A la surprise générale, les Girondins de Bordeaux se sont tournés vers l’Amérique du Sud pour animer les dernières heures de leur marché des transferts. L’occasion pour LO de vous présenter ses deux voire trois nouvelles recrues.
Mauro Arambarri, le cinco sauce uruguayenne
Premier nom à être apparu dans la presse cette semaine Mauro Arambarri. Né à Salto, comme Edinson Cavani ou Luis Suárez, il est connu des habitués de Lucarne Opposée, son nom figurant dans la liste des 50 pépites du Coin Sudam. Maura Arambarri débarque au sein de la meilleure école d’Uruguay (lire Defensor Sporting : l'école du nouvel Uruguay) à l’âge de 15 pour y terminer sa formation. La fusée est lancée. Débuts pros à 17 ans, installation dans l’équipe phase l’année suivante. Son club, alors en difficulté financière mise sur lui pour se sauver en vendant 70% de ses droits sportifs à un groupe d’investisseurs (pour 1.3M$). Il attire alors les regards des Juventus et autres Málaga, le transfert en Espagne capotant pour des raisons de surnombre d’extra-communautaires. Alors, la Bomba, se remet au travail, cherche à s’installer définitivement dans le 11 de la Violeta. Il y parvient, portant même le brassard de capitaine notamment lors de son 50e match en professionnel lors d’une victoire face au Cerro (lire Uruguay – Apertura 2015: Clásico, un match pas si nul pour Peñarol). Installé au milieu de la Violeta, Arambarri dispute la Sudamericana et se voit adoubé par Diego Forlán qui en fait le meilleur jeune sud-américain de l’année. Il faut dire que la Bomba se taille une réputation en sélection. Au sein de la mini Celeste dirigée par Fabián Coito, associé aux pépites Nahitan Nández, Gastón Pereiro au milieu, il explose lors du Sudamericano 2015 (lire Sudamericano : L’Albi de nouveau Celeste), éclaboussant la compétition de son talent, brillant jusqu’en Nouvelle-Zélande lors de la Coupe du Monde de la catégorie.
Mauro Arambarri n’est pas un milieu défensif uruguayen commun. Si vous êtes habitués aux pugnaces Diego Pérez et autres Egidio Arevalo-Rios, vous serez surpris. Car la Bomba n’a d’uruguayen que la nationalité, son jeu étant plus argentin. Arambarri est ce que l’on appelle un cinco, ces meneurs de jeu reculés que l’Europe a parfois du mal à apprivoiser. Capable de récupérer proprement, sa principale force est d’organiser le jeu à partir des bases arrières, de perforer un milieu adverse par sa vision du jeu. Il ferait donc un 8 parfait dans un système à l’européenne, pour peu qu’il résiste physiquement et qu’on lui laisse le temps de prendre ses marques.
Malcom, le nouvel espoir
Chaque saison, le Brésil nous offre un nouvel héritier, une nouvelle sensation. Symbole de la richesse du réservoir carioca, ses nouvelles étoiles en devenir sont bien trop souvent exposées trop tôt, chaque club espérant avoir déniché son Neymar. Il n’est donc pas rare de voir des enfants propulsés chez les pros dès lors qu’on sent leur potentiel. Malcom fait partie de ces jeunes nouveaux Neymar tant leur jeu peut le laisser imaginer (nous allons y revenir). Membre de la génération 97, il est le pendant au Corinthians d’un Gabriel Jesus à Palmeiras voire d’un Kenedy, leur ainé (d’un an !), à Fluminense et aujourd’hui à Chelsea. Il est celui sur lequel se portent toutes les espérances. Formé au Timão, il débute chez les pros alors qu’il n’a que 17 ans et va rapidement s’installer dans le groupe de Mano Menezes puis de Tite. Au point d’exploser en 2015. Titulaire au sein d’un Corinthians champion, il s’installe aussi en sélection profitant notamment de la blessure de Kenedy pour intégrer le onze qui perdra en finale de la Coupe du Monde des moins de 20 ans. Cette accumulation de match pour un joueur de cet âge va ainsi attiser bien des convoitises. Repéré par le Dynamo Kiev en juillet 2015, l’offre de 12M€ est refusée par le Corinthians. Plusieurs grands clubs européens comme Chelsea ou l’Inter commencent à lorgner sur le joueur que son club veut alors prolonger, espérant faire grimper sa côté pour toucher plus, le Corinthians ne détenant qu’une partie de ses droits (le reste étant propriété d’Elenko Sports qui possède dans son écurie un certain André). Il restera au club, continuera de faire étalage de son talent.
Sur le terrain, Malcom est capable de tout. Une fois que l’on a dit cela, on a tout dit. Doté d’une formidable technique, capable d’éliminer par ses dribbles et sa vitesse, il pêche aussi par son manque de maturité dans le jeu qui rappelle bien souvent qu’il n’a que 18 ans. Ce manque de maturité se voit également en dehors des terrains, le joueur ayant été impliqué dans un scandale de fraude au permis de conduire l’été dernier. Propulsé au rang de diamant par son coach au Corinthians, Malcom a tout de l’objet précieux à la condition qu’il gagne donc en maturité technique et surtout tactique. C’est un formidable pari tenté par les Girondins, un pari au coût qui semble élevé (on parle de 9M€) et qui pourrait bien causer bien des dégâts au cas où la nouvelle pépite brésilienne ne soit qu’une comète de plus. Mais qui pourrait être le coup de l’année dans le cas contraire.
Marlon, le précoce
Reste enfin la dernière rumeur du moment, la possible arrivée de Marlon. Plus âgé que Malcom, le jeune défenseur du Flu a également été de l’aventure du dernier Sudamericano et de la Coupe du Monde. Milieu de terrain au début de sa formation au Fluminense, il va redescendre en défense central pour prendre toute sa mesure. Propulsé chez les pros à 18 ans, Marlon s’installe véritablement dans le onze en 2014 puis en 2015 après ses belles prestations avec la sélection de sa catégorie, formant avec Gum l’axe central du Flu. Malgré les tumultes en coulisse au sein du club, le jeune central reste l’une des rares satisfactions de Fluminense et sera l’un des hommes à suivre aux prochains Jeux Olympiques.
Sur le terrain, l’héritage de son époque passée au milieu du terrain donne à Marlon une palette technique assez rare pour un défenseur central et un goût de la relance propre indéniable. Capable de jouer des deux pieds, il n’hésite pas à monter au prix de longues chevauchées, proposant des dédoublements comme aiment habituellement à le faire les latéraux de la Seleção. Ce goût de l’offensive est un atout, il est aussi l’un de ses défauts. Car si Marlon se montre suffisamment rapide, il s’en sert aussi pour rattraper ses erreurs de marquage et autres sautes de concentration qui parfois peuvent coûter cher. Lui qui a Thiago Silva pour modèle en est encore loin, tant il manque encore de rigueur tactique. Lors de l’entretien qu'il nous avait accordé, Carlos Henrique, qui l’a côtoyé à Fluminense, évoquait son jeune camarade : « Je parle avec lui et d’autres jeunes du club comme un défenseur qui s’appelle Marlon. J’essaie de leur expliquer à quel point ça va être dur en Europe. Ici, tout le monde passe leur temps à leur dire qu’ils sont très forts, que tout ce qu’ils font, c’est très bien. Pourquoi ? Pour mieux les vendre. Mais quand t’arrives en Europe, ça ne se passe pas comme ça. Il faut faire comme on te demande de faire. Ils ne laisseront rien passer. Il faut être prêt. » Comme Malcom, la grande question est de savoir si Marlon pourra s’adapter à l’Europe, comme tous ces jeunes brésiliens, la question est de savoir s’il est véritablement prêt pour faire le grand saut. S’il semble pourtant bien plus mature que le jeune attaquant du Timão, il lui reste encore du travail. Il pourrait lui aussi se révéler être un bon pari, à condition d’être bien encadré. Mais là aussi, un pari qui devrait avoir un prix. Un temps annoncé du côté du Barça ou de la Roma, sa valeur serait d’environ 7M€. Un autre sacré défi pour le club bordelais aux finances loin d’être illimitées.