domingos est finalement expulsé, Grêmio va finir ce match à sept et Ademar a au bout du pied le but du retour de Naútico en première division, du maintien de Grêmio en Série B, si le club ne disparaît tout simplement pas.

Grêmio imortal

Après avoir rebouché le trou effectué par Marcel sur le point de penalty, Ademar s’élance et tire. Galatto reste lui au milieu du but le plus longtemps possible et retarde son plongeon pour avoir le temps de lire la trajectoire. Pour GaúchaZH, Rodrigo Galatto revient sur ce moment éternel : « Je suis parti au bon moment et j’ai touché le ballon avec le genou. Il a voulu tirer au milieu, mais le ballon est allé sur le côté, j’ai plongé sur la gauche et avec la jambe droite, je l’ai mise en corner. C’est inoubliable. J’ai fait d’autres arrêts, certains plus beaux, mais c’est celui-ci qui a marqué ma carrière ». Deux penalties ratés, quatre expulsions, vingt minutes d’arrêt de jeu, mais Grêmio est encore en vie. Le Tricolor récupère le ballon sur le corner et Anderson, complètement esseulé, part en contre-attaque, obtenant un bon coup franc et l’expulsion de Batata pour un second carton jaune. Le médecin Alarico Endres entre sur le terrain et demande à Anderson de ne pas se relever, ce qui forcerait l’arrêt du match. Mais l’arbitre Djalma Beltrami l’entend et dit qu’il expulsera Anderson s’il ne reprend pas le jeu, ce qui mettrait également fin au match, mais avec une vraisemblable défaite de Grêmio sur tapis vert. Anderson se relève finalement et le coup franc est joué rapidement, trompant même les caméras de télévision qui s’attardent sur le ralenti.

Soixante-et-onze secondes après le penalty raté d’Ademar, Anderson s’échappe sur le côté gauche, se joue de Cleisson, évite le retour de Tuca et trompe le gardien Rodolpho d’une subtile frappe du pied gauche pour glisser le ballon au fond des filets. Grêmio justifie une nouvelle fois son surnom d’Imortal et prend l’avantage dans un stade d’Aflitos complètement sonné. Grêmio doit encore tenir dix minutes dans un match qui ne s’achève qu’à la cent-quinzième minute, à dix contre sept. Les hommes de Mano Menezes défendent dans un inédit système en 5-1 avec Anderson devant. Naútico attaque trois fois, Grêmio défend, et l’arbitre met finalement un terme à un match absolument unique dans l’histoire du football. Grêmio remporte le championnat de Série B et écrit l’une des pages les plus improbables de son histoire. « C’est une grande histoire, pas seulement pour moi, pour Grêmio, mais pour les joueurs personnellement. Pour nos familles, cela fait une grande différence », juge pour GloboEsporte l’un des héros du match, Anderson.

L’autre héros de la rencontre, Galatto, revient également sur le match connu comme la « Bataille des Aflitos », pour GloboEsporte en 2022 : « Même s’il s’est passé beaucoup de temps depuis, je reçois encore des “merci Galatto pour ce jour”, “tu es notre sauveur, notre héros”. Je suis très heureux qu’on se rappelle encore de ce match aujourd’hui. Parfois, j’emmène ma fille à l’école et les pères de ses camarades disent “ton père nous a sauvés, il est notre héros”. J’essaye de rendre cet amour que l’on reçoit au quotidien ». Le match est en effet régulièrement rappelé et est même devenu un livre et un documentaire alors que l’arbitre Djalma Beltrami revient à l’actualité en 2011 en tant que commandant de la police militaire de São Gonçalo, où il est arrêté pour avoir reçu des pots-de-vin de trafiquants afin de fermer les yeux sur le trafic de drogue. Djalma Beltrami est libéré le lendemain en raison d’un manque de preuves. Pour sa part, après la « Bataille des Aflitos », Grêmio retrouve le Brasileirão, terminé à la troisième place en 2006, et remporte le bicampeonato gaúcho 2006-2007. Le Tricolor retrouve finalement les sommets au milieu des années 2010, avec la Coupe du Brésil 2016 et surtout, la Copa Libertadores 2017, la troisième de l’histoire du club.

Relégué à nouveau en Série B en 2021, Grêmio affronte un an plus tard lors de la trente-sixième journée de deuxième division… Náutico et peut valider son accession sur le terrain d’Aflitos ! Dans un match beaucoup plus tranquille, avec un doublé de Bitello et un but de Lucas Leiva, déjà présent sur le terrain dix-sept ans plus tôt, le Tricolor s’impose 3-0 et signe son retour dans le Brasileirão, prouvant une nouvelle fois que Grêmio est immortel.

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.