Le 28 novembre 2016, alors que les joueurs de Chapecoense partaient pour le match le plus important de l’histoire du club avec une première finale continentale, l’avion transportant les joueurs et journalistes s’écrasait dans une zone montagneuse en Colombie après une panne de carburant. Le bilan est terrible, la reconstruction sera difficile. Retour en quelques dates sur une année particulière pour le club de Chapecoense.

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29 novembre 2016, le jour d’après

Le Brésil se réveille difficilement le 29 novembre 2016, entre désarroi et incompréhension. Tristesse également, avec un bilan qui ne cesse de s’alourdir, les victimes devenant des noms. Ce sont les héros de la ville de Chapecó, petite ville du Sud du Brésil de 180 000 habitants. Les joueurs avaient réussi le plus bel exploit de l’histoire du club, dont la première année en Série A brésilienne remonte à seulement 2014. En éliminant notamment les Argentins d’Independiente et de San Lorenzo, la Chape s’était qualifiée pour la finale de la Copa Sudamericana, face au vainqueur de la dernière Copa Libertadores, l’Atlético Nacional. Mais de finale, il n’y en aura jamais, seulement un bilan effroyable : 71 morts, dont 19 joueurs, 14 membres du staff technique, 9 dirigeants, 20 journalistes, 2 invités et 7 membres de l’équipage. Le monde du football est touché, celui du journalisme également. Les hommages se multiplient, mais on retiendra surtout celui de l’Atlético Nacional, qui demande à la CONMEBOL d’attribuer la Copa Sudamericana à Chapecoense à titre posthume, requête acceptée quelques jours plus tard.

Tragédie de Chapecoense : 10 portraits pour 71 hommages

30 novembre 2016, le stade de Medellín se remplit

À l’heure prévue du match, le stade Atanasio Girardot à Medellín, où aurait dû avoir lieu le match, est comble. Ils sont 45 000 supporters à l’intérieur, le double à l’extérieur, pour rendre un hommage aux joueurs de Chapecoense. Tous vêtus de blanc et de vert, les deux couleurs qui unissent l’Atlético Nacional et Chapecoense, les Colombiens font une nouvelle démonstration de force et de courage pour le peuple brésilien. Minute de silence glaçante, bougies, jeu de lumières et chants « Vamo vamo Chape », l’hommage est parfait. Le Brésil remercie et n’oublie pas, comme le montre le vibrant discours du ministre des Affaires étrangères José Serra, présent au stade. « Merci à la Colombie. Du fond du cœur, un énorme merci. Dans ce moment très douloureux pour nous tous, les expressions de solidarité que nous avons reçues par chacun de vous, Colombiens et supporters, nous apportent un réconfort immense. Une lumière pendant que nous essayons tous de comprendre l’incompréhensible. Les Brésiliens n’oublieront jamais la façon dont les Colombiens ont vécu ce terrible désastre, qui a mis fin au rêve de cette équipe héroïque de la Chapecoense, une espèce de conte merveilleux au final tragique. Nous n’oublierons pas non plus l’attitude de l’Atlético Nacional et de tous les supporters qui ont demandé à ce que le titre de la Copa Sul-Americana soit remis à Chapecoense. Un geste qui honore la Colombie entière et la ville bien-aimée de Medellín. Après cet événement, le Brésil a vu la dure réalité d’une fête qui n’a pas existé, d’un match historique qui n’a pas été réalisé. Que les couleurs de la Chapecoense et de l’Atlético, le vert et le blanc, soient celles de l’espoir et de la paix. »

3 décembre 2016, l’Arena Condá dit au revoir à ses champions

Quelques jours après le drame, les corps sont rapatriés au Brésil. Il ne reste que six survivants : les joueurs Neto, Jackson Follmann et Alan Ruschel, le journaliste Rafael Henzel, et les membres de l’équipage Erwin Tumiri et Ximena Suarez. Ce 3 décembre, sous une pluie battante, cinquante cercueils passent par l’Arena Condá, le stade de la Chapecoense, alors que les rescapés sont encore à l’hôpital en Colombie. De nombreuses personnalités sont présentes, comme le président de la République Michel Temer, le président de la FIFA Gianni Infantino, le président de la CBF Marco Polo Del Nero, ou encore les anciens joueurs Clarence Seedorf, Luis Figo et Carles Puyol, ainsi que Tite, le sélectionneur de la Seleção. « Dieu a également le droit de pleurer. C’est pour ça qu’il pleut autant sur la terre de Condá » dira Luciano Buligon, le maire de Chapecó, maillot de l’Atlético Nacional sur le dos. Après une cérémonie où les noms des joueurs et journalistes sont annoncés et applaudis, le soleil fait place à la pluie alors qu’on peine encore à réaliser ce qu’il s’est passé.

21 janvier 2017, la Chape de retour sur les terrains

Moins de deux mois après la tragédie, la Chapecoense est de retour sur un terrain de football, l’Arena Condá revit. Il a fallu tout reconstruire. L’effectif était décimé, mais également le staff technique et les dirigeants. Nouveau président, nouvel entraîneur, et nouveaux joueurs, la plupart en prêt. On peut regretter que la plupart des clubs brésiliens ait prêté des joueurs sur lesquels ils ne comptaient plus, mais la Chapecoense a pu reconstruire son effectif avec des joueurs qui correspondent à l’image du club, comme Túlio de Melo, pour une année marathon avec de nombreuses compétitions à disputer : championnat catarinense, Libertadores, Primeira Liga, Brasileirão, Coupe du Brésil, Copa Suruga et Recopa Sul-Americana. Pour son premier match, la Chape reçoit en amical le champion brésilien en titre, Palmeiras. Avant le match, les trois joueurs rescapés descendent sur le terrain pour lever le trophée de la Sudamericana. « Cette médaille, c’est bien plus qu’un titre et une place en Libertadores. Il reste la lutte, la sueur, l’engagement, le respect et tout ce que ce groupe avait de bon. Il reste l’amitié, les bons et mauvais moments, dans lesquels le groupe se rapprochait encore plus » dira Neto, dont les blessures aux jambes sont encore visibles. Jackson Follmann a dû se faire amputer d’une jambe alors qu’Alan Ruschel espère revenir sur les terrains en 2017. L’autre brésilien rescapé, le journaliste Rafael Henzel, est également en tribune et commente le match pour Rádio Oeste Capital. Sur le terrain, le niveau de jeu est tout à fait correct pour un match de reprise, sans compter l’émotion de la rencontre. Raphael Veiga ouvre le score pour Palmeiras et est applaudi par les supporters, avant l’égalisation de Chapecoense. Douglas Grolli, né dans le Santa Catarina, formé à Chapecoense et qui jouera avec le club en Série C jusqu’en 2011, remportant le championnat catarinense cette année-là, marque le premier but de la « nova Chape ». Il dédie évidemment ce but aux victimes de l’accident, dont il connaissait la majorité pour avoir été prêté à la Chapecoense entre 2014 et 2015.

25 janvier 2017, le match de l’amitié entre le Brésil et la Colombie

Le drame de Chapecoense a considérablement rapproché le Brésil et la Colombie alors que les derniers matchs entre les deux sélections avaient été très tendus. Un match amical est organisé à Rio de Janeiro afin de récolter des fonds pour les familles des victimes. Paulo Paixão, préparateur physique et père d’Anderson Paixão, décédé lors de ce tragique 29 novembre 2016, fait partie de la commission technique brésilienne pour cette rencontre particulière. On peut regretter que ce match ait lieu à l’Engenhão et non au Maracanã, laissé à l’abandon. On peut aussi regretter les sifflets à l’encontre de Willian Arão, les fans du Botafogo ne pardonnant pas son départ au Flamengo. Le « jogo da amizade » attire 18 695 personnes pour rendre un nouvel hommage à la Chapecoense. Les quatre survivants brésiliens reçoivent une plaque avant une minute d’applaudissements. La rencontre est diffusée par seize chaînes brésiliennes, la chaîne évangélique RIT retransmet même le premier match de football de son histoire. Pour ce match avec seulement des joueurs évoluant au Brésil et en Colombie, Robinho, qui fête ce jour-là ses 33 ans, est capitaine. À la 21e minute, Galvão Bueno, commentateur historique de la Seleção, cède son micro au rescapé Rafael Henzel, qui montre qu’il n’est pas seulement un exemple de courage, mais également un journaliste au talent certain. « C’est une profession passionnante. Il faut toujours anticiper ce qu’il peut se passer. Quarante jours après l’accident, j’étais déjà de retour au travail. C’est un privilège d’être ici. Je vous remercie pour l’invitation, parce que je suis ici pour représenter 21 collègues qui se sont partis lors de cette nuit tragique. Je ne veux pas avoir cette prétention, mais avec ma participation, je veux représenter tous les collègues qui s’en sont allés. Que nous puissions avoir de nombreuses victoires personnelles, toujours avec persévérance », confie Henzel avant le match. Le résultat est anecdotique mais a tout de même son importance. Le Brésil s’impose 1x0 avec un but de Dudu dès le retour des vestiaires, enchaîne un septième succès consécutif sous l’ère Tite et ce résultat permet à la Seleção de dépasser l’Argentine au classement FIFA et de récupérer la première place, une première depuis mai 2010.

7 mars 2017, le premier match de l’histoire du club en Copa Libertadores

Vainqueur de la Copa Sudamericana 2016, Chapecoense est donc qualifié pour la première Libertadores de son histoire. Un exploit quand on sait que le club a été fondé en 1973 et jouait en Série C jusqu’en 2012. Cinq ans plus tard, le Verdão do Oeste accède donc à la compétition reine du continent sud-américain et partage le groupe 7 avec Zulia, Lanús et Nacional. Pour son premier match, la Chape se déplace au Venezuela pour affronter Zulia. Reinaldo ouvre le score pour Chapecoense en première mi-temps, avant que Luiz Antônio ne double la mise à la 69e minute. Dix minutes plus tard, Zulia revient à 1x2 et pousse pour arracher le match nul à domicile dans les dernières minutes. La Chape souffre, mais la Chape tient bon. Chapecoense décroche le premier succès de son histoire en Copa Libertadores.

19 mars 2017, plus large victoire de l’histoire du club

Trois jours après une défaite contre Lanús en Libertadores, la Chapecoense reçoit l’Atlético Tubarão pour la deuxième journée de la deuxième phase du championnat catarinense. La Chapecoense a terminé la première phase à la deuxième place, à quatre points d’Avaí, vainqueur de la Taça Club Atlético Nacional. Chapecoense commence la deuxième phase par un match nul à l’extérieur, avant le feu d’artifice à l’Arena Condá. Entre la 17e et la 25e minute, Andrei Girotto claque un triplé pour lancer parfaitement la Chapecoense dans ce match. 4x0 à la mi-temps et finalement 7x0 à la fin du match grâce à un but d’Arthur dans le temps additionnel. La Chapecoense avait déjà battu 5x0 Kindermann et Joaçaba lors du championnat catarinense 1977, le premier remporté par le club. Il y avait également eu un incroyable 5x0 contre l’Internacional lors du Brasileirão 2014 et même un 6x0 contre Tiradentes lors du championnat catarinense 2004, mais jamais de 7x0. La Chape décroche donc le plus large succès de son histoire et ne cesse de marquer l’histoire. Trois jours plus tard, Chapecoense réalise un nouvel exploit. Menée 2x0 sur le terrain d’Almirante Barroso jusqu’à la 78e minute, la Chape s’impose finalement 3x2 avec un but à la 92e minute pour une deuxième victoire consécutive. La série s’arrêtera un mois plus tard à huit matchs remportés consécutivement.

4 avril 2017, la Chape retrouve l’Atlético Nacional

Chapecoense aurait dû jouer la finale de la Copa Sudamericana contre l’Atlético Nacional, déjà vainqueur de la Copa Libertadores 2016. Après le titre offert par l’Atlético Nacional, les deux équipes se retrouvent donc pour la Recopa Sudamericana, la supercoupe continentale. Quatre mois après le drame, rien n’a changé entre deux clubs liés pour l’éternité. Le match dure bien plus bien que 90 minutes. Les joueurs de l’Atlético Nacional sont reçus par les supporters de Chapecoense dès leur arrivée à l’aéroport. Luciano Buligon et Federico Gutiérrez Zuluaga, les maires de Chapecó et Medellín, posent la première pierre du Parque Medellín, situé à Chapecó. Le protocole commence malheureusement par une minute de silence pour une nouvelle tragédie, intervenue deux jours plus tôt. À Mocoa, dans le sud de la Colombie, une gigantesque coulée de boue prend la vie de 323 personnes. Le maire de Chapecó remet ensuite une plaque à son homologue de Medellín avec l’inscription suivante : « le peuple de Chapecó rend hommage et éternise les liens d’amitié et de gratitude à la ville de Medellín. Que les couleurs verte et blanche renforcent notre amitié, montrant au monde un grand exemple de solidarité et d’intégration humaine. »

Le lendemain, les supporters des deux clubs se réunissent sur la place Coronel Bertaso pour partir ensemble vers l’Arena Condá. Luciano Buligon, maire de Chapecó et maillot de l’Atlético Nacional sur le dos, est accompagné de Federico Gutiérrez Zuluaga, maire de Medellín, portant le maillot de la Chape, pour un bref discours. Les quatre survivants brésiliens sont également sur la pelouse, devant deux énormes drapeaux de Chapecoense et de l’Atlético Nacional. Rafa Henzel prend la parole en premier. « Bonsoir le Brésil, bonsoir la Colombie. C’est une nuit de joie et de solidarité. Je suis certain que les Colombiens, qui ont été si sincères dans leur démonstration de soutien, sont très heureux avec vous. Je suis ici pour représenter 21 journalistes présents dans cet accident. À chaque fois que je peux prendre le micro à la radio pour mon travail, je souhaite qu’ils puissent être avec nous, qu’ils auraient pu être là ce 30 novembre, retransmettant le match de la Chapecoense. Je veux que nos amis comprennent qu’est arrivé le grand jour de Chapecoense et de l’Atlético Nacional. Tout mon amour pour ceux qui sont ici, à la télévision et en Colombie. » Neto délivre ensuite un message d’amour devant les pleurs des supporters. « N’attendez pas qu’un avion s’écrase pour dire « je t’aime » à quelqu’un. N’attendez pas qu’un avion s’écrase pour demander pardon, pour prendre quelqu’un dans vos bras. Chaque jour, vous avez l’opportunité de faire quelque chose de différent, de faire le bien, avec l’amour de Dieu qui fait la différence. » L’Arena Condá est évidemment comble pour ce match pas comme les autres. Sur penalty, Reinaldo ouvre le score pour la Chape avant l’égalisation de Macnelly Torres. À la 74e minute, trois minutes après un hommage des supporters pour les 71 victimes au son des « Vamos, vamos Chape », Luiz Otávio marque le but de la victoire pour Chapecoense. La Chape s’impose 2x1 et doit attendre un mois pour le match retour, à Medellín, où l’émotion sera une nouvelle fois au rendez-vous.

7 mai 2017, la Chapecoense remporte le championnat catarinense

Après avoir remporté la Taça Sandro Luiz Pallaoro, du nom du président de la Chapecoense décédé dans l’avion, Chapecoense se qualifie pour la finale du championnat de Santa Catarina contre Avaí, vainqueur du premier tour. La Chape peut conserver son titre acquis en 2016, avec notamment un but de Bruno Rangel, entré en cours de jeu lors de la finale retour contre Joinville. À l’aller, Chapecoense avait fait le plus dur en s’imposant 1x0 sur le terrain d’Avaí, mais le match à l’Arena Condá est compliqué. Avaí mène 1x0, résultat toutefois suffisant pour garantir le titre à la Chape grâce à une meilleure campagne sur les deux tours (42 points contre 37). La fin de match est tendue, avec notamment l’expulsion de Neném depuis le banc de touche de Chapecoense, mais la Chape tient une nouvelle fois bon. Il aura fallu attendre 169 jours après la tragédie pour voir Chapecoense remporter un nouveau trophée, et se qualifier du même coup pour la Copa do Brasil, nouvelle compétition à jouer après l’élimination au premier tour de la Primeira Liga. Pour la première fois de son histoire, la Chape parvient à conserver son titre de champion du Santa Catarina et remporte le sixième championnat catarinense de son histoire après 1977, 1996, 2007, 2011 et donc 2016. La Chape semble éternelle.

10 mai 2017, Chapecoense retrouve Medellín

Trois jours seulement après le titre, Chapecoense retrouve les terrains. Il faut dire que la dernière fois que la Chape a eu une semaine entière de repos après un match, c’était le 11 février… L’équipe n’est pas au mieux avec quatre défaites sur les cinq derniers matchs, dont des défaites dans le championnat catarinense, en Primeira Liga et un revers 3x0 contre Nacional en Copa Libertadores. Les jambes sont fatiguées et le moral doit suivre avec ce déplacement à Medellín pour le match retour de la Recopa. Neto, Jackson Follmann, Alan Ruschel et Rafael Henzel profitent du voyage pour se rendre dans la zone montagneuse de Cerro Gordo, lieu de l’accident. Un moment difficile mais nécessaire pour aider à comprendre ce qu’il s’est passé, avec l’aide des policiers également de retour cinq mois après le drame. « C ‘est important de venir ici pour voir tout ce qu’il s’est passé. On savait que ça avait été difficile, mais pas aussi difficile. Je n’arrive pas à penser qu’on a pu être sauvés, comment on a pu survivre à une tragédie dans un tel endroit. La vie passe rapidement. En une seconde, tout peut changer » explique Jackson Follmann.

Dans un stade Atanasio Girardot une nouvelle fois plein, comme lors de ce terrible 30 novembre, mais avec cette fois-ci un match de foot, la Chape craque dès la 2e minute avec l’ouverture du score de Dayro Moreno. L’Atlético Nacional est plus fort, marque quatre buts et la réduction du score tardive de Túlio de Melo ne suffit pas à relancer le suspense. La Chape s’incline 4x1 dans un match où la tête n’était pas totalement au foot dans ce dernier match de l’année entre deux clubs « frères », comme l’explique le buteur du jour pour Chapecoense. « Le soutien du peuple colombien pour nous depuis cette tragédie, c’est quelque chose… Même au Brésil, on n’a pas été soutenus de cette façon. Cela renforce le lien entre le Brésil et la Colombie, cette amitié indestructible. Mais sur le terrain, on voulait le titre, sinon on ne serait même pas rentrés sur le terrain. Ça n’a pas été possible, l’Atlético Nacional mérite son titre. » Avec une cinquième défaite en six matchs, on peut craindre le pire pour la Chape, qui doit se déplacer trois jours plus tard à l’Itaquerão pour affronter le Corinthians dans le cadre de l’ouverture du Brasileirão 2017.

17 mai 2017, si proche et si loin de passer la phase de poules de Libertadores

En dix jours, la Chape aura reçu Avaí à domicile, avant un déplacement à Medellín, puis São Paulo et enfin Lanús. En Argentine, Chapecoense bat Lanús 2x1 et a désormais besoin d’une victoire lors de la dernière journée de Libertadores, à domicile contre le dernier du groupe, les Vénézuéliens de Zulia, pour se qualifier pour un historique huitième de finale de Copa Libertadores. Sauf que Luiz Otávio, auteur du but de la victoire, ne pouvait pas jouer ce match. Déjà lors du match retour de Recopa, Luiz Otávio et Rossi avaient été inscrits comme titulaires sur la feuille de match, avant que la CONMEBOL prévienne le club qu’ils étaient suspendus suite à un carton rouge reçu lors de la 4e journée de Libertadores. Ils avaient alors été remplacés par Nathan et Osman. Peu avant le match contre Lanús, la CONMEBOL indique à un membre du club que la suspension de Luiz Otávio est de trois matchs et qu’il ne peut donc pas jouer. Mais l’avocat de la Chapecoense ne reçoit pas de confirmation, et Luiz Otávio est maintenu dans le onze de départ avant d’offrir la victoire à son club. La CONMEBOL donne une victoire 3x0 à Lanús en remplacement de la défaite 2x1 et la Chapecoense se retrouve dernière de son groupe et éliminée de la Libertadores…

23 mai 2017, la virada héroïque de la Chape

Suite au retrait de points, la Chapecoense a absolument besoin de battre Zulia lors de la dernière journée de Libertadores pour terminer troisième et se qualifier ainsi pour la Copa Sudamericana. Ça commence mal avec l’ouverture du score de Juan Arango pour Zulia à la 30e minute. Héctor Bello laisse ensuite les Vénézuéliens à dix à partir de la 70e minute, mais le temps passe et la Chape est toujours menée. Parades de Renny Vega, sauvetage sur la ligne de Henry Plazas, but refusé, ballon sur la barre transversale, la Chape joue bien mais ne parvient pas à marquer. Et quand Neném devient le 4e joueur de Chapecoense à toucher le montant dans ce match, on se dit que la Chape a laissé passer sa chance et que l’aventure continentale s’arrête là. Et pourtant… Sur la pelouse détrempée de l’Arena Condá, Arthur égalise à la 91e minute et Andrei Girotto marque le but de la victoire une minute plus tard. Chapecoense se qualifie pour la Sudamericana – en attendant la décision en appel de la CONMEBOL, au terme d’un match incroyable. La Chape est bien éternelle…

29 mai 2017, la Chape est leader du Brasileirão !

Certes, ce n’est que la troisième journée du Brasileirão. Mais alors qu’on pouvait craindre le pire après les cinq défaites en six matchs et les rebondissements en Libertadores, la Chape surprend et s’installe en tête du championnat brésilien ! Avec, il faut le dire, un calendrier plutôt compliqué. En ouverture, la Chapecoense obtient un bon nul sur la pelouse du Corinthians, futur vainqueur du Brasileirão. À domicile, le Verdão do Oeste bat ensuite le champion en titre Palmeiras, puis toujours à domicile, Chapecoense s’offre le derby lors d’une revanche de la finale du championnat catarinense. Seulement une mi-temps est nécessaire à la Chape pour battre Avaí 2x0. Lors de la journée suivante, Chapecoense se déplace au Mineirão pour affronter Cruzeiro, le vainqueur du Brasileirão 2013 et 2014. Trois jours plus tôt, les deux équipes s’étaient affrontées en huitième de finale retour de la Coupe du Brésil. Après sa victoire 1x0 au match aller, Cruzeiro gère le 0x0 à l’Arena Condá et élimine la Chapecoense, presque une aubaine vu le calendrier surchargé du club. Au Mineirão, la Chape prend sa revanche avec une victoire 2x0 et conserve son fauteuil de leader. La saison a repris le 26 janvier et au 4 juin, Chapecoense a déjà joué 37 matchs ! Mieux encore, le club est en tête du Brasileirão pour la première fois de son histoire. La Chape ne cesse de surprendre.

4 juillet 2017, Vágner Mancini est démis de ses fonctions, Vinícius Eutrópio le remplace

La belle période de la Chapecoense dans le championnat brésilien prend fin dès la 5e journée, avec une défaite à domicile contre Grêmio sur le score improbable de 6x3. L’équipe enchaîne alors cinq défaites en six matchs de championnat, puis une défaite 1x0 contre Defensa y Justicia, en seizième de finale aller de la Sudamericana, en encaissant un but à la 95e minute. Lors du match suivant, contre Fluminense, au stade Giulite Coutinho dans l’État de Rio de Janeiro, le score est de 2x2 lorsque Rossi laisse ses coéquipiers à dix à la 80e minute. En infériorité numérique, Chapecoense a besoin de seulement deux minutes pour prendre l’avantage, mais concède l’égalisation à la 93e minute. Dès le lendemain, Vágner Mancini est démis de ses fonctions, même si selon certains dirigeants, les résultats du club ne sont pas la cause de limogeage. Mancini était en effet « amoureux », ce qui aurait eu une influence sur son travail, avec notamment des retards à l’entraînement. Après un intérim d’un match d’Emerson Cris, le nouvel entraîneur se nomme Vinícius Eutrópio. Vainqueur du championnat catarinense en tant que joueur avec Criciúma en 1989, il remporte également le championnat en tant qu’entraîneur avec Figueirense en 2014. Vinícius Eutrópio connaît bien la Chapecoense puisqu’il a entraîné le club en 2015 pendant 49 matchs, pour un bilan de 21 victoires, 12 matchs nuls et 16 défaites.

25 juillet 2017, Jandrei fait vibrer l’Arena Condá en hommage à Danilo

Pour sa première, Vinícius Eutrópio est sèchement battu par Sport sur le score de 3x0, même si deux buts ont été marqués dans le temps additionnel. L’équipe se redresse ensuite avec deux victoires en trois matchs dans le Brasileirão avant le seizième de finale retour de la Copa Sudamericana, avec un but à remonter face au club argentin de Defensa y Justicia. À la 25e minute, Túlio de Melo remet les deux équipes à parfaite égalité. Malgré quelques occasions de part et d’autre, la qualification se jouera finalement aux tirs au but. La Chapecoense a marqué l’histoire de la compétition avec des séances de tirs au but. Lors du huitième de finale de la Sudamericana 2015, la Chape reçoit Libertad pour le match retour après un 1x1 au Paraguay. Chapecoense se fait surprendre dès la 4e minute mais Túlio de Melo, déjà lui, égalise quatre minutes plus tard. La Chape est réduite à dix avec l’expulsion de Wanderson dès le retour des vestiaires, mais parvient finalement à arracher les tirs au but. Les cinq joueurs de Chapecoense vont réussir leur penalty : les regrettés Bruno Rangel, Gil et Cléber Santana, le rescapé Neto, ainsi que Tiago Luís, transféré en 2016 à l’América Mineiro. La Chape s’impose 5x3 aux tirs au but, avant d’être stoppé par River Plate. Un an plus tard, toujours en huitième de finale, la Chapecoense affronte Independiente. Deux fois 0x0 et séance de tirs au but à l’Arena Condá. Danilo est définitivement sacré idole du club en arrêtant quatre tentatives argentines, et envoie son équipe en quart de finale. Jandrei succède à Danilo dans les buts de Chapecoense. La tâche n’est pas aisée, d’autant plus qu’à 24 ans, c’est la première séance de tirs au but de Jandrei au niveau professionnel. Arrivé comme troisième gardien en mars 2017, Jandrei s’impose comme titulaire dès le début du Brasileirão et devient le héros du seizième de finale retour en repoussant deux tirs au but, avant de rendre hommage à Danilo. « Je pense toujours à Danilo avant d’entrer sur le terrain. Ce qui est arrivé est terrible, mais ça nous motive, ça nous donne de la force. D’où ils sont, ils nous supportent, comme le font nos familles. Je suis très heureux de pouvoir honorer ce qu’a fait Danilo, comme Nivaldo et Follmann, qui continuent avec nous. Désormais, j’écris moi aussi mon histoire avec Chapecoense. » Danilo peut apprécier depuis le paradis des gardiens, la Chape est en huitième.

6 août 2017, Chapecoense termine la phase aller du Brasileirão à trois points de la zone rouge

Le calendrier de la Chapecoense pour cette fin de la phase aller est largement abordable : deux matchs à domicile contre l’Atlético-GO et Bahia puis un déplacement contre Coritiba, qui n’a plus gagné à domicile depuis deux mois. Problème, l’équipe parvient à récolter seulement un point sur neuf possibles et est désormais premier non-relégable, à trois points de São Paulo. On peut craindre alors le pire pour la Chape, qui continue d’enchaîner les matchs tous les trois jours. Cette fois, c’est même dès le lendemain que Chapecoense rejoue avec un match à… Barcelone !!!

7 août 2017, Alan Ruschel fait son retour sur le terrain du Camp Nou

Alors que la moitié du groupe est au Brésil, les autres joueurs de la Chapecoense sont à Barcelone pour le trophée Gamper contre le Barça. Parmi les joueurs, Alan Ruschel, de retour sur le terrain, 252 jours après l’accident. La veille du match, les joueurs de Chapecoense reçoivent la visite de Ferrão, l’un des meilleurs joueurs de futsal et actuellement au Barça. Ferrão est né à Chapecó et son père a même joué à la Chape dans les années 1970. Le lundi 7 août 2017, 65 000 personnes sont au Camp Nou pour ce match alors que l’intégralité de la recette est reversée au club de Chapecoense. Les deux autres joueurs survivants, Jackson Follmann et Neto, donnent le coup d’envoi fictif. Alan Ruschel, brassard de capitaine sur le maillot spécial de la Chape aux 71 étoiles, va jouer 35 minutes, effectuant un retour convaincant, s’offrant un dribble sur Sérgio Busquets, avant de récupérer le maillot de Leo Messi. Chapecoense s’incline finalement 5x0, mais l’essentiel est ailleurs. Alan Ruschel est un miraculé et est de retour sur les terrains après une fracture à colonne vertébrale qui aurait pu le laisser paralysé. Après le match, le latéral gauche mesurait sa chance. « Pour moi, c’est un rêve qui se réalise. J’ai pu monter à l’entraîneur et au monde entier que je suis prêt pour revenir à la compétition et toucher le ballon. Aujourd’hui, le résultat n’a pas d’importance. Seulement jouer, faire ce que j’aime le plus, c’est ce qui importe. Ce que je veux montrer, c’est comment célébrer la vie. Montrer le plaisir de vivre, de travailler, d’être en vie. Le plaisir de faire ce que j’aime. Aujourd’hui, j’ai pu donner tout ce que j’avais, je savais que ça ne serait que trente minutes. Maintenant, il faut vivre la vie, j’ai encore huit ou peut-être dix ans de carrière. Je veux profiter. J’ai échangé mon maillot avec Messi. Encore un rêve réalisé, o baixinho m’a fait l’honneur d’échanger son maillot avec moi. Je suis heureux. J’ai parlé avec lui, c’est quelqu’un de simple et humble. »

Dès le lendemain, la Chape joue son troisième match en trois jours, au centre d’entraînement de l’Olympique lyonnais. Túlio de Melo, passé par Le Mans, Lille et Évian Thonon Gaillard, ouvre le score pour la Chape mais l’OL finit par s’imposer 2x1 devant 500 spectateurs.

Barça - Chapecoense : au cœur de l'hommage

15 août 2017, Chapecoense s’incline lors de la Copa Suruga

Après l’Amérique du Sud et l’Europe, la Chape prend la direction de l’Asie et du Japon, pour la Copa Suruga, entre le vainqueur de la Copa Sudamericana et le vainqueur de la coupe de la ligue japonaise. Le Brésil et le Japon sont deux pays liés, le Brésil accueillant la plus grande diaspora japonaise dans le monde. Pour le football, Zico a été un précurseur et de nombreux joueurs brésiliens sont ensuite passés par le Japon. Parmi les victimes du crash, les joueurs Kempes, Thiego, Arthur Maia et Cleber Santana ont évolué au Japon, tout comme Caio Júnior qui a entraîné Vissel Kobe. L’adversaire de la Chape est Uruwa Red Diamonds, club bien connu de Washington, Emerson Sheik, Edmundo ou encore l’international japonais Alex, et où jouent toujours les Brésiliens Maurício et Rafael Silva. Au stade Saitama 2002, stade qui avait notamment vu le Brésil se qualifier pour la finale de la Coupe du monde aux dépens de la Turquie, les joueurs de Chapecoense sont accueillis par une banderole en portugais : « vamos nos encontrar novamente nos campeonatos mundias amigos !! » Après un match peu rythmé et sans but, l’arbitre Kim Jong-hyeok accorde un penalty généreux à Urawa, finalement transformé par Yuki Abe à la 93e minute. La Chapecoense peut rentrer au Brésil avec aucune victoire sur les six derniers matchs et une place de relégable dans le Brasileirão.

30 août 2017, les joueurs de la Chapecoense sont reçus par le pape au Vatican

Quinze jours après le match au Japon, la Chape est rentrée au Brésil pour disputer trois matchs du Brasileirão, avant de repartir en Europe pour un match amical contre la Roma au stade Olimpico. Deux jours avant la rencontre, la délégation est reçue par le pape François, qui avait envoyé un message pour les victimes peu après le drame. Les familles des victimes sont peu nombreuses à avoir fait le déplacement. Il faut dire qu’elles avaient seulement 48 heures pour confirmer leur présence, avec le voyage à leur frais. À 10 000 reais par personne, beaucoup ont décliné, de quoi renforcer l’amertume de certaines familles envers le club et les nouveaux dirigeants. Parmi les joueurs survivants, Jackson Follmann et Alan Ruschel sont très émus alors que Neto, évangélique, est finalement resté au Brésil pour « raisons personnelles ». Le match sera une nouvelle fois anecdotique avec cependant un fait à souligner : le premier but d’Alan Ruschel depuis son retour ! Sur penalty, Alan Ruschel réduit la marque alors que la Roma menait 4x0. Le score n’évoluera plus et les joueurs peuvent une nouvelle fois prendre l’avion pour rentrer au Brésil, avec le Brasileirão et les huitièmes de finale de la Copa Sudamericana à disputer.

13 septembre 2017, Alan Ruschel fait son retour en match officiel

Les différents voyages usent le club dans cette saison particulière et la Chape enchaîne trois défaites dans le Brasileirão. Après 23 journées, Chapecoense est 18e avec 25 points. Le début de saison exceptionnel est déjà loin, et Vinícius Eutrópio est démis de ses fonctions deux mois après son arrivée. C’est donc l’entraîneur intérimaire Emerson Cris qui titularise Alan Ruschel pour son grand retour en match officiel, à l’Arena Condá, lors du huitième de finale aller de la Copa Sudamericana, contre Flamengo. Alan Ruschel joue 72 minutes, apparaît bien en rythme et se procure une belle occasion, insuffisante pour marquer. La Chape obtient un 0x0 encourageant et Alan Ruschel peut célébrer son retour, en étant déjà concentré sur la suite de la saison. « Aujourd’hui, les gens ne me voient plus comme un survivant, mais comme un athlète, comme tous les autres. J’ai du respect et de l’admiration, mais principalement du respect. Je travaille pour avoir des opportunités et en profiter […] Emerson est venu me voir pour me dire que j’étais prêt sur ce qu’il avait vu aux entraînements, que j’étais à 100 %. Il a demandé mon avis et je lui ai dit que oui. J’ai toujours dit que je ne voulais pas de pitié, de qui que ce soit, déjà par respect pour ceux qui sont ici. Je travaille, je m’investis comme tout le monde. Mon heure est venue et j’ai pu répondre sur le terrain. Je suis heureux du match que j’ai fait et j’ai même dépassé mes attentes. »

20 septembre 2017, Chapecoense est éliminé de la Copa Sudamericana

La Chapecoense n’aura pas fait le poids lors du huitième de finale retour de la Sudamericana, contre Flamengo. Déjà battue 5x1 en championnat dans ce même stade d’Ilha do Urubu, la Chape, qui n’a toujours pas nommé d’entraîneur, s’incline cette fois 4x0 et n’aura pas l’occasion de retourner en finale de la compétition. Le parcours continental s’arrête là pour Chapecoense après la disqualification en Copa Libertadores, avec cependant un avantage : le calendrier va être allégé avec désormais pour seul objectif celui du début de saison : assurer le maintien dans l’élite du football brésilien.

16 octobre 2017, Gilson Kleina est le nouvel entraîneur de la Chapecoense

La Chape aura mis plus d’un mois pour annoncer son nouvel entraîneur. Il faut dire que la direction avait une liste initiale de cinq noms, et que tous ont finalement refusé le poste. Le nouvel entraîneur se nomme Gilson Kleina, qui était notamment descendu en Série B avec Palmeiras. En 2016, il avait été limogé de Goiás après une défaite contre… Chapecoense. La Chape doit en tout cas réagir dans ce Brasileirão. Lors des trois derniers matchs, tous contre des clubs cariocas (Vasco, Botafogo, Flamengo), la Chape a pris un seul point sur neuf possibles, et si le club n’est pas dans le Z-4, il est à égalité de points avec le premier relégable, la Ponte Preta, à dix journées de la fin du championnat. Emerson Cris dirige son dernier match deux jours plus tard avant de passer le relais à Gilson Kleina. Bien que menée dès la 9e minute, la Chape va finalement s’imposer 3x2 à l’Independência, contre l’Atlético Mineiro de Fred, Robinho et Elias.

16 novembre 2017, la Chape assure son maintien

Gilson Kleina débute par une solide victoire 2x0 contre Fluminense avant d’enchaîner trois matchs nuls. Chapecoense a ensuite deux matchs à domicile pour engranger des points : Santos, finalement battu 2x0, puis Vitória Bahia. À l’Arena Condá, une nouvelle fois sous la pluie, la Chape concède l’ouverture du score dès la 20e minute. Seulement cinq minutes plus tard, Arthur égalise de la tête. Túlio de Melo entre en jeu à la 68e minute et il n’a besoin que de dix minutes pour donner l’avantage au Verdão do Oeste. La Chape marque plus du tiers de ses buts de la tête dans ce Brasileirão, mais surtout la Chape assure son maintien sur le terrain. Le club avait en effet refusé dès le 6 décembre 2016 l’idée de certains clubs de Série A qu’il soit protégé de la relégation pendant trois ans, même en cas de Z-4.

25 novembre 2017, Rafael Lima offre le titre de Série B à l’América-MG

Le défenseur Rafael Lima rejoint Chapecoense en 2012 alors que le club est encore en Série C. En cinq ans avec le club, Rafael Lima dispute 192 matchs, gagnant le brassard de capitaine, et connaît trois montées avec le club. En 2016, il joue encore avec la Chape mais connaît une saison pourrie par les blessures. À la fin de l’année, il est rétabli de justesse pour la finale de la Copa Sudamericana, mais il n’est pas retenu dans le groupe par Caio Júnior et n’effectue pas le voyage vers la Colombie. Non-conservé par Chapecoense, Rafael Lima s’engage pour l’América-MG, qui a besoin d’une victoire lors du dernier match de Série B pour être champion devant l’Internacional. Rafael Lima marque le seul but du match et dédie ce titre aux familles des « guerriers ». Rafael Lima revenait ensuite pour Globo sur son départ du club. « Je voulais rester, sans aucun doute. Dans un moment comme celui-là, je ne pouvais pas tourner le dos au club qui m’avait aidé après des difficultés dans ma carrière. Mon départ a été un choix du nouveau président. Je le respecte. J’aime Chapecoense. Quand ils sont venus à Belo Horizonte cette année, pour jouer contre Cruzeiro et l’Atlético, je suis allé au match et ça a porté chance, puisqu’ils ont gagné les deux matchs. Après mon départ, j’ai cherché à tourner la page, l’América est une nouvelle page écrite dans ma carrière, dans ma vie. Je suis très reconnaissant. »

26 novembre 2017, à trois jours de l’anniversaire de la tragédie, la Chape peut encore croire à la Libertadores

Après un match nul frustrant contre l’Atlético-GO, lanterne rouge du Brasileirão, Chapecoense se déplace à Salvador pour affronter Bahia, match où de nombreux hommages sont rendus au club près d’un an après la tragédie. Le Tricolor da Boa Terra est l’une des meilleures attaques du championnat et peut légitimement rêver de Libertadores alors que la Chapecoense est 12e au classement. Wellington Paulista, meilleur buteur de la Chape dans ce Brasileirão, inscrit sa neuvième réalisation de la saison et marque le seul but du match. À l’issue de la journée, la Chapecoense est 9e et peut encore croire à la Libertadores, même si pour cela, le club doit absolument gagner son dernier match et compter sur au moins un résultat négatif des trois clubs cariocas encore à la lutte : Vasco, Botafogo et Flamengo. La Chape n’a pas son destin entre ses mains, mais l’espoir est permis. Un moment spécial pour Moisés Ribeiro, qui a joué le dernier quart d’heure du match et qui n’était pas du voyage pour la finale de la Sudamericana à cause d’une blessure. « C’est une situation difficile, je me suis blessé ici contre Vitória et cette blessure m’a finalement sauvé la vie. Ça a été un moment difficile, mais avec le soutien de ma famille et des supporters, j’ai pu dépasser ça. »

3 décembre 2017, la Chape en Libertadores

Après des hommages discrets à Chapecó et Medellín un an après le drame, la Chapecoense a un nouveau rendez-vous avec son histoire. Il reste une journée à disputer et la Chapecoense reste sur une série de neuf matchs sans défaite dans le Brasileirão, record du club. La Chape n’a pas son destin entre ses mains et pour espérer une qualification en Libertadores, la victoire est nécessaire contre Coritiba, qui a besoin pour sa part d’une victoire pour assurer son maintien.

La Chapecoense et Coritiba sont deux clubs liés. En 1973, année de la fondation de Chapecoense, les couleurs du club, le vert et le blanc, sont choisies pour rendre hommage à Palmeiras, Juventude et Coritiba. Les villes de Chapecó et Curitiba sont distantes de 500 km, une misère au Brésil, et la finale de la Copa Sudamericana entre Chapecoense et l’Atlético Nacional aurait dû avoir lieu au stade Couto Pereira, l’antre de Coritiba, l’Arena Condá n’étant pas réglementaire pour accueillir une finale continentale. Le 7 décembre 2016, jour de la finale retour, les supporters remplissent le stade pour une cérémonie qui débute à 20h30 et se termine à 21h45, heure prévue pour le début de la rencontre. Les groupes ultras de Coritiba et de l’Atlético-PR se réunissent même pour se diriger ensemble vers le stade. Une plaque à la mémoire des victimes est inaugurée, et les noms des joueurs sont applaudis, notamment Gil, Sérgio Manoel et Dener, qui ont joué à Coritiba, ainsi que Cléber Santana, ancien joueur de l’Atlético-PR alors que l’entraîneur Caio Júnior a mené Paraná en Copa Libertadores. Des banderoles rendent également hommage à la Chape et au peuple colombien avant que le Couto Pereira ne soit plongé dans l’obscurité.

Un an plus tard, l’enjeu est bien différent et les deux équipes doivent gagner ce match qui a lieu cette fois-ci à l’Arena Condá, qui il y a un an jour pour jour, avait vu le départ de 50 de ses héros. Coritiba démarre mieux le match et Kléber ouvre le score après un quart d’heure de jeu. Elicarlos égalise pour la Chapecoense mais le résultat nul est insuffisant pour espérer se qualifier en Libertadores. Le miracle, un nouveau miracle, a lieu à la 95e minute, lors de l’ultime minute du match. Túlio de Melo, qui avait refusé le Qatar pour revenir à la Chape, marque le but de la délivrance pour l’Arena Condá. Alors que le club visait logiquement le maintien, alors que la Chape a été pendant un temps dans la zone de relégation, Chapecoense se qualifie finalement pour le tour préliminaire de la Copa Libertadores, avec un final incroyable depuis l’arrivée sur le banc de Gilson Kleina : dix matchs, six victoires, quatre matchs nuls et aucune défaite. La Chape termine à égalité de points avec l’Atlético-MG mais grâce à un nombre de victoires plus important, le Verdão do Oeste termine huitième (record du club) avec 54 points (record du club). Chapecoense termine même la phase retour en tête du Brasileirão avec 32 points, permettant de remporter le trophée João Saldanha ! Présents au stade, Neto et Jackson Follmann s’offrent un tour d’honneur dans une voiturette conduite par Follmann. Le vestiaire de la Chape est de nouveau en fête.

 

 

Chapecoense termine comme un rêve une année difficile, entre hommages et matchs aux quatre coins du monde dans un rythme éprouvant. Il y a eu des hauts et des bas, trois entraîneurs consommés (quatre avec l’intérim de huit matchs d’Emerson Cris), mais la Chape a dépassé toutes les attentes. Avec plus de trente joueurs recrutés ou prêtés, la Chape a disputé 80 matchs (32 victoires, 18 matchs nuls, 30 défaites) dans 9 compétitions différentes, sans compter les matchs amicaux. La Chape a joué au Brésil, au Venezuela, en Uruguay, en Colombie, en Argentine, en Espagne, en France, au Japon et en Italie. Au cours de la saison, la Chape a marqué 100 buts tout ronds, mais surtout la Chape a remporté le championnat catarinense, s’est maintenu dans le Brasileirão, et mieux encore, s’est qualifiée pour la Copa Libertadores après la déception de l’élimination en phase de poules au début de l’année. Il faudra certainement un peu de temps pour réaliser l’ampleur de ce que vient de faire la Chape et on a hâte d’être en 2018 pour voir ce que le club peut proposer, avec une nouvelle fois un effectif à renouveler. La saison sera certainement difficile mais nous sommes sûrs d’une chose : la Chape est immortelle.

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.