Cette semaine, c’est la Rivalry Week en Major League Soccer ; une semaine où toutes les rivalités prennent place grâce à une petite organisation au niveau du calendrier. Pour l’occasion, Lucarne Opposée vous fait vivre et vous explique les histoires derrière ces affrontements en cinq volets. Au menu du deuxième épisode, les rivalités new-yorkaises.

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À ses débuts, beaucoup de coupes créées par la ligue étaient totalement artificielles et oubliables. La Pioneer Cup, par exemple, entre Columbus et Dallas, célébraient Lamar Hunt, qui avait investi dans les deux clubs. La Brimstone Cup, entre Chicago et Dallas, n’était créé qu’après de bonnes relations entre les fans, qui faisaient des heures de voitures pour voir leurs équipes. Une cependant a tout de suite connu un succès important comparée aux autres, l’Atlantic Cup.

Rivalry Week - #1 : Introduction et derbies méconnus

Duel capital

Entre la capitale économique représentée par les New York Metrostars, futurs Red Bulls, et la capitale politique de Washington, où joue DC United, les duels étaient beaux pour la domination du Nord-Est des États-Unis. La proximité était là, dans une MLS naissante où les équipes étaient assez éloignées les unes des autres, et les supporters des deux équipes, bien aidés par les populations émigrantes, faisaient très souvent les déplacements nécessaires entre les deux villes pour les matchs, et ce depuis 1996, même si l’Atlantic Cup a officiellement été créé en 2002. Cependant, l’arrivée en 2015 de New York City FC tua la rivalité, puisque l’attention s’est maintenant tournée vers la ville elle-même. Le fait que la coupe soit bien dominée, d’abord par DC, puis par les Red Bulls, sans un vrai enchaînement avec les saisons, n’aida pas. DC United se retrouve donc aujourd’hui sans réel rival, abandonné par les New Yorkais. Cependant, nous pouvons les remercier pour ce moment qui restera dans l’histoire de la ligue : en avril 2006, lors du premier derby depuis le nouveau nom de New York, qui se voit transformé en équipe-sponsor pour la marque de boisson énergisante Red Bull, DC United marque grâce à Alecko Eskandarian, et l’attaquant s’en va vers le banc de touche, ouvre une cannette de Red Bull… Et en recrache le contenu, pris de dégout, avant de la lancer sur le banc de touche. Pas un geste très apprécié par une MLS qui est d’habitude très corporate, mais un geste qui restera comme le fait marquant de cette brève rivalité.

City change la donne

La ville de New York est en effet passée à autre chose, et cela très rapidement. Dès l’arrivée des NYCFC, la Major League Soccer savait qu’il y avait quelque chose à faire sur ce chemin. Lancement des hashtag #NYisRed et #NYisBlue, gros coup marketing, les fans sont tombés dessus très rapidement. Les philosophies des équipes sont différentes. Là où les Red Bulls ont arrêté depuis quelques années les dépenses incroyables et ont formé de nombreux jeunes de leur académie, City a recruté stars et gros noms pour des sommes conséquentes, avec parfois quelques sorties de routes. Les philosophies des coaches sont différentes, les couleurs aussi. Les fans des Red Bulls se moquent des « Pigeons » qui jouent dans un stade de baseball, et qui n’ont pas d’histoire. Les fans de City se moquent des « New Jersey Red Bulls » qui ne sont même pas dans New York, et qui n’ont jamais vraiment rien gagné de significatif malgré plus de vingt ans d’existence. Même si la rivalité est bien plus neuve que d’autres, elle est très vite montée en puissance, et l’animosité entre les fans est devenue réelle. : « NYCFC n’est qu’un outil marketing ? » dit un fan de la franchise : « au moins on a pas besoin d’une boisson énergisante pour rester debout pendant les matchs de notre équipe ».

New York est une ville de soccer, depuis les Cosmos des années 80, et grâce à aux vagues successives d’émigration. Les clubs unissent toutes les diversités, et les supporters de City se sont vite retrouvés dans le fanatisme d’un club qui n’était même pas né. Les différents groupes se sont créés dès 2013, et la rivalité avec les rouges est apparu dès lors. « New York est incroyable », résume un supporter de City, « ils ne pouvaient pas avoir un club juste en périphérie. Et puis quelle meilleure vitrine pour la MLS qu’une rivalité dans la capitale du monde ? ».

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Pour les supporter des Blues, c’est d’ailleurs une chance inestimable d’assister à la naissance du club, et de la rivalité. Combien de supporters de leurs propres clubs auraient aimé être là au début de leur club, et au début des derbys qui définissent toute une histoire ? C’est l’un des points les plus chauds de la rivalité : beaucoup de fans de City sont d’anciens des Red Bulls, qui supportaient la franchise plus par défaut que par ce qu’elle représentait en elle-même, ce qui rajoute évidemment de l’animosité entre les deux franchises, l’une ayant « volée » les fans de l’autre. Cette histoire a d’ailleurs commencé en très grande pompe pour le Hudson River Derby (du nom de la rivière traversant New York). Après que les trois premiers affrontements soient dominés par les Red Bulls, ces derniers marqueront la jeune histoire de la rivalité par un sévère… 7 à 0, devant le public du Yankee Stadium. Une réelle claque, malgré les stars de City, qui ne sera jamais effacée. Depuis, les fans se sont rassemblés autour de tifos, à coups de moqueries sur les réseaux sociaux, et si le #NYisGreen des Cosmos n’a jamais réussi à s’imposer, le Hudson River Derby y est parvenu. Le prochain rendez-vous est prévu dans la nuit de mercredi à jeudi à 1h00.

Antoine Latran
Antoine Latran
Rédacteur Etats-Unis pour @LucarneOpposee et @MLShocker, à suivre sur @AntoineLatran et @FrenchSounders